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Citations de Luis Sepúlveda (1546)


Antonio José Bolivar dormait peu. Jamais plus de cinq heures par nuit et de deux heures de sieste. Le reste de son temps, il le consacrait à lire les romans, à divaguer sur les mystères de l'amour et à imaginer les lieux où se passaient ces histoires.
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Le Rosaire de Florence Barclay contenait de l'amour, encore de l'amour, toujours de l'amour. Les personnages souffraient et mêlaient félicité et malheur avec tant de beauté que sa loupe en était trempée de larmes.

L'institutrice, qui ne partageait pas tout à fait ses goûts, lui permit de prendre le livre pour retourner à El Idilio, où il le lut et le relut cent fois devant sa fenêtre, comme il se disposait à le faire maintenant avec les romans que lui avait apportés le dentiste et qui l'attendaient, insinuants et horizontaux, sur la table haute, étrangers au passé désordonné auquel Antonio José Bolivar préférait ne plus penser, laissant béantes les profondeurs de sa mémoire pour les remplir de bonheurs et de tourments d'amour plus éternels que le temps.
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Antonio José Bolivar ôta son dentier,le rangea dans son mouchoir et sans cesser de maudire le gringo ,responsable de la tragédie, le maire,les chercheurs d'or ,tous ceux qui souillaient la virginité de son Amazonie, il coupa une grosse branche d'un coup de machette,s'y appuya et prit la direction d'El Idilio, de sa cabane et de ses romans qui parlaient d'amour avec des mots si beaux que, parfois ,il lui faisaient oublié la barbarie des hommes.(Page134).

Artatore Yougoslavie 1987.
Hambourg, Allemagne 1988.
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El Dorado n'était certes pas une grande ville.On y trouvait une centaine de maisons dont la majorité s'alignaient le long du fleuve,et,il ne devait son importance qu'à son poste de police ,à quelques officines administratives,une église et une école publique peu fréquentée.Pour Antonio José Bolivar qui n'avait pas quitté la forêt depuis quarante ans,c'était revenir au monde immense qu'il avait connu jadis.
Le dentiste le présenta à la seule personne capable de l'aider,l'institutrice ,et il obtint également pour le vieux la permission des dormir dans l'enceinte de l'école,une grande habitation de bambou pourvue d'une cuisine ,en échange de son aide pour les travaux domestiques et la confection d'un herbier.( Page 67).
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Les gens de la montagne ne chassent pas.---Et ils mangent quoi alors?--Ce qu'ils peuvent . Des pommes de terre , du maïs. Parfois un porc ou une poule pour les fêtes. Ou un cochon d'Inde les jours de marché.- - Et qu'est-ce qu'ils font s'ils ne chassent pas? -- Ils travaillent du lever au coucher du soleil .-- Quels idiots ! Quels idiots! concluaient les Shuars.
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La vie dans la forêt avait trempé chaque centimètre de son corps. Il avait acquis des muscles de félin qui se durcirent avec les années. Sa connaissance de la forêt valait celle d’un Shuar. Il nageait aussi bien qu’un Shuar. Il savait suivre une piste comme un Shuar. Il était comme un Shuar, mais il n’était pas un Shuar.
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Le ciel était une panse d'âne gonflée qui pendait très bas menaçante, au - dessus des têtes. Le vent tiède et poisseux balayait les feuilles éparses et secouant violemment les bananiers rachitiques qui ornaient la façade de la mairie.( Page 15).
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Un peu avant midi la pluie s’arrêta et cela l’alarma. Il fallait que la pluie continue, sinon l’évaporation commencerait et la forêt disparaîtrait dans un brouillard épais qui l’empêcherait de respirer et d’y voir à plus d’un pas.
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Si ça peut vous être utile, Excellence, quand on bivouaque dans la forêt, il faut se mettre près d’un tronc brûlé ou pétrifié. Les chauves-souris qui y nichent sont le meilleur signal d’alarme. En s’envolant dans la direction opposée au bruit, ces bestioles nous auraient montré d’où il venait. Mais vous leur avez fait peur avec votre lampe et vos cris, alors elles se sont envolées en nous chiant dessus. Elles sont très sensibles, comme tous les rongeurs, et, au moindre signe de danger, elles lâchent tout ce qu’elles ont dans le ventre pour s’alléger. Allez, frottez-vous bien le crâne, si vous ne voulez pas être bouffé par les moustiques.
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Un soir de chasse, il avait senti son corps tellement acide et puant à force de sueur qu’en arrivant au bord d’un arroyo il avait voulu piquer une tête. Par chance un Shuar l’avait vu à temps et lui avait lancé un cri d’avertissement.
— Ne fais pas ça. C’est dangereux.
— Les piranhas ?
Non, lui avait expliqué le Shuar : les piranhas vivent en eau calme et profonde, jamais dans les courants rapides. Ce sont des poissons lents et ils ne deviennent vifs que sous l’effet de la faim ou de l’odeur du sang. De fait, il n’avait jamais eu de problème avec les piranhas. Les Shuars lui avaient appris qu’il suffisait de s’enduire le corps de sève d’hévéa pour les tenir à distance. La sève d’hévéa pique, brûle comme si elle allait arracher la peau, mais la démangeaison s’en va dès que l’on est au contact de l’eau fraîche, et les piranhas s’enfuient quand ils sentent l’odeur.
— Pire que les piranhas, avait dit le Shuar, en désignant un point à la surface de l’arroyo. Il avait vu une tache sombre de plus d’un mètre de long qui glissait rapidement.
— Qu’est-ce que c’est ?
— Bagre guacayamo.
Un silure-perroquet. Un poisson énorme. Par la suite, il avait péché des spécimens qui atteignaient deux mètres et dépassaient soixante-dix kilos, et il avait aussi appris que cet animal n’est pas méchant, mais mortellement affectueux. Quand il voit un être humain dans l’eau, il s’approche pour jouer avec lui et ses coups de queue sont capables de lui briser la colonne vertébrale.
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Ils eurent bientôt laissé la dernière habitation d’El Idilio et pénétrèrent dans la forêt. Il y pleuvait moins, mais l’eau tombait en lourdes rigoles. La pluie était arrêtée par le toit végétal. Elle s’accumulait sur les feuilles et, quand les branches finissaient par céder sous son poids, l’eau se précipitait, chargée de toutes sortes de senteurs.
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Vous savez comment font les Shuars quand ils entrent sur le territoire des singes ? D’abord ils ôtent toutes leur parures, ils ne portent rien qui peut attirer leur curiosité, et ils noircissent leurs machettes avec de la suie de palme brûlée. Vous vous rendez compte : avec leurs appareils photo, leurs montres, leurs chaînes en argent, leurs boucles de ceinture, leurs couteaux, les gringos ont tout fait pour provoquer la curiosité des singes. Je connais la région et je connais leur comportement. Je peux vous dire que si vous oubliez un détail, si vous avez sur vous la moindre chose qui attire la curiosité d’un ouistiti et s’il descend de son arbre pour vous le prendre, vous avez intérêt à le laisser faire. Si vous résistez, le ouistiti se met à hurler et en quelques secondes des centaines, des milliers de petits démons poilus et furieux vous dégringolent du ciel.
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En parcourant les textes de géométrie, il se demandait si cela valait vraiment la peine de savoir lire, et il ne conserva de ces livres qu’une seule longue phrase qu’il sortait dans les moments de mauvaise humeur : « Dans un triangle rectangle, l’hypoténuse est le côté opposé à l’angle droit. » Phrase qui, par la suite, devait produire un effet de stupeur chez les habitants d’El Idilio, qui la recevaient comme une charade absurde ou une franche obscénité.
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Il passa toute la saison des pluies à ruminer sa triste condition de lecteur sans livre, se sentant pour la première fois de sa vie assiégé par la bête nommée solitude. Une bête rusée. Guettant le moindre moment d’inattention pour s’approprier sa voix et le condamner à d’interminables conférences sans auditoire.
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Il savait lire. Ce fut la découverte la plus importante de sa vie. Il savait lire. Il possédait l’antidote contre le redoutable venin de la vieillesse.
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À voir couler le Nangaritza, on pouvait penser que le temps avait oublié ces confins de l’Amazonie, mais les oiseaux savaient que, venues de l’occident, des langues puissantes progressaient en fouillant le corps de la forêt.
D’énormes machines ouvraient des routes et les Shuars durent se faire plus mobiles. Désormais, ils ne demeuraient plus trois ans de suite sur le même lieu avant de se déplacer pour permettre à la nature de se reformer. À chaque changement de saison, ils démontaient leurs cabanes et reprenaient les ossements de leurs morts pour s’éloigner des étrangers qui s’installaient sur les rives du Nangaritza.
Les colons, attirés par de nouvelles promesses d’élevage et de déboisement, se faisaient plus nombreux. Ils apportaient aussi l’alcool dépourvu de tout rituel et, par là, la dégénérescence des plus faibles. Et, surtout, se développait la peste des chercheurs d’or, individus sans scrupules, venus de tous les horizons sans autre but que celui d’un enrichissement rapide.
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L’homme Antonio José Bolivar Proaño était vêtu d’une impeccable veste bleue, d’une chemise blanche et d’une cravate rayée qui n’avait jamais existé que dans l’imagination du portraitiste.
La femme Dolores Encarnacìon del Sentìsimo Sacramento Estupiñan Otavalo, portait des atours qui, eux, avaient existé et existaient toujours dans ces recoins obstinés de la mémoire où s'enracine le chiendent de la solitude.
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Sa femme le tuera. Elle fait des provisions de haine, mais elle n'en a pas encore assez. Ces choses-là demandent du temps.
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Il avait été, dans sa jeunesse, missionnaire chez les Indiens. Il voulait être un saint, mais les Indiennes lui ont fait perdre sa chasteté. Comme elles sont jolies et vivent nues, il a vite oublié le célibat. On dit qu'il a eu cinq enfants avec elles. Après, il est devenu fou en pensant que ces pauvres bâtards allaient tous nus, mangeaient de la viande crue et sautaient d'arbre en arbre comme des singes.
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Il était condamné à rester, avec ses souvenirs pour seule compagnie. Il voulait se venger de cette région maudite, de cet enfer vert qui lui avait pris son amour et ses rêves. Il rêvait d'un grand feu qui transformerait l'Amazonie entière en grand brasier.
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