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EAN : 9782073035059
240 pages
Gallimard (17/08/2023)
3.72/5   1571 notes
Résumé :
"Les premières lignes du prologue nous mettent sur la piste d'une enquête policière avec comme narratrice celle qui va la mener. Une disparition, banale pour un polar. Un couple et son fils de huit ans.

Sauf que nous sommes en 2049, dans une France dystopique où on vit à l'ère de la Transparence depuis la Revenge week de 2029, révolution qui a éclaté suite à un énième crime jugé impuni par une population excédée par le laxisme de la justice. Pour se l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (261) Voir plus Ajouter une critique
3,72

sur 1571 notes
°°° Rentrée littéraire 2023 # 20 °°°

Les premières lignes du prologue nous mettent sur la piste d'une enquête policière avec comme narratrice celle qui va la mener. Une disparition, banale pour un polar. Un couple et son fils de huit ans.

Sauf que nous sommes en 2049, dans une France dystopique où on vit à l'ère de la Transparence depuis la Revenge week de 2029, révolution qui a éclaté suite à un énième crime jugé impuni par une population excédée par le laxisme de la justice. Pour se libérer du Mal, les Français ont désormais le choix : vivre dans des quartiers transparents composés de maisons-vivariums. Un moins pire des mondes où on ne peut plus battre sa femme, maltraiter un enfant ou une personne âgée en EHPAD puisque la moindre suspicion de crime déclenche immédiatement une réaction des voisins, tous en hyper vigilance sur ce qu'il se passe à côté de chez eux.

La famille qui a disparu vit dans un de ces quartiers de verre huppés ultra sécurisés. Comment donc trois personnes peuvent-elle s'évaporer dans un monde où personne ne peut rien cacher ? L'enquête en elle-même est bien menée, mais manque de complexité ( tout est prévisible ) ... en amatrice de polars, je suis restée quelque peu sur ma faim.

Evidemment, l'essentiel pour l'autrice n'est dans la trame polar. Il réside dans l'anti-utopie que Lilia Hassaine a très intelligemment imaginé. On n'est clairement pas dans la dystopie cauchemardesque à la 1984 ou La Servante écarlate, mais dans un monde tellement proche du notre que le léger décalage en devient d'autant plus crédible et donc glaçant.

Des procès populistes en direct-live sur les réseaux sociaux pour infliger des peines aux délinquants. Des zones de droit, immeubles emmurés hors de la Transparence, dans laquelle vivre est une circonstance aggravante en cas de procès. Exhibitionnisme de ceux qui aiment être vus, vie affichée parfaite et sourire figé. Intimité impossible sauf à s'enfermer dans un lit sarcophage pour faire l'amour sans être vus … ou pas.

Mille détails à la lucidité terrifiante font immédiatement tilt dans notre esprit, d'autant que l'écriture de Lilia Hassaine est nette, sans fioritures, lisible et didactique, ce qui permet au lecteur de complètement croire à ce monde transparent. La narration est étonnamment calme et posée, resserrant l'intrigue au maximum de l'épure. On y perd un peu en haletant même si jamais l'intérêt ne retombe. Surtout, le lecteur est poussé à réfléchir de façon très fertile et stimulante.

L'autrice écrit vraiment fort bien et on aurait envie de noter de très nombreuses phrases qui résonnent avec l'évolution dérangeante de nos sociétés contemporaines. Par contre, l'ensemble est très froid, clinique, le cérébral prend le pas sur l'émotion. Ce n'est pas un défaut en soi, mais là, j'ai regretté de ne pas vibrer avec les personnages car je pense que cela aurait amplifié la réflexion à la Black Mirror, déjà riche. Cela aurait pu être moins désincarné avec plus de pages, notamment pour étoffer le bon personnage d'Hélène, l'enquêtrice quinquagénaire qui a connu le monde d'avant et voit ses certitudes voler en éclats à mesure qu'elle découvre la vérité sur ce qui se cache derrière les apparences.

« Une brèche s'est ouverte dans ma conscience. Je rêve de nouveau et voudrais ne plus jamais quitter mon lit. Depuis que j'ai commencé mon enquête, mon cerveau explore de nouveaux territoires. Il émet des hypothèses, il réfléchit sans moi. Pendant des années, mon sommeil n'était qu'une parenthèse, un tunnel interminable. le monde qui m'entourait était exactement ce qu'il avait l'air d'être, et je n'avais plus besoin de l'interpréter ni de le comprendre. Cette nuit, j'ai eu le sentiment de renouer avec l'invisible, avec tous ces signes, ces images qui échappent au langage, à la rationalité. »
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Fenêtre sur cour à tous les étages.
Hitchcock peut ranger sa caméra. En 2049, terminées les cachotteries et les petites manies honteuses. Les familles vivront dans des vivariums exposés à l'oeil curieux des passants et des voisins chargés de s'assurer qu'aucune violence agite le cocon familial. Vivons heureux, vivons exposé ! c'est le paradis des voyeurs. Il ne restera plus que la voiture pour se curer le nez.
Plus la peine de se planquer derrière les rideaux ou de sortir les jumelles pour espionner en cachette les moeurs et les fréquentations du type louche d'en face ou les formes de la blonde du troisième.
Pavillons en verre sans aucun angle mort pour préserver un peu d'intimité. Juste quelques vitres fumées seront autorisées dans l'espace douche et pour les toilettes.
S'agissant du devoir conjugal hebdomadaire, pour éviter le lèche vitrine, un sarcophage romantique sera dédié à la discipline pour s'isoler avec bouton d'urgence relié au commissariat en cas de migraine soudaine, d'humeurs moins badines, si Monsieur a oublié d'enlever ses chaussettes ou si finalement il y a un match à la télé.
La transparence a remplacé la liberté dans la devise nationale pour garantir la sécurité de tous. Impossible de laisser tomber un emballage dans le mauvais bac sans risquer une dénonciation, impensable de punir la marmaille sans voir débarquer les services sociaux, inutile d'essayer de se gaver de mal bouffe en cachette sur son canapé ou d'allumer un cigare sans avoir un rappel à l'ordre du Ministère de la Santé. Qui a dit on dirait des vacances en Suisse ? Attention, on vous a à l'oeil. L'intimité est sacrifiée à la sécurité et une forte présomption de culpabilité pèse sur les derniers réfractaires au naturisme des moeurs.
Comme si cette vie de cobaye ne suffisait pas, la justice se rend à la majorité de clics sur les réseaux sociaux. Pour perpète, tapez 3. Pour la relaxe, tapez sur qui vous voulez. Tous les avis sont autorisés.
Ce modèle de société sous surveillance permanente résulte d'une révolution survenue en 2029 lors de la « Revenge Week », semaine du Talion durant laquelle toutes les victimes de crimes prescrits ou impunis s'étaient faits justice eux-mêmes.
Dans cette ère de la Transpa rance qui n'a fait que succéder à la religion du selfie, à la sacralisation du moi, à la dictature du paraître et à la petite musique solo du « on ne s'occupe pas assez de soi » alors que l'on ne fait plus que cela, la disparition inexplicable d'une famille dans un quartier ultra sécurisé va rappeler que derrière les apparences d'une société parfaite, bien peignée qui sait recevoir à défaut de savoir donner, la nature humaine porte toujours le gène de la violence, quelques atomes de fureurs et des cellules dormantes de pulsions invisibles. Un peu longue cette phrase, vous pouvez souffler.
Le roman de Lilia Hassaine avait donc tout pour me passionner mais je n'ai pas trouvé l'histoire à la hauteur du propos. Les quelques pages contextuelles qui décrivent le basculement de la société dans le règne de la transparence sont plus intéressantes que l'intrigue banale et bancale qui décore le récit pendant 200 pages. J'ai presque eu l'impression que le roman commençait à la fin de l'histoire, que je suivais une course après la ligne d'arrivée, quand les athlètes en sueur n'ont plus rien à donner à part leur odeur. le devenir de cette famille m'a autant passionné que la météo de la semaine dernière.
C'est vraiment dommage car le style épuré et froid comme le salon d'une maison témoin, parfait pour épater des convives lors d'un diner, mais débarrassé de toute forme de vie, colle très bien à la description d'une époque aseptisée.
Une approche plus américaine du récit, qui raconte plus qu'elle ne suggère, aurait à mon sens offert davantage de saveur à cette dystopie du lendemain qui déchante. Je le dis rarement et pas trop fort, mais je pense qu'il manque une bonne centaine de pages à ce roman pour répondre à l'ambition du propos. Les limites du pouvoir de suggestion.
« Panorama » propose un joli point de vue. Il lui manque juste la vision périphérique d'une Lionel Shriver ou d'une Emily St.John Mandel.
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A la frontière entre utopie et dystopie c'est un roman plaisant à l'idée intéressante et écrit sous la forme d'un thriller dont l'enquête tient en haleine.

En 2049, dans un monde pourtant placé sous haute surveillance Hélène, Gardienne de protection, est appelée sur une enquête qui déstabilise la communauté : un couple, les Royer-Dumas et leur jeune garçon a disparu dans un monde ou crimes et disparitions ne sont plus censés exister.

Les investigations permettront de remonter 20 ans auparavant aux premières heures de la nouvelle Révolution française la « Revenge Week » qui installa en France un climat insurrectionnel par lequel « les victimes punissent les bourreaux ».
Beaucoup se feront justice eux-mêmes et c'est dans ce contexte glaçant que le mouvement de « la Transparence citoyenne » voit le jour.
Comme bien des violences se perpétuent entre les murs, la pierre a été remplacé par le verre donnant naissance à des habitations vitrées où chacun vit sous le regard de l'autre renonçant à son intimité dans un souci de pacification. le regard du Big Brother orwellien ici est celui de tout un chacun mais c'est un regard consenti. D'autres quartiers vivent de manière marginale loin de la transparence refusant surveillance et sécurité.

La narratrice livre une observation clinique de ce monde aseptisé où la transparence est poussée à l'extrême et la surprotection prime sur les libertés entraînant clivage et déshumanisation.
« il suffit d'une alarme pour qu'ils se réveillent tous, observant par les vitres, la sauvagerie des hommes, curieux du moindre évènement, d'une dispute conjugale, ou d'une arrestation».

En fouillant dans la vie, l'appartement et le voisinage des Royer-Dumas, en investiguant dans les zones de non-droit en marge des quartiers transparents, la narratrice se remémore son passé, livre ses déboires amoureux et ses réflexions sur ce monde qui accorde peu de place à l'intimité et au secret.

Avec peu d'indices l'enquête piétine et ce n'est qu'un an plus tard qu'une vérité surprenante éclatera …Révélant que finalement cette « transparence » communautaire ne peut rien contre l'opacité des individus.
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Extrapolant à l'extrême nos tendances contemporaines, Lilia Hassaine imagine une crédible contre-utopie, où la dictature de l'ultra-transparence aboutit au triomphe de l'hypocrisie dans une société retranchée derrière les apparences.


Nous sommes en 2049. Depuis que, vingt ans plus tôt, la « Revenge Week » – semaine de la vengeance – a tourné à la révolution sanglante lorsque les victimes de harcèlement, de crimes familiaux et de délits écologiques ont entrepris de se faire justice dans la violence, et que, pour apaiser le pays, le gouvernement a adopté une nouvelle Constitution, la France métamorphosée vit sous le règne de la Transparence, un « pacte citoyen fondé sur la bienveillance partagée et la responsabilité individuelle ». Ceux qui le désirent – précisons : et qui en ont les moyens – peuvent vivre en totale sécurité dans des quartiers transparents, constitués d'habitations de verre qui les livrent au regard bienveillant et protecteur d'autrui. Les autres sont libres de s'entasser en marge, à leurs risques et périls, dans des zones de non-droit – devenues, il faut le dire, de plus en plus défavorisées au fil du temps.


C'est dans l'un de ces quartiers de verre, où ni secrets ni criminalité n'existent plus, qu'à la stupéfaction générale, une famille s'évapore au nez et à la barbe de tous. Ravie de reprendre du service alors qu'elle n'était plus depuis longtemps qu'une « gardienne de protection », une ex-commissaire est chargée d'enquêter. Car, crime il y a bien eu. Et, malgré les déboires de sa propre vie privée et, bientôt, les pressions dans cette société boule de verre propice aux effets de loupe, il va lui falloir faire la part des mensonges et des hypocrisies pour mettre au jour les vérités sordides camouflées sous la perfection affichée.


Captivé par le suspense et par l'original – mais jamais invraisemblable – imaginaire de ce récit habilement construit, dans une langue vive et élégante, entre fable et polar, l'on se retrouve face au miroir, pas si déformant, qu'avec une lucidité critique, l'auteur tend à la société d'aujourd'hui. Montée des populismes, libertés sacrifiées aux obsessions sécuritaires, confusion entre opinion et justice. Vies privées mises en vitrine sur des réseaux sociaux favorisant par ailleurs l'isolement, le conformisme et l'emballement émotionnel au détriment de la réflexion. Vie liquide de l'éphémère et de l'immédiateté, mirage et dictature des apparences dans un monde où tout le monde surveille tout le monde, se compare, aime ou déteste en stigmatisant la différence. Nettoyage des textes de tout ce qui peut paraître incorrect, wokisme : autant de glissements actuels de la société qu'il suffit juste à l'auteur de prolonger pour nous présenter une vision de cauchemar dont il faut bien reconnaître qu'elle paraît à peine dystopique.


C'est un panorama bien inquiétant que nous présente ce roman d'anticipation auquel on n'a aucun mal à croire, tant il reflète de vérités sur les tendances de la société contemporaine. Plus encore qu'une dystopie originale et un polar addictif, ce troisième livre de Lilia Hassaine est un puissant roman social, riche de sens et fort habilement construit. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Imaginez une ville où les maisons ont des grandes baies vitrées donnant accès à votre intimité. Votre vie exposée à tout le voisinage. C'est ce que raconte Lilia Hassaine dans cette dystopie un brin dérangeante.
« La transparence a de bons côtés
Elle nous a rendus plus attentifs aux autres. Face à la solitude, la tristesse, la maladie, il y aura toujours un voisin pour sonner chez vous »
Oui mais voilà, ce monde transparent qui prône la sécurité et la bienveillance n'est pas sans risques. On s'épie et on se sait épié, pas toujours facile à vire. Bien sûr, ce modèle de transparence s'adresse à une élite qui a les moyens. Les autres, marginaux et rebelle, vivent aux Grillons.
« Les habitants vivent dans des barres d'immeubles surpeuplés, ou dans des pavillons aux murs et cloisons en béton. Ils vivent hors de la Transparence, par manque de moyens pour certains, par volonté pour d'autres, et ils en ont le droit. »
Dans ce monde coupé en deux, ce sont les citoyens qui jugent les crimes et les délits de leur quartier, encore un effet de la Transparence.
Mais si le crime a disparu, cet équilibre va être remis en cause par la disparition d'une famille. Hélène, qui n'est plus policière mais gardienne de protection, va enquêter sur cette disparition mystérieuse. Elle-même vit dans une maison transparente, avec, comme avantage, d'avoir remis son mari volage dans le droit chemin. Pourtant, ils n'ont plus rien à se dire et la relation devient toxique. Il finira par la quitter pour une instagrammeuse. Pourtant, Hélène est toujours amoureuse de son mari infidèle et leur relation ambivalente n'est pas convaincante.
A travers l'enquête, Lilia Hassaine cherche à nous démontrer la menace sur les libertés individuelles et sur la vie privée dans ce monde de transparence. Elle fait le parallèle avec les réseaux sociaux où s'exposent nos vies privées.
L'idée est fort alléchante, sauf que, après un début prometteur, on s'enlise dans les lieux communs et les stéréotypes. Je m'attendais à une analyse plus approfondie d'une société du paraitre où le vivre ensemble proscrit le droit à l'intimité.
Et que dire des personnages ? Ils semblent s'ennuyer…et nous avec !


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critiques presse (8)
LeJournaldeQuebec
02 janvier 2024
Une histoire fascinante qui fait réfléchir.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Culturebox
12 décembre 2023
Une société déshumanisée que l’espoir a déserté. Chapitres courts, style fluide, Lilia Hassaine nous tend un miroir pas si déformant.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaPresse
25 octobre 2023
Dans son roman "Panorama", l’écrivaine française Lilia Hassaine a imaginé une société où la transparence aurait été poussée à l’excès. Une dystopie troublante qui se fait le miroir des paradoxes sociétaux de notre époque.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LePoint
16 octobre 2023
Dans un roman dystopique, l’écrivaine dépeint, à travers l’enquête sur la disparition d’une famille, le cauchemar d’une société vouée à la transparence.
Lire la critique sur le site : LePoint
LeFigaro
05 octobre 2023
Le troisième roman de Lilia Hassaine brille par la maîtrise de sa construction, le sens du récit et du suspense.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Bibliobs
13 septembre 2023
Dans cet excellent thriller d’anticipation, la journaliste et romancière imagine une société où chacun évolue sous le regard des autres, dans une transparence absolue. Une dystopie d’autant plus inquiétante qu’elle est crédible.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Culturebox
08 septembre 2023
Un ouvrage qui imagine la France en 2049, dans une France parano et hypocrite, où une transparence totale s'est imposée aux citoyens, sur fond de polar avec la disparition inexpliquée d'une famille.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Culturebox
21 août 2023
La jeune romancière signe avec "Panorama" un roman sur le cauchemar d’une transparence poussée jusqu’à l’absurde. Délicieusement écœurant.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (140) Voir plus Ajouter une citation
Dans les années 2020 déjà, je m'en souviens très bien, la mode était aux influenceuses beauté, ces filles aux mines enjouées, payées par des marques pour s'extasier devant tout et n'importe quoi. À la différence des mannequins du passé, elles mêlaient business et vie privée, se filmaient des toilettes à la chambre à coucher. Rien ne devait échapper à la focale de leur caméra, cet œil de paon à l'affût des regards. Une fois qu'elles avaient fait le tour d'elles-mêmes, après avoir vendu des crèmes et des plats cuisinés, des sèche-linge et des sèche-cheveux, après avoir vendu leur couple et les photos de leur mariage, elles faisaient des enfants pour conquérir de nouveaux marchés. Il fallait tout dévoiler, tout exposer, des échographies à l'accouchement, des premiers pas du fiston au premier plongeon de l'aînée. Personne ne leur avait demandé leur avis, à ces enfants, mais le consentement n'est plus un sujet quand on a fait d'une communauté virtuelle sa famille, quand on s'adresse à des inconnus comme à ses amis.
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Mes auteurs préférés me serraient dans leurs phrases, m'enveloppaient dans leurs silences, je comprenais qu'il existait des enfers et des terres hostiles, mais aussi des refuges, des îlots de tendresse, des amours absolues et des compagnons fidèles. Je me couchais tard, transportée par l'imagination d'enfants bien plus âgés que moi.
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Une brèche s'est ouverte dans ma conscience. Je rêve de nouveau et voudrais ne jamais plus quitter mon lit.
Depuis que j'ai commencé mon enquête, mon cerveau explore de nouveaux territoires. Il émet des hypothèses, il réfléchit sans moi. Pendant des années, mon sommeil n'était qu'une parenthèse, un tunnel interminable. Le monde qui m'entourait était exactement ce qu'il avait l'air d'être, et je n'avais plus besoin de l'interpréter ni de le comprendre. Cette nuit, j'ai eu le sentiment de renouer avec l'invisible, avec tous ces signes, ces images qui échappent au langage, à la rationalité.
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Chez eux, la Transparence est une religion.
Les voisins sont vigilants et les baies vitrées gigantesques.
Personne ne possède de voiture, un tramway, transparent forcément, circule nuit et jour à Paxton, et il est toujours bondé. À l'entrée de ce district, des gardiens privés contrôlent les allées et venues des habitants et enregistrent l'identité de leurs invités. Même les plantes poussent bien droit, aidées par des tuteurs en bois. C'est le quartier des orchidées et des fleurs sans épines. Là-bas, tout n'est que luxe, calme et sécurité.
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L'autre jour, en sortant du commissariat, il m'a montré la pub sur son écran :
« Vous pouvez tomber amoureux sans souffrir », promet le site. L'amour est relégué au rang de bouillie sentimentale sans conséquence, sans complexité. La passion est dangereuse, elle a servi de prétexte à tant de criminels, de maris enragés et d'amants contrariés. La domestication des sentiments permettrait d'apaiser les relations, de les rendre confortables, sécures, comme dirait ma fille.
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