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Citations de Lucien Lévy-Bruhl (18)


En d'autres termes, corrigeons expressément ce que je croyais exact en 1910 : il n'y a pas une mentalité primitive qui se distingue de l'autre par deux caractères qui lui sont propres (mystique et prélogique). Il y a une mentalité mystique plus marquée et plus facilement observable chez les "primitifs” que dans nos sociétés, mais présente dans tout esprit humain;
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Tuer un serpent, chez les Bagobo, n'est peut-être pas formellement défendu, mais cela est regardé comme imprudent, à cause de l'attitude que la communauté des serpents pourrait prendre à l'égard du coupable.
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Cependant, si la morale est « fonction » de la société où elle apparaît, elle varie nécessairement avec cette société. Elle est autre dans une société d'un autre type. Elle est différente même dans une société donnée à des époques différentes, ou, à une même époque, pour des classes différentes. Comment, dans une conception de ce genre, le devoir peut-il conserver son autorité ? Comment lui sacrifier sa vie, en se disant que quelques siècles plus tôt ou plus tard, ce sacrifice n'aurait pas été exigé, n'aurait peut-être pas eu de sens ? On respectera encore l'ordre de la conscience, par la force de l'habitude acquise, quand il n'en coûtera pas beaucoup. Mais si l'effort demandé est trop pénible, le devoir aura le dessous. Et ainsi, malgré les explications que nous avons données, la tentative d'une science naturelle des faits moraux reste un danger mortel pour la moralité.
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La science politique suit l'histoire, elle ne la précède pas. Elle systématise ce qui est, et souvent ce qui va cesser d'être. «L'oiseau de MInerve ne prend son envol qu'à la tombée du jour.» Les conceptions politiques des philosophes reflètent souvent le passé, plus souvent le présent, mais jamais l'avenir.
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En un mot, l'attitude de la mentalité primitive en ce qui concerne l'induction est la même qu'en ce qui concerne la déduction. Elle ne saisit pas plus les lois que les concepts. Elle se conforme à l'ordre de la nature dans ses activités ; il le faut bien, sous peine de disparaître, et les animaux aussi, dans la nature plus restreinte où ils se meuvent. Mais de cette sagesse pratique des animaux (trouver leur nourriture, un abri, fuir leurs ennemis, etc.) nous ne concluons pas qu'ils aient la moindre idée d'une nature, ni que leur pensée se règle sur des principes logiques. Le cas de l'homme est différent. Il déduit, il induit. La mentalité primitive le fait autrement que nous ; elle a d'autres habitudes mentales : ce sont ces habitudes qu'il faut pénétrer.
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Les mythes « primitifs » dont nous disposons sont, en général, incomplets et fragmentaires. Un petit nombre seulement de personnes, dans une tribu, en possède une connaissance étendue. Ce savoir est le privilège des hommes d'âge, qui, après avoir passé par les stades successifs de l'initiation, se sont mariés et ont des enfants. Chacun d'eux en connaît un plus ou moins grand nombre. Mais souvent il n'en sait ni le commencement ni la fin. Ou bien des parties importantes lui en manquent. Il est rare que d'un seul informateur on puisse obtenir un mythe en entier.
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Le souci, parfois voilé, toujours présent, du primitif est d'échapper aux influences malignes, et de n'encourir la défaveur d'aucune des puissances invisibles de qui dépend son bonheur ou son malheur. Les observateurs en ont fait plus d'une fois la remarque. M. Saville par exemple, qui a longtemps résidé chez les Papous de la Nouvelle-Guinée anglaise, l'exprime en ces termes : « Du commencement à la fin de la vie de l'indigène, règne la crainte de la mauvaise fortune, individuelle et sociale. C'est M. Marett, je crois, qui signale que dans les sociétés inférieures la crainte du malheur peut devenir une panique... Rien ne saurait mieux rendre l'état actuel, au point de vue psychologique, de la société à Mailu. Toute la vie mentale y est imbue du sentiment qui s'exprime par : “ Touchez du bois ! ” »
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Il n'y a pas d'idée dans notre esprit plus claire, en apparence, que l'idée de la responsabilité. Il semble qu'elle nous soit donnée immédiatement par la conscience, avec l'idée du libre arbitre : nous savons que nous sommes libres, par une intuition directe. Au moins ce témoignage de la conscience est-il si universel, si spontané, que les partisans du libre arbitre y trouvent une preuve de sa réalité objective.
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Il y a ainsi des moments où les puissances invisibles hostiles, où les influences malignes se manifestent de préférence. Elles y sont plus immédiatement présentes, plus actives, plus dangereuses. La prudence exige donc qu'alors on se tienne coi, que l'on s'abstienne de rien entreprendre, en un mot qu'on ne donne pas prise sur soi à ces forces ennemies, qui s'empresseraient de saisir l'occasion offerte. De là proviennent les tabous bien connus, qui à des moments déterminés interdisent telle ou telle action, ou même toute activité de quelque sorte qu'elle soit.
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Pour conclure, écrit M. Elkin, nous pouvons dire que les peintures wondjina ont pour fonction d'assurer le retour régulier de la saison des pluies, la reproduction normale des animaux et des plantes comestibles, et peut-être aussi de choses utiles, comme l'ocre, l'influence du soleil, et la disponibilité d'un nombre suffisant d'enfantsesprits (qui entreront dans le ventre de femmes et naîtront à la fin de leur grossesse). Le rôle de l'homme est de retoucher, et peut-être, à l'occasion, de repeindre les têtes et les ornements, et de peindre, sur les roches de ces galeries, les objets et les animaux ou les plantes qu'il désire. La vertu de ces peintures wondjina provient du fait qu'elles sont ungud, c'est-à-dire qu'elles appartiennent à la période de ce lointain passé (mythique), qui était « créateur. Pour la prospérité du présent, il est indispensable de garder le contact avec cette période, et que la continuité demeure ininterrompue.
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Codrington a donné ailleurs une description détaillée de cette structure de la famille. Le trait fondamental en est le suivant : « Tous les membres d'une même génération, à l'intérieur d'un groupe familial, sont appelés les pères et les mères de tous ceux qui forment la génération suivante. Les frères d'un homme sont appelés pères de ses enfants, et les soeurs d'une femme, mères de ses enfants... Ce large usage des termes « père » et « mère » ne signifie pas du tout qu'il y ait aucun vague dans la conception effective de la paternité et de la maternité proprement dites.
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Pas plus que les mythes, ces oeuvres singulières, parfois admirables, de l'art des primitifs ne sont donc le produit d'une imagination tendue vers des créations fantastiques. Chez eux, comme chez nous, l'artiste est celui qui sait exprimer excellemment ce que tous sentent et voient d'une façon plus imparfaite. Les statues anthropo-zoomorphiques, qui nous paraissent l'oeuvre d'une fantaisie parfois presque sans frein, sont pour la plupart des images fidèles de représentations traditionnelles. J'oserais dire — sans paradoxe - que cet art est avant tout réaliste. Il s'efforce à reproduire exactement ses modèles, qui sont dans l'esprit de tous.
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Bref, le groupe humain se sent dans un rapport étroit sinon de filiation, du moins de communauté d'essence, avec l'arbre bienfaisant qui lui a permis de mener une vie beaucoup moins dure que celle des tribus restées nomades. Sa reconnaissance s'est incorporée dans un ensemble de représentations que leur caractère émotionnel et mystique rend difficiles à bien décrire.
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Nous rencontrons la magie partout où les éléments de hasard et d'accident, et le jeu des émotions oscillant entre l'espoir et la crainte, se donnent largement carrière. Nous n'en rencontrons jamais là où ce que l'on veut obtenir peut être atteint à coup sûr, où le résultat dépend d'une façon certaine de méthodes rationnelles et de procédés techniques. De plus, nous trouvons la magie là où un élément de danger est en évidence. Nous ne la trouvons plus, partout oit une sécurité parfaite ne laisse aucune place à des pressentiments. Voilà le facteur psychologique. Mais la magie remplit encore une autre fonction, d'une haute importance, une fonction sociologique... C'est un élément actif de l'organisation du travail... Elle fournit aussi le pouvoir principal qui permet de se rendre maître du gibier. La fonction sociale intégrale de la magie consiste donc, si l'on peut dire, à bouclier les trous, et à compenser les insuffisances, partout, où l'homme ne sait pas atteindre à coup sûr les fins importantes qu'il poursuit.
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Quand les primitifs sont victimes d'un accident grave, ils ne l'interprètent donc pas, ils n'y réagissent donc pas comme nous, puisque ce qui pour nous est un accident, est pour eux une expérience mystique. Ce que nous entendons par accident, à proprement parler n'a pas de sens pour eux.
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Voilà des cas typiques d'expérience mystique. Des primitifs se trouvent, à l'improviste, en présence d'êtres qui ne font pas partie du monde où ils vivent. Leur trouble est extrême. Ils perdent tout sang-froid. Quelle catastrophe ne les menace-t-elle pas tout à l'heure ? Non que cette apparition sans précédent trouble ou scandalise leur esprit, comme ferait chez nous une dérogation flagrante à une loi de la nature.
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Binger raconte qu'avant d'arriver à un village qui n'avait jamais vu de blancs, il prenait soin de faire prévenir les habitants pour les préparer à sa visite.
Autrement, l'apparition de cet être extraordinaire aurait causé une terreur folle. C'eût été pour ces gens à la fois un saisissement, et le présage infaillible des pires malheurs. Le missionnaire Bentley a dû prendre la même précaution dans la partie de la vallée du Congo où il était le premier Européen à pénétrer. L'intrusion soudaine d'êtres comme on n'en a jamais connu déclenche une émotion caractéristique : la catégorie affective du surnaturel est aussitôt entrée en action. Que sont ces individus à peau blanche (les indigènes l'appellent plutôt rougeâtre), qui par certains côtés ressemblent à des humains ? Sûrement ils sont venus du monde invisible. Peut-être at-on affaire à des revenants. En Australie, comme on sait, les indigènes ont maintes fois pris les premiers blancs qu'ils voyaient pour des membres de la tribu ressuscités. Leurs proches les reconnaissaient, et on leur faisait reprendre place dans leur clan.
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Les sorcières peuvent dérober l'ombre d'un homme : alors il meurt.
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