Citations de Morgane Pinon (37)
Lise se demande tout simplement si elle désire vraiment reprendre sa vie. Travailler avec des gens odieux. Être cette personne dépressive que l’on souhaite plus éviter qu’autre chose. Son passé la hante. Aujourd’hui plus que jamais. Si elle se laisse aller jusqu’à la mort, parviendra-t-elle à retrouver ceux qui ne sont plus ? Saura-t-elle rejoindre Isabelle ? Cette enfant à qui elle n’a pas eu le temps d’accorder ne serait-ce qu’un sourire ? A-t-elle tout simplement le droit de vivre après avoir donné la mort ?
Lise replonge dans ces souvenirs lointains. Cet instant qui hante encore ses nuits et qui a fait d’elle la femme d’aujourd’hui : timide et ayant peu confiance en elle. Elle a passé trop de temps à vouloir fuir ses démons. Peut-être est-il bon maintenant de trouver la force de les affronter…
Après autant d’années de vécu sur Terre, elle s’imagine qu’il n’y a qu’eux qui puissent être suffisamment près de La Vérité. Un savoir absolu sur la vie. Ou peut-être pas. Errer dans le monde des vivants alors que l’on est piégé dans un coma profond. Qui peut en revenir pour raconter cette histoire ?
À bien y réfléchir, Lise se dit que toutes ces belles paroles n’étaient qu’un tas de souvenirs idolâtrés. Comme un appât pour la ramener parmi eux. Et après ? Ils seraient tous heureux de la voir en vie. Une sorte de pied de nez fait à la mort elle-même. Ou plutôt un sursis. Sans trop savoir pourquoi, cette perspective d’avenir ne la réjouit pas.
Il a suffi d’un instant pour que tout bascule. Lise essaye de passer une main réconfortante dans le dos de sa sœur, mais son geste ne fait que traverser la jeune femme. Seul effet notable : un frisson parcourant tout le corps de l’étudiante.
Et maintenant, il lui faut passer à autre chose. Reprendre goût en la vie. Chercher un moyen de se sortir de cette déprime dans laquelle elle est en train de se noyer depuis plusieurs jours. Mais cela devient compliqué lorsque même l'entourage semble vouloir l'éviter. Pourquoi ? Par peur de se retrouver contaminé par ce mal-être, ce pessimisme, ce regard noir porté sur le monde.
On a eu beau la prévenir, il lui était impossible de croire en l'infidélité de cet homme si élégant. Elle s’est accrochée à l'espoir d'un amour qui était, malgré les apparences, inexistant. Peut-être par lassitude, il a fini par la quitter.
Dans sa bulle de musique, elle se sent bien. Elle a l'impression de vivre dans un monde à part. Un univers rien qu'à elle. Pourtant, le risque de se retrouver brutalement sortie de sa rêverie est grand.
Le plus dur, c’est le moral. Cet instant me hante et se rappelle à moi à chacune de mes nuits. Même si plusieurs semaines se sont écoulées, j’ai bien vu qu’il s’éloignait de plus en plus ; cet homme avec qui je me sentais si bien. Ce silence est insoutenable. Peut-être que si je l’avais obligé à en parler, il serait toujours là. Mais non. Je nécessitais tout autant de réconfort que lui. Je voulais entendre que tout irait pour le mieux. Alors comment il m’aurait été possible de lui dire les mots que j’avais moi-même besoin d’entendre ? Trop de souffrance. Il est parti en me laissant seule. Et je vis maintenant avec ce poids à chaque instant de ma vie…
Ce n’est pas parce que tes parents sont tes parents qu’ils doivent forcément te servir de modèles. Tu dois te sentir libre d’aimer qui tu veux sans aucune limite.
Elle sombre dans un profond sommeil et commence à faire des rêves dont elle ne gardera aucun souvenir à son réveil. Ce qui est une bonne chose étant donné l’agitation qui la gagne à chacune de ses nuits. Habitué de ses nombreux soubresauts, le félin quitte sa place pour s’abriter dans son panier.
Une parfaite osmose. Comme si deux âmes inconnues venaient de se retrouver. Pourtant, Lise sait très bien que les contes de fée n’ont pas leur place en ce monde. On ne peut pas s’adonner à de telles familiarités aussi simplement et s’attendre à trouver la personne parfaite pour nous combler. Toute cette magie amoureuse qui lui a été racontée un millier de fois durant son enfance, n’a rien de réel.
Même si le bus se vide au fur et à mesure, les deux jeunes gens ne bougent pas une seule fois. Par peur sans doute. Peur de briser ce lien si précieux à leurs yeux. Peur de découvrir le regard de l’autre et d’y retrouver la gêne du début. Peur de se réveiller tout en découvrant avoir vécu leur plus beau rêve.
Ne pouvant s’en empêcher, le regard de la jeune femme s’attarde quelques instants sur son cou. Elle se surprend même à imaginer la douceur de sa peau. Après un rapide coup d’œil, elle voit qu’il a fermé les yeux. À quoi peut-il bien penser ? Un souffle lent et régulier frôle le haut de son crâne. La respiration du jeune homme semble être maîtrisée par de considérables efforts. Cela doit être l’effet de la chaleur, se dit-elle alors qu'elle se sent bouillir sur place.
La jeune femme ignore si c’est l’effet de son imagination, mais elle a l’étrange impression que l’espace qui la sépare de cet inconnu se réduit. Une surprenante question se pose alors à elle. Est-ce lui qui se rapproche inexorablement d’elle ou elle qui, inconsciemment, souhaite qu’il y ait contact entre eux ? Tentant de penser à autre chose qu’à ces absurdités, elle tourne la tête, faisant mine de ne pas remarquer sa présence.
Elle lui fait l’effet d’un être fragile et sans défense, se retrouvant malgré elle plaquée contre la fenêtre humide. Faisant des efforts considérables pour lutter contre la pression qui s’exerce sur son dos, il doit mettre une main sur la vitre pour ne pas l’écraser.
"La lumière est ce qu'il y a de plus magique. C'est elle qui nous guide, nous éblouit, nous ouvre les yeux sur ce qui nous entoure et nous fait prendre conscience à quel point nous ne sommes pas seuls."
Né de poussière d'étoiles : Recueil de nouvelles
La lumière est ce qu'il y a de plus magique. C'est elle qui nous guide, nous éblouit, nous ouvre les yeux sur ce qui nous entoure et nous fait prendre conscience à quel point nous ne sommes pas seuls.