Citations de Musée d` Orsay - Paris (51)
Je me tenais devant le mystère
de la femme - J'ai plongé le regard
dans un monde insoupçonné -
Ma curiosité - s'est éveillée -
- Que signifiait ce regard -
que savait - ce regard que moi
j'ignorais.
Le baiser -
Une pluie chaude tombait
Je l'ai prise par la taille -
elle m'a suivi lentement -
Deux grands yeux face
aux miens - une joue mouillée
contre la mienne mes lèvres
ont plongé dans les siennes
Madone, 1894-1895
Dans ce qu'il est convenu d'appeler le «Manifeste du symbolisme», publié le 18 septembre 1886 par Le Figaro, Jean Moréas définissait un certain nombre de principes qui devaient guider la création de cette «école» nouvelle. Ce texte concernait certes le symbolisme littéraire et se référait principalement à la poésie ; son importance et la perspicacité du propos de Moréas en firent pourtant l'un des viatiques essentiels d'une nouvelle esthétique susceptible d'être appliquée tout autant aux arts qu'à la littérature. Parmi les formules les plus heureuses utilisées par le poète des Stances figurent ces mots devenus célèbres : «La poésie symbolique cherche à vêtir l'Idée d'une forme sensible». Jean Moréas désignait par là l'essence même du symbolisme, cet art idéaliste dont le but est de rendre visible l'invisible et d'exprimer l'inexprimable. S'agissant de la matérialisation d'une idée et puisqu'il est ici question d'arts plastiques, il faut se poser une question finalement toute simple au point qu'on pourrait la formuler de manière affirmative : existe-t-il une forme plus «sensible» que le pastel ?
Symbolismes
Des météores dans la nuit où se confondent les milliers de manieurs de pinceaux.
Quand nous fûmes
face à face et que
tes yeux plongèrent
dans les miens
j'eus l'impression
que des fils invisibles
partaient de tes yeux
pour s'enfoncer
dans les miens et
lier nos deux coeurs
ensemble
(Croquis - Les yeux dans les yeux, 1899-1900)
En associant le pastel au réalisme flamand et hollandais plutôt qu'au rococo de boudoir, Millet apporta la preuve de sa capacité à traduire le réel et, partant, le sujet contemporain.
Jean-François Millet, le renouveau du pastel au milieu du XIXème siècle
L'art naît avec ce besoin qu'à l'homme de livrer son être à un autre -
Tous les moyens se valent.
(Note, 1890-1892)
Il n'a peut être pas le génie des couleurs de Monet, du coup de crayon de Toulouse Lautrec ou de Degas mais si comme moi vous restez scotché devant "les raboteurs de parquet" au Musée d'Orsay, vous aurez compris l'importance de ce peintre. Son frère était photographe et ses toiles sont faites comme une photographie, il n'y a pas la légèreté d'un Pissaro ou d'un Sisley, ou la folie d'un Van gogh, mais que c'est beau...
Qu'est-ce que le temps ? Une seconde entre deux battements de cœur.
Edvard Munch, 1907
Dans un état d'émotion intense, un paysage vous fera une certaine impression - en représentant ce paysage, on aboutira à une image de son propre état émotionnel - c'est cet état émotionnel qui est l'essentiel - la nature n'est que le moyen.
Mélancolie, 1894-1896
Pourtant j'ai souvent
la sensation que je dois
éprouver cette angoisse -
elle m'est nécessaire
- et que je ne pourrais pas
vivre sans - Souvent
je ressens aussi que la maladie
a été nécessaire - Dans
les périodes sans angoisse
et sans maladie je me suis
senti comme un bateau
voguant par vent violent -
mais sans gouvernail
- et me suis demandé vers où ?
où vais-je échouer ?
La pensée tue
la perception -
et renforce
la susceptibilité -
le vin tue
la susceptibilité
et renforce
la perception.
(1908)
La Fleur de la douleur , 1898
Plongé dans la vase au milieu
des vermines et du limon -
J'aspirais à remonter à la surface -
Je sortis la tête de l'eau -
et j'aperçus alors le cygne -
sa blancheur étincelante -
les lignes pures
auxquelles j'aspirais
...
Moi qui savais ce qu'il y avait
sous la surface lisse
je ne pouvais pas m'unir avec
quelqu'un vivant au milieu
des illusions - sur la surface
lisse qui reflétait les couleurs
pures de l'air.
(note non datée)
"Qu'est ce que le temps ?
Une seconde entre deux battements de coeur".
"Depuis ma naissance- les anges de l'angoisse - du chagrin - de la mort m'ont accompagné dehors quand je jouais - m'ont accompagné dans le soleil du printemps - dans le splendeur de l'été - Ils ont été à mes côté le soir quand je fermais les yeux - et m'ont été menacé de mort de l'enfer et du châtiment éternel - Et il m'arrivait souvent que je me réveille la nuit - et regarde fixement, au comble de l'angoisse, ma chambre
Suis-je en enfer"
La nature n'est pas
seulement ce qui
est visible par l'oeil
- c'est aussi les images
mentales de l'âme -
les images sur
l'envers de l'oeil.
(Note, Warnemünde, 1907-1908)
Depuis ma naissance —
les anges de l’angoisse —
du chagrin — de la mort
m’ont accompagné dehors
quand je jouais —
m’ont accompagné dans
le soleil du printemps —
dans la splendeur de l’été —
— Ils ont été à mes côtés le soir
quand je fermais les yeux —
et m’ont menacé de mort de
l’enfer et du châtiment éternel —
Et il arrivait souvent que
je me réveille la nuit — et
regarde fixement, au comble
de l’angoisse, ma chambre
Suis-je en enfer
(Carnet de croquis, non daté)
L'hypothèse de Fantin-Latour, séduisante, ne demandait qu'à s'approfondir et à s'étayer. C'est ce que proposent les neuf sections du parcours, en arrachant Manet aux postérités douteuses. On ne peut plus se contenter de présenter Manet comme le père supposé de l'impressionisme ou de la peinture pure, pour ne pas parler de l'abstraction.
Le choc que crée la fulgurance de Manet au début des années 1860, son évolution constante au cours des deux décennies suivantes - de l'hispanisme militant des débuts au naturalisme déviant des dernières toiles -, sa détermination à révolutionner la peinture d'histoire dans l'espace public où elle prend son sens, voilà, sans doute, des perspectives plus ajustées au génie "moderne" de Manet, puisque modernité il y a.
Il renouvelle assez radicalement la tradition du beau dessin de présentation en utilisant le crayon noir, au lieu du fusain; à la différence du charbon naturel, le crayon noir, qui comporte des corps gras, permet difficilement les recours que sont l'estompe, le gomme à la mie de pain qui enlève les accents blancs francs ou subtils, les reprises, l'usage de la sauce qui donne des gris-bruns fondus et poudrés, et autres "ficelles" dont les fusinistes usent et abusent.
Dans les années 1850, les tableaux de Millet sont irrégulièrement acceptés au Salon et parfois, violemment critiqués, mais l'artiste peu compter sur un cercle d'amateurs ou de marchands - certains modestes _ conduits vers ses dessins par les intermédiaires que sont, dès son installation à Barbizon à l'été 1849; les peintres Charles Jacque (1813-1894), Théodore Rousseau, et surtout Alfred Sensier.