Notre hypothèse : derrière chaque thriller se cache un fait divers.
L?auteure de la Prunelle de ses yeux nous parle de ceux à l?origine de son roman.
"Gabriel est aveugle. Maya est ses yeux. Elle pense le guider vers la lumière. Il va l?entraîner dans ses ténèbres..." Si le pitch de la Prunelle de ses yeux, sorti en poche en octobre 2017 chez Pocket, cite ces deux personnages principaux, il en est un troisième : Victor. A 17 ans, le jeune homme intègre Métis, une école élitiste, et s?embarque dans une sombre affaire histoire de bizutage, qu?Ingrid Desjours met en parallèle avec l?expérience Milgram [ndlr : sur la soumission à l?autorité]. D?où lui est venue cette idée ? L?écrivaine nous l?explique.
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L'amour est une rose
chaque pétale une illusion
Chaque épine une réalité .
Claude Baudelaire .
[...] il ne faut pas croire toutes les rumeurs, encore moins celles qui prennent leur source sur Internet ou à la télévision. Rien de ce qu'il s'y dit n'est la réalité. Un nouveau scandale chasse l'autre, les causes à soutenir, les personnes à haïr, tout ça c'est de la poudre aux yeux, une distraction pour occuper les gens qui s'ennuient. Ils s'indignent, ils s'enflamment, on nourrit la bête qui est en eux... tout n'est que triste cirque.
N'oublies pas, fils, l'homme est un loup pour l'homme. Tu dois supplanter la meute.
"Le Bien et le Mal ne sont pas si différents. Ce sont des frères jumeaux qui s'épanouissent différemment. Le Bien peut aussi devenir le Mal."
« Ma belle »... Déborah a horreur qu'on l'affuble de ce genre de sobriquet. Ça pue le manque d'imagination et l'affection bon marché aussi sûrement qu'un désodorisant pour chiottes. Ça sonne faux, c'est dit uniquement pour se donner des airs de compassion et se gargariser de bons sentiments en toc.
(p. 505)
Le Bien et le Mal ne sont pas si différents. Ce sont des frères jumeaux qui s’épanouissent différemment. Il suffit parfois d’un minuscule grain de sable pour enrayer la machine et inverser la tendance de chacun. Et si le Mal peut devenir le Bien, c’est que tout est possible…
Ma grand-mère aimait me répéter que l'homme aime ce qu'il désire tandis que la femme désire ce qu'elle aime...
La cécité est loin d'être telle que le supposent les voyants et de se borner à un voile noir, opaque et uniforme. En réalité, il n'y a pas une mais des cécités. Certains aveugles distinguent les couleurs, les ombres, les mouvements. D'autres aperçoivent une tête d'épingle au bout d'un tunnel sombre. Gabriel, quant à lui, est immergé dans un brouillard gris nuancé de blanc, parsemé de lumières éblouissantes en mouvement constant, comme s'il se tenait à la frontière d'une autre dimension d'où il ne savait revenir, et ne perçoit du monde qu'une forêt de masses informes dont seuls les sons lui rappellent que, jadis, il voyait. Si ce mur brumeux l'isole de la beauté, Gabriel reste à l'affût de tout le reste.
[...] les sentiments les plus purs sont ceux qui viennent sans qu'on les force.
Haiko laisse échapper un petit rire nerveux.
- ça vous fait rire?
- Ouais, ça me fait rire, répond-elle en ravalant ses larmes. Et vous savez pourquoi?
- Non.
- Parce que vous êtes viré.