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Critiques de Matt Fraction (239)
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Sex criminals, tome 1 : Un coup tordu

À l’occasion d’une Masse Critique de Babelio, Sequencity, libraire numérique de bandes dessinées (BD, comics, mangas), proposait lui aussi quelques titres, et j’ai pu découvrir grâce à eux un des volumes qui relancent la production de Glénat Comics : le premier tome de Sex Criminals, série de Matt Fraction et Chip Zdarsky, débutée en 2014 chez Image Comics.



Suzie et Jon ont une chose en commun, et c’est la très bonne idée de départ même si elle est bien étrange de but en blanc : quand ils sont excités, en approche ou en cours d’orgasme, tous deux peuvent figer le temps ! Rien de moins ! De la découverte de leur pouvoir à la mise en œuvre de ses applications, en passant par leur « tendre » rencontre, ce premier tome installe déjà beaucoup d’éléments de contexte et de psychologie des personnages principaux. Rapidement, le parallèle avec un Bonnie & Clyde très sexualisé est bien présent, sachant que leurs justifications sont quand même un peu « de bas étage », mais passons.

L’intérêt de ce premier volume est, certes de mettre en pratique l’apparition des pouvoirs en question, mais surtout de contextualiser cette apparition. Ainsi, on remarquera un usage intéressant de la psyché adolescente, notamment féminine puisque nous avons d’abord et avant tout une héroïne, au moment où l’on découvre son corps et sa sexualité. En parallèle, la démarche d’aller et venir entre divers flashbacks et le présent se révèle un brin ennuyeuse, mais Matt Fraction n’a pas dû trouver mieux pour mêler l’action du présent aux explications du passé.

Au dessin, Chip Zdarsky nous offre une prestation particulièrement… … « joliette », désolé je ne trouve pas mieux ! Il gomme les détails pour favoriser les expressions pour créer des personnages tout de suite attachants, même s’ils ont davantage l’air banals qu’extraordinaires. De plus, la colorisation consiste avant tout en des à-plats de couleur vive, ce qui accentue l’aspect drolatique de certaines scènes.



Sex Criminals est une série qui développe un concept de départ très intéressant et ce premier tome lance comme il convient l’intrigue générale ; l’humour et les personnages aident à bien s’intégrer dans une histoire qui pourrait rapidement tourner en rond sans ces qualités.



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Métal Hurlant, n°1 : Le futur c'est déjà demain..

Je suis né dans les années 80 donc je n'ai pas connu l'âge d'or du magazine "Métal Hurlant".

Cependant, à l'annonce de la toute nouvelle renaissance du magazine alors que j'étais en pleine effervescence artistique à ce moment là, m'a grandement excité à l'annonce de cette nouvelle mouture du journal façon début du XXIème siècle.



Depuis, j'ai acheté tous les numéros depuis leurs sorties mais je n'ai pris la décision de commencer le tome 1 que hier ou avant-hier.



Je me suis lancé donc dans la lecture de ce "Mock" sans savoir à quoi m'attendre.

Les parties documentaires et interviews sont excellentes.

On y trouvera les interviews par exemple Enki Bilal, Alain Damasio ou encore William Gibson pour ne citer qu'eux.



La partie graphique celle où la bande dessinée et la science-fiction sont mises à l'honneur est elle aussi très intéressante. On y trouvera divers artistes, scénaristes et dessinateurs et l'ensemble des petites histoires courtes qui nous est proposé fait le taff.



Très bon premier tome placé sous le signe du "Near Future".
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Métal Hurlant, n°1 : Le futur c'est déjà demain..

Un tantinet décevant ce premier numéro du revival. Il y manque un peu de l'irrévérence et du foutraque qui étaient la marque de fabrique de son glorieux prédécesseur. Et de gros nénés, aussi, c’est important les gros nénés.



La partie magazine est vaguement intéressante mais la maquette un peu trop classique. Pas grave, c’est pas pour ça qu’on l’achète.



Côté BD, j’ai trouvé la plupart assez décevantes. Je promets que je l'ai pris sans l’a priori mentionné plus haut, avec l’idée de découvrir une nouvelle génération de talents. Et ben j’ai pas été époustouflé. C’est souvent rebelle gnangnan et pas super original. Parfois sympa (la domotique bien comprise de Matt Fraction et Afif Khaled, par exemple, ou l’app à faire parler les animaux de compagnie de Diego Agrimbau et Lucas Varela) mais guère plus.



Je crois aussi que c’est une fausse bonne idée de faire un numéro thématique, la SF « near future » en l’occurrence : l’ennui naquit un jour de l’uniformité. Chère rédaction, si vous me lisez, laissez davantage de mou dans les rênes à vos auteurs. J’espère que cette idée ne sera pas systématique.



Bon, et à l’heure du bilan, qu’est ce que ça donne ? La palme graphique à Anna Mill et Luke Jones pour une double page superbe. La palme de l’histoire qui scotche à Paul Lacolley et Pierre Colleu pour un grand délire mystico-futuriste auquel on ne capte pas tout du premier coup. Et la palme du bon esprit à Ugo Bienvenu pour son vieux richou en train de revenir de tout au moment où sa pulpeuse sort de la piscine. Une pulpeuse ? De la piscine ? Oui ! Y a des gros nénés ! Merci.
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Avengers VS X-Men

Quatrième volume du coffret Marvel Events : Avengers. Il s’agit d’un autre blockbuster que j’ai trouvé génial : Avengers vs X-Men.

Pourtant le titre peut laisser penser qu’on a fait dans la facilité en montant un ring autour des deux plus célèbres équipes de super-héros de Marvel et en les faisant s’affronter. Je crois qu’éditorialement c’est partiellement vrai : j’ai vu sur le Net qu’avaient été publiés de nombreux comics spécifiques opposant des héros deux à deux, dans un style très jeu vidéo de baston. Cependant le présent volume n’intègre pas ces éléments, ne les mentionne même pas. Il se concentre sur l’essentiel.



Et l’essentiel, c’est le retour de la force cosmique nommée Phénix. Celle-ci a besoin d’un hôte afin de déchaîner les enfers et permettre une renaissance de la vie. Or tout le monde sait que cet hôte, c’est Hope Summers, une ado mutante dont la légende dit qu’elle est le messie de son peuple mutant.

Le monde, et surtout les Avengers, veulent mettre Hope en quarantaine (voire l’éliminer pour certains) afin d’effacer la menace (tout le monde se souvient que Phénix s’était emparée de Jean Grey fut un temps, non ? et qu’elle avait tout simplement bousillé un système solaire).

Les mutants (certains comme Scott Summers alias Cyclope en tout cas), qui depuis l’énorme « House of M » sont une espèce en voie de disparition, voient en Phénix unifié à Hope la renaissance de leur peuple.



Avengers et X-men se rencontrent. On palabre, on s’énerve, un coup part et c’est le bazar. Evidemment on a droit à des scènes de batailles collégiales qui n’ont pas un intérêt phénoménal. En revanche, la transformation de certains X-men en véritables terroristes fanatiques est grandiose. L’évolution dans ce sens de Scott Summers est magique et très osée, quand on sait qu’il a toujours été le bon élève de la cohabitation.

Puis le Phénix parvient à s’incarner, d’une manière inattendue. C’est là que Brian M. Bendis est très fort, car au lieu d’entrer dans du déjà vu (je suis tout-puissant, ça me dépasse et ma faiblesse humaine me perd) on a droit à la véritable création d’une utopie… et des Avengers qui entrent dans la résistance et qui pourraient à leur tour être considérés comme des terroristes. La ligne habituelle (je suis tout-puissant, donc je vous élimine) est retrouvée, mais je me demande ce qui se serait passé si les Avengers avaient laissé sa chance au Phénix, sans le provoquer. Aurait-on pu stabiliser la situation ?

Evidemment, c’est impossible d’un point de vue éditorial. L’utopie ne peut se maintenir. On a droit à quelques scènes d’anthologie comme une attaque Atlante (Namor) sur le Wakanda de la Panthère Noire qui laissera des races entre les deux hommes, une Sorcière Rouge si ravissante et puissante, et un baroud d’honneur incroyable de Spider-man.



Bref j’ai passé un très bon moment. Un regret toutefoei : la couverture choisie par Panini oppose Captain America et Wolverine, or ils sont plutôt dans le même camp ici. J’aurais choisi l’une ou l’autre des superbes couvertures originales de Jim Cheung.
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Casanova, tome 1 : Luxuria

Un nom de loveur pour un comics complètement barré : vous êtes bien accroché ? car ce voyage entre univers parallèles et complots familiaux n’est pas de tout repos !



Ce « 007 arc-en-ciel », ce James Bond des univers parallèles, ne vous laissera pas indifféremment, incontestablement. On pourrait croire que beaucoup de chefs-d’œuvre sortent des torpeurs liées à l’absorption de drogues pas forcément bien douces, mais là c’est clair que ce n’est pas le chemin que l’on prend ici : on a l’impression d’avoir fumé quelque chose, certes, mais on a surtout l’impression qu’on subit « bad trip » complet et ça fait mal aussi bien aux yeux qu’au cerveau. En lui-même, le mélange temporel des scènes ne me dérange pas ; la juxtaposition d’univers parallèles ne me dérange pas non plus ; l’emberlificotage des personnages entre fausses parentés et vrais squelettes robotiques ne me dérange pas davantage ; ce qui me dérange, en revanche, c’est le fouillis scénaristique, le vide extrême quant à savoir s’il y a ou non un fil rouge à suivre ou si le fait de ne rien n’y comprendre (car tout s’enchaîne de manière plus qu’étrange) est normal ou non. Et puis cette manie, cette facilité même, qui revient à utiliser le « Dieu, créateur de toutes choses » pour nous rappeler que telle chose s’est déroulée ainsi ou que tel scénario tient la route en l’expliquant d’une certaine façon, je dis non !

Quand en plus la violence gratuite et les blagues de mauvais goûts (notamment les acronymes abracadabrantesques comme D.E.F.O.N.C.E. ou M.O.T.T.E., et encore c’est le meilleur côté du scénario…) se côtoient sans plus de cohérence que cela et que ça ne choque personne dans la tripotée de personnages proposés, que dire de plus ? Que l’ensemble est complètement (beaucoup trop) déjanté ; et cette incompréhension totale est renforcée par le fait que Matt Fraction multiplie les références gratuites, ce qui n’aide pas même si j’aime les références à la culture populaire habituellement. Alors je ne dis pas qu’il faut que tous les comics soient de la grande littérature, mais là j’ai vraiment eu de la peine à finir et je trouve dommage qu’une série prenne corps sur un simple trip d’auteur.

Les quelques tentatives de mises en abîme et de prises de recul sur la fonction des comics auraient pu être intéressantes (de la même façon que Grant Morrison joue avec son personnage Flex Mentallo dans l’introspection entre les auteurs de comics et leurs histoires), mais les références sont tellement du grand n’importe quoi que ça ne prend pas du tout. Pire, on a l’impression que Matt Fraction s’en fout ! Ce n’est sûrement pas le cas, bien sûr, mais c’est l’impression que cela donne. À trop vouloir montrer combien il aime les comics, il en fait une caricature qui tâche, et méchamment, de manière à la fois moche et sale. Et l’aspect graphique n’a rien rattrapé chez moi : si encore le dessin était des plus parfaits, j’aurai dit oui malgré tout, mais franchement je n’ai pas davantage adhéré. J’imagine que c’est en toute subjectivité, mais ce n’est pas agréable à regarder, tout simplement et le lettrage n’aide pas, qui plus est. Que du subjectif donc, dans mon appréciation, mais vraiment une lecture qui reste gravée dans ma mémoire pour ses pires aspects.



Bref, à mon humble avis, nous avons là de l’aberrant pour faire du sensationnel, mais ça ne fonctionne pas longtemps. Avec ce premier tome, malheureusement, on atteint très vite ce qui est dignement supportable : la découverte de ce personnage s’arrêtera là pour moi, même si Urban Comics tente au moins de nous sortir des auteurs habituels et des personnages les plus connus.



P.C. (post critiquam) : comme il se peut toujours que je n’ai pas tout compris, ou bien si je n’ai pas l’esprit assez fin pour tout cela, peut-être cet article d’Urban Comics en guidera certains : http://www.urban-comics.com/rien-netait-vrai-david-bowie/.



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Adventureman, tome 1 : La Fin et tout ce qu..

COMICS SF / FANTASTIQUE.

Ce revival pulp avait tout pour me séduire, d'autant plus que l'excellent Terry Dodson était aux graphismes. Malheureusement Matt Fraction / Fritchman est dans un gros délire "politiquement correct" pour racoler des lecteurs et des lecteurs sur ces satanés réseaux sociaux. C'est donc tout naturellement qu'il parvient simultanément à alambiquer et à castrer son récit qui avait tout pour réussir... La plaie soit des Social Justice Warriors qui se disent de "gauche" mais qui comme les néo-nazis de "droite" recourent à la "cancel culture" pour nier les aspects de la réalité qui leur déplaisent !!!
Lien : https://www.portesdumultiver..
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Sex criminals, tome 1 : Un coup tordu

Délicieusement... sexy. Comics sans tabou ni censure, qui parle très crument du sexe et est utilisé comme outil pour arrêter le temps. Suzie et Jon peuvent arrêter le temps au moment de l'orgasme. Etonnant n'est-ce pas ? Le plus étonnant serait de ne pas s'en servir pour des fins utiles...

Début un peu complexe avec Suzie en narratrice extérieure à l'histoire et en même temps, voisine de l'action passée. J'ai mis un peu de temps à l'accepter en tant qu'élément du décor. Le passage entre passé et présent est un peu flou mais le suspens monte doucement pour arriver à un moment qui devient très palpitant. De la découverte de son corps adolescent à la femme affirmée, Suzie raconte sa vie sexuelle, surtout de façon très directe. On en apprend aussi pas mal sur Jon... Comment nos "sexual heroes" vont-ils aborder la suite de leur relation, de leur collaboration ? Hummm... j'ai hâte de savoir la suite.
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Casanova - Acedia, tome 1

Qui est Casanova Quinn ?

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Ce tome fait suite à Casanova, Tome 3 : qu'il vaut mieux avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 1 à 4, initialement parus en 2015, écrits par Matt Fraction, dessinés et encrés par Fábio Moon, avec une mise en couleurs de Cris Peter pour l'histoire principale consacrée à Casanova Quinn. Chaque épisode comprend une histoire courte supplémentaire, écrite par Michael Chabon, dessinée, encrée et mise en couleurs par Gabriel Bá. Les couvertures ont été réalisées par Fábio Moon. Le recueil s'ouvre avec trois citations : une du roman Frankenstein (1818) de Mary Shelley (1797-1851), une d'une nouvelle de Michael Chabon, et une du film Mr. Arkadin (1955) d'Orson Welles (1915-1985).



Casanova Quinn descend de la colline avec les lettres HOLLYWOOD, l'air hagard. Il marche pour s'éloigner d'un feu dans les montagnes, il est venu à Los Angeles avec rien derrière lui, et tout devant lui, une ardoise vierge. Il du sang qui dégoutte de son front. C'est le premier souvenir dont il se rappelle : il se souvient qu'il ne craignait plus de mourir, pas de souvenir du passé implique aucune peur de l'avenir. Les règles sont simples : le pistolet est toujours chargé, le cran de sûreté est toujours enlevé, l'abruti tire toujours. Les règles sont simples. Au temps présent, Quentin Cassaday est en habit de soirée dans son bureau : quelqu'un toque à sa porte pour lui indiquer que c'est l'heure. Il est employé par un homme âgé riche et il pense que Amiel Boutique l'apprécie justement parce qu'il n'a rien à perdre et qu'il est prêt à faire tout ce qu'on lui demande. Il sort.



À l'extérieur de la demeure, la fête bat son plein dans l'immense propriété, avec des individus savourant leur cocktail en costume ou en robe de soirée, d'autres nus sur un matelas pneumatique dans la piscine. Amiel Boutique observe toute cette agitation du haut des marches, en fumant un cigare. Personne ne lui parle sauf Cassaday car c'est son boulot. Ce dernier circule parmi les invités pour vérifier que tout se passe bien, que personne ne manque de rien. Une jeune femme s'approche de lui et lui souffle deux mots à l'oreille : Casanova Quinn. Elle s'éloigne de quelque pas et se retourne alors qu'il est toujours interloqué. Elle soulève le bas de sa robe lui dévoilant sa culotte. Il se dirige vers elle tout en faisant signe à un serveur d'apporter des canapés pour les invités proches de la grotte. Il rejoint la jeune femme en lui indiquant qu'elle a dû se tromper. Elle demande quand ils peuvent se retrouver seuls : il répond bientôt car la fête arrive à son terme. Effectivement, les invités commencent à partir d'eux-mêmes. Bientôt il ne reste plus que les flutes à champagne abandonnées un peu partout et des ballons de baudruche à demi dégonflés. La jeune femme se tient assise sur le plongeoir, en culotte, avec ses Louboutin au pied. Elle jette sa flute dans l'eau de la piscine et enjoint Cassaday à la rejoindre sur le plongeoir. Il s'exécute et elle retire son épingle à cheveux pour les libérer tout en faisant un geste vif pour le poignarder avec. Il l'évite, et les deux basculent dans l'eau de la piscine.



Après la luxure, la gourmandise et l'avarice, l'auteur prend le thème de la paresse (l'acédie) pour le péché capital suivant. Chaque épisode comprend une histoire principale avec Casanova Quinn, et une histoire courte avec l'équipe des métanautes. Après l'expérience narrative extraordinaire du tome précédent, le lecteur n'a aucune idée de ce que lui réserve Matt Fraction. Il a conscience en commençant que ce tome est la première partie de l'histoire qui continue dans Casanova, tome 2 : Gula . Cette fois-ci l'auteur cite l'influence de trois autres auteurs : Mary Shelley écrivant que le temps se sépare en branche dans d'innombrables futurs et dans l'un d'eux je suis ton ennemi. La citation de Chabon : j'espère que j'ai été d'un peu d'aide ici et là au fil des années. Celle de Welles : buvons à la personnalité. Le lecteur sait qu'il s'agit d'indications explicites des thèmes du récit. Il sait aussi que le plus simple pour appréhender cette expérience de lecture, est de se laisse porter par l'intrigue. En outre, l'auteur commence par faire dire à son héros qu'il a tout oublié, qu'il repart de zéro. Allez hop ! Quentin Cassaday travaille comme homme de main d'un homme riche et âgé. Après l'agression dans la piscine, Boutique propose à Cassaday qu'ils enquêtent l'un sur le passé de l'autre et réciproquement car lui-même a oublié son passé. De ce point de vue, l'histoire se révèle fort intrigante : des ennemis se manifestent lors des recherches de Cassaday dans une bibliothèque, d'autres en veulent à Ruby, l'épouse de l'inspecteur de police Kaito Best. Le lecteur identifie sans difficulté les personnages récurrents des tomes précédents : Kaito, Ruby, Sabine Seychelle, Sada Lisi, identique à eux-mêmes, ou dans une autre version.



L'intrigue s'avère fort facile à suivre et divertissante. Quentin / Casanova a conservé sa belle prestance, faisant penser à Mick Jagger, ses capacités de combattant acquises en tant qu'agent secret, et son pouvoir de séduction, un bel héros. Il travaille dans un environnement de luxe pour un homme fortuné, et croise la route de belles femmes dont certaines appartenant au genre fatal. Les dessins de Fábio Moon donnent une sensation de fausse imprécision : des silhouettes un peu trop longilignes, des chevelures avec un contour parfois anguleux, des aplats de noir un peu trop lourds plus importants que les simples ombres portées, des traits irréguliers en épaisseur ou avec des tremblements au lieu d'être bien rectilignes pour les bâtiments, une simplification des visages avec une légère accentuation des traits pour une petite exagération. Cette façon de dessiner apporte une forme de désinvolture dans la narration visuelle qui semble émaner des personnages eux-mêmes. La lecture ne s'en trouve que plus agréable, d'autant plus que cette désinvolture n'est qu'en surface. Le niveau de détails est en fait très élevé pour les différents lieux : la propriété où se déroule la fête, l'architecture intérieure de la bibliothèque où Cassaday est attaqué, le grand bureau de Boutique, le restaurant où Ruby se fait agresser et ses cuisines, la plage où Suki séduit Quentin, la ville détruite par les bombardements où vivait Amiel enfant, etc.



Le lecteur sent bien que le scénariste a construit son récit avec des moments visuels forts, et l'artiste y fait honneur. Il se délecte donc de scènes divertissantes et surprenantes : la séduction sur le plongeoir de la piscine, le magnifique modèle de voiture d'Amiel Boutique, les pentagrammes, la course-poursuite qui se termine par l'arrestation du prestidigitateur Thelonious Godchild, l'interrogatoire de la séductrice en cellule par Cassaday, le bombardement d'une ville, l'agression de Rudy, etc. Le dessinateur montre chacun de ces moments avec clarté, pour un spectacle vif et enlevé. Au fur et à mesure, le lecteur se rend compte que le scénariste a mis bien plus dans cette première moitié, que la simple recherche de l'identité d'Amiel et Quentin : les tentatives d'assassinat qui en découlent directement, mais aussi le prestidigitateur, l'entité qui se transforme en nuée de corbeaux, la jeunesse d'Amiel Boutique, la fraternité des Fabula, etc. Le lecteur se doute que la pertinence de ces éléments trouvera sa justification dans la suite du récit. Il s'interroge bien sûr sur le lien à faire entre l'intrigue ou le comportement des personnages, et le titre du récit : la forme de paresse qui correspond à l'acédie, c’est-à-dire une paresse spirituelle menant à une forme d'ennui. Peut-être que le comportement d'Amiel Boutique peut être assimilé à de la paresse ? Il revient aux trois citations mises en exergue. La première rappelle que les aventures de Casanova Quinn sont à concevoir dans la perspective d'un multivers : Casanova Quinn provient d'une réalité parallèle, peut-être que Akim Athabadze également ? Celle de Chabon semble s'appliquer à Amiel Boutique et peut-être également à Quentin Cassaday essayant d'être utile l'un à l'autre. La dernière incite le lecteur à considérer que le thème sous-jacent de ces épisodes est une étude de caractère, à confirmer.



À la fin de chaque épisode, se trouve donc une histoire courte : la première présente Imago, une musicienne dans un groupe de rock qui se fait photographier dans la rue par une meute de journalistes, après avoir ouvert en grand son manteau. En fonction des uns et des autres, ce qu'elle révèle ainsi est différent. La seconde raconte la mission d'un groupe de cinq aventurières, les métanautes, sur une planète extraterrestre pour tuer un Casanova Quinn dans une réalité. Dans les deux suivantes le groupe de rock féminin reçoit sa prochaine mission de leur chef.



Avec un tel titre Métanautes, le lecteur s'attend à ce que Michael Chabon fasse feu de tout bois dans le registre des métacommentaires. Il découvre en fait quatre aventures courtes, ayant comme fil directeur, le groupe de cinq jeunes femmes musiciennes. Il peut voir un métacommentaire dans le premier chapitre : chaque photographe voit ce qu'il a envie de contempler sous le manteau d'Imago. Dans le deuxième, elles tuent un Casanova Quinn à l'allure particulièrement mignonne : peut-être la destruction de l'enfance ? Dans les deux suivants, cela ressemble à une narration très premier degré, pour cadrer une mission de type Drôles de Dames / Charlie's Angels. Quoi qu'il en soit, la narration visuelle de Gabriel Bá est plus baroque, plus fofolle que celle de son frère, très agréable et amusante, et tout aussi inventive. Le lecteur reste dubitatif sur l'intention réelle du scénariste et sur la synergie entre ces histoires et celles de Casanova Quinn, mais il ne demande qu'à être convaincu par les épisodes suivants.



Après la vertigineuse mise en perspective de la bande dessinée d'aventures dans le tome précédent, le lecteur s'attend à une autre tout aussi échevelée. Il fait l'expérience d'une narration visuelle très accessible et très riche, et d'une enquête facile à suivre avec un jeu sous-jacent sur les possibilités du multivers, sans la flamboyance précédente. Une lecture divertissante et postmoderne.
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Fear itself, tome 1

Fear Itself est un récit empli de désespoir.



Le désespoir de la crise économique d’abord. Les subprimes sont passées par-là. Des millions de gens ont perdu leurs jobs, leurs maisons. Et que peuvent y faire les héros bardés de pouvoir ? Incarner l’espoir ne nourrit pas son homme. Seul Tony Stark peut faire une tentative, mais en tant qu’industriel, pas en tant qu’Iron Man.



Le désespoir des Dieux ensuite. Asgard est tombée. Les Dieux sont exilés sur Terre. Et voilà que le frérot d’Odin renaît. Pour lui Odin n’est qu’un usurpateur et il entend bien reprendre son trône. Sa stratégie ? Éliminer l’humanité pour croître en puissance. Sa tactique ? Contrôler certains des super-humains les plus puissants, les armer de marteaux et les envoyer faire le ménage. Ce frérot, c’est le Serpent. Si les prophéties ont raison, c’est donc l’heure de Ragnarok ! Et Thor ne doit pas y survivre.



Le désespoir des héros enfin, des Avengers en particulier, qui crise après crise n’en finissent pas de défendre un monde de plus en plus menacé, abîmé, fatigué. Ils tiennent. On se demande comment.



Un très bon récit apocalyptique de Matt Fraction, montrant une foultitude de héros mais se concentrant sur certains seulement ; le triptyque Thor, Iron Man et Captain America surtout (comme d’habitude diront certains).



Un élément agaçant toutefois : le besoin systématique, ou l’obligation éditoriale au choix, de placer la bannière étoilée aux commandes du combat ou de la résistance. Steve Rogers dirige tout et tout le monde, non pas parce qu’il est le meilleur pour ça, mais parce que les USA doivent diriger. Aucune autre option ne serait acceptable. Même les Dieux sont placés en dessous du drapeau en termes de hiérarchie. Un exemple, Tony Stark habillé d’une armure en métal d’Uru (le métal dont est fait Mjolnir) fait une réflexion à Odin et est balayé comme un moustique. Mais Rogers se permet de tancer vertement Odin, de lui donner des ordres, d’étaler sa colère contre lui. Et tout ce qu’Odin fait alors, c’est bafouiller, décontenancé « qui… tu… comment oses-tu me parler ainsi ? ». Et voilà, les USA peuvent se permettre de dire leurs quatre vérités aux dieux. De toute façon, ce ne sont pas de « vrais » dieux, pas vrai ? Ce sont des imposteurs en quelque sorte. Pfff !

On doit faire avec, je suppose. Ou alors lire des comics qui ne sont pas américains.



J’oubliais, Paris est détruite dans ce récit. Les américains adorent détruire Paris. Cela symbolise la mort de notre civilisation je suppose. Mais ici, ils y mettent les formes.

Mais ne vous inquiétez pas. C’est un comics. Tout, ou presque, peut-être annulé, rien n’est définitif.

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Avengers Vs X-Men, tome 2 : Conséquences

Challenge Pavés



Après un très bon premier tome (malgré la découpe et les dessins inégaux) j’avais hate de lire les conséquences de ce fameux cross-over. Je vous rappelle que le cross-over se termine dans le premier tome, mais les conséquences (qui font le lien entre le cross-over et les futures séries de Marvel) se trouvent dans ce deuxième volume.



Ce deuxième et dernier tome donc, se compose ainsi :



- les épisodes AVX VS 1-6



- Avengers vs. X-Men Infinite 1, 6, 10



- AVX : Consequences 1-5



La première moitié du tome contient les 6 chapitres des Versus qui nous détaillent les combat survolés dans le premier tome de AVX. Déjà, premier point noir. La série AVX ne tombait pas dans le détail des combats simpliste et idiots avec un humour qui n’a pas sa place ici. De plus lire les combats une fois qu’on a fini l’histoire, personnellement je n’en vois pas l’interêt. Et pire que tout, c’est mal écrit, les dessins sont infâmes, et les combats sont agrémentes de cases de type : « Le saviez vous ? » nous expliquant un détail stupide et ridicule d’un super-héros.



Vient ensuite les chapitres 1, 6 et 10 nommés Infinites. Ici pas de combats mais des scènes que l’on a déjà vu dans le premier tome, sauf qu’ici on rentre un peu plus dans les détails. Cela apporte un petit plus certes, mais en ce cas, pourquoi ne pas l’avoir intégrer dans le premier tome ? Là, une fois de plus on à déjà fini l’histoire. Revenir dessus n’apporte vraiment rien, mis à part pour meubler un deuxième volume qui jusque-là n’est ni palpitant, ni indispensable.



Par bonheur, il reste le dernier tiers du volume, qui contient les 5 chapitres de AVX : Conséquences. Ici tout va bien, on reprends les personnages quelques jours/semaines après la fin des événement du cross-over. On suit donc ce que chacun devient et les prises de décisions, et les futures intrigues qui vont se dessiner dans les prochaines séries.



Pas indispensable mais quand même bien intéressant, et très utile surtout si vous souhaitez lire les séries de chez « Marvel Now ! » comme « All new X-men », « Avengers » ou « Uncanny Avengers »



J’ai été conquis par ce cross-over, mais j’aurais vraiment aimé que l’éditeur n’essaie pas de nous arnaquer en proposant un deuxième tome au deux-tiers vide. Il aurait été plus sympa (et moins couteux, donc moins rentable pour eux) de sortir un premier tome avec le cross-over complet, plus la série conséquence suivi d’un deuxième tome avec les chapitres VS et les chapitres Infinites.

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The Old Guard : Tales Through Time

Une très longue vie de combat

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Ce tome contient des histoires courtes mettant en scène des personnages issus de la série The Old Guard de Greg Rucka & Leandro Fernández. Il regroupe les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2021, chacun comprenant 2 à 3 histoires, réalisées par des équipes créatrices différentes. Il contient également les 6 couvertures originales de Fernández, ainsi que les couvertures variantes réalisées par Jacopo Camagni, Valentine de Landro, Michael Avon Oeming, Steve Lieber, Rafael Albuquerque, Nicola Scott, et un paragraphe de présentation pour chacun des 28 créateurs. Le lecteur découvre des histoires réalisées par les scénaristes & dessinateurs suivants : Greg Rucka & Leandro Fernández, Andrew Wheeler & Jacopo Camagni, Kelly Sue de Connick & Valentine de Landro, Eric Trautmann & Mike Henderson, Brian Michael Bendis & Michael Avon Oeming, Robert McKenzie, Dave Walker et Justin Greenwood, Matt Fraction & Steve Lieber, David F. Walker & Matthew Clark, Jason Aaron & Rafael Albuquerque, Alejandro Arbona & Kano, Vita Ayala et Nicola Scott, et enfin une deuxième histoire par Rucka & Fernández.



Andy est en train d'entraîner Nile sur une plage déserte des Îles Canaries. Nile lui demande combien de haches elle a usées au fil des années : son interlocutrice répond qu'elle n'en a jamais eu qu'une seule, et elle évoque les nombreuses fois où elle a dû en faire remplacer une partie ou une autre. À berlin en 1932, Joe et Nicky prennent un verre en amoureux dans un cabaret. Ils sont pris à parti par un officier militaire visiblement homophobe, mais aussi raciste. La patronne intervient avant que la discussion ne dégénère. Plus tard les deux amants profitent d'un parc désert la nuit pour s'embrasser. Au Japon, au moyen-âge, un vieil homme taille son bonsaï, choisissant quelle branche reste, quelle branche est coupée, dans le même temps se souvenant des hommes qu'il a tués au combat, au service de son shogun. Au Texas en septembre 1870, Booker se retrouve impliqué dans un lynchage et un homme lui tire une balle dans la tête. Dans les années 1970, Andy va retrouver Zeus dans son restaurant italien pour qu'il lui prépare un bon petit plat.



La nuit du premier alunissage, Booker et Nicky vont réaliser un assassinat dans un pavillon de banlieue dans le Minnesota, pendant que Joe et Andy boivent une bière dans un bar de San Francisco en regardant le module se poser sur la surface de la Lune. À la fin du dix-neuvième siècle, Andy revient dans un des états du sud des États-Unis, pour retrouver son mari Achilles, maintenant âgé d'une soixantaine d'années. Dans le sud de la Pennsylvanie en 1863, Nicky porte l'uniforme des sudistes. En 1978 à Times Square à New York, Booker se fait bêtement capturer par un gang de nonnes avec des flingues. À la fin du dix-huitième siècle, Booker va manger dans le premier restaurant de Paris, Les trois frères provençaux, avec son fils. Au temps présent, Andy et Nile réalisent un vol à haut risque dans un musée à Paris. À l'époque contemporaine, Isaac sort de ses montagnes pour se rendre en ville et acheter du matériel pour passer l'hiver en montagne.



En 2017, Rucka & Fernández créent cette nouvelle série, pour une histoire semblant complète, fonctionnant en fait comme une première saison racontée sous forme d'une minisérie en 5 épisodes. En 2019/2020 paraît la deuxième saison également en 5 épisodes, intitulée Force Multiplied. En 2020, un film réalisé par Gina Prince-Bythewood, avec Charlize Theron, est diffusé sur une plateforme spécialisée. Les auteurs ont prévu de terminer cette histoire dans une troisième minisérie intitulée Fade Away. Dans le courant 2020, les auteurs décident de battre le fer tant qu'il est encore chaud et de mettre en chantier une série dérivée, mettant en scène les personnages principaux de la série, dans des histoires complètes et auto-contenues, réalisées par d'autres équipes artistiques. Rucka & Fernández se chargent de réaliser celle qui ouvre la présente anthologie, et celle qui la referme. D'un côté, cela officialise le caractère légitime de l'entreprise, en montrant qu'ils s'y sont impliqués ; de l'autre côté, le lecteur qui aurait préféré s'en tenir aux trois miniséries réalisées par les auteurs originaux peut se sentir contraint d'aller voir le présent recueil. Il en ressort très impressionné par les planches de Fernández : une narration visuelle remarquable de clarté, avec une belle densité d'informations quand nécessaire, plus aérée quand la scène repose sur des paysages naturels, avec une saveur évoquant les pages d'Eduardo Risso, tout en conservant sa propre personnalité. La première histoire sur la hache d'Andronika et anecdotique, et la dernière sur Isaac, tout autant.



Le lecteur en vient presque à se demander pour quelle raison il a pu imaginer qu'une série d'histoires courtes sur ces personnages pouvait présenter un intérêt. Certes, Andy, Isaac, Joe, Nicky et Nile sont distincts les uns des autres, mais sans histoire personnelle très substantielle, sans motivation propre très distincte, essentiellement des combattants hors pair. Les dix scénaristes mettent à profit la caractéristique principale des personnages : des combattants immortels. C'est ainsi que le lecteur voyage à travers les siècles et les pays, du dix-huitième au vingt-et-unième siècle, de la France au Far Ouest, en passant par le Japon. À l'évidence, certains scénaristes ont trouvé une image forte qu'ils développent : la taille d'un bonsaï, le premier alunissage, le premier restaurant, un casse bien préparé. La majeure partie relie son récit à un événement historique : la montée du nazisme en Allemagne, un lynchage en guise de justice expéditive, la bataille de Passchendaele en Belgique en 1917, la guerre de Sécession. Les dessins restent dans un registre descriptif, allant du très détaillé pour Kano, de l'hyperréaliste pour Nicola Scott, à d'autres jouant plus sur les aplats de noir comme Valentine de Landro et Michael Avon Oeming. Chaque chapitre bénéficie d'une narration visuelle de bon niveau, certains avec un style plus affirmé.



Le lecteur se laisse donc prendre au jeu de la variété des situations, de la violence engendrée par le conflit, avec un enjeu supplémentaire à chaque fois. Certains scénaristes jouent avec un enrichissement de la situation au fur et à mesure de la progression, d'autres sur le principe d'une histoire à chute. En fonction de sa sensibilité et de ses attentes, le lecteur prend plaisir à la lecture au premier degré de telle ou telle histoire. L'intolérance punie d'un officier nazi, avec des dessins descriptifs tout en restant léger. L'analogie entre le choix de couper telle branche, ou de tuer tel individu sur le champ de bataille avec des dessins plus pesants du fait de traits de contour plus épais, et une composition de page alternant 9 cases de la largeur de la page sur une même page. La préparation d'un plat très épicé avec des ombres portées mangeant les personnages et les décors. L'évocation très concrète d'une époque que ce soit la corruption de la police sur la côte ouest ou le lynchage d'un afro-américain, avec des dessins clairs et aérés. La reconstitution d'une époque (guerre de Sécession, Times Square) avec des dessins qui soulignent la composante second degré de la nouvelle, soit dans le gore soit dans le grindhouse (avec une mention spéciale pour les nonnes avec mitraillettes). Plus étonnant, la dimension sociale du premier restaurant soulignant l'évolution historique, ou la récupération d'un artefact inoffensif dans un musée, avec des dessins gorgés de détails.



Ces histoires courtes se lisent rapidement, avec certaines plus chargées en émotion, et d'autres en règlement de compte. Néanmoins pour en percevoir toute la saveur, le lecteur doit se souvenir de la saison deux : Rucka & Fernández dépassait le stade de guerriers immortels ayant accumulé des décennies d'expérience au combat, et même des siècles, pour élargir la perspective en évoquant l'effet de vivre pendant autant de temps, de cumuler autant d'années de vie, au point que l'esprit n'est plus capable de se souvenir de tout, voire efface la majorité des souvenirs, ne laissant plus que de vagues impressions. Sous réserve d'avoir ce point de vue à l'esprit, le lecteur perçoit alors plus de consistance dans ces récits. Certains scénaristes savent en effet faire ressortir la manière dont le ou les personnages immortels relativisent les événements qui apparaissent de courte durée, au regard de la longueur de la vie déjà vécue, et de la quasi-certitude d'en vivre encore une multitude innombrable, ce qui diminue d'autant la valeur et la signification de l'instant présent. Dans ces moments, l'histoire prend alors une autre dimension, plus tragique, provoquant un effet de prise de recul chez le lecteur sur le sens de ce qui est vécu, ce qui est jugé important sur le moment, ce qui reste.



Une douzaine d'histoire courtes consacrées à des personnages auxquels le lecteur ne s'est pas forcément beaucoup attaché : un produit facile à réaliser à l'occasion d'une synergie avec un film. Oui, il y a de cela, mais les créateurs ne sont pas les premiers venus, certains avec même des années d'expérience, et ils ont bien intégré la spécificité de ces combattants. Scénaristes comme artistes s'impliquent pour donner de la consistance à la reconstitution de chaque époque, pour trouver un lieu et une époque originaux. Certains sont plus adroits pour raconter une histoire courte, d'autres ont une idée plus originale, et enfin la plupart font ressortir les conséquences induites de l'immortalité des personnages, sur leur façon de s'impliquer dans une situation.
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Sex Criminals, tome 3 : Triolisme

Un troisième tome dans la lignée des précédents... la base reste le sexe et leur façon de l'utiliser pour branquer des banques. Les auteurs ajoutent des personnages pour diversifier les différents types de relations sexuelles qu'il peut exister. Il y a Rachelle, l'amie de Susie et Robert, un ami de Jon qui ont fait connaissance dans le second tome. Leur expérience sexuelle les éloigne... Il y a aussi d'autres personnages qu'on découvre tout juste avec des sortes d'avatars sexuels assez... étonnants.

Je pensais que c'était le dernier tome mais je pense qu'il y aura au moins un autre comme cela s'arrête en pleine action. J'ai un peu eu l'impression que ça partait dans tous les sens, je me demande comment va s'orienter la suite...
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ODY-C, tome 1 : Off to far Ithicaa

Ce roman graphique est visuellement magnifique, l'un des plus beaux que j'ai lus.Pour le dire simplement, c'est une adaptation de l'Odyssée d'Homère en Space Opera. En Space Opera sous LSD. Un Space Opera psychédélique dont tous les personnages sont maintenant des femmes.Ça ne sonne pas si original, comme ça. Mais ils ne se sont pas contenté de changer les îles pour des planètes et les bateaux pour des vaisseaux spatiaux. C'est la mythologie grecque dans son ensemble qui a été réécrite.Ici, les Déesses (tous les personnages sont des femmes) sont des extraterrestres qui ont soumis les autres espèces et les ont convaincus de leur supériorité. En fait, elles sont elle-mêmes convaincue de leur divinité et de leur rôle dans la création de l'univers.Zeus (une femme), il y a longtemps, pour mettre fin aux cycles de violences propre à la mythologie, a tué tous les hommes de l'univers. Tant chez les dieux que les humains.Des androïdes ont été construits pour la procréation, mais ils ne peuvent qu'engendrer des femmes ou d'autres androïdes (d'un troisième genre, relégué à son rôle d'engrosseur).Les aventures d'Ulysse (une femme) qui tente de retourner à Ithaque après le siège de Troie ne sont donc qu'une sous-intrigue dans une histoire de géopolitique cosmique complexe.Le psychédélique là dedans? Le contact entre Déesses et humaines, le pilotage même des vaisseaux, semble se faire par un mélange heureux de drogues et de technologie (les années 70 appelaient ça "cyberdélique"). Toutes les images de la BD donnent l'impression que chaque personnage est complètement défoncé.Pourquoi "juste" 4 étoiles alors? Le ton, je dirais. Les auteurs ont tenté d'écrire dans un style épique, homérique, plutôt opaque et qui, à mon avis, ne sert pas bien le délire complet que représente le reste du livre. Il y a une certaine expérimentation stylistique. Seuls les Déesses ont droit à des bulles de dialogue. Les humains n'ont droit qu'à des carrés de narration venant d'un narrateur omniscient avec des dialogues entre guillemets. Ça rend le tout peu accessible.
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November, tome 1 : La Fille sur le toit

Dès les premières pages, on remarque la radicalité du graphisme, les cadrages sont dynamiques, le mouvement mis en avant, les couleurs se confrontent, des noirs agressifs, des couleurs sombres saturées, ocres rouges, bleus graves, nuances subtiles acides ou au contraire très neutres sur un papier mat, on s’enfonce dans les vignettes qui deviennent parfois carrément abstraites, chaque vignette, chaque page pose un rythme, une ambiance… Une page bleue avec juste un éclat de phare rouge et le découpage est tout aussi péremptoire, des vignettes en hauteur, parfois toutes noires avec quelques mots, et le récit est découpé de la même façon, en saynètes dynamiques, brutes, violentes, agressives. On passe d'un personnage à l'autre, c’est vraiment ciselé au cordeau, certaines images marquent comme un logo. Une ambiance de polar noir, de thriller, avec trois filles dont les histoires se recoupent, c’est remarquablement bien conçu, sauf que…



Pourquoi une note si sévère vous direz-vous ? Parce qu’en refermant le livre, je n’ai toujours pas compris les enjeux de cette histoire, on referme un livre sans avoir la moindre idée d’où on va, et il faudra attendre la suite, que je lirai sans doute, mais c’est frustrant d’être face à ce patchwork d’orfèvre, et de ne toujours pas savoir si l’histoire me plaira ou pas, de ne même pas savoir si c’est un polar ou du fantastique ou de la science-fiction, non pas que j’ai un besoin irrépressible de coller des étiquettes, mais là, je ne sais même pas de quoi ça parle.

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November, tome 1 : La Fille sur le toit

Ce tome est le premier d'une trilogie qui forme une histoire complète indépendante de toute autre. Il est paru directement sous forme d'un tome relié, sans prépublication. La première édition date de 2019. Le récit a été écrit par Matt Fraction, mis en images par Elsa Charretier (dessins & encrage) et mis en couleurs par Matt Hollingsworth.



Au début : une page avec le poème No! De Thomas Hood (1799-1845). Prologue - Dans une grande métropole, Dee (Deanna) est assise à sa table habituelle dans le diner du coin, en train de faire les mots croisés du journal du jour. Mister Mann s'installe à sa table, malgré sa demande de la laisser tranquille. Dee sort une clope de son paquet, et Mister Mann l'allume avec son briquet à essence. Il entame la conversation sur les mots croisés qu'elle est en train de faire, puis lui indique qu'il a de l'argent pour elle. Il lui montre une liasse de billets dans la paume de sa main gauche. Ayant capté l'attention de Dee, il lui demande de se représenter une porte dans son esprit. Puis il lui demande d'imaginer que la serrure est remplacée tous les jours. À chaque fois que la porte est ouverte, une lumière rouge s'allume au-dessus de la porte. Mister Mann explique à Dee que son boulot serait d'allumer la lumière au-dessus de la porte pour 500 dollars par jour, tous les jours. Elle accepte. Chaque jour, elle fait les mots croisés tôt le matin, décode le message qu'ils contiennent, monte sur le toit de son immeuble, allume sa radio et lit le code chiffré. Chaque jour, elle trouve 500 dollars en billet dans sa boîte aux lettres.



Chapitre 2 - Une femme a éminemment conscience qu'elle peut marcher toute la journée dans n'importe quelle direction et qu'elle se trouverait toujours ici. Une belle jeune femme rousse effectue son trajet habituel dans le métro. Elle sort à sa station et va faire les courses dans la supérette du quartier. Elle marche jusqu'à chez elle, mais en cours de route, ses deux sacs en papier se déchirent et leur contenu se répand au sol. Elle est ensuite bousculée par trois jeunes qui passent en courant. En ramassant ses commissions, elle constate la présence d'un flingue dans la flaque d'eau à ses pieds. Elle appelle la police. Chapitre 3 - Kowalski rêvait d'une carrière dans la police. Elle s'est retrouvée standardiste dans un commissariat, répondant aux appels du public pour le numéro d'urgence 911. Elle accepte bien volontiers d'enchaîner un deuxième service au premier, pour ne pas avoir à se retrouver chez elle avec sa copine Donna. Elle se lève et interpelle le policier surnommé 12-6, en lui rappelant qu'il doit rester en contact permanent, qu'elle doit pouvoir le contacter à tout moment. Le standard se met à clignoter dans tous les sens, et elle se dépêche de reprendre son poste pour répondre. Chapitre 4 - Les policiers Rookis & Skell sont affectés à l'entrepôt des pièces à conviction. Skell explique en quoi leur boulot est important : il permet aux enquêteurs de rétablir la chaîne de causalité, grâce aux liens qu'ils établissent entre les faits et les pièces à conviction. Rookis s'interroge sur ce qu'il adviendrait si des pièces à conviction venaient à être subtilisées. Épilogue - Dee pose la question qui lui brûle les lèvres à Mister Mann.



En entamant ce premier tome, le lecteur sait par avance qu'il plonge dans un récit sortant de l'ordinaire. Matt Fraction est un scénariste ayant réalisé de nombreux récits sortant des sentiers battus : Casanova avec Fábio Moon & Gabrie Bá, Satellite Sam avec Howard Chaykin, Sex Criminals avec Chip Zdarsky, ODY-C avec Christian Ward. Elsa Charretier est une artiste française ayant réalisé l'excellent The Infinite Loop avec Pierrick Colinet. Il s'agit donc de l'association de 2 auteurs à la forte personnalité. Ensuite, le format de parution tranche par rapport à celui des comics industriels : 3 tomes reliés, sans prépublication. La couverture est un savant collage de 3 images dont 2 superposées. Le titre est particulièrement cryptique. Cette impression est vite confirmée à la lecture. Le récit se décompose en 4 chapitres, encadrés par un prologue et un épilogue, qui forment une seule et même scène consacrée à Dee et son interlocuteur Mister Mann. Un chapitre est consacré à la mission quotidienne lucrative de Dee, les autres à d'autres personnages. Le chapitre consacré à Dee expose une de ses journées types, tout en évoquant incidemment sa condition de junkie et les maltraitances qu'elle a subies. Le deuxième chapitre se déroule en moins d'une heure, concernant une jeune femme qui n'est pas nommée. Le lecteur détecte tout de suite que le scénariste est en train de tricher dans le troisième chapitre puisqu'il s'écoule une vingtaine d'heures, avec de nombreux trous dans les événements qui surviennent. Le quatrième chapitre arrive comme un cheveu sur la soupe, avec cette histoire de pièces à convictions. La structure narrative ressemble donc à un puzzle avec des pièces dans le désordre et toutes n'ont pas la même importance.



S'il a lu The Infinite Loop (ou ses travaux pour Marvel et DC), le lecteur s'attend à retrouver les dessins tout public d'Elsa Charretier avec leur apparence évoquant un croisement entre Bruce Timm et Darwyn Cooke. Il se dit que cette filiation a tout son sens puisqu'ils sont tous les deux amateurs de polars, en particulier Cooke avec ses adaptations des romans de Donald Westlake, mettant en scène l'inénarrable Parker. Effectivement, la filiation avec ces 2 artistes est toujours là, et en même temps sa narration visuelle a évolué. La dessinatrice a abandonné sa propension à peaufiner les visages pour les rendre plus séduisants, les silhouettes pour les rendre plus élégantes, les décors pour les rendre plus rutilants. Dee et Mister Mann semblent s'être préparés pour un concours de poche sous les yeux, et il est difficile de désigner un vainqueur. La maigreur de Dee fait peur à voir, et atteste du fait que les substances psychotropes et les clopes prélèvent un lourd tribut sur sa santé physique. Mister Mann est suave au point d'en être onctueux et écœurant. La jeune femme rousse est beaucoup plus avenante, mais les expressions de son visage montrent une vie intérieure encline à l'angoisse. Kowalski donne l'impression d'être harassée de fatigue, par les soucis, par le rythme des appels, par l'idée de retrouver Donna. Le lecteur se retrouve bien face à des adultes ayant maille à partir avec les petits et les grands tracas de la vie.



Dès les premières images, le lecteur éprouve la sensation de se retrouver dans les décors familiers des grandes villes américaines : le diner simple mais accueillant, l'appartement minable, le toit d'immeuble avec ses cheminées, la boîte à striptease crasseuse, le métro avec toutes sortes de gens, la rue peu fréquentée, l'entrepôt avec ses immenses étagères fonctionnelles. La représentation de chaque lieu contient un bon niveau de détails, réalisant une description bien équilibrée entre simplification de certaines formes et consistance des lieux. Le lecteur observe vite que la dessinatrice a construit l'ensemble de ses planches sur la base d'un découpage en 3 bandes de 4 cases de taille identique. En fonction de la séquence, le nombre de cases peut varier de 12 (3 bandes de 4 cases) à 3 (3 cases de la largeur de la page). Certaines cases sont donc fusionnées : 2 pour en faire 1, ou 3 pour en faire une ou 4 pour en faire une, cela donne une structure à la fois rigide et souple au découpage. Il constate également que les auteurs jouent avec élégance sur ce que peuvent montrer les cases. S'il y prête attention, il remarque par exemple que la texture du micro de la radio de Dee est exactement représentée par le même type de croisillon que celui du micro de Kowalski. Il note également qu'ils insèrent des gros plans pour un détail sur lequel se fixe l'attention d'un personnage ou d'un autre : la flamme du briquet à essence, le rond de la lumière rouge au-dessus de la porte, la tête d'un pigeon, une balle restante dans le barillet du flingue, un cadenas, une clope écrasée dans le jaune d'un œuf au plat, les maillons d'une chaîne, une petite culotte. Cela produit un effet étrange sur le lecteur : une impression fugace du ressenti d'un personnage, une impression qu'il s'agit d'un indice capital pour la suite.



À la fin de ce tome, le lecteur a bien compris qu'il s'agit que d'une partie de l'histoire qu'il ne pas juger à l'aune de ces pages. Il s'est également bien rendu compte que Matt Fraction fait en sorte de l'inviter à jouer un jeu. Dans le prologue, Mister Mann dit à Dee qu'elle ne doit pas prendre tout ce qu'il dit littéralement, qu'il y a des métaphores. Effectivement dans ce prologue et dans le chapitre 1, Dee se livre à des observations sur son existence, sur son sens : l'importance de la routine, les liasses quotidiennes de billets qui finissent par s'apparenter à des prospectus publicitaires, le fait que chaque individu se tienne dans une cage métaphorique qui limite le territoire de sa vie. Au contraire, le chapitre 2 donne l'impression de rester dans un registre purement factuel, sans plus de considération philosophique. Les explosions de grande ampleur du chapitre 3 laissent supposer qu'elles sont liées au message radio quotidien de Dee. Progressivement, le lecteur acquiert la conviction qu'il s'avance dans un polar à la narration chorale où les pièces du puzzle s'assemblent parfaitement, où les individus se débattent dans des schémas de vie dont ils n'ont pas conscience.



Le lecteur apprécie tout de suite ce premier tome (sur 3 de prévus) grâce aux dessins immédiatement lisibles, établissant tout de suite une grande familiarité avec les personnages et les environnements. Il progresse dans une construction narrative rigoureuse et complexe, que ce soient les pages bâties sur une trame de 3 bandes de 4 cases, où l'intrigue avec des éléments qui se répondent d'un chapitre à l'autre. Il ressent bien le récit à base de mystères l'invitant à établir des liens de cause à effet, avec des personnages abîmés par la vie, et une intrigue qui fait ressortir comment l'environnement façonne les individus.
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Métal Hurlant, n°1 : Le futur c'est déjà demain..

On le savait, c’était annoncé en grande fanfare et le voilà le grand retour de Metal Hurlant.

Et ce n’est pas un 2.0, mais bel et bien une renaissance de ce magazine mythique.

Un beau recueil de science-fiction, et le thème de cette première saison est « le futur proche ».

Ainsi pas moins de 52 artistes, écrivains, scénariste, illustrateurs, et journalistes y ont travaillé avec des noms dont le succès n’est plus à vanter (Alfred, Mathieu Bablet, Ugo Bienvenu, Alain Damasio, Carole Maurel, Merwan et j’en passe beaucoup…) mais aussi de bien belles surprises avec des artistes moins connus mais tout aussi excellent comme Adam Sillard qui publie ici sa première BD, ou bien Julien Perron, Ingo Römling, Paul Lagolley, Berliac etc…

C’est un délice de lire toutes ces histoires imaginées, plus ou moins moralisatrices et/ou lanceuses d’alerte, mais toujours avec un œil critique bien acerbe. Elles nous amènent toutes à réfléchir aux possibles conséquences de nos actes, de nos excès et de nos inventions sur notre avenir proche.

L’épaisse première partie d’articles est toute aussi passionnante et nous démontre à quel point l’imagination et un minimum de jugeote nous permettrai de devenir visionnaire, à l’instar de tous ces artistes de SF ayant trituré leurs méninges pour imaginer notre devenir.

C’est vraiment jouissif !

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Hawkeye, tome 4 : Rio Bravo

J’ai aimé le graphisme au trait lourd, aux couleurs de gris, de bleus et d’ocres intenses, j’ai aimé l’ambiance lourde. Mais je n’ai pas aimé l’histoire, il faut avoir les codes, et vraisemblablement je ne les possède pas. Des scènes de baston bien réalisées, une histoire de relation entre frères, et une histoire de spoliation de bâtiments, d’affaires compliquées, avec des dialogues évasifs, non, en fait, le problème, c’est les textes, chargés de sous-entendus, quelques mots sans phrases, à nous de faire le lien, ça crée une ambiance, mais disons-le franchement, je n’ai rien compris, à part qu’à la fin c’est les bons qui gagnent et ça ne m’a pas donné envie de faire l’effort, ni d'en connaître plus. Non, vraiment, ce n’est pas pour moi, trop private joke, j'ai eu l’impression que je n’étais pas légitime en tant que lecteur de cette aventure, je trouve cette sensation très désagréable.
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Sex criminals, tome 1 : Un coup tordu

Suzie est une jeune adolescente qui découvre son corps, et oh stupeur, lorsqu'elle a un orgasme le temps s'arrête. Évidemment elle se pose plein de question mais visiblement elle est la seule à qui se phénomène bizarre arrive. Enfin c'est ce qu'elle pensait jusqu'à ce qu'elle rencontre Jon et que tout deux s’aperçoivent qu'ils ont le même secret. Et s'ils en profitaient. Quand le temps s'arrête pour les autres mais pas pour nous, on peut faire plein de chose à leur insu... crier sur sa mère alcoolique pour se défouler, déféquer dans une plante verte pour se venger ou alors... braquer des banques.



L'idée de départ était originale mais j'ai eu beaucoup de mal à accrocher à cette bande dessinée. je sais pourtant qu'elle a était encensée par les critiques et que beaucoup de personnes se sont régalées en la lisant. Mais pour moi le charme n'a pas opérée. Malgré un érotisme plutôt bien maitrisé : effectivement les nombreuses scènes de sexe restent toujours soft et on bascule rarement dans le vulgaire.

Alors la faute à quoi? Un démarrage longuet et poussif pour ma part. La découverte du phénomène par nos deux protagonistes dans leur adolescence est peu entrainant. Il a surement pour but de faire connaissance avec nos héros mais j'ai eu autant de mal à accrocher à la Suzie ado qu'au Jon ado. Je préfère de loin leur version adulte.

Les dessins, bien que plutôt expressifs, avait parfois du mal à me captiver. Le coté comics surement. Il y a une certaine répétition dans le cadrage des fois aussi. Pourtant la colorisation est plutôt sympa. Les effets de lumière lorsque les héros sont "dans le grand calme" sont bien trouvés.
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Dark Reign, Hors-Série N°2 : La Liste (2/2)

Sur la lancée de la critique du Hors-Série n°1 de cette série Dark Reign, l'élan était pris, mais la chute fut bancale.

On a affaire ici à un Hors-Série sans âme et très inégal, alors que son potentiel était très intéressant. Pour clôturer cette mini-série "La Liste", on nous sert ainsi quatre récits concernant la fin de la liste de Norman Osborn (dont c'est le Dark Reign) : X-Men, Daredevil, Hulk et Spider-Man. Que de potentiels donc, car Norman Osborn s'attaque à du très gros gibier ! Contrairement au premier volet, rien de notable n'arrive finalement dans ces récits, même si ceux sur Daredevil et Spider-Man sont plutôt bien mis en valeur.

Un épisode trop terne donc, pour un hors-série qui est pourtant censé amorcer la fin de la période "Dark Reign".
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Casanova - Acedia, tome 2

Qui me veut du bien ?

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Ce tome fait suite à Casanova: Acedia Volume 1 (épisodes 1 à 4) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 5 à 8, initialement parus en 2016/2017, écrits par Matt Fraction, dessinés, encrés et mis en couleurs par Fábio Moon, avec l'aide de Felipe Nunes pour les couleurs pour l'histoire principale consacrée à Casanova Quinn. Chaque épisode comprend une histoire courte supplémentaire, écrite par Michael Chabon, dessinée, encrée et mise en couleurs par Gabriel Bá. Les couvertures ont été réalisées par Fábio Moon. Le recueil s'ouvre avec trois citations : une du roman Watership down (1972) de Richard Adams (1920-2016), une de la chanson Kill your sons de Lou Reed (1942-2013), et une du roman The Omega Glory (2006) Michael Chabon. Il comprend également des dessins en pleine page réalisés par Rafael Albuquerque, Eduardo Medeiros, Gustavo Duarte, Andrew McLean, Eduardo Risso, Christian Ward, Jason Latour, Chip Zdarsky, Gerard Way, Dustin Harbin.



Quentin Cassaday s'est introduit dans une propriété privée en découpant un trou dans le grillage. Il s'est déshabillé en courant sur la pelouse et il termine d'enlever son pantalon en montant l'escalier qui mène à l'étage de cette demeure vide. Il parvient dans un studio d'enregistrement à bande et entend comme une mélopée sortir d'une enceinte alors que tout le matériel est recouvert de toiles d'araignée et de poussière. Nu, il s'assoit sur le fauteuil du l'ingénieur du son devant la table de mixage et il contemple la pièce d'enregistrement de l'autre côté de la vitre. Il lui semble voir la silhouette d'une jeune femme bonde nue. Il lui revient une phrase en mémoire : l'homme qui hait ce qu'il est devenu, n'est pas une espèce d'homme. Au temps présent, il est en train de raconter ce souvenir dans une belle pièce ensoleillée avec une grande baie vitrée et vue sur la mer, à Heath et Sasa Li en demandant à cette dernière si elle était vraiment là. Heath lui répond que c'est idiot, que bien sûr elle n'était pas là. Il leur demande pour quelle raison il devrait les aider à tuer son bienfaiteur



Heath répond à Quentin Cassaday que Amiel Boutique est un monstre, qu'il s'appelle en fait Akim Athabadze. Sasa lui remet un dossier sur cet homme pour qu'il en prenne connaissance, qu'il sache toutes les horribles choses qu'il a commises. Ils lui précisent que c'est la manière de faire habituelle de Athabadze : faire table rase de son passé, recommencer à zéro, engager quelqu'un pour retrouver son passé, et si l'enquêteur y parvient, recommencer le cycle. Ils ajoutent qu'il est vraisemblable que Athabadze sache déjà que Heath et Sasa l'ont contacté lui Cassaday. Ce dernier estime qu'ils sont paranoïaques. Il regarde la photographie sur la pochette du dossier, celle de son employeur, et finit par l'ouvrir et le consulter : il est atterré par ce qu'il y lit. Dehors, Sasa Li et Heath attendent patiemment en regardant le soleil se coucher. Dans une librairie, Suki est allé acheter un livre pour Kaito Best toujours alité à l'hôpital : Sabine Seychelle lui ramène le tome 1 de Casanova, par Fraction, Moon et Bá.



Il faut un petit temps au lecteur pour qu'il se souvienne dans quelle situation il avait laissé Casanova Quinn. En effet, l'épisode 4 était consacré à l'enfance d'Akim Athabadze sous les bombes. Il retourne donc à l'épisode 3 et revoit Quentin Cassaday agressé sur une plage par Sasa Li et Heath. Une fois les idées en place, il peut reprendre le fil de l'intrigue : Casanova Quinn a perdu la mémoire et s'appelle maintenant Quentin Cassaday et il travaille pour un riche personnage appelé Amiel Boutique, mais dont le vrai nom est sûrement Akim Athabadze. Les autres personnages récurrents de la série jouent un rôle un peu différent de d'habitude, c’est-à-dire des trois livres précédents, en particulier Ruby. À partir de là, l'histoire reprend sa forme d'espionnage et de thriller : Casanova Quinn ne sachant pas à qui se fier avec certitude, il se retrouve dans le rôle de l'agent double. D'autres forces sont à l'œuvre, en particulier des créatures surnaturelles, composante déjà présente dans le tome précédent, et certains personnages maîtrisent l'art de tracer des glyphes et des pentacles de protection. Le lecteur joue le jeu d'assembler les pièces du puzzle, tout en savourant le divertissement à base de combats physiques, de machinations entre les dimensions, et de tueurs plus ou moins compétents, avec un personnage principal très compétent à ce petit jeu.



Le lecteur retrouve avec plaisir la narration visuelle de Fábio Moon et ses caractéristiques : un trait délié et souple à l'épaisseur variable, une attention presque désinvolte portée aux décors tout en étant bien réelle, et des personnages très vivants. Comme dans les épisodes précédents, le lecteur se retrouve vite envouté par le charme des dessins. Ceux-ci disposent d'un réel poids grâce à l'usage d'aplats de noir aux formes irrégulières, parfois tarabiscotées, donnant une sensation que tout n'est pas révélé par la lumière, qu'il y a des éléments qui résistent à la curiosité du regard donnant plus de relief à chaque personnage, à chaque environnement, avec une part de mystère insondable. L'artiste s'amuse bien à jouer avec les silhouettes des protagonistes, parfois à la limite de la déformation, mais sans jamais franchir la ligne de séparation. Pour la plupart, ils sont grands et longilignes, avec une classe naturelle, et une grâce dans leurs mouvements. La ressemblance de Casanova Quinn avec Mick Jagger s'est un peu atténuée, et il fait moins rockstar. Amiel Boutique reste éminemment sympathique, même quand son visage devient plus grave, en décalage avec ce dont il est accusé, et le lecteur continue de le percevoir comme une figure paternelle, un peu protectrice. Les femmes ont le beau rôle dans ces épisodes : Sasa Li, Sabine Seychelle, Ruby. Bien évidemment, elles ne sont pas des potiches, et encore moins des victimes toutes désignées sans défense. Le dessinateur sait leur donner une personnalité différente à chacune. Sasa Li apparaît le plus et lorsque le lecteur prend le temps de la regarder, il perçoit son caractère bien affirmé littéralement rayonner de son visage et de ses postures. Elle mène la danse, et domine Quinn du début jusqu'à la fin, avec un ascendant indéniable sur lui. L'épisode 8 est consacré à son enfance et son adolescence et sa forte personnalité irradie à chaque page. Par comparaison, Ruby apparaît plus douce, essentiellement parce qu'elle est préoccupée par l'état de santé de son compagnon Kaito Best. Sabine Seychelles est entre les deux, avec une fermeté certaine dans sa manière de se comporter.



La coordination entre dessinateur et scénariste continue de fonctionner pleinement, le dernier pensant son histoire en termes visuels, et le premier concevant des plans de prise de vue, des décors et des costumes en phase avec la nature du récit. Le lecteur se régale avec tout ça : Sasa et Heath se tenant face à la mer sur la terrasse en bois, Ruby découvrant le sous-sol de la librairie dans une perspective à la Escher (1898-1972), le démon faisant son apparition dans la chambre d'hôpital, Kaito Best découvrant la salle d'observation avec les écrans reflétant tous la silhouette de Quinn, ce dernier regardant Sasa Li dormir, ou encore elle-même découvrant un cadavre dans la mare du domaine familial. Il sourit en voyant une assemblée attablée déguster des ortolans, dans le noir, avec torchon sur la tête, respectant la tradition, scène totalement inattendue et parfaitement réussie. Ce tandem de créateurs parvient à être en phase pour raconter une histoire comme si elle était le fruit d'une seule et unique personne, avec un panache de toutes les pages, quelle que soit la composante prédominante : action, émotion, humour, spectacle. L'histoire progresse de manière accessible, tout en comportant des éléments très bizarres, comme sur une page de droite Sabine Seychelles lisant les aventures de Casanova Quinn en bande dessinée correspondant exactement à la page de gauche en vis-à-vis. Le lecteur sait que ces moments trouvent leur explication dans l'existence du multivers, tout en appréciant le caractère ludique de chercher comment tout ça s'articule.



En fin de chaque épisode se trouve une courte histoire (respectivement de 4, 6, 5, 4 pages) supplémentaire consacrée au groupe de quatre femmes, appelé Métanautes, ayant pour mission de tuer Casanova Quinn, dans une dimension après l'autre. Michael Chabon semble écrire au gré de sa fantaisie ou presque : une femme dans un lit d'hôpital et un homme qui se fait sauter le caisson sur une plage, une communauté de jeunes enfants chauves évaluant les résultats des missions des métanautes et une convention de comics, un manager qui succombe aux charmes des quatre femmes du groupe de rock qu'il gère, un enfant punit pour avoir mal parlé. Le lecteur est également sous le charme, cette fois-ci de la désinvolture inventive du scénariste, et des dessins amusés et minutieux qui racontent ces moments improbables. Le lien avec Casanova Quinn devient plus apparent et le lecteur se doute que ces scénettes gravitent autour de l'histoire principale, que Quinn finira par affronter les métanautes.



Ce deuxième tome se lit facilement et constitue un divertissement de premier choix, comme une sorte de récit d'espionnage mâtiné de science-fiction interdimensionnelle avec des dessins élégants et détendus, détaillés et inventifs. Le lecteur espère que les auteurs reprendront la série un jour, car elle est en pause depuis 2017.
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