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Critiques de Lionel Ray (15)
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Comme un château défait/Syllabes de sable

Une découverte coup de coeur! Je ne connaissais même pas de nom Lionel Ray ( il s'appelle en réalité Robert Lorho, il est né en 1935 et est toujours vivant) et comme il arrive parfois, le hasard a fait que j'ai feuilleté par curiosité ce recueil dans ma librairie préférée. Juste quelques poèmes parcourus ont suffi à me donner l'envie de l'acheter.



La préface éclairante d'Olivier Barbarant et les quelques éléments biographiques trouvés sur le net m'ont permis d'appréhender son univers, de mieux le cerner mais c'est en lisant ses textes surtout que j'ai pu effleurer son monde poétique, et les thèmes récurrents de son oeuvre. " Je est un autre", aurait-il pu dire aussi, d'autant plus qu'il a pris brusquement un pseudonyme pour se démarquer de ses premiers poèmes. Cette recherche d'identité se retrouve ici, dès le début du recueil:



" Je ne suis pas qui je suis,

ce masque dans la nuit anonyme

cette voix qui monte comme un fleuve

ni ces pas ne sont miens."



La fragilité humaine, la mort qui se rapproche ( il a presque soixante ans lorsque paraît ce recueil), le temps dévoreur, les interrogations sur l'acte d'écrire, sur les mots ( il est aussi essayste et linguiste) , voilà ce qui transparaît à travers ses poèmes.



Le vers est libre, avec une prédilection pour l'octosyllabe, les textes plutôt courts, souvent de trois ou quatre strophes. Qu'est-ce qui m'a plu dans ce recueil? La profondeur du regard sur l'existence éphémère de l'homme, le lyrisme délicat, entre ombre et lumière, les questions qui jalonnent souvent les textes et qui ont une résonance en moi, car elles touchent à l'universel, la beauté simple mais intense des images. L'auteur écrit:" De mots furtifs en images brèves, j'accomplis mon métier d'oiseau, je ne m'attarde pas."



Une petite mise en bouche pour terminer,en espérant qu'elle vous donnera envie d'en savoir plus sur ce poète et de déguster ses mots car il le mérite vraiment:



" Être la nuit qui bat à la porte

des paroles humaines, c'est le ciel qui bascule

venant à toi,



Jusqu'au surgir du jeune soleil

aux mille branches, arbre du monde,



Inlassable, jamais à court,

tout un bûcher de syllabes,

des mots de flamme, et qui nous voient,

nous inventent, nous oublient."







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Souvenirs de la maison du temps

 

 

Lionel Ray une fois encore se confronte à son enfance,

à la fuite des jours et du temps.



Il développe des Réflexions sur sa place dans le monde

et sur le sens de la vie.



Chez Lionel Ray le noir de son écriture est ébloui,

éblouissant même, par un soleil poétique de tous

instants.





En témoignent les paroles rappelées ci-dessous :





" POUSSIÈRES D'ÉTOILES

Tout s'est passé là-bas à hauteur d'arbres

Les années fuyaient en tous sens

Le temps nous avait oubliés.



Il aurait suffit d'un seul regard

Et le mot à mot du crépuscule

Aurait tinté à nos oreilles.



Nous aurions eu l'âme pleine d'oiseaux sauvages

Et de falaises

De villages de sentiers.



Il y a tant de choses que nous ne savions pas

Il aurait suffit d'écouter en soi

Le dialogue de l'aube et des voix



Et cette musique des appels nocturnes

Le parler des feuillages des cuivres et des automnes



Nous n'étions rien que des poussières d'étoiles

Rien de plus et tout cela.

p.9



" IMPALPABLE



" Et la chronique des Heures disparues

La scintillation des chansons anciennes

Impalpable comme l'horizon du temps

Dans la brume d'une enfance

Au carrefour des échos.



Impalpable comme ce rideau de pluie

Et le balbutiement des agonies

Comme le ciel qui tombe en ruine

Et l'étonnement des blanchisseuses

Et la poussière du souvenir.



Toutes les musiques sont douloureuses

Même la quête éperdue du silence.

p.77



" EXPLORATION

De pas s’éloignent comme

Des lumières dans ma nuit.



Voici que s’ouvre

La porte des mots

Ce sont des façons de voyage

Au plus profond de soi



Pour remonter le temps

Jusqu’au château des contes

Où personnes

Ne viendra plus.

p.48



" BUCOLIQUE



C'est le miroir du temps qui passe

L'interminable mélodie

Des heures et des jours noués à l'espace

Des fines étoiles de la nuit.

p.82



" PORTRAIT

…Se pourrait-il que je ne sois qu'une ombre

Cette fumée qui s'échappe criblée de pluie

Et de lumière.

p.10



" LA MÈCHE

La mémoire est l'instrument initial

En proie à quelque inusable passion

Aux travaux des lieux pleins de fraîcheur

Habités par un rêve inabouti.



Brusquement   il arrive qu'on allume une lampe

On avait cru voir passer une ombre une ombre bleue

Et chère  et peut-être pourrait-on reconstruire

Un monde        avec la petite musique

D’une mèche de cheveux

p.69





" LES NUITS DE JUIN…

Mémoire : ici l'on marche au ralenti.

p.35



" LA MAISON DU TEMPS

Nuit en moi nuit sans visage et sans larmes

Je viens vers toi

Tu es mon regard tu es ma source



Il y a une nuit blanche et noire

En chaque parole dite

Il y a une nuit dans la cendre

La trace et l'écho

Aucune ombre un simple souffle



Elle est la maison du temps

Le visage pure de l'absence

Le silence de mémoire

Un livre de papier blanc



Ma vie est une île déserte

Chaque matin ce balbutiement

Cet effroi et ce commencement

p.15

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Voix de femmes : Anthologie. Poèmes et photog..

C'est un très beau livre mêlant poèmes et photographies, plus de 450 poèmes écris par des femmes du monde entier et de toutes époques et plus de 100 photographies de femmes, prises par des femmes. Les photos n'ont pas été placées là dans un but illustratif, elles créent une certaine résonance avec les poèmes.



Une anthologie aussi vaste ne se lit pas sans s'interrompre, de la première à la dernière page. Au contraire, on flâne d'un continent à l'autre, d'un pays à l'autre, d'une époque à l'autre. De ce point de vue la mise en page nous y invite, l'ensemble des œuvres sont présentées, réparties en huit chapitres par continent et région.



Lionel Ray, poète et essayiste, a effectué la sélection des œuvres parmi des milliers de poèmes. Il a tenté de recueillir pour chaque continent, dans chaque civilisation, dans chaque langue, les voix les plus fortes. En ce sens, ce recueil est une invitation au voyage. Il nous ouvre les portes de pays et de langues, pour certains largement méconnus.



Ces textes se lisent avec gourmandise. Le plaisir, et aussi parfois la nécessité, m'ont amené à oraliser ma lecture et je me suis senti particulièrement en accord avec le «manifeste» d'un idéal de dépouillement de Bettina Wiengarn, poète allemande, née en 1959.

Un jour j'écrirai [...]

Un poème sans symboles

En phrases simples

Où la neige est la neige

L'hiver est l'hiver

Le matin le matin

Qui ne décrit pas

La lumière par l'obscurité

Le pain par la faim

La vie par la mort



On peut se poser la question de la justification d'une anthologie de poèmes de femmes. Car au terme du voyage que propose le livre, je n'ai pas su trouver de caractéristiques spécifiquement féminines dans les poèmes proposés. Hors marques grammaticales, difficile de déterminer à coup sûr le sexe de l'auteur. Qu'ils s'agissent des thèmes abordés, de l'écriture ou du ton utilisés, rien ne semble ressortir de manière évidente d'un sexe ou de l'autre. Lionel Ray le sait, qui dans son introduction écrit : «Ce sont les mêmes blessures du temps qu'on peut lire dans les paroles des femmes, les mêmes élans, les mêmes stupeurs, les mêmes brûlures, les mêmes fatigues. Les femmes écrivent des poèmes pour se défendre contre l'oubli, contre la solitude, contre l'incompréhension, contre l'indifférence ou le mépris, elles écrivent pour attester de leur présence, pour exister, pour vivre.»



Alors, la justification d'un tel recueil se trouve ailleurs, du côté du rapport des forces en présence. Dans un grand nombre de pays couvert par cet ouvrage, la proportion de femmes dans l'édition est très faible. Il s'agit donc de permettre ici à ses «Voix de femmes» de se faire entendre.



En France, la situation est un peu plus favorable. Depuis le début du XXe siècle la présence des femmes dans l'édition est allée en s'affirmant. Néanmoins, L. Ray montre que dans le catalogue 2006 de la collection Poésie/Gallimard, on trouve seulement une femme sur 19 poètes. Une comparaison sur un catalogue de titres plus contemporains montre un écart amoindri, mais toujours présent, environ 1 sur 3.



Mais aujourd'hui, une note positive nous vient de Babelio et de la belle liste créée par sbarendson – « Jeunes poètes contemporains (vivants) ». J'ai effectué un pointage sur cette liste qui compte 81 livres écrits par 47 poètes. le résultat est on ne peut plus équilibré : 23 hommes et 24 femmes…



Merci à Babelio et aux éditions Turquoise pour ce voyage.
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Entre nuit et soleil

Nostalgie de l'instant



Dans ce recueil, Lionel Ray distille à nouveau avec brio sa poésie de l'instant. Avec une phrase toute en retenue et en pudeur, il croque un moment fugace de nos vie, ceux qu'on aperçoit pas forcément. Dans un clignement d'œil, il saisît un souvenir, une scène quotidienne, un sentiment ou juste une impression. Entre joie et nostalgie, L. Ray adresse sa petite musique de vie à son lecteur, toujours présent entre les lignes.
Lien : http://xg-melanges.tumblr.co..
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Non à la guerre

J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une masse critique.

J'ai d'ailleurs été très touchée car j'ai eu une jolie dédicace accompagnée d'un dessin d'une colombe de la part de l'éditeur Erhan Turgut. Quelle délicate attention !



Le livre et les propos sont tellement beaux, certaines paroles raisonnent encore dans ma tête, il m'est donc bien difficile pour moi de trouver à mon tour les bons mots pour rendre hommage à cette anthologie.



Cette anthologie "non à la guerre" regroupe des poèmes, des photographies de guerre et des éléments historiques liés au pacifisme et à la paix. On y retrouve près de 170 illustrations (essentiellement des photographies mais aussi des affiches, des cartes postales...) et 120 poètes du monde entier ont été "sélectionnés" . La plupart m'étant inconnue, j'ai fait des rencontres d'une grande richesse. Merci à la maison d'édition turquoise d'avoir traduit et publié des poèmes inédits en français.

La couverture du livre est entièrement blanche, immaculée, pour rappeler le symbole de la paix.



Le thème difficile aurait pu amener facilement à la mièvrerie, mais c'est loin d'être le cas. Les propos sont là "on ne fait pas la guerre avec de bons sentiments. La paix non plus. Pas seulement, dirons-nous."

"Si ce livre existe, c'est bien parce que nous savons que la paix ne relève pas d'une disposition de l'esprit mais d'une volonté, et que cette volonté doit être stimulée continuellement sous peine de s'étioler."



Au-delà des propos forts en introduction et en préface et le poids des mots des poèmes, ce livre est l'occasion de retracer 150 ans d'histoire de photographies de guerre, de mieux connaître les congrès pacifistes internationaux ainsi que les organisations et les réseaux pacifistes.



Les annexes sont riches : bio-bibliographies des poètes, lauréats du prix Nobel de la paix....



Ce livre aura une place de choix dans ma bibliothèque et je me vois bien l'offrir à des personnes de mon entourage.
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Voix de femmes : Anthologie. Poèmes et photog..

Merci aux éditions Turquoise et à Babelio pour l’envoi de ce livre.



Ce grand et beau livre est plus un livre à picorer qu’à lire d’une traite. En effet, sont réunis un ou deux poèmes des poètes femmes du monde entier (classés par continent et pays), illustrés de magnifiques photos de femmes.



Il permet de voir l’évolution du style et des sujets récurrents dans différents pays. J’ai pu ainsi découvrir de nombreuses auteures dont je n’avais jamais entendu parler, lire des textes d’où il est quasiment impossible de trouver des romans. Les photos sont une véritable valeur ajoutée



C’est sûrement un livre vers lequel je reviendrais, car lire trop de poésie d’un seul coup empêche de bien l’apprécier et l’intégrer. Un livre à faire négligemment traîner sur le bord de la table lorsqu’on a des invités et lorsque le thé chauffe !
Lien : https://girlkissedbyfire.wor..
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Souvenirs de la maison du temps

Écrire la critique d'un tel livre ne prend son sens que dans la mesure où on pratique un exercice d'admiration. Je suis conscient, cependant, qu'il s'agit d'une réponse bien mince à l'émerveillement devant la poésie de Ray.

A qui connaît Bonnefoy et Jaccottet, je dirais qu'on se situe à égale hauteur, dans une poésie qui marie simplicité des mots et images saisissantes, pourtant faites de riens. Le recueil est tourné vers l'enfance lointaine, évoquée en vers d'une nostalgie poignante qui ont peut-être couleur de "saudade" — mais il faudrait être portugais pour en juger.

Je n'en dis pas davantage, mieux vaut lire Lionel Ray.
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Voix de femmes : Anthologie. Poèmes et photog..

Un magnifique grand livre comprenant des poèmes et des photos de plusieurs pays.

Il s'agit d'un tour du monde superbe, splendide. Que dire de plus !!!

Un émerveillement à chaque page, que ce soit une photo de la vie de tous les jours ou une série de poèmes de tous horizons.

Les photos montrent des personnes de toutes nationalités, et ayant une culture différente.

Du Moyen Orient , en Europe, en passant par l'Afrique, l'Inde ou toute autre pays, les pages de ce livre fourmillent de couleurs et de bonheur.

On trouve autant des femmes allaitant leurs enfants, que des femmes au parloir avec leurs compagnons, des femmes révoltées, résignées, fortes, heureuses, belles, pauvres, riches…..bref une multitude de personnes féminines.

J'ai adoré pouvoir contempler le regard de ces femmes empli de nombreuses émotions.

Quant aux poèmes, ils sont à la fois touchants et réalistes. La plupart dévoilent des problèmes de sociétés mais également les émotions de ces femmes.

Ils sont de toutes périodes; il y en a des années 1946 , 1960 ou plus récentes mais contiennent tous une richesse incroyable.

Un magnifique cadeau à offrir ou à s'offrir.
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Non à la guerre

Un ouvrage indispensable en ces temps troublés... Une véritable invitation au partage, à la tolérance et à la bienveillance.

J'ai été d'emblée intriguée par cette couverture blanche immaculée - secrète et mystérieuse - qui se révèle rapidement lourde de sens. L'éditeur avait également accompagné mon exemplaire d'une dédicace personnalisée. Mon ravissement s'est trouvé plus encore renforcé.

Les textes ont été choisi avec un grand soin et résonnent en nous longtemps après la première lecture. Un livre que j'ai envie de partager avec mon entourage.
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Voix de femmes : Anthologie. Poèmes et photog..

Reçu en cadeau d'anniversaire cette année.

Quel beau livre ! Quelle découverte ! Que d'émotions... Les poèmes du recueil ont été choisis avec soin et nous transportent de rage, d'amour et de complicité. La traduction des poèmes anglophones est - à mes yeux - particulièrement réussie. Le vrai point fort du livre réside dans l'entrelacement des poèmes avec les photos. Myriade de couleurs, de visages, de sourires et d'émotions...

Une rencontre entre poésie et photographie très enthousiasmante !
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Non à la guerre

Une couverture entièrement blanche, immaculée, comme la paix dont il est question dans cette anthologie intitulée "Non à la Guerre". Une couverture qui sert de base à une réflexion résolument et, malheureusement, toujours d'actualité. La paix est-elle l'absence de guerre ou une période entre deux guerres ? Peut-elle être autre chose ou n'existe-elle que par l'existence de guerres ? Autant de sujets abordés dans cette anthologie au travers de photographies, de poésies, venues des 4 coins du monde d'Europe, d'Afrique, d'Amérique ou d'Asie, qui retracent de manière chronologique quelques unes des atrocités commises par l'Homme à l'Homme. Il y a matière à s'interroger sur le sens de cette existence mêlée de sang et d'espoir. Cette anthologie est un ouvrage remarquable de par sa complétude, sa richesse culturelle, et le devoir de mémoire qui s'en dégage. Se souvenir d'hier pour construire un demain meilleur, montrer le chemin vers la paix, tels semblent être les objectifs de cette anthologie. Pour cette étincelle d'espoir en l'Humanité, merci M. Turgut qui a dirigé et édité cette œuvre.

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Voix de femmes : Anthologie. Poèmes et photog..

Je suis Râbe'e j'ai 15 ans au Xè siècle

"L'amour de lui m'a ressaisie dans son étreinte,

mon grand effort est resté sans profit.

L'amour est une mer, la côte hors de vue:

sages, vous le savez, à quoi bon tenter de nager ?"



Je suis Renata Duran, j'ai 30 ans en 1980

"Elle prend une plume

"Je rêve"

Deux mots

Qui inaugurent

Un siècle

De femmes."



Je suis Elisabeth Khaxas, j'ai 20 ans en 1980

"cachée parmi les fausses représentations

des masques fabriqués par l'homme

j'ai trouvé

le femme

que je suis"



Je suis Mehseti Gandjevi, j'ai 24 ans au XIè siècle

"Le dessin de mes lèvres évoque la lettre "mim"

Ma nuque d'argent est un printemps fleuri...

Nous sommes un coeur unique en deux âmes séparées,

Je connais ta valeur ô ma précieuse gemme!"



Je suis Mallika Sengupta, j'ai 40 ans en l'an 2000

"Grand poête, vous n'avez compris la femme qu'à demi,

L'autre moitié est toujours obscure."



Je suis Amrita Pritam, j'ai 25 ans en 1944

"Mon adresse

J'ai effacé aujourd'hui le numéro de ma maison,

j'ai arraché la plaque qui portait le nom me rue

et celles de toutes les autres.

Mais si tu veux absolument me trouver,

frappe à la porte de chaque maison, dans chaque rue des villes de tous les pays,

-c'est à la fois un mauvais sort et une bénédiction-

et partout où resplendit un esprit libre:

sache-le, là est ma maison."



Je suis toutes ces femmes hors du temps, citoyennes de la même terre, citoyennes de la même sensibilité.

Un trésor de textes féminins, recueil de révoltes, de sagesses, d'intelligences, d'hymnes à l'amour. Sans âge. Hors du temps. La même finesse incisive du Xè au XXIè siècle, la même douceur piquante du Persan au Finnois. Des larmes à la colère, de la tendresse à la soumission, Lionel Ray l'esprit poète masculin a su choisir les textes enluminant la femme dans toute sa splendeur.



Les photographies subjuguantes illustrant ces écrits sont également l'oeuvre de femmes photographes. Cette anthologie est un des plus beaux ouvrages que j'ai eu entre les mains.



Je remercie vivement les Editions Turquoise et Babelio de ce cadeau d'automne.
Lien : http://ausautdulivre.blogspo..
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Voix de femmes : Anthologie. Poèmes et photog..

Cette anthologie met à l'honneur "'" poétesses du monde entier d'hier à aujourd'hui ( France, Europe, Maghreb et Moyen-Orient, Afrique noire, Fédération de Russie, Asie, Amérique du Nord et Océanie, Amérique latine). Ces poèmes nous font découvrir 162 pays et peuples, 84 langues. Cette anthologie est illustrée par 104 photographies prises par 49 femmes photographes du monde entier. La poésie nous fait entendre les voix étouffées des femmes du monde. La poésie est l'instrument de la parole silencieuse. Ce qui ne peut pas etre exprimé librement à voix haute est figé sur le papier, écrit dans des poèmes dont les mots résonnent à la fois dans nos coeurs et dans nos têtes. La photographie nous montre et immortalise les visages de ces femmes dont le regard et les traits révelent beaucoup.
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Souvenirs de la maison du temps

Lorsqu’on lit les vers de Lionel Ray, on entre dans un monde de dispersion. Ce qui intéresse le poète est le rôle que le souvenir humain – fondé sur les mots – peut jouer dans l’océan immense du temps en mouvement. L’île est d’ailleurs une image qui lui plaît. Elle se présente dans la première section du livre : « Sous l’orchestre des astres ». Dans un poème qui porte le titre du livre : « La maison du temps », « Ma vie, mon île déserte » (vers 13) et dans le poème suivant « Ce monde sans fin » : « J’ai toujours parlé la langue des îles ». S’il n’y a pas les îles dispersées dans l’immensité de l’océan, c’est le ciel ou la nuit qui recouvre tout. Mais ces vers viennent de la première section, qui, à quelques exceptions près, est plutôt pessimiste, voire noire : tout n’est qu’ombre, fumée et désordre :



« Se pourrait-il que ne je sois plus qu’une ombre

Cette fumée qui s’échappe criblée de pluie

Et de lumière.

Ce désordre qui cherche à me ressembler

De l’une à l’autre face ce tumulte des lignes et des mots

Cette grimace. » (Portrait, p. 10)



Même les mots sont sens dessus-dessous.



Les deux sections qui suivent évoquent les deux extrêmes de la vie, la vieillesse « Grand âge … » et la jeunesse à l’école, « La cour aux tilleuls ». Dans les deux, lorsqu’il y a un espoir ou un instant de souvenir, il vient grâce à la nature. Les abeilles (souvent dans les tilleuls) unissent les deux sections : dans la première « Vieil Homme » (p. 29) : « une abeille fleur vive » et dans la seconde, « Abeilles » (p. 53) et « Paroles » (p. 55). C’est comme si Ray, à l’instar d’autres observateurs, trouvait quelque ordre divin dans le vol, à première vue désordonné, des abeilles. Baudelaire et le temple vivant qu’est la nature nous viennent à l’esprit.



La section suivante, « Le ciel bascule », nous présente le silence. Il y a le silence de l’oubli (« Un chant silencieux », p. 64), mais aussi un autre, cultivé par la « Mère mémoire » qui « cherche un autre silence// Interroge des ombres qui n’ont plus rien à dire// Elle cherche une langue d’appels et d’échos » (p. 65). Dans la dernière section, « La neige du temps », Ray s’ouvre aux mots (par exemple « Fantasmagories », p. 70-71 « milliers de mots enfouis »). On peut penser que les mots sont le salut, mais Ray n’ose pas être aussi optimiste ou naïf. Les mots sont souvent comme un vol d’oiseau, une force vivante naturelle, mais qu’on peut peiner à saisir :



« Avec les mots tu ouvres la voie aux migrations

Et c’est un surgissement d’hirondelles de sources

Vives de ronces de mousses de corolles. » (Avec les mots …, p. 90)



Est-ce un monde sans repère, qui est balloté au gré des forces de la nature, des vagues, des vents, ou peut-on y trouver quelque chose de fixe ? Un poème de la première section nous arrête, à cause des brumes habituellement présentes, qui s’effacent : « Visage pur » (extrait p.18) :



« Très proche quelqu’un vous aurait appelée ou de très loin

Dans les solitudes d’automne et les patrouilles du crépuscule

Depuis ce lieu où s’effacent les brumes et il n’y a

Plus rien que le visage pur de l’Amour. »



Ce « visage pur » semble chasser les brumes.



A la fin, à travers le mot « d’antan » (« Cantique », p. 89 et « Autrefois les étés », p. 93), le poète évoque Villon, qui a chanté d’autres personnes emportées par le temps. Si Lionel Ray (de son vrai nom Robert Lorho) a quelque espoir devant le temps qui écrase les souvenirs, ce doit être dans un lien entre le naturel et l’humain, deux éléments qui peuvent s’opposer. Son écriture est concrète ; elle tient compte des odeurs, des surfaces, des goûts. C’est l’œuvre de quelqu’un qui avec musicalité, rythme et forme originale (une ponctuation augmentée par des espaces étirés, comme des pauses pour en faire une lecture posée), sonde la nature et engage le lecteur dans sa quête.



Nous étions curieuses en choisissant la poésie. Pour nous, la poésie, en exprimant en moins de mots un pan de jeunesse ou un autre d’âge mûr avec tout ce que cela comporte de souvenirs, de regrets et d’observations, nous fait entrer dans une atmosphère de rêve. Ray a créé cette atmosphère où nous pouvons nous rappeler notre propre jeunesse, et évoquer ce qui nous a entouré, « Cent mille étoiles nous font signe ».
Lien : https://mastereditionstrasbo..
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Non à la guerre

Un ouvrage fascinant, dès le premier abord, de part sa couverture d'une blancheur immaculée, sans aucun texte ni illustration … En le recevant, j'ai tout d'abord cru à une erreur … mais finalement, le bandeau trouvé à l'intérieur de la couverture m'a éclairée. J'ai même eu droit à une très jolie dédicace du concepteur/éditeur/directeur de publication Erhan TURGUT, ce qui m'a touchée !





J'ai lu avec beaucoup d'attention l'introduction ainsi que la préface, véritables réflexions philosophiques sur la place et la portée de la notion de paix, dans notre société, ainsi que la vision que l'on a de ce phénomène, étrangement mis en retrait, défini par sa relation à la guerre, quasi absent de la littérature poétique … mais pas tout-à-fait !





J'ai trouvé ces réflexions profondes et elles m'ont amené à réfléchir moi aussi à ce concept, ce qui était très enrichissant.





S'ensuit un impressionnant corpus de poésies du monde parlant de la guerre, à travers le temps, à travers les pays. On y retrouve aussi bien le bombardement de Nagasaki au Japon, que la chute du mur de Berlin, l'Inde et le Pakistan, les cow-boys et les indiens, les 1ère et 2ème guerres mondiales bien sûr, l'Espagne, le Liban, etc. le tout artistiquement illustré de photographies desdites guerres, pas forcément dans le même ordre cependant. Photos choc, femmes voilées pleurant, esclaves africains posant avec les lettres de « Bonne année 1904 » peintes sur le torse, des bâtiments égyptiens en ruine, des enfants rwandais grimpant dans un arbre dans un camp de réfugiés …





Il m'a bien sûr été impossible de tout lire, mais j'ai parcouru les pages, admirant les photos, me révoltant, lisant un texte ici où là. J'ai eu le plaisir de retrouver le dormeur du Val, notamment, parmi les textes sélectionnés.





Puis viennent deux parties moindres en volume, mais aussi importantes en émotions : des poèmes de soldats au front, qui témoignent des horreurs, de la peur et de la colère … Puis des proverbes et citations français mais également du monde entier. Cela m'a paru intéressant, mais a tout de même moins retenu mon attention.





La dernière partie retrace l'histoire des mouvements pacifistes et leur évolution, entre chaque guerre, ainsi que les grandes figures qui y ont contribué. Là non plus, je n'ai pas spécialement accroché, mais peut-être était-ce dû à la grande quantité d'émotions déjà éprouvées face à l'ensemble qui précède. Peut-être qu'en le lisant indépendamment, cela passerait mieux.





Un vrai pavé, donc (plus de 300 pages !), peut-être même un pavé dans la mare, riche et fascinant !

(Reçu suite à une opération masse critique).
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