Citations de Max-Pol Fouchet (45)
Une aile qui frôle
Une heure qui passe
Une fleur s'éteint
L'autre s'allume
Tant de choses
Soulevées par le vent
D'une heure qui passe
D'une aile qui frôle
Un petit bout d'heure
Un court bruit d'aile
Un peu de poussière
La nôtre ou la leur?
Un brin de musique
Un brin de silence
Une aile qui frôle
Une aile qui passe
Le bouquet de tes rêves
La nuit le met en mes mains
Il suffit de mes lèvres
Pour briser tes songes
Tu es fleuve je suis rive
Je te serre et tu fuis
Et voici le calme coude
De ton sommeil en mes bras
Je tiens dans ma nuit
La brassée de la tienne
Tu es le galet poli
Que l’eau ne possède pas
Comme elle je te tiens
Et tu ne m’appartiens pas
Je vais dans la nuit
Chargé de tes songes
Il y aura toujours une aile
La dureté de l’eau qui danse
Et tu t’en vas loin de moi
Qui vais fidèle au long de toi.
Mars 1941
La bonne fortune serait de ne servir à rien, et pourtant d'être jugé nécessaire.
Ne cherche pas
l'enfer,
ne cherche pas
le ciel,
ils sont là.
Etre quelqu'un n'est pas être n'importe qui.
Aimer, c'est mentir, parce que nous ne savons pas si nous aimons vraiment ou cédons au désir...
Il suffit d’un baiser
Pour apprendre l’amour
Et d’un cil abaissé
Pour connaître la nuit
Il suffit d’un mort
Pour savoir en secret
Les machines de l’oubli
Les pièges du souvenir
Et de sable mouillé
Pour à jamais découvrir
Les industries de la mer
À effacer les pas
Tout éclat trop fort, trop immobile, me blessait. J'aimais d'un brasier les étincelles, de la nuit les étoiles filantes, les unes vite éteintes, les autres, vite passées, et j'y découvrais la formule de la vie, si brillante, si fugitive.
On ne contredit pas une mère qui parle élogieusement de son fils. Le plus que l’on puisse faire, c’est sourire.
Mon pays a des provinces diverses.
Elles sont à la géographie ce que sont les événements à son histoire. Ainsi l'espace et le temps s'y conjuguent. C'est notre fierté.
L’Histoire est une addition sans total. Elle se fait d’actes qui se succèdent. Le temps, au contraire, est une somme immédiate, dans laquelle s’unissent et coexistent le passé, le présent, le futur, indissociables.
"Il suffit d'un baiser pour apprendre l'amour."
Peut-on, à son âge, être aussi casanier !
Ces paroles de ma mère, moins grondeuses qu'inquiètes, je les entends encore, comme prononcées dans une pièce voisine. Les mères, on le sait, possèdent le don de nous parler longtemps après leur mort.
Il n'est pas rare que les personnages d'un couple s'imitent réciproquement, comme les caméléons adoptent la couleur de l'endroit où ils se trouvent. La fidélité ne va pas sans mimétisme.
Les femmes , d'après un moraliste, n'ont de bon que ce qu'elles ont de meilleur. Les melons aussi. Voire ! Ils ne sont bons qu'excellents.
Qui sait de quoi se composent nos enfances ?
Au lacs bleu de tes veines
Des oiseaux se méprennent
Aux branches de ton sang
Des oiseaux ont pris rang
C’est un silence d’oiseaux
Au long de tes vaisseaux
C’est un silence de sang
Qui vers la nuit se rend
C’est un silence de vie
Qui vers la mort descend
C’est un silence d’amour
De vie de feuille d’un jour
Sur l’arbre bleu de tes veines
Ce n’est que prison d’ailes
Capture du chasseur à l’appeau
Qu’il tendait avide aux oiseaux
Chasseur de lui-même englué
Par la proie de lui convoitée
Au lacs bleu de tes vaisseaux
Je ne suis plus qu’un oiseau
Aux branches nues de ton corps
Qu’à voix douce la neige endort
Dans un silence qui ne s’achève
De chair de chaleur et de rêve
...
Octobre 1941
Tout chef est esclave de ses troupes, ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on le sait. On le pousse plus qu’il n’entraîne.
Voici un homme, qui grisonne et se dégrise, peu à peu, des alcools de la vie, désormais incapable de croiser sans nostalgie le rire des jeunes femmes et l’allure vive des adolescents, d’admettre sans mélancolie que s’il plantait aujourd’hui un arbre, il ne le verrait pas dans l’éblouissement de sa force pleine.
Aube sinistre
J’ai retrouvé l’île natale
L’archipel des mots libérés
Le sens le plus cruel des gestes furtifs
Dans l’ombre où la crainte se dissimule
Derrière le rideau mouvant de la pensée
À peine le dessein perçant sous les gerçures
Un doigt de miel sur les lèvres ourlées
Le grognement du ciel tard dans les encoignures
Où se cache l’absence d’un amour étoilé
Figure du retour sanglant à main remise
Désastre d’un destin tardivement éclos
Navire fracassé à l’angle des banquises
On joue à qui perd gagne sur les mots
Et sur le sol de sel durci à la lumière
Fatigué de t’entendre écouler tant de pleurs
Fleurs du matin roussi
Cœur dans mes mains de cendre
Dunes mouvantes du désert
//Pierre Reverdy France (13/09/1889 -17/06/1960)