Citations de Massimo Gramellini (91)
"Accorde à ma maman un bref repos, Seigneur. Réveille-là, fais-lui un café et renvoie-là tout de suite ici. C'est ma maman, tu as compris? Ou tu la ramènes ici-bas, ou tu me fais venir là-haut. Choisis. Mais dépêche-toi. On va dire que maintenant, je ferme les yeux et que je les rouvre, tu as décidé? Ainsi soit-il."
Il est dans ma nature de ne pas considérer les défaites comme irréparables. Les films que je préfère sont ceux où le héros perd tout, mais arrivé au bord du gouffre il recule d’un pas et commence à remonter.
Les si sont la marque des perdants. Dans la vie, on devient grand malgré.
La vérité doit être dévoilée peu à peu, car l’homme a l’affreuse habitude de salir ce qu’il a du mal à comprendre.
Peu à peu, je déplaçai mes livres d’études vers le bord de ma table de travail et les remplaçai par des manuels de développement personnel.
Sois le maître de ton destin.
L’art de conquérir ses amis et de dominer les autres.
La névrose peut être vaincue.
Comment chasser l’angoisse et commencer à vivre.
Une veuve avec deux enfants qui travaillait par nécessité, mais qui paraissait mue par un élan de profonde gentillesse. Sa dignité donnait de la noblesse aux gestes les plus humbles et lui conférait de l’autorité. Avec elle maman redevenait enfant.
Je l’imaginais aux prises avec l’un des problèmes que la Maîtresse nous avait donnés pour les vacances. Un enfant parcourt trois kilomètres et tous les deux hectomètres il perd deux billes : au bout de mille neuf cents mètres, combien de billes aura-t-il perdues ?
Je détestais les hectomètres. Et cet enfant idiot qui n’arrêtait pas de perdre ses billes, mais continuait sa promenade comme si de rien n’était.
Si vous voulez faire un pas en avant, vous devez perdre l'équilibre pendant un instant.
— Le miroir ne reflétait pas qu’une seule femme.
— Il a mis en évidence un dédoublement. Les deux femmes représentent la cruauté et la faiblesse. Elles sont complémentaires : qui est faible est toujours cruel.
La nausée qu’il éprouvait devant l’amour s’était étendue à ses succédanés et l’avait transformé en un propagateur d’illusions qui concevait les rapports sentimentaux comme des forêts d’où il fallait s’enfuir juste avant d’y être englouti. Le désir d’une âme sœur gisait à bout de forces dans le coffre de sa mémoire, mais refaisait parfois surface pendant la lecture d’un roman et devant les spectacles gratuits offerts par la nature.
Un homme doté d’une part de féminité aurait cherché une bonne capable de me réchauffer surtout le cœur. Mais aux yeux de mon père, certains propos n’étaient que des exercices de style pour rêveurs.
Je n’ai jamais supporté ceux qui pleurent sur leur sort. Même la nuit, je ne pleurais pas. Je croyais encore qu’un matin je me réveillerais et que je verrais maman au pied de mon lit avec sa robe de chambre sur les épaules. Je ne voulais pas qu’elle trouve un oreiller trempé de larmes.
Ce n’est pas simple d’être un orphelin au pays des fils à maman. Certes, c’est aussi le pays de ceux qui se prennent pour des victimes et la perte précoce de l’un des parents, si elle est rendue bien visible, peut devenir une auréole ou apparaître comme un certificat d’impunité. Mais il faut être taillé pour le rôle de victime.
Lorsqu’un sentiment payé de retour cesse de l’être, le flux d’une énergie partagée s’interrompt brutalement. Celui qui a été abandonné considère qu’il a été goûté et recraché comme un mauvais bonbon. Coupable de quelque chose d’indéfini.
Les mots aussi peuvent atteindre à l’art. Cela arrive lorsque la musique y a sa part.
Chaque être humain gardait une bonne raison de ne plus croire aux rêves et de se sentir trahi par la vie.
Un homme qui a capitulé n’est pas encore un homme perdu. Il sera toujours sauvé par la plus audacieuse de ses pensées.
Maman devint mon ange sans peur et sans reproche. Le diable, c’était la mère d’un gosse riche de l’école. Je la trouvais toujours à la sortie de l’institut, appuyée avec une nonchalance étudiée contre la portière de sa jeep. Cheveux teints en blond, lèvres agressives et jeans ajustés qui disparaissaient dans des bottes pointues, noires comme ses lunettes de méchante.
Je fis une espèce de cauchemar. Je me réveillais à l’aube pendant les vacances de Noël et je découvrais que ma chambre avait été fermée à clé de l’extérieur. À travers le trou de la serrure, je pouvais apercevoir dans le couloir un trône, et une femme assise dessus : la blonde de la jeep. Elle avait déclaré la guerre à maman et l’avait tuée, envahissant notre maison.
Deux inconnus traînaient papa devant elle, le tenant sous les aisselles. Une voix glaciale sortait de la bouche de la blonde.
« Donne-moi la clé de la chambre de l’enfant, ou bien je te tue, toi aussi. »
À ce moment-là apparaissait Mita, les gencives découvertes et une clé dans les mains.
« J’ai ici un double, comtesse ! »
La blonde se levait de son trône et avançait vers ma chambre.
D’un bond, je m’enfilais dans le Sous-Marin et j’épiais la porte en entrebâillant mes draps.
Voilà qu’elle s’ouvrait et que sur le seuil apparaissaient une botte noire pointue et... le sourire rassurant de maman avec le plateau du goûter.
Le même sourire qu’elle avait sur la photographie que j’avais gardée cachée dans le tiroir.
Les attachements de l'enfance s'impriment dans le coeur comme des tatouages indélébiles;Lorsqu'ils semblent morts, ils ne sont qu'évanouis.Et ils peuvent reprendre vie sans qu'il soit besoin de tant d'explications.
Connaître ne signifie pas se rappeler, mais savoir exactement où aller chercher.