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4.89/5 (sur 9 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Nice , le 07 juin 1981
Biographie :

Lucie Citharelle est une femme de Lettres Française.
Auteure de nombreux articles en tant que chercheur, elle a également publié dans la revue parisienne Délicious Paper.
Touche à tout artistique, elle a fait plusieurs expositions sous le titre de "Spicturales" entre 1999 et 2005.
Née à Nice, agrégée depuis 2004, elle s'est installlée en Guadeloupe pendant plusieurs années, où elle a participé à plusieurs manifestations littéraires, notamment lors de la publication de ses poèmes en Français / Créole.
Elle s'est également formée pendant cette période antillaise aux nouvelles philosophies canadiennes et s'est intéressée à différentes pratiques énergétiques.
Très attachées aux lumières de la méditerrannée, elle vit désormais à Marseille.

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Bibliographie de Lucie Citharelle   (1)Voir plus

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je me rappelle m’être dit que la fatigue, la vraie fatigue que je ressentais en tant que jeune maman, ce n’était pas seulement la fatigue des nuits courtes et du sommeil interrompu, mais l’épuisement nerveux causé par les cris. C’était insupportable. Et je devais supporter. Je devais calmer Junie. J’étais sa mère, bon sang, je devais réagir justement, avec sang-froid, avec amour. « Les bras d’une mère sont irremplaçables »… Et ma Junie hurlante, violette de colère, corps tremblant sous la déferlante des cris…

Si je ne parvenais pas à apaiser ses cris, c’est que je n’avais pas trouvé la bonne réponse à sa demande, que je n’avais pas d’expérience, elles y arrivaient bien les autres, elles me le disaient bien, dans la rue, « Il faut masser le ventre comme ci, ou bien comme ça, et moi, je le mets sur la table et je le masse, et pour mon bébé, c’est l’extase… » Les Livres aussi, en témoignaient, bourrés qu’ils étaient de récits de parents triomphants : « En cas de pleurs, massez le gros orteil, vous serez surprise de l’efficacité d’un geste si simple ! » ou encore « Si bébé hurle sans s’arrêter, caressez la fontanelle, effet garanti ! »
Si j’avais gagné un euro à chaque fois que ces conseils n’avaient aucun effet sous mes doigts, j’aurais au moins eu pour consolation de pouvoir m’acheter la Fiat 500 rouge dont je rêve.
Mais il y a quelques mois, si ces techniques n’avaient pas l’effet escompté, c’est que j’étais moi fautive, incapable de trouver intuitivement les gestes pour apaiser ma petite fille, comme toutes les mères, et même les pères ! semblaient y parvenir.
Ces livres, j’en suis certaines, étaient là pour nous encourager, mais je n’avais pas toute ma tête, moi, j’étais dans un shaker émotionnel, je n’avais plus de distance, je voulais réussir, et n’y parvenais pas !

Que disent vraiment les mères ?
Comment faisaient les autres ?
Et que ressentaient-elles ?
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Je fatigue. Cédric va arriver. Et là, j’ai honte. Quelle mère nullissime, je ne peux pas lui montrer ça ! L’heure tourne, c’est la panique. Vite, je change Junie, je la mets dans sa balancelle, je chante, je range les affaires : j’entends se pas dans l’escalier, et là, je prends la pose. Il rentre, je fais un grand sourire de mère épanouie, je lui raconte comment on est allées au parc, et qu’il faudra qu’on y aille, lui, moi et Junie, que ça peut être super, et puis qu’elle a un peu pleuré, mais fait tellement de sourire, je l’assaille des photos du matin, Cédric me fait un sourire faux, tendu.
Il pose sa mallette, allume l’ordinateur, me dit, énervé, qu’il a plein de travail, qu’il n’en peut plus, comment il va tenir ? Il faut qu’il dorme ! Et ses collègues, qui lui refilent le sale boulot, qui passe leur temps à fumer les clopes en se marrant sur la terrasse, il n’y a donc que lui qui bosse, dans cette boîte ?
Il a le dos tourné, il est déjà passé à autre chose qu’à moi, et moi j’aurais voulu qu’il « prenne le relais », qu’il me propose de l’aide, qu’il me fasse à manger, et là, c’est l’heure critique, Junie commence à s’énerver, et je me sens si seule, je repars pour un tour, j’arpente le salon, je sais que ça va être moi qui vais faire à manger, j’ai envie de pleurer, je suis idiote, à poser en mère accomplie, et je m’enferre, pourquoi m’aiderait-il s’il pense que mes journées sont merveilleuses ? On ne se comprend pas, on est pleins de dépit.
Et c’est la nuit qui tombe sous les cris de Junie.
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Je repose Junie dans son cocon. A la lumière pâle du jour qui passe à travers les persiennes, je vois les yeux de Junie, ronds, ouverts, précis, curieux, splendides. Elle sourit. Et par ce sourire, elle balaye des siècles de poésie. C’est adorable, transcendant, magique. J’applaudis, je l’embrasse, je lui parle : « Tu souris ? Tu souris ma chérie ? » Elle sourit à nouveau. Mon cœur de mère entre en fusion. Comme c’est beau. Je lui souris. Elle me sourit. Elle me répond, et ça c’est nouveau, c’est magique, elle communique, c’est une interaction. Je souris, elle sourit. J’ai envie d’appeler la terre entière, leur dire, à tous, cette merveille qui vient de se produire, ce bourgeon de communication… Je cours dans le salon prendre l’appareil photo. Il faut que ma maman voie ça. « Junie, ma Junie, mon petit bout chéri ! ». Je souris, elle sourit. Je filme. Je suis trop excitée pour attendre que mes parents viennent, pour leur montrer, je préparerai un courrier, j’enverrai la clé USB. C’est trop, c’est trop magnifique, c’est trop beau !
Je pourrais continuer infiniment, mais Junie fatigue, elle commence à pigner. Caresse. Elle se rendort. Je m’allonge, le cœur débordant, immense, il dépasse les limites de sa cage, il déborde hors de moi, je dégouline d’amour, je suis une fontaine d’affection pure, ça coule de moi, du lit, ça passe sous les portes, ça s’enfuit en cascade dans les escaliers jusqu’à gagner la rue.
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J’avais si peur de mal faire. Je cherchais avidement les compliments, sur moi, mais sur Junie aussi, tant je craignais que tout mal être de sa part soi la marque tangible de mon impuissance, de mes insuffisances.
J’étais catastrophée quand des amis venaient au moment où elle pleurait, j’aurais voulu leur dire qu’elle souriait, quelques minutes avant. A chaque pleurs de Junie en public, je me justifiais, par le biais d’une savante double énonciation dans laquelle je parlais à Junie pour me disculper aux yeux de nos témoins : « Alors, ma chérie, on a faim ? on a mangé il y a longtemps ? » ou encore « viens ma chérie, je vais te bercer dans la pièce à côté pour ne pas que l’on dérange trop les gens ». Et de prier intérieurement pour que Junie ne pleure plus, pour qu’on pense que je connaissais les moyens de calmer mon bébé, que je ne me sentais pas dépassée, que je savais exactement quoi faire, et aussi que ses pleurs ne me minaient pas, que je n’aurais pas voulu, parfois, dire au secours, que j’avais mal aux oreilles, que j’aurais bien voulu, moi aussi, m’assoir, ou dormir quand le besoin s’en faisait sentir, et pas seulement lorsque Junie arrêtait de pleurer…
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