Découvrez la présentation de nos titres "Idées & Savoirs" à paraître à l'automne.
Frédéric Lenoir, "Un chemin vers soi avec Jung"
Roger-Pol Droit, "Un voyage dans les philosophies du monde"
Ysé Tardan-Masquelier, "Yoga, l'encyclopédie"
Abdennour Bidar, "Génie de la France"
Brian Fagan et Nadia Durrani, "Une histoire horizontale de l'humanité"
Frédéric Ferney et Jean-Jacques Vincensini, "Eros, l'encre du désir"
Irvin D. Yalom et Marilyne Yalom, "Une question de mort et de vie"
Elsa Godart, "En finir avec la culpabilisation sociale"
Frédéric Gros, "La honte est un sentiment révolutionnaire"
Quelles que soient nos réserves sur les théories freudiennes concernant les seins, nous devons leur accorder d'avoir uni deux branches majeures de l'histoire de la poitrine en un paradigme psychologique puissant : la poitrine maternelle et la poitrine érotique ne font plus qu'une.
La poitrine érotique fut en grande partie bannie de la littérature, sauf sous forme cachée, comme c'est évident dans les poèmes du très prude victorien Alfred lord Tennyson. Chaque fois que le mot en "s" était directement utilisé dans les poèmes de Tennyson, il annonçait toujours une catastrophe. [...] A l'inverse, la bonne poitrine est la poitrine allaitante. En Angleterre et aux Etats-unis, comme en France et en Europe du Nord, les mères n'avaient pas honte d'être vues chez elle en train d'allaiter leur bébé ; de fait, il était admis d'allaiter dans les lieux publics(...)
Les fonctions maternelles et érotiques des seins assumèrent une signification particulière pour toute une génération de soldats pendant la guerre et longtemps après, quand ils revinrent à la "normalité".
Les Amazones sont considérées comme des monstres, des mégères, des femmes contre nature qui se sont appropriées à tort le rôle guerrier dévolu aux hommes. Le sein manquant crée une asymétrie terrifiante : un sein est conservé pour nourrir la future petite fille, l'autre est ôté pour faciliter un acte de violence contre les hommes.
Une explication mythologique de la Voie lactée, par exemple, était liée aux seins d'Héra : on croyait que les mortels pouvaient devenir immortels s'ils tétaient le sein de la reine des déesses. Quand Zeus voulut que son fils Hercule - dont la mère était la mortelle Alcmène - soit immortel, il le déposa discrètement au sein de son épouse endormie. Mais Hercule téta avec une trop grande vigueur et, se réveillant, Héra se rendit compte qu'il n'était pas son propre enfant. Indignée, elle lui retira son sein avec une telle force que du lait jaillit dans les cieux, créant la Voie lactée. Hercule, qui avait bu le lait d'Héra, devint donc un dieu immortel.
Le mythe des Amazones apparut dans l'histoire attestée à une époque où les déesses de la fertilité étaient remplacées par les dieux phalliques. Peut-être l'Amazone recèle-t-elle des restes des déités féminines antérieures, dorénavant mutilées et modifiées pour convenir au règne du phallus.
Dépeintes en art en train de combattre leurs ennemis grecs traditionnels, les Amazones avaient souvent un sein nu et l'autre caché sous leur vêtement drapé. Dans l'imagination grecque, les Amazones représentent les forces destructrices libérées quand les femmes abandonnent leur rôle de mères nourricières des hommes, et s'approprient des attributs virils.
Pendant tout le 20è siècle, les seins des femmes ont été politisés par divers gouvernements pour diverses causes, en particulier en temps de guerre.
Lait de vache pour les pauvres, nourrice pour les femmes bien nées -les inégalités commençaient dès la première goutte de lait !