AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Luc Bérimont (42)


Pitié, Seigneur ! aussi pour Vous
Qui nous cherchez dans la ténèbre
Que la route, en son dernier bout
Pure et droite, parmi les houx
Dorée de lune en son décours
Survolée de l'Ange aux trompettes
Soit celle qui mène à la fête
Eternelle de votre Amour.
(dernier poème, écrit 20 jours avant sa mort).
Commenter  J’apprécie          10
Le premier froid, le premier gel tueur d'oiseaux
Roulaient comme tambours sur les guerres perdues ;
Nous allions sans parler, oppressés par la nuit
Sans savoir que l'aurore de neige est la plus blanche.
Commenter  J’apprécie          00
Je ne veux plus parler qu'aux têtes de feuillages
Les grands peupliers bleus qui naviguent l'été
Et qui, jaillis du coeur vigoureux des herbages
Balancent l'ombre oblique et l'odeur des ramiers.
Commenter  J’apprécie          00
Ombre

J'entends la pluie, les vents, jouer aux osselets
Mes coteaux de beau temps ont la robe des biches
Une feuille est collée sur la joue de l'été
Des feux d'herbe, la nuit, fument sur les villages.
Commenter  J’apprécie          00
Rémouleur

Septembre avait l'ardeur d'un chien roux dans les vignes
Une flamme tremblait au bord de la maison
Maintenant, c'est le vent qui dévale les combes
Les arbres calcinés qui rongent les gazons.

La pluie pieds nus, la pluie rôdeuse d'avant l'aube
Marche sur les hangars et les troupeaux transis
la fenêtre capture un vol d'oiseaux sauvages
Qui rament des forêts de bronze dans l'air gris.

Il ne restera rien que le pain, que la neige
Que le layon gelé dans le bas du coteau
Le ciel des quatre vents vire comme un manège
Et l'hiver, sur les grès, aiguise ses couteaux.
Commenter  J’apprécie          00
Oserais-je mettre en question un cadavre boulu d’oiseau contre l’amandier d’un visage ?
Je pense au lait trait dans le thym, à l’innocence des eaux pures
Je pense aux pluies du petit jour marchant, pieds nus, sur les troupeaux.
Commenter  J’apprécie          00
Il n’y aurait rien à redire au monde
Si tout avait l’odeur des jonquilles au printemps
Si la fragilité féroce des bourgeons
Restait cette fumée
Ce brouillard de feuillages
Et d’herbe à peine née
Appuyé à ton flanc.
Commenter  J’apprécie          00
Luc Bérimont
S’il en est toujours temps

S’il en est toujours temps, pense au village heureux
Aux chevaux en sueur qui charroyaient l’orage
Pense aux pommes creusées par les guêpes d’Octobre
Aux filles de dix ans, cuisses nues dans les trèfles
Pense aux paradis morts qui portaient témoignage
Avant de t’en aller dans la nuit trop fertile
La nuit dont tu sortis sur un soleil voguant
comme un moucheron saoul
liberté
l’aube au soir
Commenter  J’apprécie          350
Luc Bérimont
La bicyclette d’argent

Dormir debout, dans le vent levé des villages
Plongé dans le baquet danseur du paysage
Éclaboussé d’été, de plumage, de coqs
Avec une rivière au pied, comme un anneau.

Tu sais virer, sommeil ! aux courbes des grand-routes
Je me souviens du jour où nous étions partis
Boxés par un soleil champion des Amériques 
L’auberge à ciel ouvert nous avait accueillis.

Car il n’était point vert le vin des vignes chaudes
Il mûrissait le verre où se soudaient nos doigts
Et quand tu l’inclinais à hauteur de ta bouche
Tu chavirais de l’or, du feuillage et des toits.

L’odeur de ces mois-là avait de sourdes forces
Juillet, les blés, le vent tournaient autour de nous
Nos branches nous gênaient ; nous craquions leur écorce
Pour mieux nous rouler, nus, sur de grands pays fous.
Commenter  J’apprécie          60
Luc Bérimont
Mon amour du profond des nuits
Du fond de la terre et des arbres
Du fond des vagues, de l'oubli
Mon amour des soifs de l'enfance
Mon amour de désespérance
Je t'attends aux grilles des routes
Aux croisées des vents, du sommeil
Je crie ton nom du fond des soutes
Des marécages sans oiseaux
Du fond de ce désert de fonte
Où je pose, un à un, mes pas
J'attends la source de tes bras
De tes cheveux, de ton haleine
Tu me libères, tu m'enchaînes
Tu me dévastes, tu me fais
Je t'attends comme la forêt
Inextricable, enchevêtrée
Tissée de renards et de geais
Et que le matin fait chanter.

(" Le sang des hommes")
Commenter  J’apprécie          110
Mêlée à moi



Mêlée à chaque ciel, à chaque ombre qui bouge
Mêlée à chaque cri, mêlée à chaque appel
À chaque nuit de neige, à la houle du feu
Mêlée — plus que mêlée : dépossédée d’absence !

Me dégager de toi, autant vaudrait-il dire
À l’arbre de marcher, à la pluie de dormir
Aux pierres de pleurer, au vent de se murer.

Autant, ma vie brûlante, effacer de tes yeux
Ce qu’il coûte d’aimer, ce qu’il coûte de rire
Ce qu’il en coûte de mourir.
Commenter  J’apprécie          50
La voyageuse



Les trains du petit jour partent mieux que des salves
Si chaude la dormeuse à l’aube des boulons
Arrachée — arrachée — franchissant les collines
Arrachée de mon corps comme une affiche humide.

Crucifixion des mots d’amour dressés en toi
Je capture la nuit qui te flaire à la trace
Je roule avec le sang qui brûle entre mes bras
Je déroule les bois endormis sous la neige.

À l’heure où le brouillard enroue l’écho des coqs
Mon sommeil a des fils noués à ton visage
Je m’efforce à plonger plus profond que le roc
Plus profond que la mer et plus sourd que ma voix.
Commenter  J’apprécie          20
Minerai de solitude



Chaque caillou du sol est seul, mais le sait-il ?
Chaque étoile du ciel est de la solitude

Aussi le lièvre droit, la chaleur du terrier
Le sang qui vient peser à la vitre de l’œil

Même le soleil fou, la cage où ruent les blés
Même la bouche grasse et la poire mordue

Ah ! je n’ai pas le temps de rassembler vos cris
Mes frères qui vivez et qui mourez ainsi.
Commenter  J’apprécie          80
Chanson pour la nommer



Elle est comme un puits de feuillage
Douce comme le flanc du vent
Affolée comme un feu flambant
Dérivante comme un nuage.

Elle est la sueur et la nage
Elle est le sable en plein midi
Une humide touffe de nuit
Prise entre la lune et minuit.

Elle est la belle et l’opportune
L’indolente, le foin de mai
Et parmi ses cheveux défaits
La pluie fine sur l’églantier.
Commenter  J’apprécie          71
Peut-être, quand viendra la nuit



Peut-être, quand viendra la nuit
Vais-je poser mes mains autour de ton visage ?
Une lampe assourdie balancera le vent
Qui monte des ravins d’octobre avec la pluie
Tu t’approcheras, nue, entre les murs bâtis
Mais je ne connaîtrai de toi que ton visage.
Je retiendrai l’instant comme une écluse haute
Capable d’emporter deux corps dans un courant
Je dirai la raison sourde des marécages
Croupis dans une attente à goût d’orage et d’eau.

Je tiens la nuit contre ma bouche
D’un souffle si léger, si pur
Qu’il entretient le feu des pierres.
Un geste pourrait dévaster
Les jardins en pente du jour ;
Le plus court hasard nous tuerait
En ce territoire incertain.

Je reste en vie si loin de toi
Mon absente, ma déferlante
Parce qu’aux confins fous du sang
Luit le pavot bleu du plaisir.
Commenter  J’apprécie          70
Des milliards d’yeux changent ta peau



Des milliards d’yeux changent ta peau
En une étoffe de regards
Ma caresse joue ton plaisir
Lève des milliards de paupières
Et, dès lors, tu lis l’horizon
Les soleils braqués, le silence
Tu nais, lumineuse, à ton cours
Tu t’abats en toi, tu t’éclaires
Tu enflammes l’air alentour
Tu as le poids du sang, des signes
Tu luis de consumer le feu
D’être ce milliard de prunelles
Qui voient juste, qui t’ont changée
En une étoile à ton usage.
Commenter  J’apprécie          20
Part à deux



Part à deux, le désir
part gourmande
Chair à deux, le silence
flamme nue
Commenter  J’apprécie          30
Luc Bérimont
(...) Mais toi, je te tiens ici-bas, courbe et pure comme une flamme
Tu es l'univers rassemblé, le désir aigu des bourgeons
Tu es tout ce qui m'est donné-la charpente en bois vert d'étoile
Un seul regard, monté de toi, éclate au pays des vertiges
La peau fine, née de ta main, fait déborder les océans.

( " Poésies 1940-1983")
Commenter  J’apprécie          200
Le vin mordu

à René Guy Cadou


De bas brouillards tremblaient aux vallées de l'automne

Les chiens jappaient sans fin sur le bord des ruisseaux,

On entendait rouiller leurs abois dans l'écho

A des lieux et des lieux, sur des pays sans borne.



Le vent sentait la pierre rêche et le gibier

Il était dur et vif à nous trancher la gorge.

Nous nous hâtions vers quelque grange, dont le porche

Offrait déjà l'abri à des coqs qui chantaient.



Lorsque, sur le revers d'un coteau, nous trouvâmes

La jaune, apaisante, caresse des raisins:

Bien à l'écart du vent, des grappes plein les mains

Nous bûmes longuement, renversés sur la flamme.
Commenter  J’apprécie          10
Ce



extrait 2

Ainsi naissent les plis des arbres et des monts
Les ramiers de la joie, les houles atlantiques
Les étoiles de lait, le sol de goémon
Gelée de noirs gisants – la fièvre des colchiques
Un nuage, un terrier, la levée des maisons
Je te mélange au ciel, racine ! ma prison
cri de mes ossements, mort cressonnante et claire
Je brasse en tes chantiers l’orgueil sourd des limons
Et parle pour parler, me parlant pour te taire
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Luc Bérimont (30)Voir plus


{* *}