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Citations de Marie Pontacq (21)


- on ne tire pas l'eau de ces puits-là.
- Ah bon ? Comment fait-on ?
- On descend la chercher.
- Tu veux dire qu'on utilise ces marches pour aller puiser l'eau au fond ? Mais il n'y a pas de rampe. On risque de glisser !
Babu inclina la tête, goguenard.
- Ouais, ça arrive. Il y a parfois des gens qui tombent dans les puits. Que faire ? C'est leur karma.
- Leur karma ? Eh bien, j'espère que ce n'est pas le tien ! Prends ce seau et descends.
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Il aurait fallu crier plus fort, mais elle n’osait pas, craignant d’alerter quelque bête sauvage. Déjà sur son passage, les oiseaux se taisaient. Elle entendait craqueter sous ses pas des choses informes. Élodée connaissait la déroutante capacité de certains insectes à se fondre dans leur environnement. « Regardez où vous mettez les pieds lorsque vous descendez du palanquin ! » Ainsi les morigénait autrefois leur aya ! Mais ici le danger ne venait pas seulement du sol, il pouvait jaillir de partout, du haut des arbres, du cœur des buissons étoilés de fleurs. Dans ce parc sublime, le danger côtoyait la beauté à chaque pas. Tout y était trop coloré, trop parfumé, trop luxuriant. On sentait que la végétation avait échappé à la main de l’homme et que la nature avait repris le dessus - mais la nature tropicale, avec sa folie, ses excès, ses débordements de sucs vénéneux.
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Elle montra à son amie une statue à quatre bras nichée dans un renfoncement de pierre.
C'était une jolie déesse,vraiment. Assise sur un trône de lotus où luisaient encore quelques écailles de peinture dorée, elle était enroulée dans une pièce d'étoffe rouge et serrait une tige entre ses doigts.
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Dora songea à sa salle de bains confortable, là-bas en Bretagne. Plus jamais elle n'ouvrirait le robinet le matin sans penser à cette petite porteuse d'eau du bout du monde qui se levait à 4 h pour aller faire la queue à l'unique pompe du village...
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Elle n'avait pas assez de ses deux yeux pour tout voir:les marchandes de fruits derrière leurs étals ,les temples bariolés,les hommes étendus à même le trottoir,et les petites filles qui jouaient dans le caniveau,avec des grappes de jasmin dans les cheveux.

Trop de gens,trop de couleurs.Même à travers les vitres ,on entendait la musique nasillarde des haut-parleurs fixés dans les arbres.Les coups de klaxon résonnaient de tous les cotés et elle se demanda comment Iélumalaï arrivait à conduire avec tant de maestria dans l’invraisemblable cohue de voitures, motos,chèvres et enfants qui encombraient le milieu de la route.A un moment,la voiture fit un écart pour éviter une vache occupée à brouter un sac en plastique sur la chaussée.

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- Allez, disait-il, plonge la tête, n'aie pas peur de boire la tasse, je te tiens. L'eau ne peut pas te faire de mal, elle est en toi comme tu fais partie d'elle, va, plonge.
Je l’écoutais, je le faisais, je manquais d'étouffer, le monde noir se constellait d'angoisse avant de se recomposer dans la douceur, je suivais ses instructions, agitais les bras, me retournais sur le dos, faisais la planche.
Il m'apprit à nager comme il m'avait réappris à parler. Avec lui, j'ai cessé d'avoir peur de l'eau, des mots. Il a été mon professeur, mon père et jamais mon amant, il a été mon amant au-delà de l'amour.
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La Vltava est une rivière, elle se jette dans l'Elbe, c'est à cet autre fleuve qu'elle confie son destin de mer. La Vltava ne va pas plus loin que cette jonction d'eaux, le vent qui la rebrousse n'a jamais l'odeur saline qu'ont parfois les fleuves à estuaire, la Loire ou la Garonne à Bordeaux. Marcher sur ses bords, ce n'est pas aspirer au large mais au retour, à l'exploration de soi par les veines, le sang, les rivières intérieures.
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Les bras tintant de bracelets ,l'arc de canne à sucre rouge dans l'une de ses quatre mains et le tilak vermeil au milieu du front,la déesse descendait de son trône!! Elle passa à coté de Dora ,qui sentit un léger déplacement d'air et perçut un froufrou de soie quand le sari rouge effleura sa tête.

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Elles levèrent les yeux, instinctivement, vers le ciel pâli par l'approche de l'aube. Jamais de leur vie elles ne s'étaient senties aussi seules, aussi désemparées.
- Qu'est-ce qu'on va faire? murmura Rose. Ça veut dire que le siège va commencer. Ils vont fermer les portes de la ville. Cette fois, il n'y aura vraiment plus rien à manger.
Un troisième coup de canon ponctua la phrase. Élodée n'hésita plus.
- Si tu veux mon avis, il faut déguerpir d'ici. Et vite!
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- Qu'est-ce que c'est ?
La petite indienne lui jeta une regard étonné.
- Tu vois bien, ce sont des poupées anciennes. Ici, on les appelle des "marapachis".
Dora prit une des figurines et l'examina avec surprise. Bien que finement sculptée, la poupée n'avait pas les membres articulés et son corps reposait sur un socle en bois. Un chiffon était enroulé autour de son corps en guise de sari et une natte pendait dans son dos.
- C'est très doux, observa-t-elle en caressant la petite crinière. C'est de la soie ?
- Oh, non, ce sont de vrais cheveux, précisa Savitri avec fierté.
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Plus jamais elle n'ouvrirait le robinet le matin sans penser à cette petite porteuse d'eau du bout du monde qui se levait à 4h pour aller faire la queue à l'unique pompe du village.

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C'est ma mère. On ne s'est pas choisies, on s'est rencontrées par hasard, dans les abîmes de son ventre, un jour où elle n'avait pas fait attention.
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Emily, incapable d'articuler un mot, ne put qu'enlacer ses doigts aux siens. L'espace d'un instant, elle fixa leurs mains liées. La fine main brune dans la petite main blanche.
Frère et sœur, toujours.
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Sur le Novy Most, most slovenskeho povstania, le pont du soulèvement national slovaque, j'ai embrassé le visage de Sol, il était glacé, le froid lui figeait les lèvres et la neige poudrait son bonnet, elle était une princesse oubliée quelque part dans le palais du temps, j'étais l'homme qui ne saurait pas la réveiller, la rendre à la vie, mais ces instants passés là près d'elle, je savais que je ne les regretterais pas, ils ne me disaient pas ce que j'étais ni pourquoi j'étais au monde, rien ne me le dirait jamais, mais ils battaient, ils étaient là, c'est cela qu'on nous avait donné, ce point immobile, cette fixité contre tous les passages. Du temps, du fleuve.
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C'était vraiment un superbe jardin, avec sa profusion d'arbustes et ses arbres géants, dont la canopée, à certains endroits, laissait à peine filtrer le soleil - manguiers, champas étoilés de fleurs blanches, margousiers, et tout au centre, cet énorme banyan où jacassait une armée de perruches... Toutes les essences tropicales semblaient avoir été réunies en ce lieu par un jardinier amoureux des arbres. Seulement il n'y avait pas de jardinier!
Ce mystère troublait Elodée.
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Ses narines palpitaient depuis leur descente d'avion.

-Dis,tu ne trouves pas que ça sent bizarre?

Elle n'aurait su définir l'odeur.Pastèque trop mure? Détritus? Huile de rose? un peu de tout à la fois...

Max avait souri

-ça c'est le parfum de l'Inde

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Emily revoyait tout, elle n'avait même pas besoin de fermer les yeux pour cela, tant ce paysage l'habitait pour toujours: le lac de la Perle qui traverse la ville, comme un croissant de lune tombé du ciel, les manguiers aux feuilles luisantes, les champs de pavots étoilés de fleurs blanches. Où était le bungalow où elle avait vu le jour? Où étaient les douces mains sombres de son aya, qui l'avaient tant bercée quand elle était petite?
- Oh, Malati, où es-tu? chuchota-t-elle, la gorge serrée. Jamais je ne m'habituerai à ton absence!
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Pour elle, tout était parti de là, de ce soir où personne ne s’était relevé quand elle avait crié dans son sommeil, parce que tout le monde dormait profond, abruti par le deuil, et que celle qui ne sommeillait jamais que d’un côté, l’oreille attentive aux gémissements de ses petits, à leurs maux de ventre et à leurs douleurs d’âme, n’était plus là pour écouter. Et son chagrin à elle, Maria, ne serait plus jamais consolé par personne, il resterait en elle à l’étouffer – ça pèse, dirait-elle plus tard, les chagrins d’enfant, et même ça s’alourdit avec le temps, tellement qu’au bout c’est ça qui te tue, plus que les exils, les épreuves et les guerres. On ne va loin que si on a été aimé au début, petite. Si ça commence par un désert, tu as froid toute ta vie.
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Marie Pontacq
Elle a arrangé ses cheveux devant le miroir avant de remettre son bonnet.
Moi, je regardais le Danube.
Maria adolescente avait nagé dans ses eaux.
Avec cet amour du monde.
Cette fièvre.
Ces yeux fermés offerts au soleil.
Cet élan d'elle, vers un bonheur qui ne lui a pas été donné.
Maria se tait maintenant.
C'est l'eau qui bruisse, chantonne.
De l'avoir en elle, de la contenir.
Le Danube a gagné, il n'y a plus que lui qui reste. C'est toujours les fleuves qui gagnent, en fin de compte.
Eux, ils ont la mer au bout.
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