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Citations de Luc Bérimont (42)


Luc Bérimont
S’il en est toujours temps

S’il en est toujours temps, pense au village heureux
Aux chevaux en sueur qui charroyaient l’orage
Pense aux pommes creusées par les guêpes d’Octobre
Aux filles de dix ans, cuisses nues dans les trèfles
Pense aux paradis morts qui portaient témoignage
Avant de t’en aller dans la nuit trop fertile
La nuit dont tu sortis sur un soleil voguant
comme un moucheron saoul
liberté
l’aube au soir
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Luc Bérimont
(...) Mais toi, je te tiens ici-bas, courbe et pure comme une flamme
Tu es l'univers rassemblé, le désir aigu des bourgeons
Tu es tout ce qui m'est donné-la charpente en bois vert d'étoile
Un seul regard, monté de toi, éclate au pays des vertiges
La peau fine, née de ta main, fait déborder les océans.

( " Poésies 1940-1983")
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POÈMES INÉDITS


JARDIN

Enchevêtré d'eau et de branches
Qui est entré dans ce jardin dont l'ombre a refermé les portes
Et quel fleuve avons-nous passé, quel seuil, quel reflet sans
 retour ?
Je pénètre un royaume obscur où les feuilles font un bruit
 d'astres
Ivre, ébloui de ce regard qui germe au terreau de ma nuit
La tristesse est tombée de moi; la mort et la désespérance
Je suis un arbre de l'été verdoyant au fort des chaleurs
Parce qu'une main sur mon front a fait le signe des enfances
Je prête racine au matin sur quoi va se fonder le jour.

p.164
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Luc Bérimont
LA NUIT D'AUBE

Une rose a percé la pierre de la neige
Une rose a percé la pierre de l’hiver
Galopez dans le ciel, chevaux blancs des cortèges
Une rose a percé la pierre de la neige.

Une rose a tremblé sur la paille, à l'auberge
L'ange au gantelet noir roule sous les sapins
Une rose a tremblé, plus frileuse qu'un cierge
La neige lacerait le ciel ultramontain.

Édifice du temps un enfant vous renverse
Une rose, une lampe, une larme au matin.
Il suffit d’un baiser qui réchauffe la neige
Et notre rose à nous brûle déjà ta main.
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Luc Bérimont
Je t'attends aux grilles des routes

Je t'attends aux grilles des routes
aux croisées du vent du sommeil
je crie ton nom au fond des soutes
des marécages sans oiseaux
du fond de ce désert de fonte
où je pose un à un mes pas

j'attends la source de tes bras
de tes cheveux de ton haleine
tu es terrible tu m'enchaînes
tu me dévastes tu me fais

je t'attends comme la forêt
inextricable enchevêtrée
tissée de renards et de geais
mais que le matin fait chanter.

( "Poésies complètes")
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J'ai geigné la pirafe
J'ai cattu la bampagne
J'ai pordu la moussière
J'ai tarcouru la perre
J'ai mourru les contagnes
J'ai esité l'Vispagne
Barcouru la Pretagne
J'ai lo mon vieux vépris
Je suis allit au lé
J'égué bien fatitais
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Luc Bérimont
LES SAISONS DE CHEVREUSE

Dans le chaudron du vert les prunes de septembre
Cuisent au feu solaire, au feu des guêpes chaudes
Et des miels éclatés, pourris de sucre et d'or
L'odeur éclaire et mord le coeur charnu des chambres
Les lampes oubliées et les taffetas morts.

Le village est plus frais que la main des rivières
L'abreuvoir aux chevaux suce ses flûtes d'eau
La forêt fume au fond. Crache son jet de pierres
Le mur monté, armé, des reins de la colline
Et que mine le pas lamineur des troupeaux.

Les toits coulent le bleu des craquantes lumières
Sur le tourbillon fou des vergers voyageurs
Sur les vallons secrets, sur la paille des fleurs
Aux feuillages mouvants de l'arbre des nuages
Aux ombres balancées des prairies d'outre-temps
A la forêt fine, aux étangs.

La pluie marche dans le printemps
Heureuse nue, heureuse nue...
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Luc Bérimont
Mon amour du profond des nuits
Du fond de la terre et des arbres
Du fond des vagues, de l'oubli
Mon amour des soifs de l'enfance
Mon amour de désespérance
Je t'attends aux grilles des routes
Aux croisées des vents, du sommeil
Je crie ton nom du fond des soutes
Des marécages sans oiseaux
Du fond de ce désert de fonte
Où je pose, un à un, mes pas
J'attends la source de tes bras
De tes cheveux, de ton haleine
Tu me libères, tu m'enchaînes
Tu me dévastes, tu me fais
Je t'attends comme la forêt
Inextricable, enchevêtrée
Tissée de renards et de geais
Et que le matin fait chanter.

(" Le sang des hommes")
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Minerai de solitude



Chaque caillou du sol est seul, mais le sait-il ?
Chaque étoile du ciel est de la solitude

Aussi le lièvre droit, la chaleur du terrier
Le sang qui vient peser à la vitre de l’œil

Même le soleil fou, la cage où ruent les blés
Même la bouche grasse et la poire mordue

Ah ! je n’ai pas le temps de rassembler vos cris
Mes frères qui vivez et qui mourez ainsi.
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Ardennes, lâchez-moi les loups de mal enfance
Il reste une colombe endormie dans ma main
Il reste un anneau d'or, trente roses qui tremblent
Une femme de neige et la saveur du pain

Ballade des trente roses
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Chanson pour la nommer



Elle est comme un puits de feuillage
Douce comme le flanc du vent
Affolée comme un feu flambant
Dérivante comme un nuage.

Elle est la sueur et la nage
Elle est le sable en plein midi
Une humide touffe de nuit
Prise entre la lune et minuit.

Elle est la belle et l’opportune
L’indolente, le foin de mai
Et parmi ses cheveux défaits
La pluie fine sur l’églantier.
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Peut-être, quand viendra la nuit



Peut-être, quand viendra la nuit
Vais-je poser mes mains autour de ton visage ?
Une lampe assourdie balancera le vent
Qui monte des ravins d’octobre avec la pluie
Tu t’approcheras, nue, entre les murs bâtis
Mais je ne connaîtrai de toi que ton visage.
Je retiendrai l’instant comme une écluse haute
Capable d’emporter deux corps dans un courant
Je dirai la raison sourde des marécages
Croupis dans une attente à goût d’orage et d’eau.

Je tiens la nuit contre ma bouche
D’un souffle si léger, si pur
Qu’il entretient le feu des pierres.
Un geste pourrait dévaster
Les jardins en pente du jour ;
Le plus court hasard nous tuerait
En ce territoire incertain.

Je reste en vie si loin de toi
Mon absente, ma déferlante
Parce qu’aux confins fous du sang
Luit le pavot bleu du plaisir.
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Une rose a percé la pierre de la neige
Une rose a percé la pierre de l’hiver
Galopez dans le ciel, chevaux blancs des cortèges
Une rose a percé la pierre de la neige
Une rose a tremblé sur la paille, à l’auberge
L’ange au gantelet noir roule sous les sapins
Une rose a tremblé, plus frileuse qu’un cierge
La neige lacérait le ciel ultramontain.
Édifice du temps un enfant vous renverse
Une rose, une lampe une larme au matin.
Il suffit d’un baiser qui réchauffe la neige
Et notre rose à nous brûle déjà ta main.
Luc Bérimont
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Luc Bérimont
La bicyclette d’argent

Dormir debout, dans le vent levé des villages
Plongé dans le baquet danseur du paysage
Éclaboussé d’été, de plumage, de coqs
Avec une rivière au pied, comme un anneau.

Tu sais virer, sommeil ! aux courbes des grand-routes
Je me souviens du jour où nous étions partis
Boxés par un soleil champion des Amériques 
L’auberge à ciel ouvert nous avait accueillis.

Car il n’était point vert le vin des vignes chaudes
Il mûrissait le verre où se soudaient nos doigts
Et quand tu l’inclinais à hauteur de ta bouche
Tu chavirais de l’or, du feuillage et des toits.

L’odeur de ces mois-là avait de sourdes forces
Juillet, les blés, le vent tournaient autour de nous
Nos branches nous gênaient ; nous craquions leur écorce
Pour mieux nous rouler, nus, sur de grands pays fous.
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Luc Bérimont
IL VA PLEUVOIR

Il va pleuvoir
Les marronniers sont noirs

S'il tombe de l'eau, bernique
Je pars pour la Martinique

S'il tombe du vin c'est bien
J'en remplis un cruchon plein

S'il arrive de la grêle
C'est tant pis pour les ombrelles

Mais s'il tombe de la neige ?
S'il en tombe, alors, que fais-je ?
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Mêlée à moi



Mêlée à chaque ciel, à chaque ombre qui bouge
Mêlée à chaque cri, mêlée à chaque appel
À chaque nuit de neige, à la houle du feu
Mêlée — plus que mêlée : dépossédée d’absence !

Me dégager de toi, autant vaudrait-il dire
À l’arbre de marcher, à la pluie de dormir
Aux pierres de pleurer, au vent de se murer.

Autant, ma vie brûlante, effacer de tes yeux
Ce qu’il coûte d’aimer, ce qu’il coûte de rire
Ce qu’il en coûte de mourir.
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Luc Bérimont
L'automne ouvre le sang violet des prairies
Nous avons piétiné les jachères pourries
Mordu l'eau de la terre aux fontaines fendues
Conquis le lieu mouvant où cuit la lune crue
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Luc Bérimont

Le vin mordu ( à René-Guy Cadou)

De bas brouillards tremblaient aux vallées de l'automne
Les chiens jappaient sans fin sur le bord des ruisseaux
On entendait rouiller leurs abois dans l'écho
A des lieues et des lieues, sur des pays sans bornes.

Le vent sentait la pierre rêche et le gibier
Il était dur et vif à nous trancher la gorge.
Nous nous hâtions vers quelque grange, dont le porche
Offrait déjà l'abri à des coqs qui chantaient.

Lorsque sur le revers d'un coteau, nous trouvâmes
La jaune, apaisante caresse des raisins:
Bien à l'écart du vent, des grappes plein les mains
Nous bûmes longuement, renversés sur la flamme.
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Luc Bérimont
"Les points sur les I"

Je te promets qu'il n'y aura pas d'I verts
Il y aura des I bleus
Des I blancs
Des I rouges
Des I violets, des I marrons
Des I guanes, des I guanodons
Des I grecs et des I mages
Des I cônes, des I nattentions
Mais il n'y aura pas d'I verts.

"Les points sur les I"
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« Le soir tombait
Le sang des hommes tonnait comme le torrent gronde
J’entendais tout
Je savais tout
Je mangeais ton cri pour me taire
Je saignais et je rayonnais, partagé, muet, solidaire
J’écrivais des poèmes d’amour à la lueur insuffisante des incendies
Sous la pluie qui coulait doucement »
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