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4.18/5 (sur 31 notes)

Nationalité : Suisse
Né(e) à : Lausanne , 1936
Biographie :

Michel Thévoz est un essayiste, conservateur et historien de l'art vaudois.
Il a été conservateur de la Collection de l'art brut à Lausanne et professeur d'histoire de l'art à l'université de Lausanne.

Source : Viceversalitérature
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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
Vous connaissez ce proverbe chinois – niais comme la plupart des proverbes, et qu’on doit évidemment inverser lui aussi — qui dit : quand on lui montre la lune du doigt, l’imbécile regarde le doigt. C’est le contraire qui est vrai, effectivement : l’imbécile regarde immédiatement la lune, à laquelle il croit naïvement comme à une réalité absolue. Celui qui regarde le doigt, c’est le sémiologue, qui sait, lui, que la lune n’est jamais qu’un effet du signifiant, et que, selon la manière dont on l’indexe, précisément, elle pourra représenter aussi bien un objet astrophysique, un accessoire sentimental, la métaphore de la distraction ou de l’utopie, etc.

Or, l’instance du signifiant est particulièrement sensible dans le champ de l’interprétation de l’art, c’est-à-dire d’œuvres ouvertes s’il en est – je dirai de surcroît que l’instance du signifiant est hypersensible dans le domaine de l’« art des fous » (…), un domaine où les données esthétiques interfèrent avec des considérants pathologiques, idéologiques, éthiques, etc. Les productions issues du champ psychiatrique sont moins que toute autre garanties par leurs auteurs, puisqu’il n’y a généralement pas eu de leur part une volonté expresse de faire de l’art. (…) Rétorquer que, de toute manière, ce sont les regardeurs qui font les tableaux, ce serait encore préjuger de l’objet, puisque rien n’indique a priori que ce soient des tableaux plutôt que des déchets, des symptômes ou un matériel d’étude sociologique – l’auteur de l’œuvre est plus que jamais aphasique, et le critique plus que jamais ventriloque...
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Scolariser consiste d’une part à développer les facultés d’abstraction et de technicité requises par les systèmes rigoureux de caractère linguistique ou algorithmique, d’autre part à inhiber les traits incontrôlables et dysfonctionnels de fantaisie, d’imagination, d’imprévisibilité, de turbulence, etc. La philosophie même, encore trop floue, trop ouverte aux réflexions personnelles, est en train de passer à la trappe. Il s’agit pour l’organisme social de former des agents parfaitement initiés au maniement de l’appareil socio-économique, et respectueux avant tout de son mode d’emploi. Cette conception pédagogique est fondée sur le principe de compétition, à l’instar du système qu’elle sert. La réussite de chacun se mesure à l’échec des autres. La performativité du dispositif de production entraîne, par une nécessité interne ou par un dysfonctionnement structurel, des troubles caractériels généralisés, des toxicomanies, des psychoses, des suicides d’adolescents, etc. L’extension planétaire de ce qu’on appelle euphémiquement l’économie de marché a donné un caractère de transcendance à ce principe impitoyable de concurrence. Borderline, ce nouveau leitmotiv de la psychiatrie, disions-nous, pourrait s’appliquer au champ social dans son ensemble : le système se règle sur la ligne de partage entre l’intégration et la marginalisation. Dès la maternelle, l’écolier est placé devant cette alternative décisive, économiquement vitale – du moins voudrait-on le faire croire – mais humainement dévastatrice : se montrer performant, ou craquer.
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Paradoxalement, le véhicule tel que nous l'entendons communément, c'est-à-dire l'engin de transport mécanique, est apparu avec la sédentarisation.
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Bien sûr, la perspective d’une humanité bactérienne est pessimiste, défaitiste, et elle ressortit, avouons-le, à une rhétorique de la provocation. Peut-être devrions-nous plutôt nous considérer en état de guerre contre un pouvoir qui n’est plus politique mais médiatique. Celui-ci exerce unilatéralement un conditionnement qui n’a de communicatif que le nom sur une masse indistincte, majoritairement silencieuse, constituée de victimes plus ou moins complices. L’enjeu de cette guerre, subtil, ambigu et pourtant décisif, c’est l’image. Dans ce domaine, l’école, qui se trouve évidemment du côté du pouvoir et de l’obscurantisme, entretient sciemment un analphabétisme débilitant et une vulnérabilité propices à toutes les manipulations, de manière à former des citoyens dociles. [...]
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Je trouve regrettable que nous sortions de l'école sans avoir aucune notion de médecine, sans savoir identifier et soigner les maladies les plus courantes, sans même savoir administrer une injection. C'est cette inculture qui favorise la superstition et la dépendance à l'égard de la médecine. "Consultez votre médecin!": c'est la formule incantatoire qui conclut à la manière d'un amen tous les conseils de santé et toutes les notices pharmaceutiques. Dans le domaine de la médecine comme dan celui du droit, de l'économie, de l'image, de la philosophie, l'école paraît être organisée pour conditionner des individus dépendants et passifs, livrés docilement à tous les pouvoirs.
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Autre exemple de cynisme à la fois désespérant et gratifiant, qui touche à la perfection du genre, un aphorisme d'un nommé Darrow, qui constate ceci: "La première moitié de notre vie est gâchée par nos parents, et la seconde par nos enfants." C'est terrifiant, mais c'est assez vrai, ou disons que ça le devient de plus en plus avec les enfants du siècle - du XXIe siècle, s'entend.
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