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Critiques de Montague Rhodes James (14)
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Siffle et je viendrai...

Les neuf nouvelles ici réunies pour la première fois en volume dans cet ouvrage paru en 1982, rendent justice à un auteur méconnu , Montague Rhodes James (1862-1936).

James, fut notamment salué pat Lovecraft dans son essai "Epouvante et surnaturel en littérature" comme le rappelle François Truchaud dans sa préface.



Les neufs textes ont été publiés dans différentes anthologies, et traduits par différents traducteurs, dont Alain Dorémieux.



Le recueil s'ouvre sur "Sortilèges", ("Casting the runes" en VO) nouvelle qui servit de base au scénario du film "Night of the demon" ("Rendez-vous avec la peur" en français) un grand film du genre réalisé par Jacques Tourneur.



Erudit brillant, M.R James, considérait ses contes fantastiques comme des écrits secondaires et se présentait comme un "conteur amateur".



Cette modestie tout à son honneur minimise beaucoup son talent, il avait un don certain pour distiller la peur par petites touches allusives…



Un auteur, qui mérite donc l'intérêt du public amateur de fantastique.

A noter, que l'éditeur l'Eveilleur a entrepris l'édition de l'intégrale des histoires de fantômes de James, un premier tome est paru "Il y avait un homme qui demeurait prés du cimetière".
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Siffle et je viendrai...

Une des première lecture du genre qu'a engendré ma rencontre avec Stephen KING !

La nouvelle Le Frêne m'avais particulièrement impressionnée à l'époque, tellement que je l'avais présentée en classe par la suite !

Une des relique de ma bibliothèque que je garde jalousement
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De Nugis curialium (Anecdota oxoniensia)

Le de Nugis Curialum (Bagatelles de Courtisans) est le seul écrit qu'il nous reste de ce dernier. Il s'agit d'un recueil d'anecdotes, contenant des ragots de cour et un peu d'histoire réelle. Son style est satirique. Avec William de Newburgh , il a raconté les premières histoires anglaises de vampires. Il fut accusé d'avoir écrit des poésies goliardes, notamment l'Apocalypse de Golias (attribuée également à d'autres poètes tels qu'Alain de Lille ou Gautier de Châtillon).
Lien : http://promenades-culture.fo..
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Histoires de fantômes complètes

Collected Ghost Stories

Traduction : Xavier Perret, Anne Baronian, Georgette Camille, Michel Demuth, Alain Dorémieux, Odette Ferry, Françoise Martenon & Roland Stragliati, Jacques Papy, Jos Ras



S'il est très facile de se procurer l'édition anglaise des "Histoires de Fantômes complètes" de Montagu Rhodes James, en dénicher une traduction française relève de la gageure. Grâce soit donc rendue au site BDFI qui, suite à une trouvaille que j'avais faite tout à fait par hasard sur le site Price Minister, m'a confirmé que les Editions Néo avaient bel et bien tenu ce pari difficile avec tout le soin et toute le professionnalisme dont leur nom reste synonyme. Ces exemplaires "omnibus" virent cependant le jour alors que cette maison d'édition songeait à déposer les clefs, ce qui explique leur rareté.



Pour tous les amateurs de fantastique victorien et pour tous ceux qui aiment encore écouter des histoires de fantômes le soir, autour d'un feu, dans une maison humide, au milieu de vacances détrempées par la pluie, avec le bruit de la mer dans le lointain ou, mieux encore, le sombre silence touffu d'une campagne inconnue tout autour d'eux, Montagu R. James est plus qu'un incontournable : c'est une institution.



Bien loin du "gore" auquel nous sommes désormais habitués, l'épouvante distillée par le vieux monsieur de Cambridge méprise les effets spéciaux et l'horreur complaisamment étalée. Certes, çà et là, un souffle venu de nulle part dévoile la sauvagerie d'un rite oublié ("Coeurs Perdus"), une porte qui n'existe pas laisse passer une main parcheminée aux longs ongles jaunis qui tente de kidnapper l'un des protagonistes ("La Chambre N° 13"), les gravures d'un tombeau révèlent une espèce de tentacule pré-lovecraftien ("Le Comte Magnus") et un trio de cadavres ambulants s'en prend à un jeune scout ("Le Puits des Lamentations") ... Mais ce sont là des excès bien rares.



Tout l'art, et l'on peut même écrire tout le génie, de Montagu R. James, est dans la suggestion, non dans l'apparition. En fait, on ne distingue jamais réellement les spectres et les monstres qu'il anime ou alors on ne retient d'eux qu'un détail. Détail si cru, si troublant et porteur d'une telle charge de peur qu'on ne peut plus rien voir d'autre - et peut-être est-ce mieux ainsi.



De même, on connaît rarement leur histoire, rien que des bribes qui ressemblent à des lambeaux de suaire ou de chair. Dans le meilleur des cas, des érudits les ont rassemblées dans d'antiques ouvrages à l'usage, très souvent, des seuls chercheurs ou passionnés. Dans le pire, dont le stressant "Mezzo-Tinto" ou encore "La Maison de Poupées hantée" constituent de parfaits exemples, le lecteur apprendra vaguement que ... et en sera réduit à supposer encore plus vaguement que ...



Car la certitude tue la Peur alors que l'Incertitude, le Rêve, l'Imagination - et la Frustration - l'entretiennent.



Avec Montagu R. James, tout commence toujours très tranquillement, le soleil brille, les petits oiseaux chantent, les universitaires s'affairent, la maison de maître est belle et rassurante, les jardins sont impeccablement anglais, les bibliothèques sont profondes et rassurantes, le style a tout d'un parfait gentleman et rien ne saurait troubler ce bel équilibre assurément voulu par Dieu.



Et puis ...



Et puis, avec Montagu R. James, les nuages commencent à se jouer du soleil, quelque chose se détraque dans le chant des oiseaux, un docte professeur a le tort de partir tout seul à l'aventure, la maison se peuple d'ombres et de soupirs, les bibliothèques révèlent des informations déroutantes, voire démoniaques, le style se confond avec le son de votre coeur qui bat de plus en plus vite sous l'angoisse qui monte, qui monte ...



... pendant que l'Epouvante vous investit tout entier.



Une épouvante qu'admirait et respectait Howard Phillips Lovecraft, ce n'est pas n'importe quelle épouvante. Vérifiez par vous-même : lisez Montagu Rhodes James. ;o)
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Il y avait un homme qui demeurait près du cim..

M. R. James a une approche ludique : narrations multiples, récits imbriqués, interpellation du lecteur, humour et surtout des suggestions anodines qui font frissonner. Son amour du passé et de l'architecture transpire à travers ses personnages d'archeologues et de collectionneurs. Son style fluide, efficace en fait un auteur incontournable des amateurs du genre
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Une plaisante terreur, tome 1

Les Histoires de Fantômes de M.R. James sont un classique de la littérature fantastique anglo-saxonne et H.P. Lovecraft le cite d'ailleurs parmi ses influences. Pourtant, il est inexplicablement très difficile de les trouver traduites en français : il y a bien une édition sortie en 1990 par Les Nouvelles Éditions Oswald (mais il est très difficile de se la procurer) et un premier tome aux éditions L'Eveilleur en 2019 (mais jamais, à ma connaissance, de second tome) mais rien d'autres a priori, jusqu'à cette édition par la maison d'édition associative 500 nuances de geek.

Je suis donc ravi de pouvoir enfin découvrir les histoires de fantômes de cet auteur.



Comme souvent avec les recueils de nouvelles, j'ai adoré certaines alors que d'autres sont plutôt quelconque, je trouve.

Mes préférées :

- L'album du chanoine Albéric

- Le Mezzo-Tinto

- Le trésor de l'Abbé Thomas

- Le frêne

- Le numéro 13

- Le traité Middot

- Siffle et je viendrai
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Il y avait un homme qui demeurait près du cim..

Howard Phillips Lovecraft l’affirme dans Épouvante et surnaturel en littérature : l’auteur du livre que vous vous apprêtez à lire est « doué d’un pouvoir presque diabolique de faire surgir l’horreur, par petites touches mesurées, du sein de la prosaïque vie quotidienne ». Voilà de quoi parer Montague Rhodes James d’une forme de gloire mineure, indirectement diffusée auprès des amateurs de fantastique par le prestige de Lovecraft.



Il mérite bien mieux. Un siècle après leur rédaction, ses nouvelles n’ont pas pris une ride, protégées des soubresauts de la mode littéraire par un charme distillé savamment, dont le temps qui passe ne fait qu’embellir la patine. Elles génèrent aussi un étrange sentiment de « déjà vu » — non que l’art de James soit paresseux ou émaillé de stéréotypes, tout au contraire : sa science du récit est si parfaite, le puzzle du mystère si ajusté, les éléments narratifs si variés et si élégamment disposés dans un décor faussement rassurant, que le lecteur laisse échapper un « oui ! bien sûr ! » admiratif, comme s’il visitait pour la première fois un monument prestigieux dont il aurait beaucoup entendu parler. Montague Rhodes James, sous nos yeux, invente tout simplement la nouvelle fantastique du XXe siècle.



« Il y a des auteurs que l’on aimerait n’avoir jamais lu, disait Ruth Rendell, pour avoir le plaisir de les lire pour la première fois. Pour moi, Montague Rhodes James est un de ceux-là. » Si vous découvrez James aujourd’hui, frottez-vous les mains ! Sinon, rassurez-vous : ses contes horrifiques, sidérants d’intelligence, sont encore meilleurs à la deuxième lecture.
Lien : https://bibliogite.jimdofree..
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Il y avait un homme qui demeurait près du cim..

Relativement peu connu et peu édité en France cet auteur, réputé comme un maître du genre du côté anglo-saxon vient d’être réédité avec bonheur (quoique partiellement) aux Éditions L’Éveilleur, collection Étrange, avec des illustrations intérieures de B.E. Minns (1899) et une postface de Lovecraft qui disait de lui : « L'art de M.R. James n'est pas dû au hasard : il a lui-même énoncé trois excellentes règles pour la création fantastique : une histoire de fantôme doit avoir un cadre familier et moderne, pour être plus proche de l'univers du lecteur ; le phénomène macabre doit être maléfique plus que bénéfique, puisque la peur est l'émotion principale à éveiller ; enfin, il faut soigneusement éviter le jargon technique de “l'occultisme” ou de la pseudoscience... ».

Ici, les fantômes s’évadent de leurs tombes pour témoigner d’une injustice, pour aller se venger des vivants ou encore poursuivre les noirs desseins qui ont nourri leur vie. lls se glissent entre les lignes d’une gravure dans « Mezzo tinto » ou protégent un trésor dans « Le trésor de l’abbé Thomas ». ils se revêtent de draps entortillés et déchaînent la tempête dans « Oh, siffle et j’accourai vers toi, mon garçon ».

L’horreur est amenée à petites touches subtiles dans un décor de constructions antiques et de paysages typiquement britanniques : vieilles maisons de maîtres, châteaux, cathédrales, bords de côtes balayés par les vents... au travers d’une intrigue dont les détails semblent parfaitement ancrés dans la vie réelle, le quotidien, voire le routinier.

Le protagoniste principal de chacune de ces histoires s’apparente à l’auteur, grand érudit amateur de bibliothèques et de documents anciens, à tel point que parfois, on ne sait plus qui est le “je” qui raconte.

En bref, les récits contenus dans ce recueil sont comme des bijoux d’une autre époque, ciselés avec tellement de soin, de précision, de maîtrise, qu’ils en deviennent intemporels et qu’on ne peut que les trouver admirables.

Ces nouvelles ont été adaptées au cinéma ou à la télévision (Rendez-vous avec la peur, Jacques Tourneur, 1957, notamment) et figurent dans plusieurs anthologies du Fantastique (« Le numéro13 » dans Histoires d’aberrations, « Le Comte Magnus » dans Histoires de morts-vivants, Presse Pocket, 1977, par exemple).

C B

Chronique parue dans Gandahar 19 Michel Pagel en juin 2019
Lien : https://www.chrisbrigonne.fr
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Il y avait un homme qui demeurait près du cim..

La possibilité de lire les écrits fantastiques de M.R. James en français, enfin ! Parce que cet auteur, une figure dans son genre, dans l'Angleterre du début du XXe siècle, n’a guère été publié de notre côté de la Manche – un « antiquaire » pouvait éventuellement se reporter à quelques vieilles éditions chez NéO, mais pas des plus faciles à dénicher… Et les Histoires de fantômes complètes remontaient tout de même à 1990.







Or j’avais vraiment envie de lire cet auteur – tout en me montant trop feignasse pour tenter l’expérience en anglais (eh). C’est que Montague Rhodes James faisait partie des quatre « maîtres modernes » du fantastique admirés par Lovecraft dans son essai Épouvante et surnaturel en littérature – les trois autres étant Arthur Machen, Lord Dunsany et Algernon Blackwood. Trouver des traductions françaises de ces trois-là n’était pas toujours évident, mais néanmoins faisable (merci Terre de Brume et L’Arbre Vengeur, pour l’essentiel), et il en allait de même pour quelques autres auteurs auxquels Lovecraft consacrait des pages significatives de son fameux essai (comme mettons William Hope Hodgson, re-merci Terre de Brume, ou Robert W. Chambers, merci Malpertuis et le Visage Vert). Mais M.R. James ? Nope, rien depuis 1990...







La publication d’Il y avait un homme qui demeurait près du cimetière chez L’Éveilleur Étrange (décidément un éditeur d’utilité publique) est donc une excellente nouvelle – plus encore, la précision qu’il s’agit là du premier tome d’une édition intégrale des histoires fantastiques de l’auteur, qui en comprendra deux : James n’a pas été très prolifique, et ce premier tome fait d’ailleurs moins de 250 pages.







C’est qu’il avait d’autres choses à faire, sans doute : l’éminent Montague Rhodes James écrivait des « histoires de fantômes » en dilettante, et avait parallèlement une belle carrière professorale (c’était un médiéviste reconnu) et administrative, en tant que recteur du King’s College de Cambridge, puis principal du Collège d’Eton ; amateur de vieux livres et de fouilles, il a mis à jour quelques belles pièces – et tout cela se retrouve dans ses nouvelles : les « héros » en sont des « antiquaires », souvent de distingués professeurs, parfois davantage des amateurs, mais toujours érudits et issus de la bonne société ; ces chercheurs sans véritable vie de famille, et dont l’univers est exclusivement masculin ou peu s’en faut, se passionnent pour de vieux ouvrages obscurs, lus en latin dans le texte, et le décor typique des histoires de James est une cathédrale renfermant bien des secrets pas toujours si chrétiens – sous un moche verni de rénovations néo-gothiques, entreprises tardivement et sans le moindre goût.







Et si tout cela est généralement so British, jusque dans les références affichées des histoires et des personnages, Montague Rhodes James n’en a pas moins une manière qui lui est propre. Le passé mystérieux piège les érudits qui entendent le déchiffrer, mais, au-delà, deux points distinguent le fantastique de M.R. James de ses devanciers gothiques : d’une part, l’incertitude, le flou savamment entretenu, et qu’il ne s’agira jamais de circonvenir en recourant à l’expédient des « explications », qui agaçaient tant Lovecraft dans les écrits d’Ann Radcliffe ; d’autre part, et cela peut sembler contradictoire mais seulement à première vue, le fait que les « fantômes » de James sont souvent très matériels – non des apparitions fugaces au plus enveloppées d’un drap de circonstance, mais des créatures de chair plutôt que d’esprit, avec quelque chose de batracien parfois, et en tout cas résolument non humaines au-delà des apparences.







Et sur tous ces points – les « héros », le cadre des récits, leurs « ustensiles » et connaissances d’antiquaires, le mystère, la matérialité –, on ne s’étonnera guère de ce que Lovecraft appréciait l’œuvre de James. La parenté, à vrai dire, peut parfois devenir véritable inspiration, très concrète : on sait que Lovecraft prisait la nouvelle « Le Comte Magnus », par exemple, qui a pu inspirer certains aspects de L’Affaire Charles Dexter Ward, notamment – et si, dans la nouvelle de James, le « pèlerinage noir » entrepris par le cruel aristocrate suédois n’est jamais explicité de quelque manière que ce soit, on avouera que la lecture préalable de Lovecraft génère à elle seule bien des images quand ces deux mots tombent sous les yeux du lecteur ; ceci, bien sûr, outre une forme de cousinage spirituel entre Magnus et Joseph Curwen. Nuls Grands Anciens chez James sans doute, c’est là l’apport très personnel de Lovecraft, mais, oui, les passerelles ne manquent pas entre les deux écrivains, pour peu qu’on s’y attarde un brin.







D’ailleurs, cette parenté peut éventuellement se prolonger au regard du style. La manière généralement sobre et élégante de James (en anglais du moins – cette édition reprend hélas d’anciennes traductions qui m’ont régulièrement paru perfectibles, et celle de l’extrait d’Épouvante et surnaturel en littérature, par Bernard Da Costa, m’a paru tout bonnement affreuse), cette manière donc paraît aux antipodes de la frénésie adjectivale d’un Lovecraft en roue libre, mais, sur d’autres procédés, les auteurs se ressemblent davantage : dans sa préface, Jean-Pierre Ohl souligne un procédé récurrent chez James, consistant en une distanciation du récit, opérée par plusieurs niveaux de narration, et même très concrètement par plusieurs « je », dont justement « Le Comte Magnus » fournit un saisissant exemple ; mais c’est là une chose qu’on retrouve chez Lovecraft, et qui m’intéresse bien chez lui – l’exemple de ce procédé le plus virtuose mais aussi saisissant et pertinent résidant dans « L’Appel de Cthulhu ».







Pour autant, il y a au moins un aspect, je crois, au regard duquel les deux auteurs se distinguent et même s’opposent, et ce sont les implications de la peur. Chez Lovecraft, elle se mue bien vite en terreur, qui constitue un péril objectif pour les personnages, qu’il soit de nature physique et/ou mentale. Cela me paraît assez rarement être le cas chez James – du moins dans les dix nouvelles rassemblées dans le présent volume ; certes, « Le Comte Magnus », encore une fois, est une exception marquée, mais, généralement, James me paraît plus du côté de l’angoisse et du frisson que du péril et de la terreur. À tout prendre, les personnages de « Mezzo-tinto », par exemple, ne risquent « pas grand-chose » (et c’est probablement ma nouvelle préférée dans tout Il y avait un homme qui demeurait près du cimetière), et, généralement, le simple constat de ce qu’il y a une créature étrange suffit à constituer l’argument de la nouvelle, sans qu’elle ait à se montrer menaçante au point du danger mortel. On dépasse la simple suggestion du surnaturel, il est parfois de nature indéniablement objective, mais, pour James, il n’est généralement pas nécessaire d’aller plus loin – Lovecraft, lui, va jusqu’au bout, de la terreur matérielle d’une part, mais aussi d’autre part de ses implications disons métaphysiques. À ce compte-là, la manière de James est sans doute plus feutrée, sobre, et, si l’on y tient, « britannique », classique en tout cas – Lovecraft, c’est cette fois tout autre chose.







Maintenant, si M.R. James est du côté du frisson et de l’angoisse, il est assurément compétent dans sa partie ; même une vignette aussi banale, au fond, que « Près du cimetière », qui ouvre le recueil, a de quoi donner la chair de poule, alors qu’il s’agit d’une fable morale à vrai dire convenue. Mais, aussitôt après, « Mezzo-tinto » se montre bien plus habile et singulière dans ce registre (et je ne surprendrai personne en disant que j’ai vu comme une Sadako en lisant cette excellente nouvelle…). « Le Comte Magnus » a déjà été évoqué, et c’est à coup sûr un des points d’orgue du recueil, mais j’aurais envie de mentionner également « Oh, siffle, et j’accourrai vers toi, mon garçon », un récit aux multiples facettes et non dénué d’un certain humour un peu tordu, que l’on retrouvera par exemple dans « Théâtrale apparition d’un disparu », avec l’amusant et grotesque personnage de Bowman, mais aussi la représentation hallucinée de Punch & Judy, qui pour le coup tire l’épouvante vers quelque chose de plus graphique ; ce procédé du « spectacle » et de l’histoire sous-jacente fait également des merveilles dans « Mezzo-tinto », mais aussi dans « La Maison de poupées hantée » ; et il y a peut-être également de cela dans « Le Labyrinthe », je suppose.







Je dois avouer avoir été un peu moins convaincu par les trois histoires « à cathédrale » qui figurent à la suite l’une de l’autre au milieu du recueil : « Le Trésor de l’abbé Thomas », « Les Stalles de Barchester » et « Un épisode dans l’histoire d’une cathédrale ». Non qu’elles soient mauvaises, loin de là même : la première, d’ailleurs, est tout spécialement savoureuse dans son épisode cryptographique, et l’on sent dans les trois un auteur qui s’amuse avec sa science, en pleine conscience. La succession des trois récits, cependant, a pu me donner l’impression de ce que l’auteur se répétait, ce qui a amoindri l’effet de l’ensemble. Et les mystères de ces trois histoires ne m’ont pas tant fait frissonner que cela, j’ai l’impression qu’ils avaient davantage pour objet d’être astucieux et/ou critiques voire satiriques, que d’êtres inquiétants ou a fortiori effrayants. Ce qui se discute, hein – forcément.







Qu’importe : bilan très positif pour ce premier volume – même si je tends à croire que les traductions (de Xavier Perret, traducteur le plus fréquemment rencontré, mais aussi des quatre autres que l’on trouve pour les seules nouvelles de James, le cas de Bernard Da Costa étant à part) auraient profité d’un bon dépoussiérage. Je suis néanmoins ravi d’avoir enfin pu lire M.R. James en français, et ai hâte de compléter avec le second tome des Histoires de fantômes complètes.
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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Count Magnus And Other Ghost Stories 	 Coun..

Salué par Lovecraft, Montague Rhodes James est l’auteur de plusieurs recueils de nouvelles fantastiques. Méconnu en France, il est cependant resté célèbre parmi les Anglosaxons, qui le considèrent comme un précurseur du genre. Recherchant un volume de Henry James, j’ai acheté par mégarde les Histoires de fantômes de M. R. James… Et je ne le regrette pas. Son style léger, non dénué d’humour, happe immédiatement le lecteur dans chacune de ses nouvelles. En quelques lignes, les personnages sont posés et l’ambiance anglaise est au rendez-vous… Subrepticement, ce quotidien de tasses de thé et de vieux papiers nous entraîne dans la peur et le surnaturel : c’est dans Sortilège que le talent de M. R. James est pour moi à son apogée.



Débutant dans l’ambiance feutrée d’une association académique, cette nouvelle glisse peu à peu dans la superstition et les runes ensorcelées. De commérages bourgeois en consultations innocentes au British Museum, le respectable Edward Dunning, sommité d’alchimie, se retrouve bientôt témoin d’étranges phénomènes : des messages mystérieux, des voix dans la nuit, une présence à ses côtés, au fur et à mesure que le temps passe, l’angoisse est de plus en plus intenable… Jusqu’à ce qu’il rencontre Henry Harrington, dont le frère est mort dans d’étranges circonstances. Simple coïncidence ? Après une montée en puissance haletante, Sortilège laisse le lecteur en proie aux mêmes hésitations que les personnages.



M. R. James dépeint avec brio l’intrusion du surnaturel, qui transforme un environnement familier en lieu inconnu et inquiétant. Ses récits se rattachent au fantastique traditionnel, celui qui inquiète et ne s’explique pas, celui que seuls des narrateurs à la première personne peuvent transmettre, de bouche à oreille. Ce qui m’a plu dans Sortilège est le caractère particulièrement intangible du surnaturel, et la manière dont les personnages décident de le combattre, en dépit de leurs convictions les plus profondes. L’action inhabituelle de ces deux hommes profondément banals fait tout le sel et la surprise de cette histoire (publiée, ne l’oublions pas, en 1911).



L'écriture de M. R. James n’est pas sans rappeler Le Horla de Maupassant ou La Vénus d’Ille de Mérimée, mais il ajoute à ses nouvelles une atmosphère typiquement anglaise, installant son lecteur dans des cadres rassurants qu’il se plaît à ébranler.



Pauline Deysson - La Bibliothèque
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
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Le coche fantôme : Histoires de fantômes anglais

Tous les textes ne sont pas du même niveau, mais certaines nouvelles sont des classiques du genre !
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Il y avait un homme qui demeurait près du cim..

Il y avait un homme... met en scène, dans de courtes intrigues du quotidien, des personnages rationnels confrontés à des évènements surnaturels, souvent dans des lieux évocateurs. Inscrites dans le concret, les nouvelles de M.R. James jouent en particulier sur les ambiances créées par ces décors. Avec ses portes qui grincent et ses parquets qui craquent, ce recueil horrifique particulièrement subtil, qui suggère l'effroi plus qu'il ne l'impose, magnifie la terreur et provoque un frisson délicat.

L'article complet sur mon blog.
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Siffle et je viendrai...

Montague Rhodes James (1862-1936) est pour moi le plus grand artisan d'histoires de fantômes en littérature. Il prend la tradition gothique et y ajoute une touche moderne pour en faire quelque chose d'unique. Les histoires contenues dans ce recueil sont tout simplement exceptionnelles, de par leur construction et leur écriture. L'horreur inéluctable qui caractérise l'irruption du surnaturel aura bien sûr marqué ce bon vieux Lovecraft, qui considérait MR James comme un maitre, et on lui donne mille fois raison. Obligatoire pour tout fan de littérature d'horreur qui se respecte!
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Count Magnus And Other Ghost Stories 	 Coun..

Robert M. Price (in introduction à Le Cycle de Cthulhu, Oriflam 1988) voit dans Le Comte Magnus de M. R. James une « influence » importante sur la fiction lovecraftienne (nouvelle reprise dans l’ouvrage cité ; première publication dans Ghost Stories of an Antiquary, 1904). Lovecraft, dans Épouvante et Surnaturel en Littérature (cf 1927) relèvera l’originalité du style de l’écrivain anglais, Les trois grandes règles utilisées par ce dernier seront du reste reprises par notre auteur (cf Notes sur l’écriture de la fiction surnaturelle, 1932) :

- L’histoire doit toujours se dérouler dans un cadre familier, situé dans une époque moderne,

- L’histoire doit atteindre le plus près possible l’expérience et l’univers ressenti par le lecteur,

- Tout patois technique, style « occultisme savant ou pseudo-scientifique », sera à tout prix évité.

-

L’histoire met en scène un certain Wraxall, voyageur curieux et adepte de la rédaction de journaux de voyage, dans l’esprit du Journal d’un Séjour au Jutland et dans les îles danoises d’Horave Marryat. Des récits vivants, collectant de nombreux témoignages et cherchant à plonger dans l’histoire de quelques familles représentatives de la région étudiée. Sa nouvelle expédition le conduit en Scandinavie où il est accueilli par les propriétaires de l’ancien manoir de Rabäck dans le Vesterdothland qui acceptent de lui ouvrir leurs archives. Et de plonger dans une saga familiale marqué par son patriarche, le Comte Magnus de la Gardie. Un personnage qui a laissé un mauvais souvenir dans la région. L’aubergiste où réside le voyageur laisse entendre que le Comte avait effectué un Pèlerinage Noir dont il avait ramené quelque chose. Wraxall continue d’enquêter, visitant l’église proche du domaine et son mausolée où sont enterrés les membres de la famille.

Dans les archives, il met la main sur un manuscrit d’alchimie du XVI ème siècle, rédigé par le comte, et intitulé Liber Negrae Peregrinatis. Il est fait allusion à une visite au Prince Noir du village de Chorazin. L’aubergiste raconte alors à son client l’histoire de deux chasseurs, à l’époque de son grand père, qui étaient allés de nuit sur les terres du comte et qui rencontrèrent des êtres qui ne devraient pas se trouver là. Des êtres qui devraient se reposer et ne pas marcher la nuit. On les retrouvera affreusement mutilés.

Wraxall fréquente de plus en plus souvent le mausolée et remarque que les cadenas de la tombe du Comte sont usés. Le couvercle cédera et le voyageur, paniqué, prendra les jambes à son coup et rentrera en Angleterre. Il se sent poursuivi par deux silhouettes portant un manteau noir. Il part se mettre au vert à Belchamp-Saint-Paul (Essex) dans une pension où on le retrouvera mort le lendemain de son arrivée.



Un bon texte qui s’articule sur les notes du voyageur, retrouvées par les propriétaires de la pension. Robert M. Price fera une longue liste des fictions de Lovecraft influencées par cette nouvelle. Notre auteur utilisera par exemple la ville de Chorazin où il situera la demeure hantée des van der Heyl dans Le Journal d’Alonso Tyler (1935).

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