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Citations de Maurice-Bernard Endrèbe (52)


[...] ... Il se retourna vers moi en s'efforçant de dissimuler son embarras derrière l'habituel sourire :

- "C'est un peu difficile à dire ... surtout à une dame. Enfin, à votre âge, vous connaissez la vie et vous devez comprendre que, certains jours, une fille comme Marie-Line fait mieux l'affaire qu'une femme comme Alba.

- Oui, je le comprends," assurai-je. "Ce sont des choses qu'une femme comprend très facilement quand l'homme en question n'est pas son mari. Alors ? ...

- Alors, il y avait des moments ou Marie-Line me manquait. Et comme je lui versais une mensualité, je me suis dit que ça pouvait servir à quelque chose, quoi ! Je lui ai donc écrit de venir passer quelque temps à Venise. Ca lui a fait plaisir, bien entendu, et pendant quelques jours, j'ai été enchanté car c'était beaucoup plus commode pour moi que de courir les filles d'ici. Marie-Line avait un genre très ... un genre assez ... enfin, vous l'avez vue. Bien sûr, c'était justement ça qui me ... qui me plaisait, mais tout le mal est venu de ce qu'elle s'imaginait faire comme il faut.

"Marie-Line était curieuse de la vie que je menais et elle me répétait toujours que ce devait être merveilleux d'habiter dans un palais. Moi, je ne trouve pas. Je préfère le confort qu'on a dans les States. Enfin bref, elle s'était mis dans la tête que je pourrais la présenter comme une amie de passage à Venise, ce qui lui permettrait de venir au palazzo. Avec son allure, vous imaginez l'effet que ça aurait fait ! Je ne pouvais pas le lui dire, bien sûr mais je lui ai raconté que ma femme était très jalouse et que, en me voyant lui présenter une aussi jolie fille comme étant mon amie, elle se douterait sûrement de quelque chose."

Il eut un haussement d'épaules :

- "Je pensais que ça réglait la question. Il n'en a rien été, malheureusement, et je peux dire que c'est de ma faute. Vous comprenez, j'aimais parler à Marie-Line. Avec Alba et mes beaux-parents, je préfère le plus souvent me taire car ils réussissent toujours à me donner l'impression d'être un gosse ou un imbécile. D'ailleurs, ils discutent rarement de choses qui m'intéressent. Par exemple, pour eux, le sport, ça se limite aux régates et au tennis : le rugby, pas question. (...) Avec Marie-Line, je pouvais me rattraper. Tout ce que je lui racontais l'intéressait, alors je lui racontais tout et elle n'était pas sans cesse à me reprendre, comme les autres. Seulement, elle avait bonne mémoire et les détails qu'elle apprenait ainsi ont fini par lui donner une sale idée.

- Nous y voilà !" pensai-je.

- "Un jour, elle s'est arrangée pour aborder mon beau-père, en lui disant qu'elle était une amie de M. Vièleville, venue étudier l'architecture des palais vénitiens. Comme elle était absolument inconsciente de son allure, Marie-Line n'avait pas douté un instant qu'il la croirait, et elle avait calculé que cela inciterait mon beau-père à l'emmener chez lui. Dans son esprit, c'était une combinaison épatante pour satisfaire l'envie qu'elle avait de connaître le cadre où je vivais, sans risques d'éveiller les soupçons de ma femme. Bien entendu, le père d'Alba n'a pas dû croire un seul instant à son histoire. Mais il a pensé qu'elle était la maîtresse de Vièleville et, ayant sans doute les mêmes goûts que moi, il l'a trouvée très émoustillante. (...)" ... [...]
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[...] ... - "Vous avez été si gentille avec moi, Alba, que je serais ravie si je puis vous obliger à mon tour."

Elle me regarda gravement et son visage, au modelé fin mais énergique, me parut plus minervien que jamais.

- "L'ambiance très particulière de la soirée d'hier ne vous a certainement pas échappé ?

- C'eût été difficile," dis-je sans autre commentaire.

- Jamais mon père ne s'est conduit ainsi et cela dépasse les bornes. Une seule fois ma mère est sortie de son apathie et ç'a été pour appuyer mon mariage auquel papa était opposé. C'est probablement d'ailleurs ce qui nous a amenés au point où nous en sommes. Aussi, n'ayant pas le caractère de maman, je veux tenter de mettre un terme à une situation qui, si nous n'étions pas en pleine Biennale et à une saison où les Vénitiens ont d'autres distractions que les commérages, ferait parler de nous dans tous les salons !"

L'indignation lui avait fait élever légèrement la voix, mais elle la baissa de nouveau et continua :

- "Papa nous a pratiquement fermé la bouche en prétendant que Melle Romieu lui était recommandé par son correspondant parisien, M. Vièleville.

- Oui, c'est ce qu'il m'a dit hier soir. Mais ce monsieur est son correspondant pour quoi ? La collection des timbres-postes ?

- Non, pour la Valeana, la compagnie d'export-import dont mon père est le président et qui a ses bureaux à Marghera.

- Dans quelle province est Marghera ?" demandai-je.

- "Marghera ? Mais c'est le port industriel de Venise, voyons !

- J'ignorais qu'il y eût la moindre industrie à Venise," dis-je en laissant paraître mon étonnement.

- "Vraiment ? Eh bien, détrompez-vous. A Marghera, des bateaux apportent de la matière brute et d'autres en remportent mille choses made in Italia qui sont vendues dans toute l'Europe.

- Moi qui imaginais Venise vivant uniquement de sa beauté !

- N'est-ce point une expression française que "La beauté ne se mange pas en salade ?" (...) [...]
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J’enviais son assurance, sa virilité… Il était mon idole et quand il me félicitait pour quelque chose, j’étais ému au point d’en trembler… Il m’arrivait même de rêver que, devinant ma dévotion, il me souriait avec une indulgente compréhension…
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En supposant autant d’assassins que de meurtres, ça facilite évidemment beaucoup les choses pour ce qui est de l’occasion et du mobile. Mais je ne crois pas que l’on devienne criminel comme l’on attrape la grippe, par contagion. Pour moi, il n’y a qu’un assassin dans toute cette affaire.
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Il peut se passer bien des choses en un quart d’heure et votre série de coïncidences ne m’apparaît pas tellement invraisemblable : quelqu’un – pas forcément Gorian – a pu entendre le bruit fait par Jacqueline en tombant. Comme Ternier, ainsi que vous l’avez souligné, a suffisamment annoncé la chose, cette personne peut savoir qu’il est sorti. Partant, il est normal qu’elle s’étonne de ce bruit, ouvre la porte, constate le drame et agisse en conséquence.
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Les femmes croient facilement que si une dose de médicament leur fait du bien, deux doses leur feront deux fois plus de bien.
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...quand on raisonne seul, on raisonne parfois faux, sans s’en douter.
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Mais c’est souvent parce que nous étions en désaccord que nous sommes arrivés à des résultats. Sans cela, nous serions restés avec nos œillères, à nous hypnotiser sur une théorie qui avait toutes les apparences de la vérité, à ceci près qu’elle renfermait une impossibilité. Cette impossibilité échappait à qui avait échafaudé l’hypothèse, mais un œil neuf avait tôt fait de la déceler.
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On n’achète plus de corde dans la maison du pendu.
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Et pourquoi pensez-vous qu’elle se refusait à divorcer depuis tant d’années, même si son mari ne voulait plus d’elle ? Pour m’humilier, me faire souffrir, se venger du bonheur que Léo trouvait auprès de moi et qu’elle était incapable de lui procurer !
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Entre femmes, ce sont des choses que l’on sent… Seulement, les policiers ne croient pas à l’intuition.
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Je la plaignis, car je ne vois rien de plus atroce que se représenter l’autopsie d’un être aimé… Mieux vaut savoir le cher corps broyé dans un accident, pulvérisé par une bombe, que l’imaginer, privé du respect dû aux morts, livré ainsi au boucher… Et cette évocation devait suffire à bouleverser aussi une amoureuse déçue qui se serait vengée.
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En outre, le poison est, par excellence, une arme de femme et, comme l’avait dit Flo, Paule Gorian avait accès direct au bureau de Ternier ; donc, toutes facilités pour empoisonner le pulvérisateur en l’absence de son propriétaire.
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Une dame d’un âge certain dont les seins opulents faisaient palpiter un papillon de paillettes, venait d’apostropher Géron en ces termes. Elle avait un peu l’air d’une honorable commerçante à la première communion du petit.
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Il a ouvertement trompé sa femme avec Gorian et celle-ci, plus discrètement, avec une douzaine d’autres. C’est plus fort que lui : quand une femme lui plaît, faut qu’il l’ait, et tant pis pour la casse !
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On a beau dire que nous sommes au siècle du progrès, je vous assure que, dans un fiacre, on n’en était pas réduit à de tels expédients.
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Ne vous tracassez pas pour l’article, il vous suffira de mêler les noms de ces auteurs – dont on vous remettra la liste – à ceux de quelques personnalités présentes, en y ajoutant des phrases éprouvées sur l’élégance et le brillant de cette reunion.
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J’eus droit à un digest de la vie sentimentale de la baronne qui, mariée jeune à un vieillard, n’avait plus eu de goût ensuite que pour les hommes jeunes et beaux.
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On ne cache pas un cadavre sans avoir une bonne raison d’agir ainsi, et l’explication avancée par Ternier ne tenait pas debout. Le journaliste s’en rendait bien compte, d’où son embarras. Soupçonnait-il, lui aussi, cette mort de n’être pas aussi naturelle qu’on voulait bien le dire ?
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Les statistiques prouvent pourtant que l’assassinat n’arrive que derrière la maladie, l’accident et le suicide, comme moyen de quitter ce bas monde. Mlle Prévost a succombé à un arrêt du cœur ; c’était une aortique et une émotion violente, s’accompagnant d’un léger traumatisme, a entraîné sa mort par syncope. Voilà ce que dit le rapport d’autopsie.
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