Mélanie Rafin

Je me demande qui est le con qui a dessiné les plans de cette ville [ Brest ]. Il ne devait pas être originaire du coin, le gars, pour décider d'enchaîner deux grandes avenues dans une région où le vent régne en maître !

Je suis bien placé pour savoir que le Breton peut se montrer chaleureux, mais seulement à de très rares occasions impliquant souvent une consommation excessive d'alcool.

J'ai peur de cette vie fade et sans lumière qui m'attend. Je crois que je viens de grandir encore une fois trop vite, une nouvelle partie de mon innocence s'évapore. Pourquoi est-ce si douloureux d'avancer dans l'existence ?

Nos mères, debout auprès de la voiture chargée, nous regardent avec attendrissement. Je les hais, elles doivent estimer excessifs les larmes de Céline et mon visage contracté. Quelle importance attribuent-elles à notre souffrance ? ... J'aurais voulu poser mes lèvres sur les siennes. Sa mère décide de nous séparer en déménageant, et par sa présence en ce moment, elle gâche nos derniers instants. J'aspirerais tellement à cinq ou six ans de plus. Sur un ultime appel, elle quitte mes bras et monte en voiture. Je regarde l'automobile s'éloigner, la boule qui obstruait ma gorge au départ de mon père me bloque à nouveau la respiration. Quand le véhicule a disparu, j'arrive à articuler quelques paroles pour demander à ma mère de bien vouloir m'amener au puy de Dôme. Devant mon désarroi, elle s'exécute sans un mot.

Une heure plus tard, lorsque mes pieds quittent le sol, les larmes inondent mon visage. La boule qui s'était installée dans ma gorge laisse enfin passer ma respiration. Je suis détruit, mais je vole encore. Dans les nuages, je demeure seul et heureux.

Tous les amoureux traversent un jour des bas dans leurs relations. Je suis persuadée que tout est pardonnable.

La détresse de Julie me touche et me rappelle, une nouvelle fois, pourquoi je supporte de moins en moins l'Éducation nationale.

-"Épistolaire", madame, ça veut dire que ça tire dans tous les sens ? En fait, c'est un western, le truc! me coupe Léo.

J'ai compris depuis bien longtemps que la coopération entre enseignants était une illusion prônée par les grands pontes du rectorat n'ayant jamais foutu un pied dans un établissement scolaire.

Dès que j'ai appris à lire, j'ai commencé à dévorer tous les romans que mes parents m'autorisaient à ouvrir.

Finalement, je n'aurais pas dû sous-estimer les effets secondaires de ces cocktails bien trop traîtres. Un peu de goyave et une pointe de sucre de canne et je déconne complètement! Bien sûr, mon état n'a aucun rapport avec le rhum qui accompagnait tous ces fruits.

Quelqu'un pourrait-il avoir l'obligeance d'expliquer aux touristes que le terme " chaussure bateau" n'est que commercial ? Ces grolles ne sont nullement adaptées à la navigation .

Comme disent les Parisiens, le lieu est "authentique". Je n'ai jamais compris ce mot, mais ils l'utilisent à toutes les sauces. Si quelqu'un veut attirer du bobo, il suffit de lui proposer tous les trucs du siècle dernier. Un bouillon de poule, un éclairage à la bougie, et le Parigot se réjouit de vivre à la manière des bouseux de la province.

Cependant, je n'oublie pas qu'en tant que bonne continentale, les éventuelles fêlures que je repère dans ses prunelles sont certainement dues à des problèmes aussi futiles que les ruptures de stock chez Zara.

Elle prenait la vie comme elle venait sans se soucier de quoi que ce soit avant que les choses arrivent. Elle ne se posait pas mille questions sur ce qui pouvait se produire : elle savait tirer profit de tout ce qui était à sa portée. Comme le font FX et Florence chacun à leur manière.

Je me maudis d’avoir voulu jouer à la maline. Son estime de moi ne risque pas de remonter après l’échec cuisant qui se profile. Je soutiens son regard en enfonçant l’engin dans mon oreille. Je retiens ma respiration. Dès les premières notes, je souris. J’exulte intérieurement. C’est inespéré que ce soit justement ce chanteur. Je tente de dissimuler au mieux mon air victorieux en lui citant le nom de l’artiste.

Je la regarde droit dans les yeux pendant trois secondes en attendant un accord silencieux. Elle ne me repousse pas et ses yeux sourient. Je mets ma main dans ses cheveux pour l’attirer vers moi et je l’embrasse. La violence de ce contact me couple le souffle. C’est divin. Jamais aucune femme ne m’avait rendu mon baiser de cette façon. C’est la première fois que je sens une demoiselle se lâcher complètement dans mes bras. En règle générale, les filles semblent réfléchir à la façon de se comporter pour mieux me séduire. Elles tentent d’aborder l’exercice sous le meilleur angle, elles calculent et décomposent tous leurs gestes. Céline n’analyse pas. C’est animal et magique. Je voudrais que le temps s’arrête.

Après tout, je ne suis qu’un être inachevé, parfaitement incapable de construire sa pensée et d’exprimer ses besoins. J’ai parfois le sentiment d’être Pinocchio aux mains de Geppetto. Mes parents veulent me façonner selon leurs souhaits et leurs aspirations.

L'amour, le vrai, est celui qui enflamme notre coeur et apaise notre esprit.

L’amour est vraiment une invention débile des adultes pour tromper une solitude pourtant salutaire.

Moi, je t’ai reconnue à la première minute. Tu étais gravée en moi.

Lorsque tu es parent, escompter te reposer durant les vacances de Noël, c’est à peu près aussi optimiste que si tu étais naturiste et que tu t’étalais du monoï sur les testicules en espérant éviter le coup de soleil !