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Citations de Marion Fayolle (105)


Ici, on fait toute sa vie sous la même toiture, on naît dans le lit de gauche, on meurt dans celui de droite et entre-temps, on s’occupe des bêtes à l’étable.
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Au lycée, les jeunes apprennent l’anglais et l’espagnol. C’est pas facile d’ailleurs, avec des gènes qui n’ont jamais quitté le village, de réussir à prononcer les sons d’un autre pays. Ils ont envie de partir, de débrider leur mobylette, de connaître ce qui existe derrière les montagnes, après les vallées, de l’autre côté des frontières. Ils ont eu un paysage entier pour grandir mais ça ne leur suffit pas. Au-delà de la ligne d’horizon, ils sont convaincus que c’est mieux. Ils n’auront pas de bêtes. Les bêtes, ils le savent, ça emprisonne. Regardez les parents, ils ne peuvent pas bouger, il faut qu’ils soient là, chaque matin, chaque soir, pour nourrir les vaches, les poules, les chiens et les chats. Même les week-ends. 
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La bâtisse est tout en longueur, une habitation d’un côté, une de l’autre, et au milieu une étable. Le côté gauche pour les jeunes, ceux qui reprennent la ferme, le droit pour les vieux. On travaille, on s’épuise, et un jour, on glisse vers l’autre bout. C’est plus pratique, il y a une chambre au rez-de-chaussée, les escaliers sont moins raides, les pièces semblent disposées pour vieillir. Et puis, quand l’un meurt, le mari souvent, les enfants sont à l’autre bout, ça rassure, ça évite la solitude, ils regardent en passant s’il y a de la lumière, si les volets sont ouverts, si le linge est étendu, ils s’arrêtent en coup de vent pour mettre des bas à varices, recompter les cachets pour la tension et s’agacer un peu des oreilles qui ne les entendent plus. 
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Sa vieillesse ne fait pas diversion, elle se montre sans mentir et démasque toutes les autres. Elle, elle ne cherche pas a rester jeune, elle sait qu'au bout d'un moment la vie tue. Tant qu elle peut encore habiter dans sa ferme, se débrouiller pour le quotidien, elle dit qu elle voudrait bien durer encore un peu.
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C'est pas toujours facile d'être un petit tout, d'avoir en soi autant d'histoires, autant de gens, de réussir à les faire taire pour inventer encore une petite chose à soi.
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Ça peut faire ça, l’ivresse ; quand on s’y habitue trop, on s’énerve de ne plus la trouver. Le vin n’estompe plus le désespoir mais en remet une épaisseur.
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En elle, tout se chevauche, s'entremêle, se bagarre, se confond, les amours, les idées, les souvenirs, ça aurait besoin d'une coupe, ça prend feu à la moindre remarque.
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Quand on a le droit de s absenter que quelques heures, on ne peut jamais aller très loin ; c est comme ça sans doutes que les parents ont réussis a rester fidèles, a ne parler que la langue du coin et a n'aimer avec leur langue personne d'autre que leur femme.
La mémé rit, ils ne savent pas pourquoi. Quand elle parle vite comme ça, avec l euphorie de la fête, ils ne comprennent plus du tout sont patois, ils sont, dans sa cuisine, comme dans un pays étranger. Leurs langues, leurs oreilles ont trop d'années d'écart pour se parler vraiment.
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Sa vieillesse ne fait pas diversion, elle se montre sans mentir et démasque toutes les autres. Elle, elle ne cherche pas à rester jeune, elle sait qu’au bout d’un moment la vie tue.
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Depuis des mois, sa tristesse prend toute la place, on ne voit qu’elle, on ne remarque même plus qu’il est laid, que son gras déborde, sent, déforme ses débardeurs. On ne remarque même plus que, dans son regard, il manque des lumières. Sa peine est trop épaisse. Une peinture mal diluée, opaque, étalée en plusieurs couches. Quand on le voit s’asseoir sur le muret juste devant la ferme, on voit s’asseoir le désespoir. Il a disparu derrière. Il n’y a que l’alcool pour encore le faire rire.
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Un parent, ça aime tout le temps. Pas seulement quand ça y pense. Pas seulement quand ça a le temps.
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Quelque chose s’est perdu. Un problème de langue. Des langues qui ne savent plus prononcer certains sons, qui ne fonctionnent plus pareil. Les langues des vieux ne parlent que le patois et n’ont embrassé qu’une seule bouche.
Ils ont tous fêté leurs noces d’or, cinquante années de mariage, la grande messe, les discours, le repas avec la famille et les jeunes qui ne comprennent pas comment c’est possible parce que leur langue à eux, (..) lèche de nouvelles lèvres chaque samedi soir, a envie d’explorer le monde.
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Marion Fayolle
On aurait dû l’enfermer, ce chien qui a la voix si rauque, (…) il pleure plus fort que tout. L’oncle est obligé de sortir, d’attraper les sanglots par le collier, d’aller les enfermer dans une grange à l’autre bout du village.
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L'horloge ne tient plus l'heure, elle avance moins vite que le vrai temps, s'arrête parfois completement. On la remonte chaque matin. Une belle comtoise comme ça, fabriquée par le pépé, même si ça confond l' heure, ça tient compagnie dans une maison. Un corps en bois , tout droit, dans l'angle de la pièce.
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Les anciens se retrouvent pour les veillées...Ils parlent en patois. Les jeunes le comprennent un peu mais ne le causent pas. Les mots ne leur viennent pas naturellement. Quelque chose s'est perdu. Un problème de langue. Des langues qui ne savent plus prononcer certains sons, qui ne fonctionnent plus pareil.
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A genoux, à plat ventre, la gamine s’agite, roule sur le toit des aïeux, décape les souvenirs. La mémé se met à parler, à raconter. Des histoires qui étaient prisonnières sous la mousse, qu’elle avait oubliées, qui refont surface en même temps qu’elle lessive le caveau. L’arrière-grand-mère qui serait restée des mois avec un bébé qui ne bougeait plus dans son ventre. Un arrière-arrière qui se serait fait foudroyé dans les champs. Un frère du pépé qui se serait trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, tué par un jeune anarchiste qui rentrait d’un braquage.
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La mémé lui donne, en un seul repas, tout l'amour qu'il n'a jamais eu, comme pour corriger l'injustice.
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A toutes ces petites choses du quotidien qu'on remarque à peine. Qu'on remarque seulement le jour où elles ont disparu et où on a soudain si froid qu'on réalise à quel point elle nous tenaient chaud.
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On l'aurait dit morte, au bout de la table, à ne pas parler, à ne plus comprendre, avec ses cheveux, avec ses oreilles, avec son regard. Mais soudain, elle vibre. ça chevrote, ça tremble, c'est tout fragile, on a peur que ça se brise, que ça n'arrive pas à la fin. On sent les sons venir de loin, du fond de son âge, traverser ses quatre-vingt-dix années.
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Le visage de la mémé patiné par le vent et le soleil, ses hanches rembourrées par le fromage et la bonne viande de la ferme. Le paysage déborde sur elle, elle n'aurait pas pu vivre ailleurs. Elle a la même silhouette que le prunier du jardin, celui qui croule sous trop de fruits, qui s'affaisse sous le poids de sa générosité.
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