AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Michel Zink (103)


Les règles de l’amour ont changé, mais son angoisse et sa folie demeurent.
Commenter  J’apprécie          220
La littérature du Moyen Age ne se laisse pas aborder à travers les poncifs des autres époques, y compris de la nôtre, mais elle n’est pas non plus aussi rebutante ni aussi glacée qu’on a voulu ou qu’on pourrait le croire. L’épanchement et la peinture de soi, comme la profondeur du mystère et la séduction du récit, ne lui sont nullement étrangers, loin de là. Mais elle poursuit un équilibre qui lui est propre entre la sensibilité et l’intellect, entre la représentation du monde et l’imaginaire, entre l’imitation et le renouvellement.
Commenter  J’apprécie          210
Pour Chrétien [de Troyes], inventer une histoire, ce n'est pas cela, mentir. Mentir, c'est feindre un sentiment que l'on n'éprouve pas, c'est tricher avec soi-même.

(dans "Seul, comme un chevalier errant doit l'être")
Commenter  J’apprécie          170
Le succès, l'obtention de ce que l'on convoite ne sont rien si l'on n'en mesure pas le prix. Il est facile de tomber amoureux et de se marier. Il est difficile de prendre conscience de l'engagement que l'on prend et de ce qu'il implique.

(dans "L'amour conjugal est-il romanesque ?" )
Commenter  J’apprécie          160
Le cor de Roland à Roncevaux est une des images les plus fortes de notre imaginaire national. Un emblème de l'héroïsme et, plus encore, celui d'un sacrifice dont le sens dépasse la question de son utilité immédiate. Un emblème du sursaut victorieux quand tout paraît perdu et alors même qu'on ne peut plus espérer sauver sa propre vie. Un emblème de la France elle-même, tant cette situation s'est souvent répétée au cours de son histoire.

(dans " "Roland a mis l'olifant à sa bouche" ")
Commenter  J’apprécie          150
Heroic fantasy, films, séries télévisées, jusqu'à Harry Potter et son monde de magie préscientifique sous les ogives gothiques d'un collège anglais, peuvent nous entraîner dans un univers à coloration médiévale où nous nous évadons délicieusement.

(dans "Avant-propos")
Commenter  J’apprécie          130
La lèpre était une maladie honteuse, non seulement parce qu'elle frappait d'exclusion celui qui en était atteint, parce qu'elle le défigurait et le condamnait à pourrir tout vivant, mais aussi parce que s'y attachait le soupçon d'une punition du Ciel pour une faute commise soit par le lépreux, soit par ses parents, faute que l'on soupçonnait d'être de nature sexuelle : on disait que les enfants conçus pendant les règles couraient le risque d'être un jour lépreux ; on disait que les lépreux avaient un appétit sexuel insatiable.


(dans "Le poète lépreux")
Commenter  J’apprécie          120
Après tout, n'est-il pas rassurant qu'en poésie au moins, chaque sexe soit parfois capable, quoi qu'on en dise, de se mettre à la place de l'autre ?
C'était pendant tout le Moyen Âge, et déjà avant lui, et encore après lui.

(dans "Chansons de femmes")
Commenter  J’apprécie          110
Alors même qu’il est plus que jamais un genre aristocratique, produit des cours princières et consommé par elles, le roman de cette époque [15e siècle], en tant qu’il est un roman historique et un roman gratifiant, est l’ancêtre du roman « populaire », c’est-à-dire s’adressant à un public soit socialement indifférencié, soit constitué de ceux qui viennent d’accéder à la lecture et à qui échappe la mise en forme de la culture […]. Définir la fascination exercée par le roman de la fin du Moyen Age comme celle du roman historique, c’est préparer la compréhension de la fascination exercée du XVIe siècle à nos jours par le roman, comme la littérature popularisante ou comme infra-littérature.
Commenter  J’apprécie          100
Rien de ce que le Moyen Âge exprime, rien de ce que nous croyons en comprendre, rien de ce qui nous touche ou nous rebute en lui, qui ne doive être mis en doute, vérifié, éprouvé. Sa littérature ne veut pas dire ce que nous pensions, elle ne veut pas toucher là où à la première lecture elle nous touche, elle fourmille d'allusions qui nous échappent.

(dans "Avant-propos")
Commenter  J’apprécie          90
Le récit n’est pas le prétexte du sens. Les aventures vécues par le héros sont à la fois la cause et le signe de son évolution. L’aventure extérieure est à la fois la source et l’image de l’aventure intérieure.
Commenter  J’apprécie          90
Villon a bel et bien frôlé le gibet. C'était un vrai mauvais garçon. D'ailleurs il a écrit des ballades dans le langage codé dont usaient les mauvais garçons pour ne pas être compris des mouchards. Mais les vrais mauvais garçons utilisent-ils leur langage codé pour écrire des ballades ? Écrivent-ils la 'Ballade des pendus' ? Il faut la distance de la poésie pour nous faire toucher le vrai.
C'était au XV° siècle.

(dans " "Le laisserez-vous là, le pauvre Villon ? " ")
Commenter  J’apprécie          80
Le latin, langue savante, était aussi la langue internationale et une langue vivante. Les langues locales se rencontraient et se mêlaient aisément. L'Europe était une réalité.
C'était au IX° siècle.

(dans "Sainte Eulalie ou le plus ancien poème français")
Commenter  J’apprécie          70
Le désir, par définition, est désir d’être assouvi, mais il sait aussi que l’assouvissement consacrera sa disparition comme désir. C’est pourquoi l’amour tend vers son assouvissement et en même temps le redoute, comme la mort du désir. Et c’est ainsi qu’il y a perpétuellement dans l’amour un conflit insoluble entre le désir et le désir du désir, entre l’amour et l’amour de l’amour.
Commenter  J’apprécie          70
Le désir, par définition, est désir d’être assouvi, mais il sait aussi que l’assouvissement consacrera sa disparition comme désir. C’est pourquoi l’amour tend vers son assouvissement et en même temps le redoute, comme la mort du désir. Et c’est ainsi qu’il y a perpétuellement dans l’amour un conflit insoluble entre le désir et le désir du désir, entre l’amour et l’amour de l’amour.
Commenter  J’apprécie          60
Tout s'écoute : les chansons, bien sûr, mais aussi les poèmes, les romans, les chroniques, l'histoire sainte. [...]
Ils ont été copiés les uns sur les autres. La littérature médiévale est faite pour être écoutée. Elle se consomme par l'oreille. Mais elle est conservée par écrit et se propage par l'écrit. Les manuscrits se lisent, se contemplent quand ils sont enluminés, circulent, s'empruntent pour être recopiés.
Le monde médiéval est avant tout un monde de l'oral. Le monde médiéval est avant tout un monde de l'écrit. Les deux sont vrais.


(dans " Lire et entendre")
Commenter  J’apprécie          60
Les poètes arabes et juifs d'Espagne pratiquaient une forme de poème appelée 'muwwashah' ou 'zadjal' qui se terminait par une sorte de pointe finale, le 'khardja'. Certaines de ces 'khardjas' sont restées longtemps incompréhensibles, car on pensait qu'elles étaient, comme le reste du poème, en arabe ou en hébreu. Or on s'est aperçu qu'elles étaient en langue romane - en vieil espagnol : ce sont des emprunts à la poésie mozarabe, celle de la population chrétienne de souche ibérique conquise et dominée. Même alors, on ne les a pas comprises sans mal : elles offrent un état de la langue si ancien qu'on n'en a guère d'autres exemples et elles sont transcrites phonétiquement dans un alphabet mal adapté à cette langue. Mais quand on y est parvenu, on a constaté que ce sont toutes des chansons de femmes. C'est presque toujours, en un ou deux vers très simples, la plainte mélancolique, discrète et sensuelle d'une jeune fille qui se languit de son bien-aimé. Les poètes des cours arabes d'Al-Andalus jugeaient piquant cet effet de citation, cette rupture linguistique et poétique. Le 'khardja' qui concluait leur poème brillant et sophistiqué devait paraître fragmentaire, balbutiante, venue du fond des âges et du fond de l'âme, d'une simplicité insistante, celle de la langue des simples et des vaincus, celle d'une poésie rudimentaire, celle de la jeune fille ignorante et de l'amoureuse inquiète qui fait entendre sa voix.


(dans "En passant par l'arabe : à la recherche d'une poésie perdue ")
Commenter  J’apprécie          60
Qu’entendre au Moyen Age par littérature française ? La littérature en français ? Mais on ne peut imaginer d’exclure la langue d’oc et de ne rien dire des troubadours. La littérature qui fleurit dans les limites de la France actuelle –ou plutôt des Gaules d’alors, car celle de l’actuelle Wallonie brille au Moyen Age d’un éclat particulier ? Mais du XIe au XIVe siècle l’Angleterre, sous ses rois normands, est un des hauts lieux de la culture française. Et peut-on oublier que pendant tout le Moyen Age, en France comme dans tout l’Occident, la langue des activités intellectuelles est d’abord le latin ?
Commenter  J’apprécie          60
Non seulement le reflet du macrocosme dans le microcosme, du destin et du fonctionnement de l’univers dans le destin et le fonctionnement de l’individu, invite à voir dans chacun un sens transposé de l’autre. Mais encore le langage poétique, en rendant perceptible cette transposition universelle du sens, manifeste la présence du divin. L’allégorie est le mode d’expression privilégié des relations de l’âme avec le principe de l’univers et avec Dieu.
Commenter  J’apprécie          50
L’écrit est-il du côté du latin, l’oral du côté de la langue vulgaire ? Non, pour la même raison : le monde médiéval n’est pas un monde de la pure oralité, mais l’écrit ne s’y suffit jamais totalement à lui-même.
Commenter  J’apprécie          50



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Michel Zink (247)Voir plus

Quiz Voir plus

Tom Sawyer

Qui est l'auteur du livre ?

Robert Louis Stevenson
Enid Blyton
Edith Nesbit
Mark Twain

12 questions
464 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature américaine , littérature , américainCréer un quiz sur cet auteur

{* *}