A Molène, les étrangers, plus précisément les touristes ou les visiteurs qui viennent occasionnellement sur l'île, s'appellent les Doryphores ; à Ouessant, on évoque les Chinchards, ces petits poissons en nombre et sans grand intérêt gastronomique. A Chausey, on parle des Piacou, en référence aux nombreux goélands qui piaillent et qui ont des pattes jaunes, comme certaines bottes de plaisanciers. A Belle-Ile, on retrouve, pour ces mêmes raisons, les Pieds jaunes, à l'île d'Arz, les KGB, soit les "K-Way, glacière, baskets", à l'Ile-aux-Moines, les Mille-pattes, en référence aux longues files d'estivants qui sillonnent les rues et chemins de l'île...
L'île se mérite, et le vrai bonheur du marin est peut-être de savoir qu'elle n'est pas systématiquement accessible, et que le retour sur le continent n'est pas non plus une évidence.
Je fais partie de ceux qui considèrent que vivre dans un finisterre est un privilège géographique, tout comme habiter un cap, une péninsule, un bout du monde. Certes, il faut savoir prendre le temps nécessaire pour y parvenir, mais cette marginalité atteinte, elle exerce une certaine fascination, autant pour le voyageur occasionnel que pour l'habitant permanent. p193
Comme Sisyphe, après chaque tempête , Elles rejetaient à la mer les galets propulsés par les vagues tels des confettis épars dans leurs champs minuscules .