Malene Rydahl, Directrice de la communication, EAME et auteur « Heureux comme un danois » , parle d'Education au Positive Economy Forum 2014 au Havre.
La vie est en mouvement perpétuel, elle est imprévisible, faite de surprises, bonnes ou mauvaises.
Certaines situations donnent du plaisir, d'autres de la peine. Ce qui est important, c'est qu'on revient toujours à ce que j'appellerai sa propre base de bien-être (...)
Mais qu'est-ce qui constitue une "bonne base" ?
Avant tout, notre chemin personnel, nos choix et nos efforts pour nous connaître nous-mêmes. Personne ne peut le faire à notre place.
L'environnement compte aussi beaucoup, c'est certain (...)
Pour moi, le pilier le plus important du bonheur, c'est l'amour sous toutes ses formes et variations.
Mis à part l'environnement affectif, l'environnement social joue également un rôle important. (...)
Ce n'est pas un pays qui peut rendre une personne heureuse : le bonheur, le vrai, repose sur chaque individu et son intériorité.
Surtout, choisir librement la personne à laquelle s'unir est l'un des indicateurs les plus forts que nous vivons dans une société libre. Et cette liberté passe aussi par l'émancipation des femmes et leur autonomie financière, qui permet de choisir librement un partenaire avec le coeur.
Un de mes mots préférés en danois est "hygge".
C'est un concept assez difficile à expliquer, car l'équivalent ne se trouve pas vraiment dans les langues étrangères.
C'est, dans son essence, quelque chose d'intime et de chaleureux. Le mot est utilisé par les Danois dans beaucoup de situations, et toujours dans un sens très positif.
"Hygge" peut aussi désigner des situations où l'on se retrouve avec sa famille ou ses amis proches pour dîner ou partager quelques bières dans une ambiance chaleureuse avec des bougies. Le mois de décembre est le mois le plus "hyggelig" chez nous : tout le pays est illuminé par des millions de bougies et les gens se réunissent pour boire du vin chaud et écouter des chansons de Noel. C'est assez féerique.
Les bougies font d'ailleurs quasiment toujours partie des moments de "hygge".
Comme à leur habitude, les Danois ne se vantent pas de grand-chose. Manifestement pas non plus d’être les plus heureux au monde. Cette modestie, très présente dans la culture danoise, est une des qualités constitutives de notre mentalité, et témoigne d’une certaine humilité vis-à-vis de la vie. Et puis tout n’est pas rose au Danemark : la consommation d’alcool et d’antidépresseurs demeure malgré tout élevée, tout comme le taux de suicide, par exemple. Est-ce que cela signifie pour autant que le bonheur danois est un mensonge ? Non. Pour les raisons que nous allons découvrir ensemble, la grande majorité des Danois se sentent sincèrement bien dans leur vie. Mais au Danemark comme ailleurs, la vie est complexe, et on ne peut établir aucune vérité générale.
Je suis mon propre meilleur ami : la seule personne avec laquelle on est sûr de passer du temps, beaucoup de temps, jusqu'à la fin de nos jours, c'est soi-même. Nous avons sacrément intérêt à bien nous entendre avec nous-même, sinon le voyage de la vie peut être très long et même pénible.
En s'écoutant, en apprenant à se connaître et en prenant soin de soi, on consolide une base solide pour une vie heureuse. Le bonheur ou le bien-être sur le long terme commence par la connaissance de soi-même.
Comme le dit très joliment Gandhi, "le plus grand voyageur n'est pas celui qui a fait dix fois le tour du monde, mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui-même."
Même s’il est souvent assez facile de faire la différence entre les gens heureux et malheureux, cela reste très intime et subjectif. Les experts, psychiatres, sociologues, spécialistes de neurosciences ou encore professionnels de l’éducation conviennent du fait que nous ne sommes pas forcément tous égaux face au bonheur. Nous naissons avec une aptitude plus ou moins grande à être heureux. Certains soutiennent même que la génétique jouerait à 100 % dans notre base de bonheur, et qu’il serait donc prédéterminé. Selon eux, le patrimoine génétique de chacun orienterait systématiquement le niveau de bonheur.
Parce que chez nous, le bonheur ne vaut que s'il est partagé par tous.
Le bonheur, c’est « le fait de se sentir bien, d’aimer la vie, et de désirer que ce sentiment perdure ». J’aime cette définition, car elle est simple et nous pouvons tous la ressentir.
La confiance entre les individus est un facteur clé de l’équation. La bible en la matière, le fameux « World Happiness Report » de l’ONU, est formel : plus les gens se font confiance, plus ils se sentent heureux. Les Français Cahuc et Algan confirment aussi que le cas contraire – une société de défiance – s’accompagne d’une moins grande aptitude au bonheur.
L’« acte d’amour », consiste à faire aimer l’apprentissage. La lecture, les recherches, la réflexion, le fait de poser des questions et de trouver les réponses, sont autant d’activités qui peuvent procurer une satisfaction et même une joie, si cela est enseigné de la bonne manière. L’idée est d’apprendre à avoir du plaisir sur le chemin et de ne pas uniquement vivre les études comme une souffrance, avec pour seul but d’y mettre un terme.
Les parents aussi peuvent exercer une pression sur leurs enfants pour qu’ils soient les meilleurs et aient de bonnes notes. Pour eux, la réussite est bien plus importante que le plaisir d’apprendre, ou éventuellement d’entreprendre autre chose si vraiment les études ne correspondent pas au profil de l’enfant, à ses capacités ou à ses envies.