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Citations de Miquel de Palol (15)


La nuit commençait à tomber, le ciel s'était peuplé d'une armée de nuages bouclés, noirs au-dessus, rouges à la base, et le soleil couchant, disséminé dans cette folie de montagnes enneigées, était un réceptacle où les dernières lueurs de l'air embrasé s'anéantissaient dans l'épaisse profondeur du sang. Tout semblait soudain inéluctable, ténébreux, comme le décor glacial et ardent d'une orgie d'impiété et de destruction. p 52
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La guerre [est] l'un des besoins collectifs de l'homme en tant qu'animal politique, et qu'il la ferait quelle qu'en soit la manière et là où il le pourrait : des guerres tribales aux répercussions locales, aux conflits de plus en plus vastes liés aux avancées du progrès, jusqu'aux guerres mondiales du XXe siècle ; c'est alors que se produit un phénomène jusqu'ici relativement inédit : avec le perfectionnement des moyens de communication - presse et radio, mais, surtout, télévision -, la fonction guerrière de l'homme, dans les civilisations les plus avancées, passe par la diffusion d'images de guerres lointaines au journal télévisé, qu'il regarde, hypocritement effrayé, mais dans le fond satisfait de ne pas avoir à y être confronté.

J'ai dit qu'il s'agissait d'un phénomène relativement nouveau parce que, dans le passé, on a déjà assisté à celui-ci ; par exemple, durant l'Empire d'Auguste, on a joui de la pax Romana, mais les instincts belliqueux trouvaient leur exutoire dans le cirque et dans les nouvelles guerres aux frontières.

Pour revenir au XXe siècle, l'homme des pays développés s'est permis le luxe de s'épargner la guerre à domicile, tant qu'il a pu de temps en temps s'en nous offrir une dans les pays pauvres et faibles ; finalement, la guerre spectacle ne lui coûtait rien, et lui permettait même de faire des affaires.

j'en arrivai à me dire que le mauvais côté de l'information globale... était de nous empêcher de vivre heureux dans l'illusion de jouir des privilèges universels, parce qu'elle nous tenait au courant de l'infortune, de la misère et de l'injustice du monde.
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Traiter avec ces gens [les journalistes], c'est comme mettre une mitraillette entre les mains d'un orang-outan et le lâcher en pleine rue... ; rien de surprenant, voir les questions les plus sensibles jeter en pâture au public, tellement ils sont irresponsables et ignorants

Le pire de la presse - à de rares exceptions.... - c'est que plus elle est insensible, indigne et charognarde, plus elle est arrogante.
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_ Je pense que la peur n'a que deux causes possibles : d'abord, l'inconnu, ensuite la menace d'un changement substantiel en soi-même. On peut retrouver la perspective de la mort dans ces deux facteurs.

_ Et même, ce pourrait être une bonne définition paradigmatique... de la mort...et en des termes qui dans d'autres circonstances s'excluraient l'un l'autre...

_ Pourtant, ce serait aussi une manière d'évaluer ses propres capacités...

_ j'ai l'impression qu'on met sous le mot peur deux concepts différents... L'un d'eux est l'angoisse, révélation du néant tel que l'entendaient les existentialistes, vertige de la connaissance, etc. ; c'est un sentiment qui conduit à une attitude, un présupposé intellectuel vital qui a pour objet l'appréciation du vide et, le cas échéant, la fusion avec ce vide.

L'autre concept correspond à un mécanisme de défense, une réaction animale qui a pour seul objet de s'éloigner du danger ; cette peur est commune aux hommes et aux animaux ; tandis que la première n'existe que chez l'homme.
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La perspective imminente d'une probable destruction donne parfois aux choses une beauté désespérée, voire énigmatique.
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Cette histoire m'a guéri pour toujours de la tentation de classer les êtres humains en catégories. Il n'y a pas de premiers rôles, nous ne sommes tous que des figurants. Comment pourrais-je juger quelqu'un ? La logique menait droit à la cruauté| et à la folie, toute bienveillance tirait son origine d'une trahison.
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La vie d'un individu, même la plus insignifiante, est un minuscule miroir de la vie de la société, aussi tentai-je de trouver en moi l'origine de la folie guerrière. Depuis le temps qu'on disait que pareille chose ne pouvait se produire ! Et certains n'arrivaient toujours pas à y croire.

Je regardai par la fenêtre ; fumées ou nuages ? Peut-être n'étaient-ils désormais qu'une seule et même chose.
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Et pourtant rire est un privilège, me répétai-je pour me mettre au diapason. Ceux qu'on va exécuter rient, les tortionnaires et les bourreaux rient, même celui qui est condamné à vivre en ayant tout perdu rit.
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Il m'a emmené à une soirée où l'on passait les tubes qu'écouteaient les jeunes il y a quinze ou vingt ans ; il s'y trouvait des gens de notre âge et d'autres plus âgés, et cela m'a complètement déprimé. Je n'ai jamais compris quel plaisir on peut trouver à ce genre de choses.

Tu gardes un souvenir intact d'une découverte qui à un moment donné t'a semblé exotique et, chose indispensable, t'a offert surprise, tremblement et ardeur, et voilà qu'on le propose à ta nostalgie, dans ta langue, avec les mêmes chanteurs, vieillis, accessibles et dévalués, descendus de leur piédestal ; alors tu te rends compte que les tigres étaient des chats, et tu leur fais une caresse ; ils te procurent un peu de tendresse, mais ils ne te rendent pas I"ancienne émotion.
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Il n'y a rien de pire que les juges incorruptibles, qui ne se sont jamais demandé s'ils étaient dans l'erreur et agissent sous le dictat divin de la raison, convaincus de détenir la vérité absolue.

Les corrompus, quand ils n'ont pas d'intérêts dans une affaire, sont les plus justes, ils ne sont pas mus par le désir d'exalter leur destin de rédempteur ni aucun principe sublime, ils savent qu'ils ne sont rien de plus que des hommes qui peuvent se tromper ; les autres se prennent pour des anges exterminateurs...
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On devrait interdire les préfaces ou les rejeter à la fin du livre quand on ne peut y faire renoncer l'auteur....


La préface, c'est comme les olives du restaurant qu'on t'apporte même si tu n'as rien demandé. Tu la découvres un peu comme si tu entendais quelqu'un décider à tort qui tu es.
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... De façon absurde, voir des personnes dont on sait qu'elles vont connaître une mort atroce a quelque chose de tragique : les derniers mots de l'homme politique avant l'attentat, l'ultime geste du prisonnier qui attend la balle... Pourtant, quand on y réfléchit, il n'y a pas de scène qui ne s'achève pas par la mort ; tout est question de temps.

On peut donc en déduire..., que toutes les scènes de la réalité ordinaire sont également tragiques.
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Vous savez quel est mon grand malheur ? La femme que j'aime le plus au monde, c'est la mienne. Si je devais en trouver une autre, je crois que je deviendrais fou ! J'en connais des femmes ! Et elles peuvent bien être tout ce qu'on voudra, venir de n'importe où, aucune ne peut se comparer à la mienne.
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On avait eu le temps de la disposer conformément au rite du corps présent - chose surprenante, vu l'heure à laquelle sa sœur Mercedes l'avait trouvée, et malgré les décisions qui restaient à pendre ; étendue au centre du lit seulement recouvert d'une courtepointe toute blanche, un coussin sous la tête, elle était habillée d'un vêtement blanc qui descendait jusqu'à ses pieds, peut-être une chemise, une tunique, voire une robe de ville, les bras sur la poitrine et les mains croisées tenant entre les doigts cinq roses rouges aux courtes tiges, bouquet parfait et une seule couleur au milieu d'une blancheur qui atteignait son paroxysme sur les traits aiguisés par l'inimitable pâleur de la mort. Son visage était une énigme. Je la regardai de biais, comme si quelque chose de profond m'empêchait de m'y attarder, un sentiment d'excès insupportable qui m'affaiblissait et me glaçait douloureusement. Tout était terriblement antique, ou plutôt hors du temps : cette scène aurait pu dater d'une centaine d'années et, sans cette tête de lit, de milliers. Une boule dans la gorge, je pris pleinement conscience de la réalité : Aloysia était morte, bien morte, à jamais comme tous les morts.
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Outre l'échange de fluides qui joue néanmoins comme un authentique aiguillon, le summum de l'invasion, le pic de l'intimité, c'est la rupture de veinules sur les épithéliums de contact par friction de surfaces enflées, saturées jusqu'à l'exacerbation de sang et de terminaisons nerveuses. Ceux qui ont eu une relation sexuelle, même une seule fois, sont à jamais unis dans leurs cellules, leurs systèmes nerveux sont entrés en résonance. Cela, on ne pourra jamais s'en défaire, c'est comme la mémoire, même si ce n'est plus qu'une mauvais image revisitée. J'eus l'impression d'affronter un Everest. Mais non, c'était seulement le Montseny. Ou même pas ? Le Tibidabo pourrait donc suffire ? Ou le Putxet.
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