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Citations de Marente de Moor (32)


Dans la clarté orange de la lune, il était difficile de voir le timbre. (…)
La Vierge tenait bien une lance dans les mains. Elle semblait virile avec sa poitrine ferme et son bonnet phrygien. Symbole de liberté, tu parles ! C'est le bonnet que portait le roi Midas pour cacher ses oreilles d'âne.
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A la prochaine guerre, il faudra bien que les Néerlandais prennent parti. Et j'ose croire qu'eux, des Germains par-dessus le marché, seront assez sages pour choisir le progrès.

- Votre guerre m'intrigue, Herr Raab, a dit Egon négligemment. Herr Hitler ne s'est jamais battu en duel, contrairement a Bismarck. Vingt-deux fois pour être exact.
(…)
~ Un conseil d'ami, Herr von Bôtticher : faites attention à ce que vous dites. Ce n'est pas la première fois que je vous surprend à prononcer des paroles hostiles à la patrie. Vous avez la critique facile, je crois. J'aimerais bien savoir ce qui vous dérange.
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Un bon escrimeur garde la tête froide ; débarrassé de l’esprit de vengeance, il considère son adversaire à distance. Il est ainsi le spectateur de son propre combat, il n’est pas commandé par ses affects mais par une vérité absolue. Il observe, comme le scientifique qui envisage un problème d’arithmétique, comme un mathématicien, il mesure et établit. Reconnaissez-le vous-même, si quelqu’un possède la science de demeurer intouchable, à quoi servent alors ces assauts émotionnels ? Si votre art de combattre se base sur l’observation des intentions de l’adversaire, vous remarquerez que vous vous rapprochez de lui, car vous êtes dans la même situation. Il est dans votre intérêt à tous deux de travailler de concert.
J’essaie constamment d’en convaincre l’Électeur, dans l’espoir vaniteux que je pourrais éviter une nouvelle guerre. N’est-il pas toujours plus raisonnable d’observer avant que de verser inutilement le sang ? Chaque duelliste devrait savoir à quel point les assesseurs sont importants, leur regard distancié et équitable ne se laisse pas influencer par la soif de sang des combattants, et ils prennent des notes pour la postérité. J’espère humblement que l’histoire se souviendra de moi comme du guérisseur de la vengeance aveugle. (Girard Thibault – XVIIe siècle)
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J'en rêvais ; on peut rêver de ses obsessions et du goût qu'elles ont.
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J’ai été conçue dans les années vingt, au lendemain d’une guerre mondiale. Je l’ai compris alors que je logeais chez ma tante, à Kerkrade, où la frontière longeait de près les portes des maisons de la Nieuwstraat. Elle était devenue invisible, mais quelques trous témoignaient encore de l’ancien bornage. Un jour, j’avais marché dans l’un d’eux et ma tante m’avait expliqué que des grilles s’étaient dressées à cet endroit, que les Néerlandais avaient vu leurs voisins d’en face disparaître derrière le grillage de leur guerre, que même leurs fenêtres avaient été barricadées pour qu’ils ne puissent pas s’enfuir, mais que, désormais, cette époque était révolue. Pourtant une moitié de la rue était toujours moins bien lotie que l’autre. En Allemagne, les magasins étaient vides. J’avais demandé pourquoi les Prussiens ne venaient pas tous habiter chez nous et ma tante avait répondu :
– Parce que, dans ce cas, on serait aussi pauvres ici que chez eux.
La pénurie d’en face donnait lieu à toutes sortes de trafics. Certains jours, la rue était noire de monde. Des aventuriers, des paysans braillards derrière leur charrette à bras et des gens des provinces de l’ouest – des présomptueux qui venaient ouvrir des bureaux de tabac – affluaient de tous les coins de l’arrière-pays néerlandais, tandis que les Prussiens se pointaient à l’horizon à bord de guimbardes vides. À la fin, par manque de réglementation, la rue Neuve était devenue un boulevard commerçant. Le maire se plaignait en vain à l’État, le douanier fumait une cigarette dans sa guérite, d’où il avait tiré sur un déserteur quelques années auparavant. L’affaire allait se régler d’elle-même en trois mois. Après la chute du reichsmark, les clients se sont déplacés vers l’est et les marchands ambulants, qui s’enrichissaient de leur désarroi, les ont suivis.
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Des larmes me sont montées aux yeux. Le mal du pays ? Je ne pensais pas souvent à mes parents. Peut-être qu’ils s’adressaient à nouveau la parole à présent que je n’étais plus entre eux. Nos soirées ne me manquaient pas. Mes amies, même, ne me manquaient pas. Les couleurs avaient passé, comme celle d’un magazine maintes fois lu. Je ne pourrais jamais leur raconter ce que j’avais vécu.
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Placez un miroir en face d'un miroir. Ils se reflèteront. De plus en plus petits, de plus en plus flous, mais aucun ne cédera à la place de l'autre. Il en est ainsi de certains souvenirs. Ils n'échappent pas à la première impression que contient un souvenir plus ancien.
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J'ai été réveillée par un rêve qui ne s'est pas laissé rattraper. Dehors il faisait nuit, les oiseaux avaient cessé de chanter. Ma petite sieste s'était prolongée. J'ai refermé ma veste avec des fourmis dans les doigts. Une partie d'escrime, manger un bout et je me sentirais mieux. (...) Quelques détails d'un rêve étrange me sont revenus, un hibou géant appuyait sa tête ouatée contre la fenêtre, un vague adversaire se présentait avec deux armes qui n'étaient finalement que des chrysalides de papillons.
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Nous sommes les seules créatures à naître au monde entièrement démunies. Nous n’avons ni épines ni crocs. Nous avons notre raison, qui se développe graduellement et reconnaît les armes des autres. Un homme véritablement courageux, un homme conscient de sa force ne se défend pas par l’attaque. Il attend.
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On voit bien souvent des animaux magnifiques, des chiens ou des chevaux menés par un maître qui ne paie pas de mine, et ils n’ont pas honte de lui. Le contraire si. Les maîtres s’excusent des défauts de leurs quatre pattes, affirment qu’il est temps de les piquer mais, le soir, quand personne ne les entend, ils chuchotent dans la douceur de leurs grandes oreilles qu’ils sont les plus beaux et les plus aimables du monde.
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Le droit d’attaque est une règle qui déchaîne la fureur des fleurettistes débutants. Il préconise que celui qui attaque le premier a le droit d’aller au bout de son attaque. Si le tireur adverse est le premier à toucher, le point ne lui sera pas compté, car avant d’effectuer sa contre-attaque il doit parer. Un effroyable sabotage ! Combien de fois n’ai-je pas jeté mon masque parce que l’arbitre avait décidé que ma touche sublime ne comptait pas, mais bien la pauvre petite touche du tireur adverse, simplement parce qu’il avait tendu le bras un petit peu plus tôt que moi.
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L'indiscrétion était toujours aux aguets dans cette maison. Des tabous, des secrets, des énigmes à la pelle.
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Si mes souvenirs sont exacts, j'ai passé toute ma jeune vie à rêvasser. L'assiduité avec laquelle je m'y consacrais en faisait une habitude épuisante. Je n'avais jamais le temps de terminer l'histoire, j'en reprenais le fil quand j'étais à peu près sûre de ne pas être dérangée et j'étais alors confrontée à ses imperfections , car les châteaux en Espagne sont fragiles, ils ont constamment besoin d'être consolidés. Une jeune beauté pouvait s'enfuir avec votre amoureux pendant qu'une vieille mégère brouillait l'image en se mêlant de ce qui ne la regardait pas. Et, d'ailleurs, que faisait le prince de ses journées? [...] Je suis persuadée que seules les filles sont des rêveuses aussi invétérées. Si tous les jeunes gens idéalisent l'avenir, les filles, elles, idéalisent aussi le présent.
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Cette nuit-là, j'ai rêvé d'Hélène Mayer. Elle était sur le podium olympique, et moi dans les tribunes entre mon père et von Bötticher. Regardez, elle brûle, disait von Bötticher. Nous acquiescions d'un hochement de tête car, en effet, des flammes s'élevaient de sa tête couronnée de lauriers. C'est la flamme olympique, disait-il. Mais non, répliquait mon père, c'est la vierge immaculée. Et, subitement, il faisait un signe de croix. Mon père ! Mayer grandissait en même temps que la flamme jusqu'à devenir une gigantesque déesse qui n'avait plus qu'à se pencher pour atteindre les tribunes et me toucher d'une main chauffée à blanc.
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Avant que ces bras gauches n’envahissent la salle d’escrime, cet emblème avait eu une existence grisâtre sur les timbres-poste et sur les reichsmarks, les petites cuillères des fêtes commémoratives, la besace militaire de Heinz et la camionnette du boucher, qui était d’ailleurs le seul de nos visiteurs à remplir son devoir en faisant le salut hitlérien.
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C'est alors que j'ai tout expliqué à mon père, le pacifiste, dont le métier était de guérir les blessures. Qu'un fleuret n'est pas fait pour tuer. Qu'il s'agit d'une arme d'entraînement, d'une invention sportive. Qu'il n'a jamais été conçu pour prévenir les coups mortels et ne peut en aucun cas arracher un membre, que seul le tronc peut être touché, qu'il doit son nom à la mouche placée à son extrémité, qui ressemblait autrefois à une petite fleur. C'est la première fois que mon père a pris mon avis au sérieux. Avec cette arme, mon cher fleuret, je suis devenue adulte.
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Au Raeren, pratiquement rien ne franchissait la grille. Seule la clématite poussait par-dessus l'enceinte derrière laquelle on entendait, parfois, le grincement d'une charrette descendant le chemin pentu. Il semblait ne rien se passer qui puisse justifier de quitter l'enclos. Il viendrait peut-être un moment où l'angoisse et la panique me pousseraient à faire le mur, je ne l'excluais pas, mais les premiers jours, j'avais encore trop à explorer.
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On ne peut plus voir une cascade sans penser énergie, ni un travail honnête sans le mécaniser. L'organique cède à l'organisationnel, mais attention, la violence avec laquelle cela se fait, cette rage qui n'épargne rien ni personne, elle est abjecte ! Et toi, Egon,qu'est-ce que tu fais ? Tu apprends à ces enfants à rester patiemment à l'intérieur d'un cercle tandis qu'à l'extérieur, ils se feront dévorer tout crus. Ce qui est en marche dans ce pays, on ne peut plus l'arrêter.
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- D'après Matthias, il n'y a plus de grèves dans les usines, a dit Heinz. Ils ont tout retapé, la vie y est meilleure, plus gaie. Des douches, de larges fenêtres. Le führer a fait tout ça pour les ouvriers.
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– Quand tu comprends qu’en fait l’ennemi n’est pas différent de toi, tu peux, avec un simple petit calcul, prévoir la portée de ses mouvements. Pourquoi alors se précipiter comme un sauvage sur sa proie ? C’est sa raison et seulement sa raison qui rend l’homme inviolable. Pas l’esbroufe, les plumes déployées ou les hurlements dans les bois. Il est déconcertant de se confronter à cette sagesse du XVIIe alors que nous sommes revenus au temps de la bête.
– Quel est le problème avec la bête ? a demandé Egon. Il faut réchauffer la bête en soi. Seul l’animal sauvage est libre, en parcourant son territoire, en se battant, en gagnant, en mangeant sa proie. Trop de culture apporte la dégénérescence.
– Tu es peut-être plus près du national-socialisme que tu ne le penses, mon ami.
– National, c’est sûr, socialisme, pas le moins du monde. (…)
– Sur le champ de bataille, on ne peut pas se permettre de considérer l’ennemi comme son semblable, a dit Egon. Je l’ai dit aussi à Jacq, à l’époque. Son père, il travaillait pour la Croix-Rouge. « Aide aux soldats des deux camps, sans discrimination, partout. » Comment peut-on se battre avec de tels principes ? Si nous sommes les mêmes et que nous haïssons l’autre, n’est-ce pas de la haine de soi ? Et si nous sommes les mêmes et que nous aimons l’autre, n’est-ce pas du narcissisme ?
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