Dans sa version du mythe, Max Rouquette reprend l’intrigue classique, antique. Néanmoins, il apporte une touche moderne à ce mythe. D’abord, notons que Rouquette a écrit cette pièce en occitan. Ce n’est qu’après qu’il l’a traduite en français. Max Rouquette était en effet, un fervent défenseur de la langue occitane.
Dans sa pièce Médée est une bohémienne. Elle m’a fait penser sous certains aspects à la Esmeralda de Victor Hugo de Notre Dame de Paris. Elle est l’éternelle étrangère. Elles passent par tous les états de ce mythe, tantôt folle, tantôt magicienne. Comme dans les pièces antiques, Médée est vouée à l’errance après les meurtres qu’elle a commis dans son propre pays. La question de la sédentarité ou du nomadisme est vraiment très présente dans cette adaptation du mythe. Jason prône un besoin de sédentarité. Il apparaît comme las des fuites et errances du couple.
Rouquette n’a vraiment pas pour but de modifier le mythe antique puisqu’il a gardé le chœur antique présent chez Euripide, en lui faisant prononcer des psaumes. Ceux-ci sont thématiques. Ainsi, on trouve les psaumes de l’étranger, de l’abandon, de la mère, du néant… Le chœur de Rouquette est un chœur de vieilles femmes, identifiées à des rapaces nocturnes, qui incarne la sagesse populaire. Jean-Louis Martinelli, qui a mis en scène la pièce, avait d’ailleurs fait chanter ces psaumes en bambara, langue du Sahel. Allez jeter un coup d’oeil à cette vidéo !
Par ailleurs, la nourrice et le pédagogue sont eux aussi remplacés par des vieilles personnes, Carnal et Salimonde.
Max Rouquette montre donc par sa modernisation du mythe le caractère universel de celui-ci. C’est une version que j’ai trouvée très intéressante et que j’affectionne tout particulièrement.
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