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Critiques de Lilia Hassaine (519)
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Panorama

°°° Rentrée littéraire 2023 # 20 °°°



Les premières lignes du prologue nous mettent sur la piste d’une enquête policière avec comme narratrice celle qui va la mener. Une disparition, banale pour un polar. Un couple et son fils de huit ans.



Sauf que nous sommes en 2049, dans une France dystopique où on vit à l’ère de la Transparence depuis la Revenge week de 2029, révolution qui a éclaté suite à un énième crime jugé impuni par une population excédée par le laxisme de la justice. Pour se libérer du Mal, les Français ont désormais le choix : vivre dans des quartiers transparents composés de maisons-vivariums. Un moins pire des mondes où on ne peut plus battre sa femme, maltraiter un enfant ou une personne âgée en EHPAD puisque la moindre suspicion de crime déclenche immédiatement une réaction des voisins, tous en hyper vigilance sur ce qu’il se passe à côté de chez eux.



La famille qui a disparu vit dans un de ces quartiers de verre huppés ultra sécurisés. Comment donc trois personnes peuvent-elle s’évaporer dans un monde où personne ne peut rien cacher ? L’enquête en elle-même est bien menée, mais manque de complexité ( tout est prévisible ) ... en amatrice de polars, je suis restée quelque peu sur ma faim.



Evidemment, l’essentiel pour l'autrice n’est dans la trame polar. Il réside dans l’anti-utopie que Lilia Hassaine a très intelligemment imaginé. On n’est clairement pas dans la dystopie cauchemardesque à la 1984 ou La Servante écarlate, mais dans un monde tellement proche du notre que le léger décalage en devient d’autant plus crédible et donc glaçant.



Des procès populistes en direct-live sur les réseaux sociaux pour infliger des peines aux délinquants. Des zones de droit, immeubles emmurés hors de la Transparence, dans laquelle vivre est une circonstance aggravante en cas de procès. Exhibitionnisme de ceux qui aiment être vus, vie affichée parfaite et sourire figé. Intimité impossible sauf à s’enfermer dans un lit sarcophage pour faire l’amour sans être vus … ou pas.



Mille détails à la lucidité terrifiante font immédiatement tilt dans notre esprit, d’autant que l’écriture de Lilia Hassaine est nette, sans fioritures, lisible et didactique, ce qui permet au lecteur de complètement croire à ce monde transparent. La narration est étonnamment calme et posée, resserrant l’intrigue au maximum de l’épure. On y perd un peu en haletant même si jamais l’intérêt ne retombe. Surtout, le lecteur est poussé à réfléchir de façon très fertile et stimulante.



L’autrice écrit vraiment fort bien et on aurait envie de noter de très nombreuses phrases qui résonnent avec l’évolution dérangeante de nos sociétés contemporaines. Par contre, l’ensemble est très froid, clinique, le cérébral prend le pas sur l’émotion. Ce n'est pas un défaut en soi, mais là, j'ai regretté de ne pas vibrer avec les personnages car je pense que cela aurait amplifié la réflexion à la Black Mirror, déjà riche. Cela aurait pu être moins désincarné avec plus de pages, notamment pour étoffer le bon personnage d’Hélène, l’enquêtrice quinquagénaire qui a connu le monde d’avant et voit ses certitudes voler en éclats à mesure qu’elle découvre la vérité sur ce qui se cache derrière les apparences.



« Une brèche s’est ouverte dans ma conscience. Je rêve de nouveau et voudrais ne plus jamais quitter mon lit. Depuis que j’ai commencé mon enquête, mon cerveau explore de nouveaux territoires. Il émet des hypothèses, il réfléchit sans moi. Pendant des années, mon sommeil n’était qu’une parenthèse, un tunnel interminable. Le monde qui m’entourait était exactement ce qu’il avait l’air d’être, et je n’avais plus besoin de l’interpréter ni de le comprendre. Cette nuit, j’ai eu le sentiment de renouer avec l’invisible, avec tous ces signes, ces images qui échappent au langage, à la rationalité. »

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Soleil amer

Avec Soleil amer, je découvre une autrice que je ne connaissais pas.

Dans ce roman à la fois réaliste et nostalgique, Lilia Hassaine me fait prendre conscience de ce que représente l’arrachement au pays de ces familles venues vivre en France pour suivre un mari qui travaille dur afin de tenter de donner une vie décente à sa femme et assurer un avenir à leurs enfants.

Soleil amer, avec des chapitres courts, percutants, débute en 1959 pour se terminer en 1997.

Lilia Hassaine note soigneusement les années pour que son lecteur suive bien l’évolution de ses principaux personnages.

Ceux-ci se nomment Daniel et Amir. Leur naissance cache un secret que je me garderai bien de révéler. Naja a 26 ans et vit dans la Wilaya de Sétif, en Algérie.

Son mari, Saïd, est parti depuis six mois et travaille, en région parisienne, dans une usine produisant des automobiles. Finalement, Naja le rejoint avec ses trois filles : Maryam, Sonia et Nour. Naja qui ne sait ni lire ni écrire, est à nouveau enceinte.

Le frère de son mari, Kader, a épousé une Française, Ève ; une femme qui subjugue Naja. Kader réussit dans son travail : une chocolaterie en Belgique.

À partir de là, je suis deux garçons : Amir et Daniel. L’un vit chez Naja et Saïd, l’autre chez Ève. Beaucoup de péripéties jalonnent le récit mené par Lilia Hassaine, un récit rythmé par quantité d’événements, moments de bonheur et de malheurs, la vie quoi !

Si Daniel est fort et développé, Amir a beaucoup de problèmes. Non seulement il est chétif mais durant sa petite enfance, il ne parle pas. Daniel le protège. À l’école, il n’hésite pas à être violent pour éloigner ceux qui s’en prennent aux plus faibles, comme Amir.

Tout au long de ce roman, l’arrachement au pays d’origine cause bien des tensions. Pour les enfants de Naja et Saïd, la France est leur pays même si leurs parents tentent d’éveiller leur esprit pour qu’ils prennent conscience de cette dualité difficile à accepter.

Toutes ces familles d’origine algérienne sont logées dans ces barres d’immeubles construites au début des années 1970, ces HLM édifiés rapidement. C’est la banlieue où tout se passe bien au début.

Si Maryam est mariée en Algérie par son père, ses deux sœurs ne subiront pas le même sort. Quant à Amir, il va souvent dans la famille de Daniel où il est choyé par Ève.

Un peu plus tard, c’est Daniel qui est recueilli par Naja et Saïd car Ève a subi un grave accident et a été hospitalisée de longs mois. Quand Kader, chaque dimanche, vient chercher Daniel, celui-ci n’apprécie pas, tellement il vit en parfaite complicité avec Amir.

En 1977, dans l’usine où travaille Saïd, un événement révélateur se produit lorsque celui-ci se voit proposer une promotion. Pour la première fois, il se fait traiter de « Bougnoule » et, la mort dans l’âme, préfère refuser cet avancement qui aurait permis à sa famille d’améliorer ses conditions de vie.

C’est l’arrivée au pouvoir de Giscard qui amplifie le racisme. En effet, ce Président décide d’offrir 10 000 francs à chaque Algérien qui retourne au pays. De plus, les conditions de vie dans ces quartiers de banlieue se dégradent rapidement avec l’arrêt des aides qui permettaient animations, nettoyage des immeubles et de leurs abords.

Lilia Hassaine me conduit ainsi dans les années 1980 avec la drogue qui commence à envahir les cités. Amir, devenu un élève brillant, pour payer ses études de médecine, refuse l’argent proposé par Ève. Pour y arriver, il travaille très tôt le matin dans la boulangerie d’un certain Gilbert.

Amir, Sonia et Nour ont grandi et tentent de faire leur place dans la société. Amir, Daniel et leur copain Miloud font la fête, vont en boîte mais, dès 1987, une maladie sans nom commence à faire des ravages dans la jeunesse…

Ce parcours démontre les liens étroits entre la France et l’Algérie. Il rappelle la guerre d’Algérie, les Harkis et les manifestations pacifiques réprimées sauvagement par notre police.

Avec ces vies qui défilent, Lilia Hassaine me rappelle toutes ces années difficiles dont les conséquences n’ont pas disparu aujourd’hui. Il suffit de consulter les déclarations de certains hommes et femmes politiques.

J’ai bien apprécié ce roman au plus près de ce qu’ont vécu ces familles arrachées à leur pays d’origine qui ont eu beaucoup de peine à faire leur place en France. Il ne faut pas oublier cela et c’est bien que Soleil amer fasse partie des huit romans retenus pour le Prix des Lecteurs des 2 Rives car je n’en avais jamais entendu parler jusqu’ici.


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Panorama

Fenêtre sur cour à tous les étages.

Hitchcock peut ranger sa caméra. En 2049, terminées les cachotteries et les petites manies honteuses. Les familles vivront dans des vivariums exposés à l’œil curieux des passants et des voisins chargés de s’assurer qu’aucune violence agite le cocon familial. Vivons heureux, vivons exposé ! c’est le paradis des voyeurs. Il ne restera plus que la voiture pour se curer le nez.

Plus la peine de se planquer derrière les rideaux ou de sortir les jumelles pour espionner en cachette les mœurs et les fréquentations du type louche d’en face ou les formes de la blonde du troisième.

Pavillons en verre sans aucun angle mort pour préserver un peu d’intimité. Juste quelques vitres fumées seront autorisées dans l’espace douche et pour les toilettes.

S’agissant du devoir conjugal hebdomadaire, pour éviter le lèche vitrine, un sarcophage romantique sera dédié à la discipline pour s’isoler avec bouton d’urgence relié au commissariat en cas de migraine soudaine, d’humeurs moins badines, si Monsieur a oublié d’enlever ses chaussettes ou si finalement il y a un match à la télé.

La transparence a remplacé la liberté dans la devise nationale pour garantir la sécurité de tous. Impossible de laisser tomber un emballage dans le mauvais bac sans risquer une dénonciation, impensable de punir la marmaille sans voir débarquer les services sociaux, inutile d’essayer de se gaver de mal bouffe en cachette sur son canapé ou d’allumer un cigare sans avoir un rappel à l’ordre du Ministère de la Santé. Qui a dit on dirait des vacances en Suisse ? Attention, on vous a à l’œil. L’intimité est sacrifiée à la sécurité et une forte présomption de culpabilité pèse sur les derniers réfractaires au naturisme des mœurs.

Comme si cette vie de cobaye ne suffisait pas, la justice se rend à la majorité de clics sur les réseaux sociaux. Pour perpète, tapez 3. Pour la relaxe, tapez sur qui vous voulez. Tous les avis sont autorisés.

Ce modèle de société sous surveillance permanente résulte d’une révolution survenue en 2029 lors de la « Revenge Week », semaine du Talion durant laquelle toutes les victimes de crimes prescrits ou impunis s’étaient faits justice eux-mêmes.

Dans cette ère de la Transpa rance qui n’a fait que succéder à la religion du selfie, à la sacralisation du moi, à la dictature du paraître et à la petite musique solo du « on ne s’occupe pas assez de soi » alors que l’on ne fait plus que cela, la disparition inexplicable d’une famille dans un quartier ultra sécurisé va rappeler que derrière les apparences d’une société parfaite, bien peignée qui sait recevoir à défaut de savoir donner, la nature humaine porte toujours le gène de la violence, quelques atomes de fureurs et des cellules dormantes de pulsions invisibles. Un peu longue cette phrase, vous pouvez souffler.

Le roman de Lilia Hassaine avait donc tout pour me passionner mais je n’ai pas trouvé l’histoire à la hauteur du propos. Les quelques pages contextuelles qui décrivent le basculement de la société dans le règne de la transparence sont plus intéressantes que l’intrigue banale et bancale qui décore le récit pendant 200 pages. J’ai presque eu l’impression que le roman commençait à la fin de l’histoire, que je suivais une course après la ligne d’arrivée, quand les athlètes en sueur n’ont plus rien à donner à part leur odeur. Le devenir de cette famille m’a autant passionné que la météo de la semaine dernière.

C’est vraiment dommage car le style épuré et froid comme le salon d’une maison témoin, parfait pour épater des convives lors d’un diner, mais débarrassé de toute forme de vie, colle très bien à la description d’une époque aseptisée.

Une approche plus américaine du récit, qui raconte plus qu’elle ne suggère, aurait à mon sens offert davantage de saveur à cette dystopie du lendemain qui déchante. Je le dis rarement et pas trop fort, mais je pense qu’il manque une bonne centaine de pages à ce roman pour répondre à l’ambition du propos. Les limites du pouvoir de suggestion.

« Panorama » propose un joli point de vue. Il lui manque juste la vision périphérique d’une Lionel Shriver ou d’une Emily St.John Mandel.

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Soleil amer

Le style éblouissant de Lilia Hassaine m’a enchanté tout au long de la lecture de « Soleil amer » qui romance quatre décennies d’une famille immigrée algérienne de 1959 à 1997.



Le soleil brule les paysages méditerranéens et chauffe les coeurs des femmes et des hommes de part et d’autre de la Méditerranée ; il allume les passions et réchauffe quelques haines cuites et recuites.



L’amertume noit les familles, souvent nombreuses, qui ont du mal à boucler les fins de mois, écartelées entre les tentations occidentales, réservées aux hommes, et les traditions orientales emprisonnant les femmes, parfois mariées dès quinze ans, à l’insu de leur plein gré, pour hériter d’une nationalité offerte en dot.



L’amertume est renforcée par les freins ou les refus d’intégration qui conduisent au repli identitaire dans des ghettos devenus au fil des ans l’apanage de réseaux de dealers. La drogue, le sida, le chômage font des ravages qui réveillent la nostalgie des temps anciens et du pays originel.



Les personnages forment une palette riche et colorée et la romancière offre les beaux rôles aux femmes et aux jeunes filles en lutte pour sortir des carcans culturels et sociaux imposés par l’entourage familial.



L’intrigue est réduite à l’observation de la vie quotidienne dans un paysage de banlieue et d’immeubles se fissurant progressivement avec quelques rappels de la guerre d’Algérie dont les événements d’octobre 1961 (page 38) présentés de façon manichéenne en reprenant les affabulations du GPRA. Précisons que pour la nuit du 17 octobre, Benjamin Stora cite trois nombres : 38 morts selon un rapport commandé par Jean-Pierre Chevènement, 48 selon celui demandé par Élisabeth Guigou et 98 selon les recherches menées par Linda Amiri et lui ; soit, en élargissant aux semaines précédentes et suivantes, environ 300 morts en 3 mois.



Cette réserve étant exprimée, ce titre mérite largement sa sélection dans plusieurs listes de rentrée et révèle une romancière aussi jeune que talentueuse ; une magnifique découverte.
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Soleil amer

Dans la wilaya de Sétif, en A1gérie, en 1959, Naja élève seule ses trois filles Maryam, Sonia et Nour, son mari Saïd a été recruté six mois plus tôt pour travailler à Paris dans une usine automobile. À peine âgée de vingt-six ans, elle vit déjà dans l’angoisse de la perte, elle a perdu son petit garçon Ismaël d’une angine de poitrine, il avait trois ans et elle craint que son mari ne revienne pas non plus…

Mais, en 1964, la guerre était finie et Saïd a assez d’argent pour faire venir sa famille en région parisienne.

Cependant, très vite, Naja déchante en découvrant l’appartement et surtout, son mari n’est plus le même, il avait vieilli brutalement.

Quand Naja tombe enceinte, leurs conditions de vie étant très rudimentaires, la question se pose de savoir comment l’accueillir. La question semble réglée mais une surprise va modifier quelque peu leur plan, Naja va donner naissance à des jumeaux !

Avec Soleil amer, Lilia Hassaine signe un roman psychologique et historique. Au fil de trois périodes qui découpent le roman, les années 1960, les années 1970 et les années 1980, elle aborde la question de l’intégration des populations algériennes dans la société française. Elle nous fait comprendre leur évolution d’autant mieux qu’avec ces deux frères, elle nous immerge dans deux milieux très différents.

Elle montre bien comment ces immigrés oscillent entre les deux pays, entre le désir de rentrer au bled et le rêve que leurs enfants s’intègrent, et comment ils sont l’immigré dans le regard des Français et comment ils le deviennent également lorsqu’ils retournent en Algérie.

Il est particulièrement intéressant de pénétrer dans cette cité HLM des années 60, l’utopie du vivre-ensemble, avec cette diversité sociale, ce mélange de populations, de cultures, de religions. On voit bien également comment ces cités, en 1960, toute neuves, se sont peu à peu dégradées et ont progressivement été abandonnées.

Élément ignoré pour ma part, nombre d’Algériens étaient recrutés chez eux pour leur robustesse et leur résistance, fournissant ainsi une main d’œuvre bon marché.

De même, aucun chiffre, aucune statistique n’a témoigné de l’épidémie de Sida qui a fait une hécatombe dans les banlieues dans les années 80 : « À la télévision, on parlait des acteurs homosexuels,,. des stars Hollywood, des écrivains à succès, mais la maladie se répandait aussi dans les périphéries urbaines, là où le chômage rampant et la misère avaient déjà fait des ravages. »

C’est aussi tout le mystère qui entoure la gémellité que Lilia Hassaine soulève.

Sans savoir qu’ils sont jumeaux, en vivant dans deux familles différentes, Daniel et Amir seront toujours liés et soudés quelles que soient les situations, chacun comprenant et ressentant les joies et souffrances de l’autre intuitivement.

Certes, les deux garçons que l’on suit de l’enfance à la fin de l’adolescence sont le fil rouge du roman, mais c’est quasiment l’ensemble des personnages féminins, même si Naja a un rôle majeur, qui sont remarquables et flamboyants. Leurs sentiments sont dépeints avec une grande sensibilité et beaucoup de justesse. Quant à la force de ces femmes, leur patience ou leur rébellion, tout simplement admirable, l’auteure la restitue de manière grandiose et touchante.

Une scène m’a émue aux larmes, lorsque Maryam, profitant de la fête foraine, est sur le point de fuguer, voulant échapper à un mariage forcé. Son petit frère Amir, trois ans, très sensible mais ne parlant pas, va alors lui adresser son premier mot : « Reste ».

Soleil amer, deuxième roman de Lilia Hassaine, pourrait se situer entre témoignage et fiction, le romanesque se déroulant dans un contexte historique. Relativement court et cependant très dense et très riche, il présente une histoire intense et passionnante qui, malgré la réussite de quelques-uns, m’a cependant laissé un petit sentiment d’amertume devant tant de vies gâchées.

Il n’est pas du tout étonnant que ce roman ait figuré sur la liste des quinze livres retenus pour le Prix Goncourt 2021 !


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L’œil du paon

Ce roman sous des allures de conte ressemble à un kaléidoscope des apparences et des faux-fuyants. Récit acerbe qui nous plonge dans l’odyssée d’une jeune fille croate devant fuir son île natale, l’île des paons direction Paris. Héra la narratrice se retrouve plongée chez sa tante où elle sera traitée comme une étrangère. Là-bas dans cette maison où règnent l’indifférence, une politesse dérangeante, le détachement et la morosité, le fils de sa tante et son oncle, Hugo, se lie d’amitié avec Héra. Le petit garçon délaissé par ses parents n’aura de cesse de rechercher l’attention et la tendresse là où elles palpitent, près d’Hera. Projetée dans une jeunesse et une ambiance parisienne, Héra ne voit pas les dangers qui se profilent devant elle.



C’est dans l’œil du paon que se trament les films de la vie, ce roman s’essaie à les délier un à un. Mettant en exergue la vision d’un monde artificiel où l’essence de la vie se joue devant nos yeux aveugles. Ironie du sort, Héra est photographe. Elle capture les instants de vie.



Tout en subtilités, l’auteure à travers ce premier roman s’attarde à un message métaphorique des peurs, des apparences, des non-dits jusqu’au mot final, la mort. Le roman s’ouvre d’ailleurs par la mort de Titus, le paon majestueux d’Hera.



Je n’ai certainement pas cerné toutes les nombreuses subtilités dont fait preuve ce roman. Je l’ai survolé avec distance sans réellement arriver à m’attacher aux personnages, sans cerner d’émotions palpables. C’est un roman prometteur qui aurait, à mon sens, mérité un approfondissement de l’ordre des sentiments. Mais une lecture intéressante et agréable malgré tout.
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Panorama

A la frontière entre utopie et dystopie c’est un roman plaisant à l’idée intéressante et écrit sous la forme d’un thriller dont l’enquête tient en haleine.



En 2049, dans un monde pourtant placé sous haute surveillance Hélène, Gardienne de protection, est appelée sur une enquête qui déstabilise la communauté : un couple, les Royer-Dumas et leur jeune garçon a disparu dans un monde ou crimes et disparitions ne sont plus censés exister.



Les investigations permettront de remonter 20 ans auparavant aux premières heures de la nouvelle Révolution française la « Revenge Week » qui installa en France un climat insurrectionnel par lequel « les victimes punissent les bourreaux ».

Beaucoup se feront justice eux-mêmes et c’est dans ce contexte glaçant que le mouvement de « la Transparence citoyenne » voit le jour.

Comme bien des violences se perpétuent entre les murs, la pierre a été remplacé par le verre donnant naissance à des habitations vitrées où chacun vit sous le regard de l’autre renonçant à son intimité dans un souci de pacification. Le regard du Big Brother orwellien ici est celui de tout un chacun mais c’est un regard consenti. D’autres quartiers vivent de manière marginale loin de la transparence refusant surveillance et sécurité.



La narratrice livre une observation clinique de ce monde aseptisé où la transparence est poussée à l’extrême et la surprotection prime sur les libertés entraînant clivage et déshumanisation.

« il suffit d’une alarme pour qu’ils se réveillent tous, observant par les vitres, la sauvagerie des hommes, curieux du moindre évènement, d’une dispute conjugale, ou d’une arrestation».



En fouillant dans la vie, l’appartement et le voisinage des Royer-Dumas, en investiguant dans les zones de non-droit en marge des quartiers transparents, la narratrice se remémore son passé, livre ses déboires amoureux et ses réflexions sur ce monde qui accorde peu de place à l’intimité et au secret.



Avec peu d’indices l’enquête piétine et ce n’est qu’un an plus tard qu’une vérité surprenante éclatera …Révélant que finalement cette « transparence » communautaire ne peut rien contre l’opacité des individus.
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Soleil amer

Lorsqu’au début des années soixante, Naja quitte l’Algérie avec ses trois filles pour rejoindre son mari Saïd, ouvrier dans l’industrie automobile, son arrivée en France est un désenchantement. Leurs conditions de vie rendent même problématique l’élargissement de la famille au quatrième enfant à naître…





De la création pleine d’espoir des cités HLM à leur ghettoïsation progressive, c’est l’histoire de l’intégration des populations algériennes en France qui défile dans ces pages, en une cascade de désillusions toute entière contenue dans l’oxymore du titre emprunté à Rimbaud. Arrivé le premier, Saïd, le père, est loin d’avoir pu préparer pour les siens une existence aussi séduisante qu’escompté. En mère-courage et au prix d’un impossible secret qui rejaillira, leur vie durant, sur toute la famille, Naja tâche d’élever au mieux ses enfants, sans parvenir à les préserver complètement. Tandis que les filles se voient, en plus, confrontées aux limitations de la condition féminine traditionnelle, tous se retrouvent coincés dans une dualité biculturelle qui les condamne à n’être aux yeux de tous, en France comme en Algérie, que d’éternels intrus sans complète appartenance. Et pendant que leur cité HLM, symbole de confort et de modernité dans les années soixante, se vide peu à peu de ses classes moyennes pour ne bientôt plus regrouper que les déshérités incapables de partir vivre ailleurs, préjugés et déterminisme social génèrent chez les jeunes générations de bien cruelles désillusions.





Construit autour de personnages multiples que l’on perçoit volontiers représentatifs, le récit pose sans candeur ni misérabilisme les questions de l’intégration et des obstacles à l’ascension sociale. La narration résonne particulièrement des difficultés propres aux femmes, qui, entre tradition et modernité, peinent encore davantage à trouver leur place. Pourtant, s’inscrivant bien avant la violence qui enferment les cités sur elles-mêmes aujourd’hui, elle évoque une situation alors encore ouverte sur l’espoir. Ainsi, chacune des trois filles de Saïd et Naja réussit un peu plus à s’émanciper que la précédente, l’accès à l’éducation ouvre de nouvelles portes, et le roman s’achève sur une réconciliation identitaire réussie pour un des fils et pour ses propres enfants.





Relativement courte, la narration épouse le rythme « stroboscopique » d’une succession commentée de flashes photographiques. Placé en observateur extérieur, le lecteur n’y trouvera ni grande émotion, ni intensité psychologique, mais une chronique efficace et pertinente, agréable à lire et pleine de beaux passages.


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Panorama

Extrapolant à l’extrême nos tendances contemporaines, Lilia Hassaine imagine une crédible contre-utopie, où la dictature de l’ultra-transparence aboutit au triomphe de l’hypocrisie dans une société retranchée derrière les apparences.





Nous sommes en 2049. Depuis que, vingt ans plus tôt, la « Revenge Week » – semaine de la vengeance – a tourné à la révolution sanglante lorsque les victimes de harcèlement, de crimes familiaux et de délits écologiques ont entrepris de se faire justice dans la violence, et que, pour apaiser le pays, le gouvernement a adopté une nouvelle Constitution, la France métamorphosée vit sous le règne de la Transparence, un « pacte citoyen fondé sur la bienveillance partagée et la responsabilité individuelle ». Ceux qui le désirent – précisons : et qui en ont les moyens – peuvent vivre en totale sécurité dans des quartiers transparents, constitués d’habitations de verre qui les livrent au regard bienveillant et protecteur d’autrui. Les autres sont libres de s’entasser en marge, à leurs risques et périls, dans des zones de non-droit – devenues, il faut le dire, de plus en plus défavorisées au fil du temps.





C’est dans l’un de ces quartiers de verre, où ni secrets ni criminalité n’existent plus, qu’à la stupéfaction générale, une famille s’évapore au nez et à la barbe de tous. Ravie de reprendre du service alors qu’elle n’était plus depuis longtemps qu’une « gardienne de protection », une ex-commissaire est chargée d’enquêter. Car, crime il y a bien eu. Et, malgré les déboires de sa propre vie privée et, bientôt, les pressions dans cette société boule de verre propice aux effets de loupe, il va lui falloir faire la part des mensonges et des hypocrisies pour mettre au jour les vérités sordides camouflées sous la perfection affichée.





Captivé par le suspense et par l’original – mais jamais invraisemblable – imaginaire de ce récit habilement construit, dans une langue vive et élégante, entre fable et polar, l’on se retrouve face au miroir, pas si déformant, qu’avec une lucidité critique, l’auteur tend à la société d’aujourd’hui. Montée des populismes, libertés sacrifiées aux obsessions sécuritaires, confusion entre opinion et justice. Vies privées mises en vitrine sur des réseaux sociaux favorisant par ailleurs l’isolement, le conformisme et l’emballement émotionnel au détriment de la réflexion. Vie liquide de l’éphémère et de l’immédiateté, mirage et dictature des apparences dans un monde où tout le monde surveille tout le monde, se compare, aime ou déteste en stigmatisant la différence. Nettoyage des textes de tout ce qui peut paraître incorrect, wokisme : autant de glissements actuels de la société qu’il suffit juste à l’auteur de prolonger pour nous présenter une vision de cauchemar dont il faut bien reconnaître qu’elle paraît à peine dystopique.





C’est un panorama bien inquiétant que nous présente ce roman d’anticipation auquel on n’a aucun mal à croire, tant il reflète de vérités sur les tendances de la société contemporaine. Plus encore qu’une dystopie originale et un polar addictif, ce troisième livre de Lilia Hassaine est un puissant roman social, riche de sens et fort habilement construit. Coup de coeur.


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Panorama

Imaginez une ville où les maisons ont des grandes baies vitrées donnant accès à votre intimité. Votre vie exposée à tout le voisinage. C’est ce que raconte Lilia Hassaine dans cette dystopie un brin dérangeante.

« La transparence a de bons côtés

Elle nous a rendus plus attentifs aux autres. Face à la solitude, la tristesse, la maladie, il y aura toujours un voisin pour sonner chez vous »

Oui mais voilà, ce monde transparent qui prône la sécurité et la bienveillance n’est pas sans risques. On s’épie et on se sait épié, pas toujours facile à vire. Bien sûr, ce modèle de transparence s’adresse à une élite qui a les moyens. Les autres, marginaux et rebelle, vivent aux Grillons.

« Les habitants vivent dans des barres d’immeubles surpeuplés, ou dans des pavillons aux murs et cloisons en béton. Ils vivent hors de la Transparence, par manque de moyens pour certains, par volonté pour d’autres, et ils en ont le droit. »

Dans ce monde coupé en deux, ce sont les citoyens qui jugent les crimes et les délits de leur quartier, encore un effet de la Transparence.

Mais si le crime a disparu, cet équilibre va être remis en cause par la disparition d’une famille. Hélène, qui n’est plus policière mais gardienne de protection, va enquêter sur cette disparition mystérieuse. Elle-même vit dans une maison transparente, avec, comme avantage, d’avoir remis son mari volage dans le droit chemin. Pourtant, ils n’ont plus rien à se dire et la relation devient toxique. Il finira par la quitter pour une instagrammeuse. Pourtant, Hélène est toujours amoureuse de son mari infidèle et leur relation ambivalente n’est pas convaincante.

A travers l’enquête, Lilia Hassaine cherche à nous démontrer la menace sur les libertés individuelles et sur la vie privée dans ce monde de transparence. Elle fait le parallèle avec les réseaux sociaux où s’exposent nos vies privées.

L’idée est fort alléchante, sauf que, après un début prometteur, on s’enlise dans les lieux communs et les stéréotypes. Je m’attendais à une analyse plus approfondie d’une société du paraitre où le vivre ensemble proscrit le droit à l’intimité.

Et que dire des personnages ? Ils semblent s’ennuyer…et nous avec !





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Panorama

Vue panoramique… sur l’intérieur des voisins



Comme souvent dans les dystopies, le futur imaginé par Lilia Hassaine est fondé sur les meilleures intentions. Imaginez la transparence absolue, un monde aux parois vitrées où chacun vivrait sous le regard protecteur de ses voisins. Le temps des violences domestiques et des abus de tous ordres semble révolu, c’est le règne de l’harmonie, du bon goût, du politiquement correct et du contrôle social. À tel point que la police devient superflue ! Pourtant, un jour une famille entière disparaît. Ancienne commissaire de police, Hélène reprend du service…



Lilia Hassaine tire le fil de son hypothèse : jusqu’où pourraient nous mener l’aspiration au contrôle social et la tentation du voyeurisme ? À quoi ressemblerait une société de la transparence totale ? Quels seraient son architecture, son système politique, son économie, ses méthodes éducatives, sa morale ? L’atmosphère est bien croquée, on étouffe derrière les doubles-vitrages, dans ces intérieurs lisses comme un tableau de Hopper.



J’aime les expériences de pensée et j’ai passé un très bon moment avec celle-ci. Elle donne à réfléchir aux tensions entre liberté et sécurité. À ce que l’on perd à laisser la sphère privée à une peau de chagrin. Aux limites de chercher à ménager toutes les susceptibilités ou de juger toute chose à l’aune de son potentiel instagrammable. Aux bonnes idées évidentes qui ne le sont souvent pas tant que ça.



J’ai trouvé que le roman forçait un peu le trait – sur les usages des réseaux sociaux qui, une fois de plus, présentés de manière outrancière, sur le manichéisme de la société imaginée qui n’offre par exemple un avocat qu’aux victimes ou avec cette protagoniste qui dévorait les livres, enfant, mais ne sait plus les utiliser en l’absence de « bouton latéral » ou de « mode veille ». J’ai pu avoir l’impression qu’en caricaturant certaines causes, l’autrice jetait un peu le bébé avec l’eau du bain. Mais j’ai été sensible à son éloge de la discrétion et du secret : pour vivre heureux, vivons cachés !



Et c’est hyper malin d’avoir mis le roman sous tension par le biais de cette disparition inexplicable. Il se dévore (même si j’ai trouvé la résolution de l’enquête un brin capillotractée).



Je n’ai donc pas été convaincue par tout mais ce n’est pas grave, j’ai pris un grand plaisir à lire ce roman porté par une plume très agréable qui mélange les genres avec bonheur. Une dystopie stimulante et captivante.
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Soleil amer

Un petit livre (180) pages pour aborder un sujet aussi délicat que l'immigration des algériens vers la France , pourrait passer pour un exercice irréalisable .L'art de Lilia Hassaine , qui écrit vraiment trés bien , est d'avoir su cerner son propos sans se disperser , sans partir vers des évènements qui , pour autant intéressants qu'ils auraient pu être , auraient dilué la force du propos .Nous allons d'abord faire la connaissance de Saïd qui , en 1959 , quitte l'Algérie pour venir travailler dans une usine automobile en France .

Deux petits extraits pris au tout début:" De manoeuvre , il était devenu ouvrier spécialisé ;il savait qu'il n'évoluerait plus .Sa seule fierté était d'avoir économisé assez d'argent pour faire venir sa famille ."

Sa femme , c'est Naja et ses trois enfants Maryam ,Sonia et Nour ....

" Naja imaginait que tout serait plus facile à Paris .L'horizon était dégagé .La vraie vie commençait . "

Et l'on va suivre cette arrivée et ces retrouvailles rapidement ponctuée par une grossesse et ....des difficultés supplémentaires .

Pour moi , c'est là que l'on pourra sans doute trouver un peu étrange le choix de l'auteur mais , on le respectera puisqu'il va être le moteur du roman , le facteur déclenchant de comportements représentatifs des difficultés d'intégration des filles de la famille . et ....

Je l'ai dit , c'est un plaisir de lecture une belle photographie de la France de cette époque , vue d'un regard partagé entre l'espoir et la réalité qui ont bien du mal à se rejoindre .

Un mélange de tendresse et de cruauté , un bon livre .

A trés bientôt .

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Panorama

Si ce roman a tout du polar dystopique, il est aussi une belle réflexion sur l’évolution de nos relations sociales.



Dans un futur proche, la transparence est devenue le mot-clé qui gouverne nos faits et gestes, au point de vivre dans des maisons de verre, qui livrent à qui veut bien les voir, les moindres gestes de nos vies quotidiennes. L’intimité des couples est en partie préservée par un subterfuge technique qui révèle malgré tout la nature de l’occupation en cours.



Dans cette société, le ghetto est l’ordre du monde : les villes sont constituées de quartiers à thème. Bien imprudent celui qui se risque à en sortir.

Dans l‘une de ces vitrines offertes, un couple disparaît. Le fils est lui aussi aux abonnées absent. La police, mais je devrais dire les gardiens de protection, s’empare de l’enquête.



Ne pas se tromper de coupable, car c’est le jugement populaire qui détermine son sort, la justice étant devenue une affaire d’opinion et de vote !



Les dérives du système sont multiples et bien analysées.





Cette transparence est aussi une métaphore de ce que les médias tentent dès à présent de mettre en place. Le paraître est au premier plan, bien loin derrière l’être. Et ce que l’on montre à grand renfort d’images, est un écran qui masque l’ordinaire bien plus médiocre que voudrait le faire croire les photos retouchées.





Beaucoup de plaisir de lecture pour ce roman bien construit et générateur d’une réflexion bienvenue



240 pages Gallimard 17 août 2023






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Panorama

“Celui dont la maison est de verre doit se garder de jeter des pierres aux autres.” C’est ce qu’affirme Courteline et c’est la désormais la loi adoptée par la majorité de cette société française de 2049 qui a aboli les institutions pour parvenir à la démocratie au sens littéral du terme puisque l’on aura plus recours à des représentants, mais que c’est bien la société qui se fera juge de toute infraction au code de civilité, chaque individu sera témoin de la vie des autres puisque chacun devra s’établir dans une maison de verre et pourra surveiller les actions d’autrui. Le grand maître sera le dossier de la transparence, lisible par tous, qui indiquera les faits et gestes des citoyens.



Une telle société est-elle possible ? Si chacun peut trouver des éléments de réponse, je trouve regrettable que ce roman ne se consacre pas totalement à cette réflexion. Bien sûr, on s’apercevra que la transparence peut certainement limiter les méfaits, mais pas les éradiquer, pour preuve, ce double crime perpétré un assassin qui ne devrait pas recevoir ce qualificatif et qui s’expose à un jugement exempt de toute impartialité puisque la loi écrite et ratifiée n’existe plus et qu’elle est remplacée par le jugement populaire.



C’est la raison pour laquelle je me sens mitigée : on se retrouve face à une dystopie qui un peu plus creusée, pouvait aboutir à un descriptif beaucoup plus détaillé de cette nouvelle société, mais l’autrice a préféré parachuter quelques faits montrant les travers de ce monde transparent : personnes qui vivent comme dans une télé-réalité, dictature des réseaux sociaux et perte de l’intimité des individus. Il y avait de quoi bâtir un roman entièrement basé sur ces faits et dénicher tous les travers d’un tel fonctionnement, avec des personnages refusant cette transparence et agissant activement comme le fait George Orwell dans son roman 1984, et il y en a dans le roman, mais montre-t-ils vraiment une résistance active ?



Le choix de Lilia Hassaine porte sur une enquête menée par le personnage principal, Hélène qui semble avoir des difficultés pour affirmer sa personnalité, peut-être parce qu’elle subit le regard de l’autre, parce que la transparence transforme les individus en esclaves de cette société désormais aux aguets des moindres faits et geste de l’autre, parce que la communication n’est plus vraie… Parce qu’officiellement Hélène accepte ce fonctionnement. Toutefois, il faut lire entre les lignes, elle expose sa vie, se raconte, donne peu son avis et reste souvent dans le descriptif, mais est-elle si transparente ?



Je sens à l’écriture de cette chronique qu’il ne faut pas nécessairement tenir compte de mon avis parce que personnellement, j’aime les thrillers et l’action, les récits au rythme soutenu, les rebondissements multiples, les scènes effroyables qui font que le roman vous capte.



Ce n’est pas le cas dans ce roman qui cependant, si on aime les récits qui véhiculent un sujet épineux transmis par la mémoire du personnage principal sous forme d’exposé en laissant le lecteur être le seul juge avoir eu connaissance des aspects de cette société, on peut vraiment apprécier cette dystopie.



J’ai tout de même passé un bon moment de lecture, particulièrement dans la deuxième partie, dans laquelle, après une sorte d’enlisement de l’enquête, des éléments viennent s’ajouter pour aboutir au dénouement.
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Soleil amer

Je suis souvent réticent à répondre aux sollicitations de Masse Critique de Babelio, et Babelio n’y est pour rien.

Lire et commenter un livre qui s’offre à moi, c’est, en ce qui me concerne, affronter deux écueils: celui de ne pas aimer l’histoire ni la façon dont elle est racontée, ou au contraire celui de paraître complaisant en faisant son éloge.

Et, de ce fait, je l’avoue, je ne réponds qu’aux demandes qui me semblent entrer dans ma zone d’appétence et de compétence, et encore avec une certaine appréhension.



Cette fois pourtant, cette appréhension a été vite levée, car je dois dire que j’ai énormément apprécié ce court roman, Soleil amer, lu d’une seule traite, le coeur serré et à la fin, beaucoup d’émotion.



J’ai été profondément touché par ce livre qui aborde avec une extraordinaire justesse et beaucoup de sensibilité, je trouve, différents thèmes:

la condition des immigrés venus de l’Algérie et le racisme auquel ils ont été confrontés; la difficulté d’être soi-même pour celle ou celui qui devient l’étrangère ou l’étranger hors de son pays, mais aussi qui le devient dans son pays d’origine; le désarroi et le déchirement des enfants issus de l’immigration; la condition très difficile des femmes et le poids de la tradition qui pèse sur elles, mais aussi leur extraordinaire solidarité; la désillusion qui s’installe dans les années 1970, à la fin des Trente Glorieuses avec, en toile de fond, le chômage et la déshérence des HLM; l’espoir qui semble poindre avec la troisième génération (dont nous savons, hélas, qu’il n’est pas le fait de tous); et enfin, le poison sournois du secret de famille.



Soleil amer raconte tout cela au travers de l’histoire magnifique, que je ne détaillerai pas, de Naja, cette femme algérienne qui vient, dans les années 1960, rejoindre son mari Saïd, ouvrier dans l’automobile, celle de ses trois filles Maryam, Sonia et Nour, puis celle de son fils Amir et son « cousin » Daniel.

L’histoire, par touches successives, traversera les années 1960, 1970 et 1980, avec son lot de joies et de drames cruels.

C’est peint avec beaucoup de justesse, en peu de mots, mais si bien choisis, sans cette pesanteur et cette vulgarité qui caractérisent malheureusement, je trouve, beaucoup de romans contemporains.



Et puis, j’ai beaucoup aimé l’écriture élégante et fluide.

Le prologue et l’épilogue du livre sont très beaux, pleins de poésie, j’en donne quelques citations.

Et enfin, c’est certes un détail, mais le titre du livre et l’incipit faisant allusion au Bateau Ivre de Rimbaud ne pouvaient que me toucher. «Les aubes sont navrantes. Toute lune est atroce et tout soleil amer » Oui, c’est vrai, il y a de cela dans cette histoire, l’espoir du départ et la désillusion à la fin.



J’ai lu sur internet que l’autrice, Lila Hassaine, est une jeune journaliste qui fait une chronique dans une émission télévisée, Quotidien, et qu’elle a déjà publié un autre livre remarqué, L’œil du paon.

Mon (modeste) avis est que cette journaliste est une romancière de grande qualité, et je remercie chaleureusement à la fois Masse critique et les Éditions Gallimard de m’avoir fait découvrir son « Soleil amer ».
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Des choses sans importance

Les couvertures colorées de la collection l’Iconopop me font de l’œil comme une femme trop fardée. Et je me laisse tenter.

Des bulles de couleur illustrent la couverture de « Des choses sans importance », bulles que l’on retrouve à l’intérieur, mais en noir et blanc cette fois-ci.

Dans un registre simple, parfois enfantin, Lilia Hassaine souffle de petites phrases qui s’envolent, légères comme bulles de savon, mais pas si anodines que cela. Derrière ces courts poèmes, des instants de vie.

Tout d’abord, elle décortique l’amour, les amours.



« Je rêve souvent d’un amour vierge

D’un amour inédit,

D’un mot qui ne serait plus générique

Un amour où on s’embrasserait spontanément le coude

Et non la bouche

Car après tout

Pourquoi pas. »



Les poèmes longs s’intercalent avec quelques mots jetés sur la page. Lilia Hassaine revisite les adages, récupère les phrases entendues et en fait son miel.



« Ils eurent beaucoup d’enfants

Et ne se marièrent jamais. »



Elle se livre, aussi, par petites touches, et on lit son enfance en filigrane dans certains de ses textes

« La violence est chez moi un souvenir d’enfance

Or je suis nostalgique de mon enfance »



Lorsqu’elle parle de l’écriture, je ne l’ai pas trouvée convaincante. Je préfère quand elle reste dans le domaine de ces petites choses auxquelles elle donne toute leur importance.



« Entendre un vieil homme dire maman

Est la chose la plus émouvante qui soit. »



On est dans une poésie immédiate et souriante, ce qui permet d’entrer facilement dans l’univers de l’auteure, même pour celles et ceux qui sont béotiens en la matière.

Ce recueil a le goût d’une glace vanille fraise, c’est léger, régressif par moment, mais ça fond très vire et, à l’arrivée, il n’en reste qu’un doux et vague souvenir.

Conclusion : Lecture rapide et plaisir fugace.





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Panorama

Lilia Hassaine situe l’intrigue de « Panorama » en 2050, dans une France qui a fait la révolution de la Transparence, en 2029. Une révolution initiée par un influenceur célèbre qui a porté plainte contre son oncle qui l’a violé lorsqu’il était enfant, et demande le droit de se faire justice, les faits étant prescrits. Une affaire qui semble banale, mais va conduire au procès de la Justice, puis à la « Revenge Week », une semaine au cours de laquelle les victimes se vengeront des exactions commises par leurs bourreaux.



C’est l’avocate de l’influenceur, qui lance le mouvement « Transparence citoyenne » et obtient que ceux qui se font fait justice soient graciés, à condition que les violences cessent. Pour atteindre cet objectif, l’idée lumineuse selon laquelle on ne commet pas de crimes lorsqu’on se sait observé s’impose et conduit à ériger la Transparence en règle absolue. Un jeune architecte est ainsi chargé de conceptualiser et de réaliser un urbanisme adapté à ce nouveau dogme. Les maisons, les appartements, les écoles, les hôpitaux, les prisons, les commerces seront à présent construits en verre. Et la nuit, des lumières rouges éclaireront l’intérieur des maisons.



« La Transparence est un « pacte citoyen fondé sur la bienveillance partagée et la responsabilité individuelle », d’après le Préambule de la Constitution de 2030. »



Dans ce nouveau monde où chacun observe les faits et gestes de son voisin, la criminalité a disparu. Dans les quartiers huppés, tout n’est que « luxe, calme et sécurité ». Des verres opaques permettent de prendre sa douche dans une relative intimité (seul le visage reste visible). L’acte d’amour peut-être réalisé après que les deux amants ont exprimé leur consentement en déclenchant la fermeture de leur lit-sarcophage.



Une fissure apparaît dans le meilleur des mondes, lorsque la famille Royer-Dumas, qui habite un quartier ultra-sécurisé, disparaît : David, Rose et leur jeune fils Milo s’évaporent sans laisser de traces. Hélène, une ancienne commissaire, devenue gardienne de protection depuis que la violence a été éradiquée par la transparence, reprend du service pour tenter de résoudre ce qui évoque un mystère absurde.



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« Panorama » est une contre-utopie qui interroge les limites d’une société où l’intimité a été sacrifiée sur l’autel du culte de la transparence. Une société dévoilée à travers le regard d’Hélène qui a repris son rôle d’enquêtrice pour tenter de résoudre le mystère de la disparition de la famille Royer-Dumas.



« Les réseaux sociaux ont connu leur apogée au moment de la révolte de 2029. L’avenir était alors au métavers, on nous promettait que l’homme du futur s’échapperait du monde matériel grâce à des casques de réalité virtuelle. Personne n’avait anticipé le scénario inverse : une société où, sans casque ni lunettes connectés, on jouerait chaque jour à être l’avatar de soi-même. »



L’idée-force du roman est simple : elle repose sur le constat que nous vivons déjà dans un monde fasciné par la transparence et pousse les curseurs à leur maximum pour nous emmener dans une « démocratie » d’un nouveau genre. La verticalité a cédé la place à l’horizontalité, une forme d’autogestion citoyenne a pris le pouvoir, l’avis des jeunes gens est devenu parole d’Évangile, la duplicité, la tromperie, la violence ont été éradiquées.



L’auteure a identifié plusieurs travers très actuels : fascination pour l’exhibition de soi, amplifiée et véhiculée par les réseaux sociaux, critique permanente d’une justice dysfonctionnelle, crédit accordé à une jeunesse en colère incarnée par Greta Thunberg, etc. L’univers dystopique de l’ouvrage permet de questionner notre société hypnotisée par la possibilité d’un monde qui aurait fait fi de toute opacité. Le « Panorama » dressé par le roman est peut-être en réalité celui de notre époque.



Le nouveau roman de Lilia Hassaine évoque « 1984 » de George Orwell, qui avait imaginé un monde cauchemardesque où chacun était en permanence observé par un télécran, un univers régi par la célèbre maxime : « Big Brother is watching you ». L’auteure reprend en réalité l’idée géniale d’Evgueni Zamiatine, qui imaginait en 1920, dans son roman « Nous autres », une société entièrement transparente, prenant la forme d’une Cité de verre.



Tandis que Zamiatine s’attachait à dénoncer les dérives du léninisme et qu’Orwell dévoilait l’horreur du stalinisme, « Panorama » dresse une critique acerbe des menaces qui planent sur notre démocratie.



L’enquête policière n’est que le prétexte de la mise à nu de l’hypocrisie de cette société de la transparence absolue, qui dissimule des zones d’ombre inavouables derrière le modèle de vertu qu’elle prétend incarner.



Le roman séduit par l’ironie qui sous-tend la contre-utopie imaginée par l’auteure. Comme Orwell et Zamiatine, l’auteure porte avant tout un regard critique sur notre présent, en imaginant le futur terrifiant qui pourrait advenir. Un présent qui nie toute négativité et a érigé le culte du positif en nouvelle religion.



« Plus personne, dans notre société qui « aime », dans notre société qui « like », ne peut comprendre l’argentique. À moins de transformer les « négatifs » en « positifs ». »



Malgré une ambition qu’il faut saluer, « Panorama » n’atteint pas les sommets que le début de l’intrigue laisse entrevoir. La Cité de verre ne surprend pas le lecteur du chef-d’oeuvre de Zamiatine. L’intrigue policière est parfois cousue de fil blanc. L’ouvrage manque enfin d’un véritable souffle romanesque et évoque une dénonciation par trop « transparente » des maux de l’époque.



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Panorama

TRANSPARENCE A OUTRANCE N'ETANCHE PAS LA VENGEANCE.



Que voilà un chouette petit roman bien tourné. Nous sommes au carrefour de la Science-fiction et du polar avec une bonne touche de socio, comme tous les romans d'anticipations.



Voyez plutôt ! Nous sommes en 2049, âge du verre (2049 c'est loin et c'est proche en même temps... mine de rien, ça ne fera que 8 ans que je serai à la pension. La pension est à 67 ans en Belgique).

2049, c'est 20 ans après la "revenge week" événement durant lequel les foules hurlantes se sont vengées de tout un chacun. Suite à cela, il a été décidé de construire des villes en verre où tout est transparent, où tout le monde se voit. Bien entendu, pas partout, il reste un espèce d'inframonde qui ressemble furieusement à notre monde actuel.

Dans ce nouveau monde tout en verre, tout le monde a été regroupé par quartier, le quartier LGBTQI+, le quartier noir, le quartier des riches, le quartier des célibataires,... (Ouais ça fait un peu ghetto, d'accord).

Un monde ultrasécuritaire avec caméras et patrouilles de sécurité qui voient donc tout ce qu'il se passe à l'intérieur de chez vous, les murs étant tous en verre.

Et c'est là, dans le quartier des riches où tout se voit, où tout le monde a une caméra braquée sur lui que disparait une famille ! Miguel, Rose et Milo Pfffffff envolés.

Commence alors une enquête pleine de rebondissements, où Rose n'est pas Rose, où la voisine aurait pu se venger mais non, où les riches transparents n'ont de transparent que leur maison.

Un monde peuplé d'hypocrites transparents... même pas translucides.



Ce monde dépeint par Lilia Hassaine est peut être déjà le monde que nous vivons. Un monde où tout un chacun s'exhibe sur les réseaux sociaux. Un monde où tout le monde étale son bonheur, ses vacances, ce qu'il mange mais un monde aussi peuplé de faux-semblants.

Un monde transparent n'empêche pas l'humain d'être humain, dans tous ses travers.



Ce roman se laisse dévorer sans aucun problème, l'intrigue est bonne et se tient jusqu'au bout.

Pour moi un bon bouquin de cette rentrée littéraire 2023 !
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Panorama

L'année 2029 a bouleversé notre société . Pour éradiquer les erreurs judiciaires, le monde doit devenir transparent. Les murs disparaissent, laissant place aux baies vitrées, tout le monde peut observer tout le monde . Vingt ans plus tard, dans le quartier ultra riche de Paxton , un couple et son enfant disparaissent mystérieusement. Malgré la Transparence.



Roman court, qui d'emblée nous présente la France de 2050, une France où les quartiers ont banni la mixité sociale . Les riches avec les riches, les écolos avec les écolos, les gays ensemble et la plèbe dans des zones de non droit. le tout étant bien délimité par des zones surveillées.

L'auteur pour nous dépeindre sa vision du futur y a ajouté une enquête policière , bien plate , mais qui a le mérité , et sans doute dont c'est le but, de nous faire naviguer entre les différentes strates de la nouvelle société.

Il se dégage une réflexion de ce livre . La Transparence n'enlève t elle pas plus qu'elle n'apporte ? D'autant plus que la nouvelle justice est sans doute bien plus perverse que la notre.

Peut on vivre sans jardin secret , n'est ce pas la fin des relations amoureuses au long court ? La situation des personnages nous offre une réponse.

J'ai beaucoup aimé le lien entre ce que l'on attend de la vie et l'endroit où l'on habite. Certes pour les pauvres, pas le choix , mais les autres peuvent s'extirper de l'aseptisation que la nouvelle société propose.



Voilà, une lecture divertissante, avec une vision dystopique , mais pas trop , de notre avenir. On aurait aimé un peu plus plonger dans notre futur où les innovations technologiques semblent mineures, et surtout que l'auteure s'attache plus à nous montrer le basculement dans la société de la Transparence et ses conséquences plutôt que de s'improviser auteure de polar .
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Soleil amer

Comme j’ai aimé ce roman ! C’est fort, triste, mélancolique, joyeux, drôle… c’est la vie.

Mais c’est la vie pas facile. Celle des émigrés qui doivent trouver leur place dans un nouveau monde. Un monde qu’il ne comprenne pas toujours et qui les exclut souvent.

Soleil amer c’est l’histoire des banlieues quand les premiers immigrés algériens arrivent et se créent un réseau d’amis auprès des autres premiers habitants des HLM rutilants proposés à l’époque. Ce sont les années 60 et les communautés ouvrières cohabitent et se serrent les coudes. Tout le monde est logé à la même enseigne, même si entre les murs chacun vit selon ses propres coutumes. Car il est difficile au début de laisser derrière soi l’héritage traditionnel.

Puis les années se succèdent et voient l’évolution des moeurs, les coutumes qui se perdent, les mariages mixtes apparaître, les HLM qui s’effritent, les locaux sociaux disparaître, la délinquance et la drogue prendre place… C’est tout cela que raconte Lilia Hassaine à travers Saïd, Naja et leurs enfants. Tout cela et ce terrible secret de famille qui traversera avec eux toutes ces années de bonheur, malheur et d’espoir.



Un très beau roman familial sur trois générations, traversé par les (néfastes) décisions politiques accordées aux banlieues. Un très beau roman aux personnages féminins forts qui « portent le monde ». Une très belle histoire sur la difficulté d’intégration et du vivre ensemble.



Un livre à recommander !

Et pour moi, une lecture que je dois à la libraire d’Argeles-Gazost (Hautes-Pyrénées) qui a su si bien m’aiguiller.

Je ne dirai jamais assez combien ces personnes sont essentielles :))
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