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ODY-C tome 1 sur 2
EAN : 9781632153760
136 pages
Image Comics (23/06/2015)
4/5   2 notes
Résumé :
An eye-searing, mind-bending, gender-shattering epic science fiction retelling of Homer's Odyssey starting with the end of a great war in the stars and the beginning of a very long journey home for Odyssia and her crew of warriors. The journey to Ithicaa begins HERE, by Matt Fraction (Sex Criminals) and Christian Ward (Infinite Vacation, Olympus).
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une histoire complète en deux tomes. Il comprend les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2014/2015, écrits par Matt Fraction, dessinés, encrés, mis en couleur par Christian Ward qui a travaillé à l'infographie en mode couleur directe.

Quelque part dans l'espace, sur une planète nommée Troiia-VII, la guerre a fait rage, et le champ de bataille est jonché de cadavres. L'armée d'Achea marche victorieuse. Odyssia prie et rend grâce, en laissant tomber du sang de sa main droite. Elle prie Amphitrite de la guider pour son retour chez elle. Il faut du temps aux Achea pour piller cette planète assiégée. À la fin, il ne reste plus que trois d'entre elles : Odyssia, Gamem et Ene. Cette dernière amène un des derniers hommes de la planète, attaché par une laisse. Plutôt que de ressentir du soulagement, Odyssia soupire en pensant à sa famille, à sa patrie Ithicaa. Ces trois femmes ont mené à son terme la guerre pour mettre fin à toutes les guerres. Il est temps pour elles de rentrer chez elle Odyssia monte à bord de son vaisseau spatial Ody-C. Elle le pilote elle-même, dans un état de sommeil synchronicité. Elle laisse derrière tous les cadavres : Paris le lâche, Kele, Hekta. En Olympe, Zeus contemple le départ d'Odyssia, de Gamem et d'Ene : une histoire s'achève et trois autres peuvent commencer. Elle s'interroge pour savoir où les déesses trouveront leur divertissement ensuite. L'une d'elles estime que Poseidon est jalouse parce qu'Odyssia a offert son sacrifice à Amphitrite. En tout cas, Poseidon laisse souffler un vent cosmique sur le passage de l'Ody-C, le bringuebalant de ci de là, faisant perdre sa route à Odyssia. Les différentes pilotes ne sont plus en phase et le vaisseau part à la dérive, secouant l'équipage dans tous les sens.

Après avoir été ainsi balloté, l'Ody-C réapparaît dans l'espace normal, dans le territoire des cicones, des tueuses barbares, des mercenaires pour l'empire de Troiia-VII. En comprenant qui se trouve en face d'elle, Odyssia décide de traquer chacun de leurs vaisseaux pour les exterminer : Ithicaa peut attendre. C'est un massacre : l'équipage de l'Ody-C est victorieux et n'a laissé réchapper personne. Odyssia se repose sur sa couche en compagnie d'Ero, une sebex, une race fabriquée qui n'est ni homme, ni femme. Elles discutent : Odyssia fait le constat que la victoire à Troiia ne l'a pas apaisée, qu'elle se laisse encore emporter par la bataille, rallongeant d'autant le temps du voyage de retour vers Ithacaa. Ero demande à Odyssia de lui parler de sa famille restée à Ithicaa, de lui parler de Telem. Elles sont interrompues par un membre de l'équipage qui vient les prévenir qu'une autre flotte de vaisseaux cicones se dirige vers elles. Cette fois-ci, au vu des forces en présence, Odyssia estime que la fuite est plus sage. Elle replonge en sommeil-synchronicité pour piloter son vaisseau, en phase avec quatre autres pilotes plongées dans la même transe.

Ody-C, Ithicaa : il ne faut pas longtemps au lecteur pour faire le lien phonétique avec l'Odyssée d'Homère (VIIIe siècle avant Jésus Christ), et Ithaque, la patrie d'Ulysse. Il s'agit donc d'une forme d'adaptation, ou plutôt de relecture de l'Odyssée transposé dans le genre science-fiction, mais sans Nono le petit robot. Cela donc peut être une première façon de lire cette histoire : rétablir les liens avec l'original. La plupart du temps, c'est facile : Troiia-VII pour Troie, ou même le nom de Zeus repris à l'identique. Parfois, il faut faire un petit effort quand le scénariste a tronqué ou déformé les noms : Gamem pour Agamemnon, Ene pour Énée, Telem pour Télémaque. Odyssia constitue un cas à part, puisque le scénariste a préféré ne pas reprendre le nom d'Ulysse. La deuxième caractéristique de cette adaptation qui saute aux yeux, c'est la transposition de la majorité des personnages d'homme en femme. Odyssia est une femme et c'est elle qui pilote son vaisseau l'Ody-C qui est occupé par des guerrières. le premier homme aperçu est celui tenu en laisse par Ene, et il porte une sorte de combinaison en latex, avec un masque intégral, une image évoquant une tenue fétichiste. le second est Athéna car elle porte une barbichette et sa morphologie n'est pas féminine, encore que plusieurs dieux semblent passer sans difficulté du genre féminin au genre masculin. Enfin le troisième est Telem qui n'est qu'évoqué, comme un souvenir d'Odyssia. le lecteur découvre une version de l'Odyssée qui n'est pas simplement transposée en récit de science-fiction, mais où la quasi-intégralité des rôles sont tenus par des femmes, à commencer par celui d'Ulysse, mais aussi celui de Zeus lui-même.

Dès la première page, le lecteur plonge dans un univers visuel personnel. Christian Ward réalise ses planches à l'infographie et prend plaisir à dessiner d'une manière rendue possible par cet outil. Il détoure les principales formes d'un trait fin, juste pour en établir le contour, sans effet d'encrage à l'intérieur des surfaces ainsi délimitées. La couleur et les effets spéciaux sont tellement présents que même s'il en fait l'effort, le lecteur éprouve de grandes difficultés à essayer de se représenter ce que pourraient être les cases sans couleurs, si même il peut y arriver. L'artiste s'aide de ces contours pour construire ses cases, surtout pour poser les personnages et une partie des décors. En fonction des séquences, les décors peuvent être détourés, mais ils peuvent tout aussi bien n'être faits que de couleur directe. Dès la première page, le lecteur éprouve une sensation psychédélique : cela est provoqué par des camaïeux complexes de rouge contrastés avec du bleu-vert. En page 4 la sensation est provoquée par l'enchâssement des cases entre elles, une grande case ronde au milieu des deux tiers de la page, avec une autre case ronde plus petite en-dessous, et les cases rectangulaires en bande, leur bord étant mangés par la grande case circulaire. Ward utilise avec maîtrise les compositions de page sortant de l'ordinaire : l'Ody-C qui semble traverser des cases disposées en éventail, une case ovale sur une double page, avec des 5 cases de dialogue disposée en bandeau en partie inférieure, 3 cases de la largeur de la page s'interpénétrant sans bordure, un dessin en double page où 6 déesses se tiennent debout sur 121 cases sur chacune des deux pages, des pages composées sur 3 images, l'une en cylindre au milieu, les deux autres sur des coupes renversée en haut, et l'autre en bas, une succession de cases en trapèze sur une bande pour montrer la propagation de l'énergie d'une case à l'autre. Cette richesse de mises en page n'est jamais gratuite accompagnant toujours la nature de la séquence.

Le lecteur en prend plein les yeux du début à la fin et Christian Ward est phase complète avec le scénario, la narration visuelle portant plus d'informations que les dialogues et les cellules de texte. le lecteur découvre cet univers essentiellement peuplé de femmes. Odyssia est grande avec de larges épaules, un visage taillé à la serpe, une charpente osseuse un peu lourde et une musculature bien découplée. Il ne fait aucun doute que c'est une guerrière avec une longue expérience des combats, de leur rudesse et de leur brutalité. le lecteur cligne des yeux en voyant Zeus pour la première fois : une belle femme, à la longue chevelure argent, en surcharge pondérale qu'elle porte bien, avec une sorte de maillot de bain argenté une pièce et des cuissardes également argentées avec talon haut, un mélange entre mauvais et bon goût, qui la rend assez séduisante. Par contraste, Promethene est une femme nue, à la peau d'un rose très vif, et aux auréoles bleues, sans téton. Poséidon est une créature de la nuit, enrobé d'un vêtement flottant sur lequel s'affiche le cosmos, parcouru d'événements très colorés. Malgré l'aspect chargé des pages, Christian Ward sait conserver une lisibilité facile, et, plusieurs fois par épisode, il surprend le lecteur avec des visions incroyables : le départ des vaisseaux de la flotte d'Odyssia en forme d'arc de cercle, l'assemblée des dieux dans l'Olympe au milieu d'une sorte maëlstrom cosmique, le massacre des Titans, la planète des plaisirs, une femme explosant en accouchant, etc. le spectacle visuel est à la hauteur des ambitions du récit.

Il faut également un petit temps d'adaptation au lecteur pour se mettre en phase avec la narration de Matt Fraction. Celui-ci joue avec les bulles de dialogue qui prennent parfois la forme de phylactères traditionnels, parfois la forme de petites cellules de texte. Il joue également avec la forme d'écriture, utilisant de préférence des phrases courtes, comprenant des sous-entendus, pour la plupart rendus explicites par l'image de la case correspondante, mais pas toujours. Il joue aussi sur le fait que la trame de l'Odyssée est inscrite dans la mémoire collective de tout à chacun. du coup, le lecteur se prête au jeu et rétablit, par exemple, les correspondances de nom. Il joue également avec le genre des personnages. Cela participe donner une apparence différente et décalée au récit, incitant le lecteur à faire la comparaison pour voir les personnages avec des yeux neufs. En fait, il finit par s'interroger sur le fait que Matt Fraction compte ou non sur une connaissance préalable du lecteur, de l'Odyssée. À certains moments, il omet le contexte global, tablant sur la connaissance que le lecteur en a. Cela se ressent particulièrement lors d'ellipses omettant un chant. À d'autres moments, il s'éloigne significativement de l'Odyssée d'Homère, par exemple Odyssia ne passe pas par l'île de Calypso, ni ne rencontre Nausicaa.

Matt Fraction intègre parfois des éléments hétérogènes à l'Odyssée, comme cette planète des plaisirs qui offre à ses touristes de se repaître d'envie, d'avaraice, de gourmandise, d'orgueil de luxure, de paresse (des péchés capitaux), mais aussi de colère. Bien qu'il y ait de l'ordre de 99% de personnages féminins, le lecteur ne lit pas un pamphlet féministe. de fait, ces guerrières accomplissement les mêmes prouesses que les hommes, et elles présentent également les mêmes défauts, en particulier la recherche du plaisir et de l'oubli dans les drogues. Il ne s'agit pas non plus d'une réflexion sur la nature des dieux, la déesse Zeus se montrant aussi mesquine et rancunière que sa version masculine. Il y a un thème qui revient à plusieurs reprises : celui de la descendance. En tant qu'immortelle, Zeus y voit surtout des individus qui la menacent, qui prennent leur autonomie et qui ont des objectifs différents des siens, voire qui contrarient ses propres objectifs. À l'évidence, Odyssia envisage son fils d'une manière différente, sans que ce ne soit très développé.

De toute évidence, cette première moitié constitue une relecture très personnelle de l'Odyssée, que ce soit par sa narration visuelle flamboyante, ou par sa transposition dans le genre de la science-fiction genrée féminine. Il faut que le lecteur ait un goût pour l'aventure narrative pour pouvoir apprécier ces pages. Même ainsi, il se retrouve à s'interroger sur la nature de ce qu'il lui est raconté, pas toujours de manière satisfaisante.
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Ce roman graphique est visuellement magnifique, l'un des plus beaux que j'ai lus.Pour le dire simplement, c'est une adaptation de l'Odyssée d'Homère en Space Opera. En Space Opera sous LSD. Un Space Opera psychédélique dont tous les personnages sont maintenant des femmes.Ça ne sonne pas si original, comme ça. Mais ils ne se sont pas contenté de changer les îles pour des planètes et les bateaux pour des vaisseaux spatiaux. C'est la mythologie grecque dans son ensemble qui a été réécrite.Ici, les Déesses (tous les personnages sont des femmes) sont des extraterrestres qui ont soumis les autres espèces et les ont convaincus de leur supériorité. En fait, elles sont elle-mêmes convaincue de leur divinité et de leur rôle dans la création de l'univers.Zeus (une femme), il y a longtemps, pour mettre fin aux cycles de violences propre à la mythologie, a tué tous les hommes de l'univers. Tant chez les dieux que les humains.Des androïdes ont été construits pour la procréation, mais ils ne peuvent qu'engendrer des femmes ou d'autres androïdes (d'un troisième genre, relégué à son rôle d'engrosseur).Les aventures d'Ulysse (une femme) qui tente de retourner à Ithaque après le siège de Troie ne sont donc qu'une sous-intrigue dans une histoire de géopolitique cosmique complexe.Le psychédélique là dedans? le contact entre Déesses et humaines, le pilotage même des vaisseaux, semble se faire par un mélange heureux de drogues et de technologie (les années 70 appelaient ça "cyberdélique"). Toutes les images de la BD donnent l'impression que chaque personnage est complètement défoncé.Pourquoi "juste" 4 étoiles alors? le ton, je dirais. Les auteurs ont tenté d'écrire dans un style épique, homérique, plutôt opaque et qui, à mon avis, ne sert pas bien le délire complet que représente le reste du livre. Il y a une certaine expérimentation stylistique. Seuls les Déesses ont droit à des bulles de dialogue. Les humains n'ont droit qu'à des carrés de narration venant d'un narrateur omniscient avec des dialogues entre guillemets. Ça rend le tout peu accessible.
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