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Critiques de Marion Brunet (1208)
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L'été circulaire

Céline, 16 ans , un peu naïve, un peu perdue tombe enceinte ; non elle ne dira pas qui est le père.

Il est questions de vie modeste, de sentiment d'enfermement, de racisme ordinaire, d'amitié d'enfance, d'alcoolisme, des luttes des classes et d'une solitude abyssale.

Alors non ce n'est pas un polar ; c'est un drame social.

L'écriture et le rythme rendent parfaitement la chaleur de cet été-là et du drame annoncé.

C'est noir, c'est désespérant mais c'est aussi l'histoire d'une formidable solidarité entre sœurs.

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L'été circulaire

La roue de la Tarentule tourne comme l'été circulaire que nous présente Marion Brunet !

Une étude sociale sur le quotidien morne d'une petite ville du Vaucluse avec une jeunesse désabusée, des adultes qui le sont tout autant, dans un monde uniformisé et sans espérance !

Il faut noter que l'auteur est originaire du département et en décrit avec beaucoup de justesse les contours mais aussi les mentalités, elle y a été éducatrice spécialisée dans un foyer d'accueil et connait la psychologie des ados !

Le roman commence par un coup de " paluche" sur la gueule envoyé par le père de Céline ! C'est Manuel : un maçon costaud, impulsif, violent , branché sur la "picole" qui vient d'apprendre que sa fille chérie : Céline ( 16 ans ) est enceinte mais sa rage, sa haine, son agressivité vont décupler avec le fait qu'elle ne veut pas avouer le nom du père ! Séverine , la maman a depuis longtemps renonçé à l'éducation de ses filles, de plus elle aussi, était une fille mère et c'est Manuel le petit fils de réfugié espagnol qui l'a cependant épousée ! Mais, elle appartient à une famille aisée de propriétaires terriens qui cultivent les fruits, la vigne et emploie des saisonniers de différentes nationalités souvent " au noir " !

Céline a 16 ans : elle est "sexy", aime plaire aux mâles du village et Jo, sa cadette aux yeux vairons est plus indépendante, plus revèche et veut fuir après la fin de ses études ! En attendant, pour passer le temps: elles trainent dans les fêtes foraines, les centres commerciaux et, nuitamment dans les piscines des villas de "bourges" parisiens !

Le Vaucluse est très apprécié pour son calme, ses sites , ses marchés et ses brocantes qui s'étalent sur plusieurs mois !

Manuel n'arrivant pas à boucler ses fins de mois difficiles, même avec le petit salaire de Séverine qui est cantinière à l'école du village va vendre avec Saïd, ( " le bicot " aux Ray-Ban, employé du grand père ) des babioles volées à des antiquaires ! Pascal son ami de toujours, découvre cette magouille et pourquoi Saïd, qui a un "béguin" pour Jo roule avec une grosse cylindrée !

Tous les ingrédients sont prêts pour que le pire arrive ! ! !

Roman sombre sous un soleil écrasant et une chaleur torride avec des relents de racisme ! Roman social dur avec une analyse fine des personnages qui subissent, comme dans un drame grec un destin inéluctable !

L.C polar de Mars 2021.
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Sans foi ni loi

Ce fut ma foi une bonne lecture mais sans pour autant être percutante. Il m'a manqué de l'intensité dans le récit, et c'est ce que j'attends d'un bon western. Surement est-ce dû au fait qu'il est destiné à un public jeune ado. En tout cas un bon livre pour leur introduire ce genre peu exploité. J'ai aimé l'absence de manichéisme, la force de la protagoniste, et les sujets sociétaux bien relatés.
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Vanda

Vanda offre à son fils une vie de bohème : ils habitent un logement sommaire sur une plage. A la fois possessive et laxiste, elle vit par et pour son 'bulot', entre bacchanales insouciantes en bord de mer et corvées insoutenables d'un travail de misère en EHPAD.

Mais dans cet équilibre précaire surgit le père qui apprend tardivement sa paternité et se découvre un attachement inattendu à ce fils inconnu jusqu'à lors.

L'auteure nous plonge dans un décor rude sans concession tout en nous ouvrant des coins de paradis éphémère qui permettent de vivre quand même, envers et contre tout, dans cet univers impitoyable.

Un roman qui se déroule facilement, tout en épargnant rien.

Un bon moment de lecture.
Lien : https://partagerlecture.blog..
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L'été circulaire

Dans cette petite bourgade du Midi, tout le monde se connaît pour le meilleur, et pour le pire...

Patrick et Valérie, Manuel et Séverine, y ont grandi.

L'amitié entre les deux hommes a rapproché celles qui sont devenues leurs épouses. Tandis que Patrick et Valérie n'ont pas réussi à avoir d'enfant, Manuel et Séverine ont donné naissance à deux filles : Céline et Johanna, aujourd'hui adolescentes. Les deux couples ont en commun des métiers et une vie difficiles, et le fait de vivre au jour le jour. Pour les adolescentes, les perspectives ne sont pas brillantes non plus.



Ce livre m'a fait penser à 'D'acier' de Silvia Avallone pour la fresque sociale, au 'Paradoxe d'Anderson' de Pascal Manoukian pour l'ambiance glauque, et à des récits de Jean Teulé pour la qualité de l'écriture.

En moins de 250 pages, l'auteure parvient à dresser des portraits justes et vivants de ses personnages et à nous faire ressentir l'atmosphère parfois nauséabonde de ce village (racisme ambiant). Et l'intrigue n'est pas en reste.



Un très bon roman noir social.
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Nos armes

Un plaisir de lecture exceptionnel!

Marion Brunet dépeint avec brio

une jeunesse en rupture,assoiffée de justice .

révoltée jusqu'à l'os , qui veut en découdre,

réparer les inégalités, affronter

et faire tomber le pouvoir en place.

L'écriture est percutante, on avance

dans le drame sans aucun temps mort.

Le portrait d' Axelle, fille de flic est ciselé,

sa force, sa détermination ,

le grand vide qui l'habite

son amour absolu pour Mano...

Une attaque de banque à la Robin des bois,

des morts, des alliances, des chagrins XXL

des trahisons, la justice, la prison

La vie dehors, la vie dedans...

L'auteure excelle dans ses portraits

d'une jeunesse rebelle, en quête d'absolu

qui refuse les contradictions de notre société .



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Plein gris

Clarence, Emma, Sam, Elise et Victor sont inséparables. Le 1 er est le leader incontesté de la bande d’amis, les autres boivent ses paroles sans discuter sauf Victor : arrivé un peu plus tard dans la bande, il a parfois un avis différent de celui de Clarence, qui, en retour, lui lance des piques.

Victor, contrairement aux quatre autres, n’est pas un navigateur aguerri, ce qui ne l’empêche pas de suivre ses camarades qui veulent traverser la Manche jusqu’en Irlande.



Le voyage va virer au cauchemar lorsque le corps de Clarence est découvert noyé près du voilier. C’est un drame, d’autant qu’une tempête historique s’annonce et que les 4 rescapés ne pourront pas rentrer au port à temps.

A partir de ce postulat, Marion Brunet va construire 1 chapitre sur 2 en forme de flashback dont le but est de comprendre la mort de Clarence qui n’est a priori pas accidentelle. La psychologie du personnage est d’ailleurs intéressante, tout comme avoir choisi un narrateur interne (Emma). Tout au long du livre, les secrets et rancœurs des uns et des autres vont refaire surface jusqu’au dénouement. Il y a un côté catastrophe moyennement crédible et j’ai été gênée par le vocabulaire marin que je ne connais pas, des notes de bas de page ou un dessin de bateau avec légendes auraient été les bienvenues. Mais le livre se lit bien malgré cela. A recommander aux ados qui aiment la mer, l’amitié et le suspens.

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Sans foi ni loi

Notre narrateur est pris en otage par une femme fatale, je crois que le terme approprié serait une amazone, habillée comme un homme, flingue en main, elle n'hésite pas à braver toute une cohorte d'hommes a sa poursuite...

D'entrée de jeu, le roman nous happé des les premières pages, et on se laisse simplement emporter.....

Curieusement pour Garret , le chemin par lequel sa vie bascule en un instant, au lieu d'être un supplice de plus pour lui, va plutôt s'avérer un chemin de liberté, d'apprentissage, de quête de soi, aussi un moyen pour lui pour dompter son passé... Un roman de jeunesse très émouvant!
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Vanda

Vanda n'est pas un poisson, mais une jeune femme, même si sa mère souhaitait l'appeler Wanda. Et Bulot, comme Vanda appelle son fils, n'est pas un coquillage.

Cette histoire est celle d'une famille monoparentale avec une mère qui s'accroche à son fils comme une bernique à son rocher. Elle le fait par amour ; mais ce qu'elle pense être le mieux pour son fils ne risque-t-il pas de devenir l'ennemi du bien ?



Malgré la tendresse, la tension est permanente dans ce récit.

Malmenée par la vie et par la société, Vanda est à la fois attendrissante et effrayante.



Ce roman social noir témoigne de ce que peut être la vie de certains en France ; ces travailleurs précaires que méprise tant celui qui les louait pourtant pour leur capacité à se lever tôt, ceux que, dans un élan de sincérité il traite de 'pauvre(s) con(s)' du haut de ses complexes et de ses grands talons.

Celui-ci, ce n'est pas dans une cabane en bord de mer comme celle qu'occupent Vanda et son fils que beaucoup aimeraient le savoir, mais dans la petite pension complète qu'il mérite amplement, même s'il y vivrait probablement comme un poisson dans l'eau...



A l'approche du premier avril, ma plume vire à l'écaille !
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Sans foi ni loi

Un beau western écrit par une française! Cela se passe dans le Wyoming dans les années 20 (1920). L'histoire est racontée dix ans plus tard à la fille d'Abigaël Stenson par celui qu'elle a kidnappé. Elle a tué, volé , elle s'habillait en homme mais vivait libre. Garett d'abord kidnappé, sera séduit par cette femme au caractère bien trempé. A ses côtés, il découvrira la ville, un saloon, des prostituées, des hommes violents mais aussi l'amour et l'amitié. Ab portait des éperons d'or que Garett se battra pour les récupérer et les rendre à sa fille.

Les personnages sont attachants, surtout Garett, le narrateur; les aventures sont multiples et se suivent avec un rythme rapide.

Une lecture passionnante même si elle est d'abord destinée aux ados, les adultes y prendront grand plaisir
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Vanda

Vanda a vue sur la Méditerranée… Plus exactement le cabanon vétuste dans lequel vit Vanda s'ouvre sur la Méditerranée dans laquelle elle plonge pour oublier un quotidien douloureux : un boulot précaire et mal payé de femme de ménage dans un hôpital psychiatrique, un logement décrépi et sans fenêtres qui ressemble à tout sauf à un vrai logement, une voiture en fin de vie qui menace à tout moment de la laisser en rade sur le bord de la route…

À cela s'ajoute le retour inattendu d'un homme qu'elle connaît bien, qu'elle a aimé, il y a sept ans, autant dire dans une autre vie, et qu'elle a perdu de vue. C'est du passé tout ça… Et le voir revenir là où elle vit, à Marseille, la rend mal à l'aise...

Il veut boire un verre avec elle. Elle n'est pas plus emballée que ça. De l'eau a coulé sous les ponts depuis ce temps-là. Elle a tourné la page et lui d'ailleurs s'est trouvé une petite Parisienne avec qui il vit. Alors à quoi bon se revoir ? Pour dire quoi ? Elle finit par accepter, pour être sympa. Elle a appris qu'il était là pour l'enterrement de sa mère. Elle est devant lui maintenant et boit son coca. Ils n'ont pas grand-chose à se dire. Elle s'en doutait. La conversation patine autour de deux trois banalités.

Et puis, tout à coup : 

« - J'imagine que tu veux voir Noé ?

- Qui ?

- Ton fils. »

Vanda est l'histoire de cette femme marginale qui a élevé seule son enfant, luttant chaque jour parce que le quotidien n'est pas réjouissant et qu'une galère en appelle forcément une autre… Ça s'appelle la loi des séries… Accumulant ici et là des petits boulots mal payés, des fins de mois impossibles, des emmerdes, des errances, elle se bat bec et ongles pour protéger son enfant et sa liberté… Une vraie tigresse qui gueule sans cesse, résiste comme elle peut, se débat dans un monde étriqué, normé, injuste, bref pas fait pour elle.

Mais Vanda, c'est aussi l'histoire de Simon, ce père qui ne savait pas qu'il était père et qui comprend, en même temps qu'il fait la connaissance de son fils, qu'au fond, sa vie parisienne n'a pas beaucoup de sens, qu'il s'est leurré et a peut-être fait fausse route. Son malaise est profond, violent, douloureux. Après avoir réglé les affaires de sa mère, il doit rentrer à Paris. Pourtant, il reste. Retourne voir Vanda. Voir son fils.

Et Vanda n'en peut plus de cet homme qui s'immisce chaque jour davantage dans sa vie, sa vie à deux, avec Noé.

Marion Brunet a incontestablement une écriture qui cogne, heurte, fait mal. La phrase est rythmée, heurtée. Elle mime un réel violent, douloureux, fait de coups et de chocs, de querelles et de malentendus. Et le lecteur est saisi, accroche, craint le pire pour cette femme prise au piège dans un monde cruel et impitoyable pour les petits, les laissés-pour-compte, ceux qui tentent de maintenir leur tête hors de l'eau parce qu'ils ne savent pas nager et refusent de couler. Vanda est de ce monde. À chaque pas de côté (et ils sont nombreux), ivre de colère, emportée par la fureur, elle frôle le ravin, le sait, mais, la peur au ventre et la rage au coeur, elle continue à longer le bord, comme pour jouer avec une vie qui ne lui fait pas de cadeau. Elle est tragique, Vanda, et l'on sent qu'à tout moment, sa vie peut définitivement basculer...

Un texte brutal, acéré, puissant qui traduit bien le côté animal et instinctif de Vanda, la sauvagerie dont elle est capable lorsque l'on s'approche de ce fils dont elle est folle d'amour…

Même si c'est son père…

La dimension sociale, engagée, du roman fait sans cesse référence à l'actualité : gilets jaunes, précarité de l'emploi, souffrances de l'hôpital public… La crise est là et Vanda en est la victime… D'aucuns diraient qu'elle l'a cherché et qu'au fond, tout est de sa faute. Peut-être un peu aussi…

Un roman intense et glacial, reflet du monde terrible qui est le nôtre...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Sans foi ni loi

amoureux des westerns je suis tombé sur( sans foi ni loi ) au salon du livre.

un peut curieux, j'ai voulu voir se que pouvais donné un western écris par une femme.mais que les féministes ne me traite pas de gros macho , il y a bien des auteures qui écrivent de bon polars.

et puis je connaissais pas Marion brunet.

mais revenons-en au livre.

une bonne histoire, avec tout les ingrédients du genre, les poursuites,

les duels, la prostituée au grand Coeur.

le méchant chasseur de prime, et une héroïne attachante.

mais c'est aussi un roman qui percute les genres et prône un salutaire combat pour l, émancipation.

ab ( Abigail) stetson une hors la loi,

pilleuse de banque, pour offrir un avenir meilleur a sa fille ( Pearl, 5 ans) dont la tête est mise à prix. après un braquage,

va prendre en otage Gareth un adolescent de 16 ans, fils d'un pasteur violet. au cours de leur périple a travers

l, ouest américain, l, un apprendra beaucoup de l, autre et vice versa.

Gareth va découvrir la liberté et l, amour avec jenny seize ans comme lui, prostituée au grand Coeur qui s. occupe de Pearl. mais il y a Jefferson un chasseur de prime. qui traque ab.

finalement un très bon western. il y a de l,

action, du suspense , de la romance.

une pépite d,or je dirais même si finalement logique pour un western.

et je lire d, autre livres 📚 de Marion brunet. 👍
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Sans foi ni loi

Ab. Stenson se réfugie dans une ferme suite à un hold-up. C'était sans compter sur la présence de Garett, jeune ados de 16 ans, terrifié.

Lorsque le shérif débarque, la hors-la-loi, n'a d'autre choix que de le kidnapper. Les jours passant son enlèvement, les liens changent, Les choix et les obligations changent. Un destin se forge.



Ce roman est une leçon de liberté, de la forge d'un homme, d'amitié. Un voyage au far-west, parmi les bandits, les shérifs, les saloons...

Roman pour les ados en quête de liberté, d'évasion et de personnage avec du caractère.

Belle découverte de la rentré littéraire et de l'auteur Marion Brunet, mais je n'étais pas la cible pour ce roman.
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Nos armes

Et puis il y a Marion Brunet qui nous saisit avec des textes ciselés d'une intensité peu commune en interpellant tout d'abord les adolescents sur les thèmes de l'homophobie avec un roman comme Frangines édité chez Sarbacane tout comme ses livres destinés aux jeunes enfants en abordant notamment le sujet de l'exclusion avec une série mettant en scène un ogre et deux jeunes orphelins. La justesse des récits trouve peut-être son origine dans le fait que la romancière a tout d'abord travaillé dans différentes structures sociales et médicales en lien avec la jeunesse avant de se lancer dans l'écriture et qu'elle s'est sans nul doute imprégnée de cette sensibilité si particulière. Mais cette expérience professionnelle ne saurait occulter le travail et le soin apporté à cette écriture sublime pour mettre en scène de manière si subtile les thèmes sociaux qu'elle aborde sur un registre beaucoup plus sombre avec un premier roman destiné aux adultes tel que L'Eté Circulaire (Albin-Michel 2017) qui obtient le Grand Prix De La Littérature Policière en 2018 pour ce récit s'articulant autour de deux adolescentes évoluant dans la zone périurbaine sans charme d'une localité quelconque du Midi jusqu'à ce qu'un drame survienne en bouleversant leur existence. Même s'il n'est pas estampillé comme tel, il s'agit de l'essence même du roman noir avec un récit dérangeant, suscitant le trouble tout en nous interrogeant sur ces dysfonctionnements d'une société de la classe moyenne dont certains membres vont déverser leur rage et leur frustration sur des individus en situation beaucoup plus précaire ne répondant pas aux canons de leurs normes sociales. Dans cette chaleur omniprésente, avec cette sensation de tourner en rond, comme enfermé dans une cage sociale inextricable, il émane cette sorte de déterminisme qui nous rappelle d'ailleurs les grands romans de Camus comme L'Etranger (Gallimard 1972). Peut-il en être autrement avec Vanda (Albin-Michel 2020) où l'on observe le parcours de cette jeune mère un peu paumée qui élève seul son petit garçon tandis que son compagnon d'autrefois apprend incidemment son statut de père ? La tragédie sociale est une nouvelle fois sous-jacente au sein de cette cellule familiale chancelante dont la romancière dissèque les ressentis de chacun avec cette remarquable acuité qui rejaillit tout au long de l'intrigue. On retrouve tout cela dans Nos Armes, nouveau roman de Marion Brunet qui prend l’allure d’une fresque contemporaine s’étalant sur près de trois décennies en évoquant cette révolte de jeunes adultes et plus particulièrement de deux femmes refusant cet ordre mondial qu'on leur impose et des conséquences résultant de leur lutte armée dans laquelle elles se sont engagées.



En 1995, alors que la révolte gronde dans les villes de France face aux nouvelles mesures du gouvernement, Mano et Axelle se rencontrent au sein d'un groupe de jeunes aussi soudés qu'exaltés qui pensent que l'on peut changer cet ordre social aussi abject que désuet. Dans cette effervescence de l'indignation et de la rébellion, émerge l'esquisse d'un amour passionné entre les deux jeunes femmes s'engageant avec leurs camarades dans le début d'une lutte armée virant au drame, au détour de ce braquage d'une banque qui tourne au carnage. Après avoir abattu un policier, Axelle écope d'une lourde peine de prison tandis que Mano parvient à s'enfuir sans jamais être inquiétée par la suite. Mais 25 ans plus tard, alors qu'elle s'est retirée dans un coin de campagne isolé en occupant une modeste caravane, Mano apprend qu'une femme est à sa recherche en arpentant la région. Entre espoir de retrouvailles ou solde de tout compte à la suite de cette tragédie, il est temps de se remémorer les aléas de ces destins définitivement fracturés.



S’étalant sur une trentaine d’années pour s’achever aux portes de notre époque, Marion Brunet se joue habilement des temporalités, sans jamais nous perdre d’ailleurs, pour alimenter la tension et l’enjeu qui tourne autour des retrouvailles entre Mano et Axelle et des circonstances dans lesquelles elles vont se dérouler alors que l’une a pu s’enfuir et bénéficier de la liberté tandis que l’autre a purgé une peine de prison de 25 ans après avoir abattu un policier lors d’un braquage qu’elles ont commis ensemble durant la brève période où leur militantisme a tourné à la lutte armée pour défendre leurs convictions. Sur ce sujet délicat de la colère et de la violence qui en découle, dévorant une jeunesse indignée, la romancière construit un récit intimiste autour de cette passion amoureuse animant ces deux jeunes femmes dont on découvre en alternance, les parcours de vie se déclinant à la troisième personne pour Mano alors que l’enfermement d’Axelle se conjuguera sur un « je » beaucoup plus intériorisé ne faisant que souligner l’atmosphère lourde de cet univers carcéral si bien dépeint. Autour de sujets si graves et parfois extrêmement sombres, Marion Brunet a cette capacité incroyable de distiller des scènes lumineuses, imprégnées d’une émotion intense à l’instar de ces rapports qu’Axelle entretient avec son grand-père durant son enfance et qui rejaillissent lorsque celui-ci vient lui rendre visite en prison ainsi que cette permission qui lui est accordée pour se rendre à l’enterrement de son père qu’elle n’a plus jamais revu après son procès. C’est bien là que réside le talent de Marion Brunet avec cette capacité d’animer l’ensemble de ses personnages en injectant cette étincelle d’humanité qui rejaillit continuellement et plus particulièrement du côté de Mano qui semble comme encombrée de cette liberté dont elle ne sait que faire et qui se traduit par l’errance, l’incertitude et le désarroi parfois de ne pas être à la bonne place jusqu’à cet instant de grâce où elle échoue dans une ville fantôme pour contempler la beauté de deux océans qui se rencontrent en lui permettant de se retrouver quelque peu. Il va de soi que l’ensemble du texte est imprégné d’un sens politique, au sens large du terme, parfaitement assumé qui ne vire pourtant jamais au pamphlet tout en se dispensant d’un quelconque jugement, ce qui fait de Nos Armes un récit salutaire qui nous interroge en permanence sur nos rapports avec les autres en s’adressant aux jeunes bien évidemment, mais qui touchera également ces parents que nous sommes et qui cherchent à comprendre ce qui anime leurs enfants essayant de trouver leur place au sein d’un monde aussi complexe que dysfonctionnel.





Marion Brunet : Nos Armes. Editions Albin Michel 2024.



A lire en écoutant : Where the Wild Roses Grow de Nick Cave and The Bad Seeds (feat. Kylie Minogue). Album : Murder Ballads. 2011 Mute Records Ltd
Lien : http://www.monromannoiretbie..
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L'été circulaire

Un été chaud comme il sait l’être dans le sud, et l’ennui que l’on traîne. C’est le quotidien de Johanna et de sa sœur Céline qui vivent dans un lotissement de la banlieue populaire de Cavaillon. Ce pourrait être un été comme les autres s’il n’y avait la grossesse de Céline, à peine 16 ans. Le père a frappé, la mère la traite de garce, mais la gamine refuse de donner le nom du père.

Toute l’histoire part de là, de cet homme qui a fait un môme à une gamine qui se prend pour une femme. Et si c’était Saïd, le beau gosse serviable qui aime les belles bagnoles ? Le racisme ordinaire s’expose sans honte, et en famille on remâche les vieilles idéologies sur les « bougnoules ».

Les personnages sont campés et le lecteur se perd en conjectures tandis que les parents et leurs amis s’inventent des vies heureuses, sans dettes et sans soucis. Mais il faut trimer dans des boulots peu valorisants où l’on vous humilie.

De cette situation sociale Marion Brunet a su tirer un roman noir qui montre les illusions déçues et la pauvreté des relations affectives. Les personnages s’engluent dans leur vie merdique, et plus ils essaient de changer les choses, plus ils s’enfoncent. Heureusement qu’il y a l’alcool pour pailleter un peu la vie.

Le drame couve, c’est sombre et ça ne va pas s’arranger.

Finalement, la naissance de cet enfant illégitime va peut-être laisser la place à un peu d’espoir. Et puis il y a les rêves de Johanna, la seule, peut-être, à se donner les moyens d’éviter cette vie programmée.

L’écriture, sans fioriture, de Marion Brunet, est tendue. Elle sait décrire les relations d’une famille à bout de souffle et cette rage qui monte peu à peu.

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Vanda

Vanda survit avec son fils Noé, 6 ans, son petit bulot, dans un cabanon, elle voudrait être une mère douce comme les autres. Elle traîne dans les bistrots avec des boiteux de la réussite, des galériens comme elle. Dans le bar, elle l'a reconnu tout de suite, Simon, sept ans qu'elle ne l'avait pas revu. Une envie irrésistible, ils s'étaient aimé comme des morts la faim. La vie de Vanda est comme un château de cartes et elle n'est pas sûre de résister aux rafales que le retour de Simon annonce.



Avec son écriture réaliste Marion Brunet nous dresse le portrait d'une jeune femme paumée, de celles qui comptent pour rien ou pas grand-chose. Elle est de ces gens dont on dirait qu'ils sont nés adultes. Habituée depuis son enfance à faire le coup de poing pour défendre la vertu de sa mère qui ne savait réfléchir qu'avec son cul.



Le portrait poignant d'une mère louve protégeant son fils contre les cauchemars de fin du monde qui hantent ses nuits. Une tendresse sauvage, ils sont deux contre tous. Sa seule famille ce sont des copains, des ivrognes avec qui elle partage un joint et des bières, des gens avec qui elle rit sans en avoir vraiment envie.



Et puis il y a Simon revenu pour l'enterrement de sa mère, son départ pour Paris était une forme de fuite. Mais chez lui, c'est ici. À Paris il lutte tout le temps pour avoir l'air de ce qu'il n'est pas. Et ce fils qui lui tombe du ciel.



Comment oublier une fois refermé ce magnifique roman, les yeux de Noé, qui s'accroche à sa mère comme un bulot sur son rocher. C'est un roman très actuel, un drame moderne, un véritable coup de poing.

Un grand merci aux éditions Albin Michel et à Babelio pour cette belle découverte.



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L'été circulaire

Dès la première page de ce roman, le ton est donné. Violence familiale, incompréhension et impossibilité de communiquer en famille. Céline, 16 ans, est enceinte, mais malgré les arguments "persuasifs " de son père, elle refuse de dire qui est le père de l'enfant, même à sa soeur Johanna, 15 ans, avec laquelle elle partage sa chambre, ses confidences, ses bêtises... Il y aura aussi Saïd, le vieux copain, et puis tous les autres, amis des parents, grands parents, gravitant dans l'existence de Céline et Johanna, nées de parents encore adolescents, vivant sans rêves, gérant leur quotidien avec ennui, désabusés, racistes, parfois haineux. Contrairement à ce qu'indique le bandeau , je n'ai pas reconnu les ingrédients de la " littérature policière" annoncée.Marion Brunet peint ici un été ordinaire, dans le sud de la France, dans la chaleur et le chant lancinant des cigales. Les images sont fortes, le langage cru. C'est vrai.
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L'été circulaire

Quelle claque, ce roman!!! J'en ressors complètement sonnée!

Nous sommes près de Cavaillon, dans le Lubéron. Il fait chaud et les filles se promènent en short très court et débardeur moulant sous les regards affamés des garçons, se trémoussant aux sons de la musique assourdissante de la fête foraine. Qui montera avec qui dans la "Tarentule"?

Jo et Céline, deux sœurs de quinze et seize ans promènent leur beauté insolente des centres commerciaux aux piscines des résidences secondaires inhabitées. Elles trainent avec des garçons pas forcément recommandables pendant que leurs parents triment pour payer la maison. Le père, maçon, n'hésite pas à traficoter à gauche, à droite pour arrondir les fins de mois, et surtout, payer la bibine qui lui permet chaque soir d'oublier les tracas de la vie.

C'est alors qu'un évènement lié à Céline va chambouler la vie de la famille entière…

Pas de pathos dans l'écriture de Marion Brunet. Rien que l'histoire, abrupte, glauque d'une famille désabusée, qui vient d'un milieu où l'on ne sait plus éduquer ses enfants ni prendre ses responsabilités parce qu'il y a trop d'autres soucis à gérer.

Oui, une grande claque, et une auteure à suivre.



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Dans le désordre

Lors d'une manifestation un peu musclée, Jeanne rencontre Basile, un jeune homme qui vit sa vie au gré des rencontres et de ses envies.



Autour de lui gravite un groupe d'amis qu'il va lui faire partager. Il y a Marc et ses colères contre la société, Tonio et ses blessures sans oublier la rage d'Ali. A cette troupe disparate va s'ajouter un nouveau couple formé par Jules, qui se sent attiré par la terre et Lucie.



A sept ils vont tenter de prolonger la lutte contre une société dans laquelle ils ne se reconnaissent pas. Aux valeurs individualistes ils vont opposer la force de la communauté et des liens que l'on peut tisser entre hommes en dehors de l'argent.



Tous ensemble ils se préparent à la prochaine grande manifestation sans savoir qu'elle va déclencher un véritable cataclysme au sein de leur clan...



Un livre dont je me suis demandée s'il dépeignait la jeunesse d'hier, d'aujourd'hui ou de demain tant les questionnements qui sont portés sont intemporels.



C'est à la grande interrogation sur les fondements même de notre société que l'auteur nous interroge. Pas étonnant qu'elle prenne pour héros des jeunes adultes qui n'ont pas encore été happé par le système mercantile de notre société.



Un propos qui résonne particulièrement suite à une année 2015 riche en événements, de la COP 21 aux attentats. Car c'est de liberté qu'il s'agit avant tout dans ce récit et la question principale est celle de la lutte.



Mais au lieu de nous servir un discours formaté, Marion Brunet nous montre, sans juger, des êtres qui ont leurs faiblesses, leurs moments d'hésitations, leurs doutes. Tous, à un moment de l'histoire vont se demander si le chemin et bien le bon.



Puis les personnages dépassent leurs deuils et leurs frustrations, et l'espoir renaît...

Alors c'est sûr qu'il y aura des sacrifices mais ils sont le prix à payer pour avoir une vie différente, plus humaine !



A lire !
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Nos armes

♟️Chronique♟️



« L’oppression, la violence, c’est toujours une question d’angle, pas vrai? »



Effectivement, il y aura toujours une histoire différente selon l’angle où l’on se place. La violence est partout, omniprésente, effective, mais les mots diffèrent selon qui l’exerce ou qui la subit. Dans ce groupe de jeunes, on fait face à la violence policière, à la violence du déterminisme, à la violence du racisme. Parce qu’ils avaient une soif d’idéal, une faim de liberté, ces jeunes militants se retrouvent à choisir une voie violente pour parer à leurs manques. Le braquage finit mal, la réalité éclate le groupe. Entre ceux qui s’en sortent, et ceux qui plongent, nous, nous restons avec les deux nanas et leurs enfermements respectifs. Une derrière les barreaux. L’autre dans sa culpabilité. Mais l’une et l’autre ne pense qu’à leur histoire d’amour. Mais l’amour peut-il résister au temps, à l’éloignement, au doute? Marion Brunet nous raconte les armes de ces femmes dans la tourmente de leurs sentiments à fleur de peau…



« La souffrance réduit considérablement le monde. Autour de moi, tout s’étrécit, les murs se rapprochent, tout devient inconsistant, sans relief. »



A-t-on idée de ce qu’est vivre enfermée? A-t-on idée de la souffrance d’être sans l’autre? Axelle et Mano sont deux jeunes filles, qui se découvrent. L’attraction est palpable. Elles découvrent l’exaltation, le frisson, le désir. Tout cela emmêlé dans leurs luttes contre les dysfonctionnements de la classe moyenne, avec dans leurs quotidiens, les manifs, les squats, elles iront, corps et âme, engager tout leur être dans cet idéal auquel elles croient. Jusqu’à même partager un amour tendre et sensuel. Leurs séparations forcées, elles vont devoir gérer le manque, la violence, la résignation. Leur amour n’était-il qu’un leurre, ou bien une évidence? Pourquoi ne sont-elles pas côte à côte, dans cette épreuve? Autant de questions qui trouveront leurs réponses dans ces pages, puisque nous avons le plaisir de suivre l’une et l’autre, dans leurs quotidiens. Axelle emploie le pronom « je », très intense, et nous livre l’intimité de l’univers carcéral tandis que Mano, est déterminée par un « elle » plus tendre, et enroule sur elle-même, des murs invisibles même au milieu des grands espaces. Toutes deux sont en souffrance. Une souffrance en miroir d’un enfermement volontaire ou involontaire, mais animé par un espoir commun de libération ou de retrouvailles…



« Elle garde encore la douceur-preuve que tout n’est pas détruit finalement. »



Et c’est ce que je garderais aussi. La douceur. Malgré l’intensité et la violence, c’est sur la douceur que je vais me concentrer pour finir cette chronique. Je voudrais faire un zoom particulier sur la douceur de la plume de Marion Brunet, dire combien elle est venue me cueillir au milieu de ces fracas. Axelle et Mano c’est toutes Nos armes qu’on abaisse pour laisser place à la douceur de leur amour si pur. Nous avions une jeunesse désemparée face à une actualité toujours plus brûlante et discriminante, mais au lieu de les laisser à la marge dans leurs cloaques, Marion Brunet braque de sa lumière si douce, les prémices des premiers amours, nous laissant croire encore à son pouvoir candide et réconfortant. Et puisqu’ils ne réussiront jamais à détruire la douceur, autant hissez haut dans les cœurs, Nos armes!
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