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EAN : 9782253259770
256 pages
Le Livre de Poche (03/04/2019)
3.73/5   702 notes
Résumé :
Fuir leur petite ville du Midi, ses lotissements, son quotidien morne : Jo et Céline, deux soeurs de quinze et seize ans, errent entre fêtes foraines, centres commerciaux et descentes nocturnes dans les piscines des villas cossues de la région. Trop jeunes pour renoncer à leurs rêves et suivre le chemin des parents qui triment pour payer les traites de leur pavillon.
Mais, le temps d'un été, Céline se retrouve au coeur d'un drame qui fait voler en éclats la f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (183) Voir plus Ajouter une critique
3,73

sur 702 notes
Céline la belle, la pulpeuse, la sexy, la « garce » pour ses parents et quelques autres : « Son short en jean coupé si court que le pli de chair entre fesse et cuisse s'ouvrait et se fermait à chaque pas. » (p. 12), car Céline est enceinte, et elle a 16 ans. De qui ? Nul ne le sait. Sauf elle, bien sûr.

Pas même sa soeur, Johanna, « Jo », la « bizarre » aux yeux vairons, taillée comme un fil de fer cachant son corps sous d'amples vêtements. Revêche mais lucide : « elle porte un peu de cette lassitude désespérée qui fait parfois office de maturité » (p. 19). Jo a 15 ans.

Deux soeurs dans la chaleur de cet été caniculaire du Luberon. Un été comme un autre ? Non. Un été circulaire... qui tourne en rond comme la grande roue de la fête foraine... comme la roue de leurs vies.

Il y a la famille : Manuel, le père, maçon qui construit « des maisons sans avoir les moyens de payer la sienne. » (p. 77) et Séverine, la mère, elle aussi « fille mère » quasiment au même âge que Céline.

Il y a aussi les amis, ceux des parents, Patrick et Valérie, celui des filles, le seul sur lequel elles peuvent compter, Saïd, « l'Arabe ».
Bien sûr, il y aura des tensions. Bien sûr, il y aura un drame, « mâtiné de racisme ordinaire »...

De ses phrases acérées, Marion Brunet nous offre une essoufflante plongée dans une petite ville de province d'aujourd'hui. Une famille populaire comme les autres qui ne sait plus qui ou quoi combattre pour soulager l'injustice dont elle est victime.
C'est un roman noir. Un noir profond qui vous emporte, en apnée jusqu'à l'issue... qui sera injuste, forcément.

C'est une cinglante réflexion sur notre société actuelle, brûlante comme le soleil qui attire mais qui piège, étouffante comme la chaleur de cet « été circulaire ». Un roman brillant.

Lu en février 2018.

Merci à Ana et Benoît pour cette découverte exceptionnelle.
Je connaissais l’auteur pour ses écrits classés "ado", je ne suis pas sûr que j’aurai pris le temps de lire son premier roman "adulte"...

Mon article sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/L-ete-c..
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De la fête au village à la fête au village , une année qui s'écoule, terne , morne ,sans grand changement , sans changement notable dans la vie des deux soeurs Jo et Céline .... Pas de grand changement , si ce n'est que Céline sera " maman " , et ce n'est même pas forcément un événement exceptionnel , sa propre mère l'ayant été avant elle et au même âge . Bien sûr , la différence est que Manuel , son père a , au risque de perdre la vie , assumé ses responsabilités en épousant Séverine , sa mère.
Manuel , il est maçon , il construit des maisons pour les autres sans pouvoir jamais espérer en posséder une à lui....Non , lui , il aime boire , " secouer " les ouvriers qu'il dirige , traficoter pour arrondir ses fins de mois , il a la main leste....Quant à Séverine, son épouse, elle travaille à la cantine , sans enthousiasme . Un couple sans histoire , sans grande ambition , sans grand espoir , un couple dont l'amour....Et deux filles , Jo et Céline , donc ,qui s'apprêtent à suivre scrupuleusement leurs traces .Le sort en serait - il jeté dès la naissance , d'une fête annuelle en fête annuelle ? Et que viennent faire Patrick et Said dans cet imbroglio familial ?
Ce roman est désespérant de noirceur, les personnages sont " prisonniers " de leur condition , on aimerait les voir échapper à ce sort qui les accable au lieu de les pousser à la révolte qu'on espère, en vain , jusqu'au bout.....
Ça vous prend aux tripes , comment dire , ça vous secoue , oui , c'est ça , ça vous secoue , au point de crier " mais ,bon sang , vivez , foncez vers autre chose ".......Une désespérante beauté exprimée d'une plume ferme et efficace .Une désespérante beauté dans la description d'émois d'ados en manque de socle et de repères familiaux .Une désespérante beauté traduite à travers des dialogues parfaitement adaptés à la situation de communication.Une désespérante beauté dans la description d'un foyer comme il en a existé , il en existe et il en existera encore sans doute malheureusement beaucoup , à moins que la petite Jolene......
En lisant cet ouvrage , j'ai pensé à deux très beaux films , " Dupont Lajoie" avec le regretté Jean Carmet et " l'été meurtrier " avec Adjani et Souchon . Pourquoi ? Allez savoir ...Une magie de la littérature sans doute et de son impact sur nos modestes personnes.
Et puis , je terminerai là- dessus , la fête annuelle au village...Le ciment d'une collectivité qui , n'ayant pas grand chose à vivre en commun , se fédérait autour de cet événement cyclique. Quelle belle idée .Et attention , polar noir...et s'il y avait une ou des victimes , hein , ce serait peut- être pas mal.....non?
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L'été circulaire. L'été qui tourne en rond. Etés après étés.
Y a rien à faire ou bien pas grand-chose, y a guère que la fête du village ou la kermesse qui ramène un peu de vie dans ce patelin au pied du Lubéron.
Johanna et Céline, quinze et seize ans zone un peu. Johanna avec Saïd. Céline un peu avec tout le monde sans vraiment s'attacher, elle n'a qu'à se baisser pour les ramasser. Elle est tellement sexy dans son short taillé à raz la foune. A la maison c'est pas jouasse, le père maçon de profession tutute dur, la mère elle s'en fout un peu de tout, leurs amis, Patrick et Valérie ne valent pas mieux. Ce sont fait une raison de ne pouvoir avoir de gosses.
Pour s'éclater y a le centre commercial ou les piscines des résidences secondaires qui ne sont pas encore habitées. Ambiance …
Tout coule tout doucement sans réelle perspective d'avenir, les choses sont en place et paraissent immuables. Jusqu'au jour où les événements vont se précipiter.
L'écriture nous décrit cette situation. Dans la première partie, c'est un peu l'ennui, la chaleur est écrasante, la vie étouffante. Une vie de gens repliés sur eux-mêmes. Tout doucement de sa plume acérée Marion Brunet nous entraine dans les profondeurs des sentiments de ses personnages. le lecteur passe de la pleine lumière de l'été au noir profond de la nuit
Une descente aux enfers pour certains, d'autres se sont forgés une carapace pour échapper au quotidien.
Un roman habile pour regarder la société au fond des yeux et y déceler les disfonctionnements.
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La soirée commençait plutôt bien. Toute la famille, les parents, Manuel et Séverine, apprêtés et presque beaux, Céline, dans des fringues trop étroites contrairement à Johanna, désinvoltement vêtue, se rend, comme tous les ans, à la fête foraine. Des coups bus avec les copains, des flirts innocents, des tours de manège qui font tourner la tête sur fond de musique entêtante... Sauf que, cette année, dans son état qu'elle a caché à tout le monde, Céline n'a pas supporté le tout dans l'araignée, a fait un malaise avant de vomir sur les pieds de son ami, Enzo. de retour à la maison, Manuel a beau gifler, crier, menacer Céline, la jeune fille ne lâche rien. Surtout pas le prénom du futur père... Un coup dur pour Manuel et Séverine qui ont pourtant fait ce/comme ils pouvaient pour élever leurs deux filles...

Loin de la carte postale du Lubéron qui, pourtant, regorge de jolis villages tels que Gordes, Cavaillon ou L'Isle-sur-la-Sorgue, Marion Brunet nous emmène dans un lotissement pavillonnaire, comme il en existe beaucoup, là où la famille trime à longueur de journée. Un père maçon qui, pour arrondir les fins de mois, trafique ; une épouse cantinière, devenue mère bien trop jeune qui s'occupe de loin en loin de ses deux filles ; une soeur aînée qui aime jouer de ses charmes et enfin une cadette, plus raisonnable mais qui suit volontiers son ainée. Face au silence de la mère, le père, lui, a la main parfois lourde. Et ce soir-là encore plus que de raison lorsqu'il découvre que sa fille est enceinte. À 16 ans ! D'un été à l'autre, l'on suit ainsi la vie de cette famille où cohabitent une jeunesse désenchantée et des parents désabusés, presque résignés. Sur fond de racisme ordinaire, ce roman, âpre et désespérément noir, à l'atmosphère lourde, démontre que Marion Brunet excelle aussi dans les romans pour adultes. Une peinture sociale, juste et intelligente, de la classe populaire servie par une plume pertinente et sensible.
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Troisième Brunet au compteur en un temps plutôt ramassé.
Le constat perdure.
C'est bon, diablement bon.

L'été circulaire ne vous fera pas voyager.
Focalisé sur un espace géographique plus que réduit, il mijotera tranquillou vos petites cellules grises jusqu'à la carbonisation finale.
Ping !
À table !

Livre désabusé sur une jeunesse qui l'est tout autant.
Livre désenchanté sur des adultes qui n'ont rien à lui envier.
Livre sur le racisme ordinaire initiateur de faits divers sordides.
Livre du morne quotidien connu par moult familles sans autre espérance que celle de vivre leur vie plutôt que la subir.

L'été circulaire ou l'art de narrer le médiocre en le sublimant d'une plume expressive au service d'un scénario sans failles.

Très très beaucoup bien, encore.
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critiques presse (2)
Liberation
27 juillet 2018
L’Eté circulaire se déroule dans un de ces endroits perdus de la France périurbaine où l’on vit abandonné de tous et replié sur soi-même. C’est un roman noir et âpre, sombre et violent, un des plus réussis de cette année.
Lire la critique sur le site : Liberation
Liberation
23 juillet 2018
L’Eté circulaire se déroule dans un de ces endroits perdus de la France périurbaine où l’on vit abandonné de tous et replié sur soi-même. C’est un roman noir et âpre, sombre et violent, un des plus réussis de cette année.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (96) Voir plus Ajouter une citation
Manuel lève la tête et tend son regard vers les murs. Endetté jusqu’au cou mais propriétaire de sa maison en carton-pâte, de sa maison au crépi rose dans le lotissement social construit par une mairie vaguement socialiste, dans les années 80. Seulement il doit encore tellement de fric à son beau-père que c’est pas vraiment comme si elle était à lui. C’est plutôt comme si elle était à sa femme, la maison. Quant il y pense un peu trop, il a l’impression qu’on lui a coupé les couilles à la faucille. Et maintenant sa fille [enceinte à 16 ans], comme s’il était incapable de la surveiller. Au grand jeu de la vie, lui non plus n’a pas écrit les règles. Le problème, c’est qu’il pensait le contraire.

Page 29, Albin Michel, 2018.
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Céline à toujours aimé ça, reine de la fête, adulée des garçons – toutes bandes confondues. Même quand elle était plus jeune, il y avait des coins d’ombre où se laisser glisser contre le corps d’un petit ami, jouer à ne pas aller plus loin mais s’arrêter tout au bord. Eux rêvaient de ses doigts aux ongles roses sur leur petit pénis dressé ; elle serrait amoureusement de grosses peluches gagnées à la carabine en espérant des mots d’amour. Et s’il fallait se laisser tâter maladroitement les seins pour obtenir de pauvres Je t’aime balbutiants et autres dérivés sans imagination, elle était prête.

Page 14, Albin Michel, 2018.
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Il en jouit, de sa solitude supérieure, c’est sa came. Et puis elle est belle cette fille enceinte sortie d’on ne sait où. Pas le genre de la maison, c’est sûr, et ça, ça l’excite drôlement, le fils de bonne famille. Et comme son intelligence lui offre l’élégance d’un cynisme vaguement désespéré, il s’autorise à pensé que oui, ce serait amusant de la sauter, avec son gros ventre et sa vulgarité qui affleure sous chaque éclat de rire. Ce serait beau, décadent, nouveau. Il s’ennuie tellement.
– Mais quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?
Céline glousse et entame la troisième bière que lui tend Côme.
Il se sent deguelasse, et il trouve ça délicieux.

Page 183, Albin Michel, 2018.
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Quinze et seize ans, ses filles. SES filles. Merde, c'était avant-hier qu'il avait leur âge. Alors il se met à penser à son père, d'un coup, et c'est pas bon signe. A son grand-père aussi, bien sûr. Au gosse qu'il a été, aux vieilles rancunes. C'est toujours pareil avec la picole : on croit qu'on s'éloigne mais on revient au centre encore plus fort, chaque fois. L'Espagne reprend ses droits au milieu de la cuisine alors qu'il n'y a jamais foutu un pied. Il se lève, s'immobilise quelques secondes devant le frigo ouvert pour la fraîcheur, saisit une autre bière.
Il s'en foutait, lui, de l'Espagne, et de cette guerre dont on lui parlait sans cesse. Il aurait préféré que ça n'ait jamais existé. D'ailleurs il n'a jamais voulu apprendre la langue, ça rendait son père fou de rage. Mais putain, y en avait marre de cette condition qu'on traînait comme une gloire : les perdants magnifiques, vivre avec l'Histoire sur sa gueule. Y en avait marre du grand-père, et de son rêve libertaire agonisant sous les balles franquistes. Les histoires de réfugiés au camp d'Argelès. Merde ! Tout le monde s'en foutait de la guerre d'Espagne, lui le premier. […] Y en avait marre d'être petit-fils d'étranger, et pauvre. Et de devoir en être fier. C'était ça, surtout, qui le rendait fou.
(p. 28-29)
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Les filles avaient des atouts, comme au tarot, et on aurait pu croire que si elles jouaient les bonnes cartes au moment adéquat, il y avait moyen de gagner la partie. Mais aucune d’elles – ni Jo ni sa sœur Céline – n’ont jamais gagné aucune partie. C’était mort au départ, atout ou appât, elles pouvaient s’asseoir sur l’idée même du jeu, vu qu’elles n’avaient pas écrit les règles.

Page 9, Albin Michel, 2018.
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Vidéo de Marion Brunet
La romancière Marion Brunet (Jeunesse et Polar) raconte qu'elle a apprit à raconter des histoires en écrivant pour la jeunesse.
Interview intégrale : https://youtu.be/Vy1WQJ61VbI
Notre site : http://www.artisansdelafiction.com/ #ecrire #écrire #écriture #litterature #ecriture #écrireunroman #polar
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