Citations de Lucien Suel (103)
Toute la salle commence à murmurer.
Le conférencier dévide son discours dans une odeur de sueur de pieds et de cigarette blonde.
Sur la digue, avec des bouts de craie venus du crétacé -un autre nom pour la falaise-, les filles ont tracé un quadrillage. Terre et ciel, bois et goudron. Le palet poussé du pied, à cloche pied, traverse les cases. Le vent d’ouest fait claquer le linge sur la corde. Les robes à volants tourbillonnent. Cris des enfants, des mouettes et goélands. Penchée en avant, déséquilibre compensé en relevant la jambe gauche, Tite Mauricette lance dans la septième case. La voie est libre. La porte dans les nuages va s’ouvrir pour accueillir la fillette Behind The Rainbow au paradis des mouettes. Au prochain coup, elle ira au ciel. Saute et saute. Passe passe, petite passe, la dernière restera.
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C’était une époque de charbon avec des locomotives à vapeur, des compartiments fumeurs ou non-fumeurs. Fumée dedans, fumée dehors.
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Il me porte sur son dos et je lui ai cloisonné des pages de ma vie.
Tout est faux. Rien n’a changé. Communication croissance consommation contrôle. Standardisation du citoyen-citadin-conso-mateur. Les prévisions météorologiques restent sombres avec des flaques de lumière ici et là, maintenant ou ailleurs : zestes de drogue sexe & rock’n roll, prose bop spontanée à l’assaut des slogans par la méthode cut-up -coupé collé découpé décollé-, poèmes ready-made express, mixages verbaux monstres, profusion et désinvolture gaie de la langue, délire de la lyre, notes sur le décor moderne et son éparpillement, mysticisme punk rustique, auto-dérision et zéro nostalgie.
La formule individu brille magnifiquement dans le noir.
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(Préface à la nouvelle impression aux éditions QazaQ)
Aujourd’hui les vrais héros désertent les usines. Ils s’enfoncent du papier dans les oreilles et savent brouillonner dans les marges.
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Les phrases défilent dans la flamme jaune et fuligineuse d’un briquet à essence qui lit à la vitesse de la lumière en brûlant l’être de papier.
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Je lève l’œil au plafond au ciel de lit au ciel de l'art. Je m'allonge dans l'herbe des allées.
Je me couche dans la luzerne entre les draps blancs et bleus du ciel au milieu des âges. Des visages souriants me regardent.
Larme à l’œil, je récite les noms de ceux qui me précédèrent, me parlèrent au berceau ou dans les livres d'images.
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Voici le nouveau je, le nouveau jeu vidé, jeu vidéo d'adultes, icône contemplée, ou bréviaire scruté, ou chapelet égrené, les consoles à consoler.
tous les mots conjurant le désespoir, tous les mots de l'amour du monde, tous les mots découpés dans l'amas des discours creux, tous les mots antidotes.
Je suis ici et ailleurs, dans le temps et l'espace, une zone où se confondent le lieu et le moment.
[...]
Je parle des gens, des vivants et des morts, de ceux à naître, des paysages d'aujourd'hui portant la marque des paysages détruits d'hier.
Le passé monte au jour
quand une fougère du pléistocène se déplie
entre les mains noircies des mains du mineur de fond.
Il amène à ses enfants un souvenir de voyage
à travers temps & espace.
Je vis la quotidienneté en continu. Je suis debout, tenant dans mes mains levées l'écheveau du rêve et les fils du réel.
L'immobilisme de l'accent circonflexe est surprenant.
J'ai presque toujours une pincement au coeur quand, passant sur le trottoir, j'entends tinter, dans une maison vide, les sonneries continues du téléphone.
Idéologie ruinée : que font les papillons de nuit une fois qu'on a éteint la lumière autour de laquelle ils tournoyaient ?
Je progresse, je m'assoie entre deux chaises, entre deux âges, teenager ou senior, l'entre-deux pour modifier l'emploi du temps.
Je conjugue le passé perdu et le présent souffrant, entre la cellule monacale et le désert rouge ou blanc, entre chien et loup.
La vie à l'envers au service de la machine
Travail pour la machine.
Sueur pour la machine.
Force pour la machine.
Amour pour la machine.
Fantômes du passé et touristes d’aujourd’hui errent dans la ville historique
...
Leur avenir est déjà présent dans les ruines médiévales de la forteresse.
Ainsi des artistes soignent ou enseignent.