Un livre acheté suite à un article très récent dans le Monde des livres intitulé «Pakistan : la satire indispose ». Publié en 2008 par un éditeur anglais, puis traduit en français l'année suivante, il a été récemment traduit en ourdou, langue nationale du Pakistan. Le fond, une satire politico-militaire qui raconte les jours précédant le crash du Pak One, l'avion présidentiel pakistanais , qui coutera la vie au général Ul-Haq en août 1988, a indisposé les autorités, qui ont confisqué tous les exemplaires disponibles en librairie , poursuivant l'écrivain et son traducteur pour diffamation. Ayant fait un long voyage fin 2018 dans ce pays avec en préalable lu plusieurs livres sur son passé politique sanglant, le livre a attisé ma curiosité. Surtout qu'aujourd'hui leur premier ministre Imrân Khan, ancien champion de cricket semblait y avoir amené un semblant de souffle démocratique Apparemment c'est loin d'en être le cas, l'homme semble être une marionnette toujours à la solde du Big Brother, et les services secrets plus puissants que jamais, puisque ce livre 40 ans après sa publication, dérange encore.
Dans un pays où l'homme le plus puissant après le président est le chef des services secrets à la solde de son homologue américain, second homme le plus puissant de son propre pays, si non le premier, le pays ne peut être que dans la bouse. Mohammed Hanif n'y va pas par quatre chemins. D'un humour dévastateur il nous introduit dans l'intimité d'un dictateur, un homme soi-disant « puissant », qui sujet à une paranoïa terrible, sent sa fin proche. Et pourtant, ironie du sort, ayant perdu tout sens des réalités, il espère recevoir le Prix Nobel de la Paix, pour avoir " libéré l'Afghanistan ", en y préparant un discours à cette fin ! L'écrivain alterne l'agonie présidentielle, avec celle d'un jeune sous-officier de l'armée de l'air, Ali Shigri, qui dans le même temps, suspecté de complot, est emprisonné et torturé. Deux hommes dont les destins vont se croiser, pour le meilleur et pour le pire......
Se mouvant dans les deux fronts dans un va et vient constant entre passé et présent, un huit-clos étouffant, où l'ironie est la seule bulle d'oxygène.
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Muhammad Zia-ul-Haq, président du Pakistan mort dans un accident d'avion, était tout ce qu'il y a de plus réel. De sa mort, cependant, l'auteur de ce roman tire une intrigue oscillant entre le policier et le militaire, où finalement tout le monde veut la peau du général, ceux qui veulent sa place, ceux qui vengent des êtres chers, ceux qu'il a fait enfermer ou condamner, la liste se trouve longue.
C'est sarcastique et complètement sans pitié, pour aucun des personnages ,particulièrement le général, mais aussi pour l'institution militaire pakistanaise, pour les Américains allés s'emmêler dans le bazar de cette poudrière de région , en fait, tout le monde en prend pour son grade à son tour.
Drôle et dérangeant à la fois, le seul défaut que j'ai réellement trouvé à ce livre, c'est qu'il souffre de quelques longueurs qui nuisent à son efficacité.
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Singulier roman que ce Notre-Dame d'Alice Bhatti, complainte tragique aux accents humanistes qui ne craint pas la fantaisie, l'humour et la crudité. Etonnant personnage que cette Alice Bhatti, sainte en pays musulman, concentré de Marie et de Jésus dans ses habits d'infirmière. Mohammed Hanif s'attache à décrire un pays, le Pakistan, en plein chaos, dans la fusion et la confusion d'une société en quête de repères. Le livre est original, sa narration emprunte des voies inattendues qui perdent parfois le lecteur lequel finit malgré tout par retrouver le fil. Parce que l'auteur démontre une force et une finesse remarquables quand il évoque la misère d'un peuple, la violence, la corruption et l'injustice. Notre-Dame d'Alice Bhatti n'est pas un livre triste, bien au contraire. Lucide, certainement, mais porteur d'espoir et de grâce, dans un monde absurde où il faut une bonne dose de candeur pour croire en des lendemains meilleurs.
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Un très bon roman.
« Il n’y a d’autre dieu que toi: gloire à toi: j’avais tord! » verset 21.87 du Coran.
La place de la femme dans le livre est peut-être à l’image de ce qu’elle est au Pakistan, ou au mieux ce que l’auteur souhaitait:
Un roman à l’ambiance masculine. Seules 2 femmes dans le roman:
1. La 1ere dame du pays mais qui préfère se présenter comme veuve;
2. L’autre est une femme aveugle emprisonnée.
Ah! J’allais oublier, il y a aussi une procession de femmes mendiantes…
Cet univers d’hommes au pouvoir, disais-je, est surtout divisé en 2 dialogues qui s’interposent en alternance à travers les chapitres:
1. celui du président du pays (le Pakistan), le dictateur Zia ul-Haq (qui a réellement existé et s’est fait assassiné en 1988);
2. et celui du fils unique d’un colonel, qui aurait aussi été assassiné, et qui est le sous-officier soldat Ali Shigri.
Pas de romantisme dans le roman, à part, peut-être, envers cet autre soldat qui, lui, est épris de lectures.
L’auteur s’y connaît un peu en terme d’avions militaires. Vous le remarquerez à la lecture de l’oeuvre.
En parlant de vol, je terminerais par cette citation: « C’est aussi un fait reconnu que la plupart des malédictions sont inefficaces. Il n’existe qu’un moyen pour qu’elle aient le moindre effet: si un corbeau entend la malédiction lancé par quelqu’un qui vient de lui remplir la panse… ».
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Nous sommes ici en présence d’un roman délicieux et criant de vérités. Et pour cause, l’auteur Pakistanais Mohammed Hanif a passé plusieurs années de sa vie dans l’armée du « pays des purs ». Il nous en décrit l’absurde fonctionnement avec beaucoup d’ironie et d’impertinence. À la tête de l’armée et du pays, il y a le général Zia, un dictateur maladroit et superstitieux, si puissant et si fragile à la fois. L’homme qui peut faire exécuter son semblable sur un simple mouvement de l’index est terrorisé par sa femme. Rongé par la paranoïa, martyrisé par des hémorroïdes mal placés, le général Zia, la moustache finement lissée, interroge le coran comme on consulte un horoscope. Que s’est-il donc passé ce jour d’août 1988 au dessus du Penjab ? Pourquoi l’avion s’est-il écrasé ? C’est la question à laquelle ce roman, avec beaucoup d’humour, tente de répondre. Si vous aimez revisiter l’histoire à travers le prisme de ses acteurs anonymes, alors ce roman vous comblera.
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Je viens de terminer "Notre-Dame d'Alice Bhatti" de Mohammed Hanif et je dois avouer que je suis plutôt déçu.
Le livre m'a paru être un enchevêtrement de faits et de personnages sans queue ni tête. Bien que l'histoire soit intrigante et que certains passages soient bien écrits, je me suis souvent senti perdu en raison du grand nombre de personnages présentés et de leurs relations qui ne sont pas toujours clairement expliquées.
Je pense que l'auteur a essayé de créer une image complète de la vie à Karachi, mais j'ai trouvé que cela a donné lieu à un récit trop chargé et confus.
J'ai également eu du mal à m'attacher aux personnages, car ils semblaient manquer de profondeur et de développement.
Malgré tout, je pense que "Notre-Dame d'Alice Bhatti" a une certaine valeur pour les lecteurs intéressés par la vie à Karachi et les enjeux sociaux dans cette ville. Cependant, pour les lecteurs qui recherchent une histoire cohérente et des personnages bien développés, je ne recommanderais pas ce livre."
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