Six mois ne suffisent pas pour pénétrer les canaux obscurs qui parcourent un village et par où la rumeur coule de proche en proche.
On croit connaître les paysages, et on ne les fixe pas dans la mémoire. Puisqu’ils ont toujours été là. Puis un jour, ils ont changé et on se dit : « Où passait cette ligne ? Etait-ce vraiment la même teinte ; les arbres aujourd’hui disparus, étaient-ils ici ou plutôt là ? » Plus on regarde, plus la nouvelle image s’impose, et plus l’ancienne devient insaisissable.
Certaines personnes ont le don d’entrer dans un groupe et d’en faire aussitôt un public.
Deuil immobile, poids du silence.
La petite musique restera longtemps un murmure, quelques notes timides et lointaines, avant que la mélodie monte et enfle, à la manière d’un chœur auquel les voix viennent se joindre l’une après l’autre.
Les collines avaient toujours été là. Aussi loin en tout cas qu’il y avait les livres, et des hommes pour raconter des histoires.
Les mots n'ont de prise que si la personne qu'ils visent accepte de les entendre.
Dans un village, il y a ceux qui ne dorment jamais, ceux qui espèrent toujours, ceux qui épient, et les distraits qui regardaient au bon moment.
C’était une histoire éternelle. Celle des ressacs entre le demande et l’offre, de la terre qui attire puis rebute ceux qui veulent l’asservir, des frontières qu’on recule, de ces solitudes orgueilleuses qui souvent précèdent les nostalgies ou les déconfitures.
On parle d’une époque où chaque famille avait sa colline, et où les autres n’appartenaient à personne. Il y avait eu des naissances, des héritages, qui traçaient des limites puis les déplaçaient. Parfois celles-ci s’estompaient avec le temps, et les pièces qui s’étaient séparées puis recousues laissaient un dessin capricieux où les chemins dessinaient leurs propres caprices.