AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Michel Cournot (21)


Michel Cournot
Le papier de ces livres, déjà par lui-même, suscite un plaisir physique, au toucher, au regard, une petite émotion, il appartient aux choses sensibles, comme les draps de lin ou les nappes de fil, anciens, rangés là dans les malles. ( .["De livre en livre", p. 17]
Commenter  J’apprécie          530
L'importance d'un écrivain ne repose pas sur ce qu'il dit. Elle repose sur sa voix, qui est aussi une démarche, une façon de mettre un mot devant l'autre, comme on met ses pieds. Lorsqu'un écrivain manque d'allure, ce qu'il dit ne porte pas. (p. 28)
Commenter  J’apprécie          240
Le marquis et la comtesse.

L'écriture de la comtesse de Ségur est très simple, souvent impassible, il n'y a aucune recherche, ni même apparence" littéraire", sauf une maîtrise étonnante du dialogue, qui tient compte des âges, des milieux, des emplois. Les mille et un détails de la vie, des maisons, des habits, des objets, des outils, des voies et manières habituelles du commerce, de l'industrie et des travaux de la campagne, tout cela est donné par la comtesse de Ségur avec une exactitude et une présence remarquables
(p. 165- / 8 novembre 1990)


Commenter  J’apprécie          170
Eloges de la lecture

Tombez dans l'enfance, c'est le soir. (...)
Eclate la phrase inévitable: "je vais éteindre", ou " déjà dix heures, tu es folle", ou "tu te tues les yeux", ainsi de suite, il y a une suite de variantes.
Cette phrase de la mère ou du père était moins simple qu'ils ne croyaient. (...)
En vérité ils avaient peur, une peur non définie, non accessible. La lecture fait peur.
Il y a de quoi. La terre sur quoi nous vivons est parcourue en tous sens par des personnes impalpables qui ont en français des noms féminins, là aussi: la folie, la solitude, l'absence, la mort, qui font peur, à vue de nez; et toutes ces personnes ont une même petite sœur, innocente, qui court sous les arbres, traverse les chambres pieds nus, se cale discrètement sur ses menues fesses dans un coin de compartiment : la lecture. (p. 12-14 juin 1976)
Commenter  J’apprécie          110
L'embêtant avec Ramuz c'est que ses pages sont du tronc d'arbre. Et parfois de la racine d'arbre. Or ce que les gens peuvent lire, même les plus attentifs et les mieux intentionnés, c'est les feuilles, et un peu les branches à la condition qu'elles sachent quand même se faire valoir. (p. 252 - 16 octobre 1978]
Commenter  J’apprécie          91
Il vient de paraître à Paris un petit pain de lecture , un petit croissant discret de lecture, qui s'appelle -Le Lecteur-- oui , l'auteur, Pascal Quignard, a mis lectrice au masculin, mais il faut le comprendre, vous verrez tout de suite que Pascal Quignard, depuis son enfance , n'a presque fait que lire (...)
Le livre de Quignard échappe à toutes les mesures. récits, pas tout à fait. Poèmes, oui, mais c'est un très trop grand mot. je crois que c'est l'un des plus beaux livres français parus depuis très longtemps, et qui a besoin d'être aimé tout de suite, sinon il va s'enfuir, disparaître à jamais. (p. 15 / 14 juin 1976)
Commenter  J’apprécie          80
Car la lecture d'un texte grand, riche, n'est pas un acte amputé, partiel. C'est un acte de tout l'être, qui met en jeu tous les sens, toutes les facultés. (p. 19 / 22 mars 1985)
Commenter  J’apprécie          60
Michel Cournot
Paulhan manipule les idées comme un jardinier de famille: elles ne lui en content pas, elles restent mêlées au reste, à la blancheur crue du jour, à l'odeur des dahlias. Il met les idées à l'air, comme on met les draps au balcon. (...) Trop d'écrivains chantent dans le noir. Paulhan parle, c'est midi partout. ( "De livre en livre", p. 29)
Commenter  J’apprécie          60
Le marquis et la comtesse.

Sophie Rostopchine, soit par le biais de la cruauté des enfants, soit de " plein fouet" par des histoires d'adultes, a en fait porté témoignages d'une voix plus précise, plus directe qu'un Hugo ou qu'un Balzac (mais avec moins d'"art"), sur les oppressions, les injustices, et les haines, d'une société. (p. 166- / 8 novembre 1990)
Commenter  J’apprécie          50
Ramuz croyait que les vrais écrivains, c'est-à-dire les gens qui ont dans la peau et dans l'âme le poids des paroles, leur goût sur la langue, leurs couleurs dans l'œil, c'est les gens qui n'écrivent jamais. Jamais. Et parfois même pas une lettre à la famille. Les pêcheurs, les travailleurs des vignes ou des fabriques, les rempailleurs, les blanchisseuses, les femmes qui s'occupent des vaches ou du linge. (p. 253) [16 octobre 1978]
Commenter  J’apprécie          50
Je suis tombé amoureux de Charles-Ferdinand Ramuz en 1942. Une jeune femme, qui faisait la liaison à bicyclette entre Lyon et Saint-Etienne pour un maquis polonais, transportait un exemplaire dépenaillé de -La Guérison des maladies- sur son porte-bagages. Ramuz était son pain complet. J'ai lu ce livre , au bout de trente pages je savais que Ramuz était, enfin, un écrivain qui labore. Un roc et un ciel de la prose française. Et que je ne le quitterais jamais. (p. 252)
Commenter  J’apprécie          40
Editer

Plus tard, ce seront les années de l'épuration : Grasset chassé de sa maison, abandonné par ses auteurs, condamné. Seul. C'est d'une incroyable injustice: il est le bouc-émissaire de l'édition française. Déjà malade depuis l'enfance, il s'abîme dans le désespoir: "Le désespoir, dit-il, la seule chose que je puis fabriquer tout seul, sans personne." c'est un autre éditeur, qu'il ne connaît pas, qui va intervenir auprès de Vincent Auriol pour le sauver: Robert Laffont. Grasset sera amnistié en octobre 1953. (p. 132- 5 octobre 1989)
Commenter  J’apprécie          30
Michel Cournot
La lecture d'un livre, c'est tout cela ensemble, les sons, les odeurs, la lumière, le froid ou le chaud, et, quand même avant tout, la sensation du toucher et de l'œil que provoque le livre lui-même, à condition que le livre , comme les Lamartine ou les Flaubert de ce grenier, ait un physique bien prononcé, à condition que chaque page soit aussi belle qu'une eau-forte d'un grand peintre sur feuille d'Ingres.["De livre en livre"] (p. 18)
Commenter  J’apprécie          30
Michel Cournot
Paulhan et Michaux

Les écrivains s'emparent des mots, sur eux ils font exactement main basse. Ils les dressent, ils les forcent, ils les oppriment, puis ils tirent gloire et profit de leur avoir fait suer le burnous. Un écrivain chez les mots est comme un adjudant chez les Malgaches. Jean Paulhan, c'est le contraire. Il a presque honte de les prendre, il les respecte au point qu'il peut en sembler sauvage. C'est à leur honneur qu'il songe, et pas au sien. Il essaie de les rendre heureux. Il les aide. ( "De livre en livre", p. 31)
Commenter  J’apprécie          20
[Sur la comtesse de Ségur]
La Fortune de Gaspard, livre de tout premier plan, qui n'est pas du tout, soit dit en passant, un livre d'enfants, donne une approche à la fois claire et vivante de l'industrie sous le second Empire, de la condition ouvrière, des magouilles techniques et commerciales. (p. 166)
Commenter  J’apprécie          10
Michel Cournot
"... La vie en général est joyeuse. Si l'on s'arrêtait un instant d'être heureux, on s'arrêterait de vivre. Elle est joyeuse dans les pires moments , elle a un goût de joie comme les roses ont une odeur de rose..." Paulhan [.["De livre en livre", p.25]
Commenter  J’apprécie          10
Et, tout de même, oui, prenez un livre de Ramuz. Cet homme était inguérissablement solitaire, et personne au monde n'est plus ouvert au monde que les solitaires, eux seuls ont le temps de vous faire asseoir, de vous écouter, et c'est pour cela aussi que Ramuz est si grand : ses livres écoutent le lecteur, d'un cœur infini.
Commenter  J’apprécie          11
Chaque livre de Michaux est un olibrius. Il déjoue en nous l'habitude de lire. Il arrive toujours hors saison, comme un rossignol en décembre, ou la neige au mois d'août.

Ils se ressemblent pourtant, les livres de Michaux. Ils font penser à des quidams immatériels, fine peau de tambour ivoire tendue sur des rochers d'air, immobiles, modestes, d'une diction silencieuse, traversée d'ondes ultracourtes volantes non identifiées.
Commenter  J’apprécie          00
La prose d'Hugo van Hofmannsthal est l'une des plus belles écrites de main d'homme. C'est une prose d'après la pluie, qui avance au pas, les mains nues, face à ses assassins, faisant taire, à mesure, le brouhaha des alentours, et redonnant aux roses du jour une pureté de premier matin. C'est bouleversant de beauté, de vérité, un point c'est tout. Cette prose n'a qu'un défaut : elle donne froid. Avant d'ouvrir Andréas, on mettra un chandail de plus. Hofmannsthal disait qu'avant le retour des bourgeons, seul le froid neutralise la boue.
Commenter  J’apprécie          00
J'ai été journaliste, ce qui est quand même très spécial, parce que ce n'est pas de la littérature. Il faut écrire très vite, les articles sont coupés, ils sont plein de fautes d'impression, c'est du papier journal, ça dure un jour. Écrire dans les journaux, qu'est-ce que c'est ? C'est tout simplement faire que n'importe qui puisse lire. Il faut que le moment de lecture -- parce que la lecture, c'est formidable, c'est une activité de l'esprit qui empêche de devenir complètement abruti -- ne suscite pas une déception, une irritation, ou surtout -- c'est le plus grave -- un sentiment de tristesse lié à l'infériorité.

Toutes les lignes doivent être complètement accessibles à la personne qui lit, même un petit morceau de journal. Il faut transsubstantier un compte rendu -- car c'est toujours d'un compte rendu qu'il s'agit, quoi qu'on écrive -- en une lecture qui ne suscite aucun de ces désagréments, aucune de ces douleurs.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Michel Cournot (32)Voir plus

Quiz Voir plus

Fantômes

Dans quelle pièce de W. Shakespeare le héros est confronté avec le spectre de son père ?

Le marchand de Venise
Richard II
Hamlet
Titus Andronicus

10 questions
125 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}