Citations de Mélanie Guyard (86)
Les regrets ont la beauté des fleurs sur les tombes. Ils se fanent là où on les dépose.
Faire semblant, c'est le début du mensonge, et une fois que t'as commencé à mentir, tu ne respires plus jamais.
« Les champs sont semés d’or. Le long de l’horizon, des nuages couleur de cendre s’amassent. De l’autre côté, le soleil n’en finit plus de sombrer » .
Il n'y a rien de l'autre côté, a affirmé maman, mais c'est un rien plein de promesses, un rien de grandes personnes qui ne concerne pas les enfants. Alice a récemment découvert que "rien", chez les adultes, peut signifier en réalité beaucoup de choses. L'absence d'intérêt ou, au contraire, un secret. Le silence, les mots que l'on n'a pas envie de prononcer. Tout ce qu'on voudrait tenir hors de la portée des enfants est enfermé dans ce « rien», qui devient alosr une boite magique au contenant infini. Rien, quand la petite fille devine quelque chose justement, dans le regard de sa mère. Rien non plus quand un coup de téléphone la fâche, ou qu'une discussion la rend triste. Les secrets les plus intéressants sont dissimulés à l'abri de ces riens, Alice a hâte de découvrir celui qui se cache derrière le bois.
Les monstres ont toujours été là. Ils ne disparaissent pas lorsqu'on grandit, contrairement à ce qu'on nous raconte. Ils restent tapis, et on devient celui qui ment aux enfants en prétendant qu'ils n'existent pas. Etre adulte n'est pas une question d'âge, non. C'est aussi savoir que désormais, on est celui qui marche en tête sur le chemin, celui qui guette les craquements dans l'obscurité tout en se forçant à avancer malgré la peur.
Les regrets ont la beauté des fleurs sur les tombes. Ils se fanent là où on les dépose.
Nous faisons semblant d'être des adultes. Mais il suffit de regarder à travers une vitre brisée pour constater qu'en réalité, on ne fait que grandir. Nos monstres ne cessent jamais de nous accompagner tout au long du chemin.
Ce que nous laissons dans le passé évolue sur un autre temps. Nos souvenirs ne sont pas linéaires, ils sont des gouttes d'eau dans l'océan.
Les regrets ont la beauté des fleurs sur les tombes. Ils se fanent là où on les dépose.
...élever un enfant comme une plante en pot, en devenant un tuteur ! Mais il aurait fallu que je sois droit pour ça. Il devrait y avoir un permis parent comme il y a un permis voiture. Je ne suis pas sûr qu'on soit moins dangereux avec un enfant entre les mains qu'avec un volant. Et puis, il ne faut pas laisser les psychotiques se reproduire. Regardez-moi ! A quel môme voudrait-on infliger ça ?
- Il ne faut pas laisser les hommes méchants arpenter le monde en liberté, déclare-t-elle. C'est comme ça que le monde devient mauvais, lui aussi. Il ne faut pas les laisser s'en sortir, sinon c'est nous que ça empoisonne.
(p. 265)
- Et donc, parle-moi un peu de ton ami. Il y a une raison particulière à son invitation ? Je suppose que tu n'en pinces pas pour lui, sinon, tu aurais plutôt tout fait pour ne pas l'amener ici, je pense.
- Maman.
- Il faut bien reconnaître que tu nous nous présentes jamais personne.
- Je lui ai proposé de venir passer Noël chez nous parce que Maxime ne parle plus à ses parents, déclara Juliette en éludant la remarque. Je me suis dit que rester seul pour les fêtes de Noël, c'était triste, et que je pouvais au moins lui proposer une alternative. Et puis, j'aime ses macarons. Voilà, tu sais tout.
Odile poussa un soupir retentissant.
- Il a l'air très sympathique, en tout cas. C'est dommage que tu n'en trouves pas un comme lui, de temps en temps.
- J'ai des fréquentations, maman.
- Non mais je veux dire, quelqu'un de sérieux.
- J'avais bien compris.
« Derrière eux , ils ont déchaîné l’enfer, et la lumière est devenue leur ennemie. Ils ne savent pas où sont les autres, ils ne se concentrent que sur eux- mèmes, s’attendant à être fauchés à tout instant et à chuter, la tête la première, au milieu des taillis et des ronces. Ils n’ont pas le temps de s’émerveiller de cet équilibre précaire maintenu malgré le sol inégal ,les fossés, les cailloux qui émergent de la mousse. Ils se griffent aux branches , respirent comme des forges , se coulent dans les ombres et fuient des démons dont les cris leur chauffent les oreilles , dont les tirs sifflent contre le bois des arbres .
Ils ont l’impression d’être en sursis » ....
Les événements de la grande Histoire influencent sans qu'on le veuille les décisions prises dans la petite.
Je voudrais changer de boulot, en réalité. Seulement j'arrive pas à faire le deuil, et je ne sais même pas si c'est celui du gamin ou de mon job. J'arrive pas à passer à autre chose, à accepter.
Tu peux toujours agir, et puis changer d'avis. Tu peux essayer de réparer tes erreurs avant que ça crée des problèmes, et même alors, tu peux encore t'excuser, et puis dire la vérité. Rien n'est jamais irrémédiable.
(p. 251)
Les contes de fées, c'est des histoires, mais la magie du monde, elle est partout.
Sa mère le lui a appris : les femmes sont souvent plus fortes dans le silence que dans le bruit. Il suffit de laisser faire sans rien dire et de se tenir prête à remettre d’aplomb ce qui doit l’être.
On passe la moitié de sa vie à attendre d'avoir vingt ans et quand ils arrivent, ils s'enfuient avant qu'on ait eu le temps de les vivre réellement. Les années disparaissent. Il me semble qu'il y a une poignée de minutes encore, j'étais un collégien. Tout s'estompe en ne laissant que des bulles de souvenirs, comme des flaques après la marée.
Après tout, la seule maison qui compte est sans doute celle qui abrite les gens qu'on aime, et celle qui les garde à l'abri du vent.