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Citations de Marion Dapsance (71)


Le Bouddha est devenu philosophe quand nous avons cessé d’être chrétiens. En effet, c’est quand l’Europe a cessé de se concevoir comme chrétienne que le Bouddha est passé, dans le regard occidental, du statut d’idole à celui de simple penseur.
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L'histoire de l'introduction du bouddhisme en Occident est intrinsèquement lié au développement de la philosophie des Lumières, en particulier ses projets de rénovation sociale.
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La révolution opérée par le Bouddha tient au fait d’avoir nié l’existence même de l’âme individuelle et de tout principe divin, de même qu’il a dénié tout caractère tangible à la réalité.
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L'individu réfractaire fait l'objet d'une labellisation comme “intellectuel” (ce fut ici mon cas) et est souvent ignoré et évité par la suite. À la sortie, certains, à qui j'aurais souhaité parler, m'évitèrent en effet soigneusement. Les regards suspicieux qu'ils me jetèrent, la bienveillance excessive, un brin apitoyée, des instructrices à mon égard et le retournement inattendu de l'Italienne (qui prenait maintenant des adresses auprès des instructrices) me laissèrent, à vrai dire, avec une certaine amertume. Je résolus de ne plus chercher, à l'avenir, à aller au bout de la discussion. Je compris que « le grand maître » était définitivement au centre de tous les discours, de toutes les activités, de toutes les attentions. Le bouddhisme, la méditation, c'est lui, et rien d'autre. Je comprenais maintenant comment certaines personnes, et notamment certaines femmes, pouvaient se laisser entraîner dans la voie de la subordination absolue à son égard. L'idée que la « folle sagesse » entraîne un changement d'état d'esprit et de comportement est en réalité tout à fait juste. C'est pourquoi certains y adhèrent. Mais dans quel sens change-t-on, et en vue de quoi ? Le problème est que le résultat obtenu n'est pas le résultat recherché. On cherche la libération de toutes les aliénations psychologiques, mentales, culturelles, sociales (libération que l'on appelle « l'Éveil ») : on se retrouve à devoir adhérer à un dogme d'infaillibilité “lamaïque” et à se soumettre aux caprices d'un homme d'affaires qui s'amuse à faire prendre des vessies pour des lanternes à ses disciples.
p. 168
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Donald Lopez a recensé plus de 300 noms donnés au Bouddha : Buddam, Chacabout, Nacodon, Sagamoni Borcan… Ce n’est qu’à la fin du 18e siècle que l’identité du Bouddha comme figure historique fut définitivement établie.
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[…] chaque époque construit son Bouddha en fonction de ce qui lui tient lieu de vérité. En cela, le Bouddha chrétien persécuté par son père n’est pas très différent du Bouddha philosophe du siècle positiviste ou du Bouddha scientifique des dernières décennies. Il ne fait qu’exprimer les préoccupations de son temps.
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Même dans le cas du bouddhisme des origines, le Bouddha n’a jamais été considéré comme cette espèce de penseur de l’immanence que l’on en fait aujourd’hui, un intellectuel concerné uniquement par des questions liées à la nature ou au fonctionnement de l’esprit. Il était immergé dans la culture indienne, au sein de laquelle les dieux sont inévitables, où l’intervention de ces derniers dans la vie des hommes est réelle, où d’autres formes de vie sont possibles, où la renaissance est une croyance indiscutable, où certains hommes sont supérieurs à d’autres et développent, en guise de preuves de leur « noblesse spirituelle », divers pouvoirs magiques. Pourquoi, dès lors, avoir voulu voir en cet être complexe qu’est le Bouddha des Asiatiques un simple « philosophe » ? Pourquoi a-t-on cherché à effacer de sa vie tout ce qui a trait au surnaturel et à la métaphysique ?
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Ce livre relate la manière dont les Européens ont inventé de toutes pièces un « Bouddha philosophe », en remplacement du surhomme aux pouvoirs magiques qu’il était pour les traditions asiatiques. Il montre comment ce Bouddha fictif a évolué sur la scène occidentale, en prenant diverses incarnations : réformateur social et politique, scientifique, médecin, psychothérapeute, coach en développement personnel, régénérateur de l’espèce humaine.
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Outre les processus d’acclimatation d’une culture à une autre, l’auteur [Heinz Bechert] relève le dépouillement doctrinal et rituel subi par le bouddhisme : la mythologie, le surnaturel, la magie ont été supprimés, de manière à rendre le bouddhisme compatible avec une vision scientifique de l’univers – ce qu’il appelle « démythologisation ».
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L’itinéraire d’Alexandra David-Neel nous montre l’une des solutions possibles, élaborée à tâtons au fil des ans : devenir « bouddhiste ». Si ce choix est aujourd’hui banal, il ne l’était guère à son époque. Comment peut-on devenir « bouddhiste » à Paris, dans les années 1890, sans avoir été formée par aucun maître asiatique ni pratiquer aucun rituel, et qu’est-ce que cela signifie ?
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Le Bouddha « philosophe » et son enseignement « laïque/laïc » et « conforme à la science » ne sont ainsi rien d’autre que les produits de la sécularisation de l’Europe, l’un des nombreux rameaux de l’arbre que le théologien et historien Henri de Lubac a appelé « l’humanisme athée ».
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A partir des années 1870, en effet, des Occidentaux mus par l’idéologie du « progrès », souhaitant promouvoir à l’échelle mondiale une nouvelle religion « rationnelle » (c’est-à-dire anticatholique, et ce n’est pas un hasard si la plupart de ces activistes étaient francs-maçons et théosophes), s’étaient emparés de la figure du Bouddha philosophe, dont ils firent un nouveau messie.
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Un discours prononcé en 1861 indique clairement quelles pouvaient être les motivations idéologiques de nombreux sanscritistes de l’époque. L’étude des langues de l’Inde ancienne n’était pas seulement une passion d’antiquaire : c’était une nécessité vitale pour la régénération de l’Occident, lui permettant de revenir à la source de sa civilisation, en se passant de l’héritage « sémitique ».
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Ce qui demeurait au fil des transmigrations, ce n’était pas une âme supérieure et éternelle, à la manière dont la concevaient les hindous (l’âtman), mais la simple conséquence d’actes multiples posés antérieurement.
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Qu'y a-t-il de "spirituel" dans ces pratiques consistant à favoriser le confort, le plaisir, la satisfaction des sens, la détente, l'estime de soi, l'efficacité professionnelle ou la performance commerciale ? Ne s'agit-il pas simplement de méthodes visant à combattre le stress et à promouvoir le bien-être personnel ?
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Ce bouddhisme réinventé sur le modèle positiviste se référait au Bouddha dit « historique » - qui n’a rien publié, et dont les témoins oculaires n’ont rien écrit non plus – comme source unique ou privilégiée de légitimité. Il favorisait la raison, la tolérance et la liberté au détriment de l’orthodoxie religieuse et du régionalisme. Les bouddhistes modernes, d’abord occidentaux puis asiatiques, ne firent que reprendre à leur propre compte, la plupart du temps sans le savoir, les polémiques anticatholiques développées par les protestants et, par la suite, les positivistes.
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Les premiers bouddhistes se posaient également la question de savoir à qui ou à quoi, dans le Bouddha, ils devaient rendre hommage, en particulier lorsqu’ils se rendaient auprès d’un stupa. […] Ils comprirent qu’ils ne rendaient hommage ni au corps physique de Gautama, qui était retourné à l’état de poussière, ni à son âme, qui n’existait pas, mais à ses qualités, son dharma : son courage, sa sagesse, sa compassion, sa patience. Ces qualités reçurent un nom commun, qui les désignait ensemble comme un seul tout : le dharmakâya ou « corps des qualités ».
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Quatre siècles après la mort du Bouddha, de nouveaux textes firent leur apparition, qui s’identifiaient comme « soutras du Grand Véhicule » (Mahâyâna Sûtra) et prétendaient délivrer la parole authentique du Bouddha. [Pour expliquer comment le Bouddha avait pu transmettre cet enseignement malgré sa mort, une version] consistait à dire que les soutras étaient divinement inspirés, transmis par des messagères semblables aux anges (les dakini), ou encore, entendus ou vus par des êtres doués de pouvoirs surnaturels. Mais, dans ce cas, le Bouddha devait bien exister quelque part, sinon il ne pourrait délivrer aucun message. […] Les textes du Mahâyâna avaient ainsi subverti le message originel du Bouddha (du moins pour ce que l’on en savait) en lui faisant dire l’inverse exact de ce qu’il avait prêché. Une résurrection étant impossible, il fallait inventer une autre forme de continuité, ce qui s’avérait compliqué pour une doctrine qui niait purement et simplement les notions d’âme et de divinité.
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Ce que l’on croit être « l’esprit » ou « la personne » n’est qu’une succession d’instants de conscience sans autre lien que celui de la causalité : un état d’esprit en produit un autre, qui en produit un autre, etc. Cet enchaînement fondé sur la loi de la causalité est ce que l’on appelle le samsâra. Il explique la vie en général, ainsi que le processus de renaissance. La dernière pensée, la dernière émotion d’un mourant déterminera sa renaissance suivante. Le karman bouddhique remplace ainsi l’âtman hindou : les perles s’enfilent les unes à la suite des autres en donnant l’impression de former un collier, mais aucun fil ne les retient réellement. Le bouddhisme nie la notion d’âme et de personnalité.
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[…] ce n’est ni la paix ni la sérénité que doit susciter la méditation, mais un sentiment d’urgence. L’attitude mentale requise n’est donc pas celle que préconisent les partisans de la MBSR (Mindfulness-based Stress Reduction ou « Réduction du stress basée sur la pleine conscience ») – faire preuve d’ouverture et de bienveillance à l’égard de soi-même et des événements quotidiens. Bien au contraire, dans le bouddhisme traditionnel, il s’agit de se libérer de cette vie marquée du sceau de la souffrance et de l’imperfection.
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