Après un licenciement et une procédure de divorce en cours, Sabela ressent le besoin de s’éloigner. Elle profite donc de cette période d’inactivité professionnelle pour revenir sur les traces de son passé ou plus exactement, sur les traces de son grand-père.
Sa destination est un petit village de Galice niché au pied de la montagne où elle espère retrouver un ami de Francisco, l’aïeul qu’elle n’a pas connu. Ce dernier a migré vers Cuba dans les années 1930 et les femmes de la famille (sa mère, sa grand-mère maternelle) ont fait tout leur possible pour effacer les traces de son existence.
L’accueil méfiant que les habitants de la bourgade catalane réservent à Sabela ne décourage pas la jeune femme. Des quelques indications qu’elle parvient à leur arracher, elle retient l’existence de Fidel, un vieillard solitaire qui vit à la périphérie du village. Certains le disent fou, d’autres sénile… Sabela verra en lui un vieil homme dont les pensées sont perdues dans le passé, un nostalgique des paysages et des rencontres croisés à l’occasion de ses multiples voyages.
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Miguelanxo Prado est un auteur qui m’est inconnu si ce n’est que j’avais lu Pierre et le loup il y a quelques années et son étrange atmosphère m’avait fait forte impression. Pour le reste, sa bibliographie est assez éclectique mais jusque-là, je n’avais jamais été tentée par la lecture d’un autre ouvrage de cet auteur.
Je me suis pourtant facilement laissée tenter suite à la lecture de la chronique d’Yvan et à l’invitation de Jérôme de partager une nouvelle lecture commune. J’étais donc conquise par cet album avant même de plonger dans le récit pourtant, j’ai vite déchanté et je n’ai eu de cesse de m’accrocher à l’album de peur de le reposer hâtivement… et définitivement.
Une fois n’est pas coutume, je commencerais par parler de la partie graphique. Si les paysages et les couleurs choisies pour camper l’ambiance sont superbes, les visages sont absolument hideux. Les traits grimaçants des personnages m’ont gênée durant la majeure partie de la lecture et ce n’est qu’à quelques pages de la fin que je suis enfin parvenue à passer outre leur aspect.
Ensuite, on est face à un ouvrage (d’environ 250 pages) qui se découpe en une petite dizaine de chapitres qui nous font naviguer entre présent, passé et passé lointain des deux personnages principaux que sont Sabela et Fidel. Ici aussi, j’ai mis un bon moment à accepter le récit morcelé… aussi morcelé que ne l’est la mémoire de Fidel. Ces à-coups narratifs sont également provoqués par les nombreux non-dits des villageois ; on sent ces derniers à la fois suspicieux à l’égard de l’étrangère (à qui ils prêtent des intentions peu louables) et soucieux de laisser le passé (et ses fantômes) loin de leur quotidien. De plus, l’histoire nous échappe régulièrement et fait des digressions vers des passages qui touchent de près (la mémoire) ou de loin (les poissons volants) notre sujet. Certes, ces moment sont didactiques… mais assez rébarbatifs.
Malgré tout, j’ai fini par m’attacher au personnage de Fidel et grâce à lui, je me suis immiscée dans cet univers qui mélange réalité et onirisme. J’ai accepté sa mémoire défaillante et joué le jeu imposé par cet album qui consiste à revenir en arrière pour reprendre – en connaissance de cause – la lecture d’un passage et lever ainsi quelques incompréhensions. Ce personnage nostalgique et fragile m’a touché.
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