AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Nadia Hashimi (515)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La Perle et la coquille

Shekiba et Rahima ont eu le malheur de naître femmes dans cet Afghanistan soumis aux règles du Coran, et même au-delà, selon le bon vouloir des hommes.



Dès leur naissance, elles n’appartiennent pas vraiment à leurs parents, elles seront revendues ou échangées à leur mariage. Soumises à leurs maris, à leurs belles–mères, à leurs concubines, elles connaitront les violences et les malhonnêtetés qui règnent au sein de ses familles.



Si la vie est difficile, c’est Allah qui l’a voulu et il suffit de le laisser arranger les choses, se résigner à leur sort de femmes esclaves.



Shekiba et Rahima sont les modèles de toutes ses femmes opprimées, qui veulent gagner leur autonomie et trouver une échappatoire. L’éducation est un moyen de ne pas rester dans l’ignorance.

Mais, comment se rendre à l’école quand, dans ce pays archaïque, les filles ne sont pas libres de leurs mouvements.

Parfois il ne reste que la chance de mettre au monde un garçon et ainsi d’adoucir son existence, d’obtenir un peu de respect. Ou alors la fugue et l’espoir de trouver un refuge digne de ce nom.



Il leur en faut du courage dans ce pays d’hommes sans cœur pour oser faire un pas vers la liberté, quand on sait que le moindre faux pas est puni de lapidation, de coups de fouet, de brutalités.



Entre le moment où Shekiba entend le discours du roi Amanullah déclarant que le tchador n’est pas imposé par l’Islam, et le mariage de sa descendante, rien n’a changé. Au contraire, les Talibans et les chefs de guerre imposent leurs lois. Les femmes se voilent sous leur burqa et se taisent.



Qui sont ces monstres qui se prennent pour des maîtres, qui ne voient pas que les femmes sont des perles et qu’elles doivent sortir de leurs coquilles, respirer enfin à l’air libre, VIVRE. Pourquoi ne pensent-ils pas de manière humaine ? Leur monde n’en serait que meilleur, et Allah serait sans doute soulagé !



J’ai aimé le ton du récit. Il est réaliste, nous faisant entrer dans l’intimité de ces femmes, dans leur esprit, sans être larmoyant.

Je remercie la masse critique de Babelio et les Editions Milady pour ce magnifique roman.

Commenter  J’apprécie          1043
La Perle et la coquille

Une énorme claque.

Le titre laisse présager un petit bijou, un peu comme au pays des mille et une nuit...

L'histoire raconte la vie de 2 femmes en Afghanistan à 100 ans d'écart. L'une vit au début du 20ème siècle, l'autre au début du 21ème siècle.

La condition de la femme est clairement le sujet de ce roman dans l'Afghanistan d'hier et d'aujourd'hui.

L'écriture de ces deux histoires parallèles est magnifique ; et pourtant les 2 histoires m'ont révoltée.

J'avoue ne pas savoir, à la fin de ma lecture, comment mettre des mots sur mon ressenti.

Ce livre, il faut le lire. Chaque femme, et chaque homme surtout, devrait le lire.

Merci à Nadia Hashimi pour avoir écrit ce texte. Je ne suis pas prête de l'oublier... et je le conseille fortement. C'est un livre à lire, à partager, un livre qui doit faire changer les choses et non pas permettre aux choses de régresser...
Commenter  J’apprécie          933
Là où brillent les étoiles

Cette nuit de 1978 éclate un coup d’état qui instaure en Afghanistan un gouvernement communiste d’obédience soviétique. Sitara, qui, à dix ans, vivait avec sa famille au palais présidentiel, échappe de peu au sort de tous les siens, abattus sous ses yeux. Elle trouve refuge chez deux Américaines du milieu diplomatique qui parviennent à lui faire gagner les Etats-Unis. Trente ans plus tard, alors qu’elle vit à New York où elle est devenue médecin, Sitara voit resurgir le passé sous les traits d’un de ses patients. Alors qu’un charnier vient d’être découvert à Kaboul, elle décide de retourner en Afghanistan dans l’espoir d’enfin comprendre toute la vérité sur la mort de ses proches.





Si la narration de Sitara est l’occasion de se plonger dans un pan d’histoire afghane, elle est surtout l’expression de la douleur des exilés qui ont dû fuir leur pays, se réinventer une vie et une identité sans que jamais ne cicatrise la déchirure, et qui, hantés par le passé, finissent par découvrir, lorsqu’ils y retournent enfin, des lieux si transformés qu’ils y sont devenus des étrangers. En Sitara, personnage romanesque sans aucun doute en partie nourri des blessures familiales de l’auteur, s’incarnent aussi la souffrance muette des grands traumatisés de la violence et de la guerre, la culpabilité qui fait des survivants des morts-vivants, et l’impossibilité d’envisager l’avenir sans réconciliation avec le passé.





Aussi terrible soit-il, le récit s’abstient de tout pathos et se lit facilement, dans un tourbillon d’événements propre à tenir le lecteur en haleine. L’on s’attache à la courageuse Sitara et à ces deux Américaines au grand coeur, l’on tremble des dangers qui les menacent et des risques qu’il leur faudra prendre pour sauver leur peau, et, tout en savourant les mille et un détails culturels afghans qui accompagneront les personnages en véritables madeleines de Proust, l’on s’interroge sur la responsabilité des Etats-Unis, qui, en pare-feu à l’influence soviétique, encouragèrent, pendant la guerre froide, la montée d’un intégrisme religieux dont l’Afghanistan paie aujourd’hui le prix fort.





Sur le fond coloré d’un Afghanistan cher à l’auteur, une épopée romanesque passionnante, pour mieux pénétrer les réalités du drame, qui, depuis des décennies, secoue ce pays.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          854
La Perle et la coquille

Il y a du conte dans cette histoire tissée comme un tapis afghan : un fil pour l'histoire de l'aïeule, un fil pour l'histoire contemporaine de l'arrière petite fille. Les fils entrecroisés sont solidement noués par la religion et les traditions, qui sont trop souvent les autres noms de la superstition et de l'ignorance. de même que le voile intégral de la burqa, s'il rend invisible l'individu, présentifie aussi le statut de colis, voire de déchet, qui est fait de la femme, de même ce conte, s'il narre l'ingéniosité et l'intelligence de deux femmes paraissant exceptionnelles, fait ressentir d'autant plus cruellement la non vie de leurs semblables.

Notre société occidentale ayant aussi ses contes, j'ai appelé à mon secours toutes les Chèvres de M. Seguin, tous les Chaperon Rouge, toutes les Petites Sirènes, et j'ai réalisé que ce sont bien souvent les femmes, plus brimées du fait du statut social qui leur est fait, qui ont envie de rompre les chaînes, de partir et qui le paient de leur vie. Et les contes finissent mal, en général.



Que dire de ce livre, extraordinaire à plus d'un titre ? Tout d'abord qu'il a un très fort pouvoir évocateur, qui tient à la forme du récit raconté. Sans effet de style particulier, sans images extraordinairement travaillées, il fait surgir devant mes yeux le « village couleur kaki », la chaleur qui dessèche les tiges des oignons non récoltés, les marchandages du marché, les silhouettes enveloppées des femmes, les yeux baissés des petites filles, l'insolente liberté des garçons, libres de courir, de taper dans un ballon, de faire du vélo, de jeter leur dévolu sur une fillette même pas nubile quitte à la déshonorer, les pieds poudrés de poussière, les champs, et les petites maisons de terre qui se fissurent avec le temps.

Nous voyons défiler, à un siècle d'intervalle, les mêmes épaules courbées sous le même fardeau, les cohortes de femmes qui ne s'appartiennent jamais, vouées par leur mère elle-même à avoir honte de leur sexe et à vivre leur vie comme une calamité nécessaire, vendues ou échangées ou données en règlement d'une dette, soumises au bon vouloir sexuel et à la perversité d'un seul homme et de la famille de celui-ci, notamment sa mère. Elles vivent comme un malheur d'engendrer des filles et parfois l'une de ces mères ira jusqu'à tenter de faire mourir sa fille nouvelle-née, par desespoir, inconscience, lucidité, cruauté ou pitié, on ne sait plus le dire.



Ce n'est pas l'Afghanistan des Talibans qui est décrit, c'est celui d'avant (début XXème) et après les Talibans.

On n'ose penser à ce que fut la nuit qu'ils imposèrent à tous et bien sûr en particulier au sexe féminin.

Un moteur de recherche m'a fourni des photos de ce pays qui semble en effet couvert d'une poussière séculaire qui uniformise tout. On y voit aussi des armes lourdes et des uniformes kaki.

On y voit aussi une femme ? Une silhouette en burqa bleue, assise près de plusieurs paquets mal ficelés, et d'un grand sac poubelle de la même couleur que la burqa.

Même si on comprend qu'elle protège sa sécurité et sa vie en se réduisant à être un paquet parmi les paquets, on se dit aussi que croiser de tels fantômes dans les rues des villes à des milliers de kilomètres de là,dans une société démocratique, cela n'est pas, vraiment pas, vraiment vraiment pas explicable ni défendable par des alibis culturels.

Merci à Babelio et à l'éditeur Milady de me forcer à imaginer d'autres vies que les nôtres, pour continuer à défendre l'accès (et le maintien) de toutes les femmes à une vie digne, et une vie digne de ce nom.

Commenter  J’apprécie          754
Si la lune éclaire nos pas

Ce roman est sorti en 2016.

S'il sortait aujourd'hui il aurait pu malheureusement s'appeler : « Les talibans le retour », tant il fait écho à l'actualité.



Le destin fictif des Afghans raconté dans ce roman à cette période-là est à ce jour la réalité à de millions de personnes qui cherchent à fuir le pays.



Rien n'a changé, on a juste appuyé sur pause pendant quelques années où des jeunes filles ont pu goûter au bonheur de retourner à l'école, d'écouter de la musique et de croire qu'elles pourraient vivre presque normalement.



Ce roman sensible est inspiré des millions d'hommes et des femmes qui doivent prendre des cruelles décisions pour sauver leur vie et qui parcourent le monde en quête d'un lieu où ils puissent se sentir chez eux.



« Entendre » ces histoires déchirantes nous permet de garder notre part d'humanité, malgré le malaise diffus qui s'installe en tant que spectateurs lointain d'un drame mondial auquel nous ne saisissons certainement pas l'étendue.



Paradoxalement, Si la lune éclairé nos pas est tout de même un récit solaire où dominent la foi, l'espoir et un désir de vivre incandescent.



Commenter  J’apprécie          662
Pourvu que la nuit s'achève

La vérité entière n'est connue que par la personne concernée. Pour les autres, ce n'est qu'un pan de vérité, un semblant, une supposition.

En revanche, ce qui est vrai, c'est que la position de la femme en Afghanistan tient vraiment à peu de chose. Un mot, un regard, une suspicion, une délation mensongère ou non, et la vie de la femme est réduite à néant.

Un roman fort sur la force de ces femmes brisées, sur des traditions toujours d'actualité, sur des femmes emprisonnées mais finalement plus libres qua dans leur vie quotidienne.

Nadia Hashimi nous offre ici une histoire profonde et émouvante : Zeba, une femme devenue reine malgré elle, devenue un symbole de liberté et de vérité.
Commenter  J’apprécie          641
La Perle et la coquille

"La perle et la coquille" est un magnifique roman qui a reçu le prix des lectrices 2016. L'auteure, Nadia Hashimi est venue d'Afghanistan avec ses parents dans les années 1970. Elle vit aux Etats-Unis où elle exerce le métier de pédiatre. En 2002, elle y retourne et en 2014, elle écrit la merveilleuse histoire imaginée de deux femmes afghanes.

Rahima vit en 2007 : les Talibans font la loi. Elle fait partie d'une famille de filles et accepte de devenir une basha posh, une fille travestie en garçon, pour mieux passer dans la rue, pour faire les courses et aller à l'école.

A la puberté, elle reprend son apparence de fille et est donnée en mariage au chef de guerre local en échange de richesses matérielles et de drogue pour son père.

Sa tante, Khala Shaïma restée célibataire en raison d'une infirmité à la colonne vertébrale, va lui raconter l'histoire de son aïeule, au destin douloureux, Shekiba qui a vécu à Khaboul un siècle plus tôt. Cette histoire va servir de soutien à Rahima.

La tante insiste beaucoup sur le terme" échappatoire" qu'une femme opprimée doit absolument trouver sous quelque forme que ce soit et qui nous est suggéré par le titre.

C'est un roman superbement bien traduit, bien raconté, qui m'a fait rentrer complètement dans la vie de ces deux héroïnes en ressentant autant de sympathie pour l'une que pour l'autre.



Challenge pavés 2015-2016

Commenter  J’apprécie          593
La Perle et la coquille

Si vous voulez avoir une image complète de la condition de la femme en Afghanistan, ce livre est celui à lire.

Toutes les horreurs qu'elles peuvent subir y sont présentées : interdiction d'hériter, interdiction de sortir, mariage forcé à peine nubile, lapidation en cas d'aultère, quasi esclavage, basha posh (grimer une fille en garçon), et toujours cette violence tournée contre la femme, toujours, tout le temps... Elles sont constamment coupables, de tout, de rien. Coupables d'être, coupables d'exister....

.

C'est indicible. Savoir que le livre ne rapporte que des faits tristement réels est épuisant. Je pensais avoir une image fidèle de la femme en Afghanistan. Ce livre m'a révélé des faits pires encore....

.

Je dois avouer que je ne comprends pas. Je ne comprends pas comment la moitié de l'humanité peut traiter l'autre moitié comme cela. Je ne comprends comment les femmes elles-mêmes peuvent en devenir complices...

.

Un livre utile, beau et dur à la fois.

Un livre que j'ai eu du mal à lâcher.

Un livre qui décrit une situation révoltante, indigne et pourtant réelle.

Commenter  J’apprécie          5812
La Perle et la coquille

La condition des femmes en Afghanistan, Nadia Hashimi n’est pas la première à l’évoquer et on se demande bien ce qu’on pourrait apprendre de plus et d’où pourrait venir l’originalité d’un roman sur le sujet. Eh bien, Nadia Hashimi a su la trouver cette originalité.

La Perle et la Coquille met en parallèle le destin de deux afghanes liées par le sang à un siècle d’intervalle.

Rahima est une jeune femme qui nous est contemporaine. Durant son enfance, sa famille lui a fait prendre le statut de bacha posh : lorsqu’une famille n’a pas de descendants mâles, on déguise une des filles en garçon. Ce procédé a de multiples avantages dans une société patriarcale où la femme reste cantonnée à la maison et à ses tâches ménagères. La petite fille ainsi transformée en petit garçon peut accéder à l’instruction en allant à l’école, peut courir et jouer librement dans la rue, peut effectuer les courses au marché pour sa mère, bref, en tant que bacha posh, Rahima goûte et savoure une liberté dont ses sœurs et sa mère sont privées.

Le destin bascule le jour où Rahima n’a plus l’âge de continuer à jouer cette comédie dont personne n’est dupe au village mais sur laquelle tout le monde ferme les yeux. C’est aussi ce moment que choisit son père pour la donner en mariage au seigneur de guerre pour lequel il travaille. Rongé par l’opium et condamné à la pauvreté, le père de Rahima se débarrasse ainsi de ses filles qu’il voit comme autant de bouches inutiles à nourrir.

Rahima devient alors la quatrième épouse d’un homme violent, sans cœur pour qui les femmes ne sont que des procréatrices et des esclaves domestiques. Au sein même du groupe des femmes de la maison, la jalousie et les brimades sont le quotidien de Rahima. Elle ne trouve son unique source d’apaisement et d’espoir que dans le récit que lui fait sa tante de la vie de son aïeule Shekiba. Un récit qui pour Rahima se révélera salutaire à plus d’un titre.

En effet, les destins des deux femmes comportent de multiples points communs malgré l’écart entre leurs époques. Les similitudes se retrouvent jusque dans la description des traditions religieuses et du statut de la femme en Afghanistan. J’ai longtemps pensé que le régime des Talibans n’avait été qu’une « nouveauté » dans l’histoire afghane, que l’islam rigoriste et extrémiste imposé par le régime atteignait pour la première fois de telles proportions. Mais le récit de Shekiba nous apprend qu’au XIXème siècle, les traditions barbares et le mépris du genre féminin officiaient déjà. Le port de la burka par exemple était déjà de mise alors que dans mon esprit il était une innovation des Talibans. La lapidation publique de la femme adultère faisait là aussi déjà partie des peines encourues et froidement appliquées.

Dans ce roman, la cruauté, l’injustice, la violence que subissent ces femmes nous nouent la gorge. Le style n’est certes pas des plus remarquables. On peut aussi lui reprocher d’être moins dans l’émotion que les romans de Khaled Hosseini. Pas de pleurs, d’apitoiement suscités chez le lecteur mais une profonde et sourde colère avec une étincelle d’espoir. Un espoir porté par ces quelques femmes qui osent parler et affronter les hommes de leur entourage, ces autres qui ont le courage de dénoncer les magouilles politiques et la corruption d’un parlement simulacre mais signe des premiers pas du pays vers la démocratie.

J’ai compris grâce à ce roman que le régime des Talibans n’était qu’un retour à d’anciennes traditions et pratiques, que l’Afghanistan des années 70 n’avait été qu’un court répit mais qu’il avait été possible. Tout comme avait été possible la réforme apportée par la montée au pouvoir du shah Amanullah Khan dont l’épouse a osé pour la première fois ôter son voile en public.

La Perle et la Coquille est donc un magnifique roman dont la lecture nous apprend énormément. L’histoire de Shekiba nous transporte dans le temps dans un Afghanistan aux airs des Mille et Une Nuits. Par chapitres alternés, le sort de Rahima répond à celui de son ancêtre et modèle. L’exemple de ces femmes au courage extraordinaire, l’importance de l’instruction, la volonté d’hommes à l’esprit ouvert constituent la base d’un possible changement. L’Histoire l’a prouvé, ce changement peut se reproduire de nouveau.

Je ne peux donc que vous conseiller ce roman porteur d’espoir et qui offre une autre vision originale de l’Afghanistan, de sa culture et de ses mœurs, de sa vie politique. Vous plongerez dans le quotidien cruel et misérable des femmes afghanes, vous connaîtrez l’enfermement, vous arpenterez les couloirs du palais du Shah, vous assisterez aux séances parlementaires, et surtout vous remercierez Dieu/la chance/le destin/le hasard de vous avoir fait naître en occident.

Un grand merci à Babelio et aux édition Milady pour ces belles heures de lecture.


Lien : http://cherrylivres.blogspot..
Commenter  J’apprécie          581
Là où brillent les étoiles

Après mon coup de cœur pour La perle et la coquille, j’avais très envie de me plonger dans ce nouveau roman de Nadia Hashimi.

L’auteure nous conte l’histoire de Sitara, une petite afghane de dix ans, dont destin va être bouleversé.

Sitara n’est pas n’importe quelle petite fille. Son père est alors l’un des plus proches conseillers du président Daoud Kahn, et toute la famille loge dans le palais présidentiel de Kaboul, l’Arg, quand les enjeux et négociations diplomatiques s’éternisent sur plusieurs jours.

Sitara a fait du palais son terrain de jeu. Elle invente mille histoires en compagnie de ses amis, Neelab et Rostam, les petits-enfants du Président. Cette enfance insouciante au milieu d’une famille aimante vole en éclats le 27 avril 1978. Ce jour-là, un putsch militaire renverse Daoud. La révolution de Saur se termine dans un bain de sang, le président et ses conseillers sont assassinés. Sitara perd brutalement ses parents et son petit frère, et va parvenir à sortir presque indemne du palais, grâce à un soldat, Shair. Malgré son jeune âge, Sitara est très mûre pour son âge et s’interroge sur le rôle de Shair lors du coup d’état. A-t-il massacré sa famille avant de la sauver ? Peut-elle lui accorder sa confiance ?

Le roman se met en place doucement, avec une première partie en Afghanistan dans laquelle j’ai eu quelques difficultés à me glisser dans un premier temps. Mais ensuite, la magie de la plume de Nadia Hashimi a de nouveau opéré et j’ai tourné les pages, inquiète de l’avenir et de ce que le sort allait réserver à Sitara.

La première partie a beaucoup de rythme, voire un peu trop et quelques épisodes sont parfois un peu trop rocambolesques à mon goût. La seconde partie, qui raconte l’exil de Sitara aux États-Unis m’a beaucoup plus séduite, et m’a parue plus plausible. Je me suis sentie plus proche de Sitara dans cette partie du récit, Sitara se livre sur ses difficultés d’intégration, son besoin de retour sur sa terre natale pour découvrir où ont été enterrés les corps de sa famille et leur donner une sépulture décente.

J’ai globalement été beaucoup moins séduite par cet opus que par La perle et la coquille. Je préfère Nadia Hashimi dans la réflexion et l’analyse sur les traditions afghanes, plutôt que dans des passages où les rebondissements improbables nuisent à la crédibilité de la narration.

Commenter  J’apprécie          507
Pourvu que la nuit s'achève

Destin de femme : une Afghane qu’on a trouvée à côté du cadavre de son mari assassiné d’un coup de hache.



Un roman touchant qui raconte le destin de cette femme soumise qui aimait ses enfants et acceptait les coups et les menaces pour protéger sa famille. Mais elle est aussi un peu sorcière comme l’était sa mère, une femme forte qui a élevé seule ses enfants après la disparition de son mari.



Un texte parfois révoltant qui parle de l’histoire des femmes afghanes emprisonnées pour avoir été dénoncées comme étant coupable de « zina », de relations hors mariage. Le crime n’a pas besoin de preuve, elles peuvent même être accusées de « tentative de zina » pour avoir simplement été en compagnie d’un homme. Et la pauvre fille sera rejetée par sa famille dont elle a terni l’honneur…



Un livre nuancé qui traite aussi de la difficulté de changer les choses, de bâtir un système de justice dans un pays ravagé par les guerres.



Une lecture captivante sur un sujet loin d’être facile.

Commenter  J’apprécie          492
Si la lune éclaire nos pas

Quelle aventure bouleversante nous est racontée par Nadia Hashimi ! Je ne sais par quel bout commencer car il me semble qu'il y aurait tant à dire et en même temps, il faut faire attention à ne pas trop dévoiler de secrets. Déjà lors de sa note d'introduction, une boule s'est formée dans ma gorge et j'ai su que j'allais aimer ce livre. C'est une histoire fictive dans le sens où ces personnages-ci n'existent pas, mais leur vécu pourrait se calquer sur celui de millions de réfugiés dans le monde, et en cela, nous en sommes ébranlés. C'est actuel, cela raconte le quotidien de tous ceux qui fuient un pays qu'ils ont pourtant aimé, un jour. La vie n'est pas tendre pour ces gens qui cherchent avant tout la paix.



L'histoire nous emmène en 1999, sur les traces de la famille Waziri.



Pendant le premier tiers, Fereiba (la mère), nous raconte sa vie à Kaboul en remontant à son enfance. On la voit grandir au sein d'une famille plus ou moins unie jusqu'à ce qu'elle se marie, puis la vie commune du couple et la naissance de leurs trois enfants (Salim, Samira et Aziz) jusqu'à l'escalade des conflits au pays. Fereiba était heureuse avant le nouveau régime; enfin adulte, elle avait la chance de pouvoir enseigner, avait le droit d'étudier, sa fille pouvait aller à l'école…tout cela a désormais bien changé. Privés de tous droits, même les hommes songent à quitter cette patrie qui leur est devenue étrangère, malsaine, dangereuse, paranoïaque, fanatique. La famille Waziri planifiait déjà quitter le pays lorsque le mari est exécuté pour on ne sait quel crime. Maintenant veuve avec trois enfants à sa charge, Fereiba, femme sans salaire, n'a aucune chance de survivre, l'obligeant pour de bon à fuir Kaboul et les talibans.



"Le monde est ainsi fait. Une femme sans mari. Des enfants sans père. Peut-être qu’une famille normale est incomplète par définition. Comment ai-je pu espérer qu’il en irait autrement ? L’Afghanistan est une terre endeuillée, peuplée de veufs, de veuves et d’orphelins. Une terre où l’on perd à tous les coups – une jambe droite, une main gauche, un enfant, une mère. Tout le monde a perdu quelque chose, comme si un trou noir s’était ouvert au centre du pays pour aspirer en son ventre insatiable des fragments de chacun. Quelque part sous notre terre kaki repose tout ce que nous avons perdu."



Jusqu'à la fin, les deux derniers tiers alternent entre Fereiba (toujours raconté à la première personne) et Salim (raconté à la troisième personne), le plus âgé des garçons (15 ans). L'ensemble est mené finement, le texte est bien écrit, et ça passe vite car il y a beaucoup de mouvement. Nos personnages ne restent jamais bien longtemps au même endroit. On change de place, on change de décor, on rencontre beaucoup de monde. Cela demeure stressant car en même temps, la famille doit constamment rester dans l'ombre, ce qui n'est pas chose facile lorsque l'on tente de travers cinq pays illégalement.



"Le monde de la clandestinité n’avait ni lois, ni codes, ni filets de sécurité. Certains passaient avec succès. D’autres n’y parvenaient jamais. Nul ne savait ce qui arrivait réellement dans l’univers obscur des passeurs, en dehors des quelques histoires qui émergeaient à la surface."



Bravant mille dangers, leur exil peut souvent leur coûter la vie. La vie ou la mort, à pile ou face. J'ai été secouée dans le coeur et dans l'âme par ce récit tragique, qui rappelle à quel point l'être humain peut parfois être poussé à traverser l'enfer; à tout quitter, tout perdre, non pas par choix, pour parfois ne pas trouver tellement mieux à l'autre bout. Des espoirs déçus, des vies fracassées, mais pas seulement. Il en ressort beaucoup de lumière et de positivisme également. D'espoir. Ce qui fait du bien est qu'à travers ceux qui profitent inévitablement de la misère des uns, il y en a beaucoup plus qui tendent la main et font au mieux pour les aider à traverser cette crise qui ne porte pas de nom. À travers toute cette noirceur, il reste une part de soleil qui brille et cela fait chaud au coeur.



Ce roman, je l'ai aimé de A à Z, même si j'ai souvent eu froid dans le dos.



C'est le genre de récit qu'il faut lire; qui fait réfléchir beaucoup, qui nous remet en question, qui nous fait apprécier d'habiter un pays où – pour l'instant – nous ne sommes pas obligés de fuir pour avoir la vie sauve, qui nous rappelle de ne rien prendre pour acquis, qui nous apprend énormément sur ces héros, ces survivants remplis de courage et de résilience, les dangers qu'ils doivent traverser pour avoir droit à une vie meilleure. Qui nous apprend des choses sur l'Afghanistan, aussi.



Je suis complètement sous le charme de toute l'humanité transmise par l'auteure Nadia Hashimi à travers sa plume. Un sans-faute. Un livre à lire absolument !



CHALLENGE PLUMES FÉMININES
Commenter  J’apprécie          4813
La Perle et la coquille

Un roman/conte qui s'approprie à un documentaire sur la condition de la femme en Afghanistan.

A un siècle d'écart, les destinées de Shekiba et Rahima sont au cœur de ce récit poignant, émouvant et percutant qui nous est offert par Nadia Hashimi. La lecture est fluide tout au long des 567 pages que nous parcourons en soutenant moralement ces deux femmes à la vie éprouvante où le poids des traditions est énorme. Heureusement, le récit se termine sur "une potentielle ouverture" sur des jours meilleurs grâce aux combats de ces femmes. Que d'admiration pour elles !

Merci à vous amies/amis de Babelio pour vos critiques qui m'ont permis de découvrir cet ouvrage de grande qualité.
Commenter  J’apprécie          440
La Perle et la coquille

Ce récit fut pour moi éprouvant, déchirant…

Ce qui me heurte le plus, c’est la violence des femmes envers les femmes.

Les belles-mères si cruelles, qui font payer de génération en génération la douleur, la honte, et les coups.

Les premières épouses toutes puissantes, jalouses qui rabaissent les plus jeunes.

Et puis, les maris qui violent, battent et se débarrassent de leurs conjointes dès qu’ils se lassent…



Shekiba et Rahima deux narrations presque similaires, une dynastie et un combat d’une vie pour s’en sortir.



Un roman à placer dans toutes les mains des femmes.

Pour qu’elles ne soient jamais affaiblies par des lois masculines, des religions créées pour eux, et pour ne pas oublier leurs souffrances…



La liberté commence par le respect : des femmes, des filles, des mères, des sœurs… ou le maître mot est l’éducation pour pouvoir obtenir encore plus parité entre hommes et femme.



Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
Commenter  J’apprécie          440
Si la lune éclaire nos pas

Un hier pas bien lointain et un aujourd’hui qui le fait ressurgir, qui le répète abominablement, ne pouvant laisser enfin les Afghans vivre en paix dans leur pays. Ce roman qui donne vie à des personnages imaginaires retrace pourtant le parcours tristement réel d’autres femmes, d’autres hommes, d’autres enfants portant d’autres noms que celui de Fereiba, Mahmoud, Salim, Samira mais dont l’espoir reste le même : vivre en paix, se sentir en sécurité quelque part.



Fereiba attend fébrilement dans une chambre d’hôtel. Bien qu'exténuée, sans réussir à se reposer, elle attend pour elle et ses enfants la suite de leur interminable fuite. Elle attend Salim et l’argent pour poursuivre cette cavale forcée tristement nécessaire à leurs survies.



Ce roman est loin de débuter par ce voyage de la dernière chance face à la répression des talibans comme le laisse injustement supposer la quatrième de couverture.

C’est Fereiba elle-même qui nous livre sa vie depuis que sa mère l’a mise au monde tout en le quittant pour sa part définitivement. Fereiba est alors une enfant, une jeune fille puis une femme terriblement marquée par l’absence de cette chaleur maternelle qui lui a été refusée. Lorsqu’elle devient mère à son tour, l’importance cruciale de vouloir prodiguer à ses enfants amour, joie et quiétude n’en est que renforcée mais son pays natal et les évènements tragiques dont il sera victime seront loin de lui faciliter la tâche.

En la suivant dans son si douloureux parcours de mère, avec cette pratique narrative simple, fluide et qui nous ancre justement admirablement dans ce réel éprouvant et émouvant, l’auteure nous lie à cette femme marquée par la perte, la solitude, la peur sans jamais s’avouer vaincue car portée par l’amour qu’elle estime devoir à ses enfants. Le portrait de cette Afghane ne peut qu’entraîner compassion et admiration devant cette détermination à faire face aux multiples hostilités qui ont jalonné sa route.



Enfant, Fereiba va devoir composer avec sa belle-mère, pétrie de superstitions en tous genres, cherchant le moindre signe dans les rêves ou les manifestations naturelles extérieures. Kokogul, la mère de substitution, est fausse, sarcastique, ne manque aucune occasion pour la rabaisser et s’en servir de bonne à tout faire. L’instruction lui est donc refusée mais à treize ans elle remporte la victoire d’être enfin inscrite au cours élémentaire et rattrape fébrilement son retard jusqu’à devenir enseignante.

Tout un pan de la culture afghane se déroule sous les yeux dépaysés du lecteur notamment les pratiques qui mènent au mariage. La cour se fait par la visite mutuelle des mères. On juge la fortune de la famille du prétendant en scrutant les robes et artifices portés par la mère puis le plateau de sucreries scellera l’accord entre les deux familles.

Après une déception amoureuse, Fereiba sera liée à Mahmoud qu’elle apprendra à aimer alors que les roquettes soviétiques puis celles des talibans viendront obscurcir durablement leurs plus belles années jusqu’à l’arrestation de l’homme accusé de mépris des lois islamiques. Qui peut blâmer cette attente de Mahmoud à déserter plus tôt sa ville de Kaboul ? On ressent cette terrifiante incertitude entre une possible amélioration ou une funeste aggravation de la situation.

C’est à Fereiba qu’incombera désormais la décision de partir et l’interrogation persistante d’avoir ou non choisi la bonne solution la hantera pendant les nombreux mois, à chaque coup dur, à chaque terreur, même en invoquant inlassablement la protection d’Allah. Sa grande douleur sera de devoir dire la vérité à Salim, son fils aîné adolescent. Elle aurait tant voulu lui épargner ces atroces nouvelles, ces peurs du lendemain qui constituent et constitueront leur quotidien présent et à venir. Il deviendra soutien avant l’heure et la narration basculera dans certains chapitres pour nous offrir alors l’histoire qui lui sera propre.



Ce roman aux accents de témoignage, quoique fictif, s’appuie sur des détails vécus déchirants et laisse donc planer les douloureuses réalités des migrants. Nadia Hashimi nous fait réellement ressentir la dépossession de tout et l’humiliation de n’être plus que des fuyards, la peur au ventre à la vue de chaque uniforme, chaque poste de contrôle, chaque frontière à franchir. Salim, loin de Kaboul s’éloigne encore plus loin de l’enfant qu’il était et on assiste à sa construction entièrement tournée vers la survie, la sienne et celle des êtres qui lui sont chers. Il a tout l’amour de sa mère mais pleure la perte de son père auquel il est rattaché par la montre qu’il porte au poignet et qui lui insuffle le courage nécessaire pour atteindre l’Angleterre.



Fereiba entrecoupe son angoissant périple de pensées qui la ramènent à son pays. Les dernières conversations, les ultimes mots échangés restent incrustées dans ses amers souvenirs. Elle va parsemer son récit de quelques mots en dari, ils accentuent le fait du déracinement qui est bien loin d’être uniquement géographique. La langue, les coutumes, les préceptes d’un pays, d’une religion sont inscrits dans son être et la suivent, inévitablement, vers un ailleurs. Le fardeau, oh combien pesant, de tout ce qui n’est plus dans son pays l’accompagnera aussi.



L’Europe nous sera montrée de l’autre côté où le mot bienvenu n’existe plus, du côté de l’exploitation de ces migrants et des camps dans lesquels ils transitent. Heureusement que l’infinie gentillesse se rencontre également dans tous pays, des coups de pouce indispensables pour entretenir l’espoir et continuer à passer les innombrables frontières.



Fereiba nous dira « Le monde est ainsi fait. » Il faut le savoir.

Commenter  J’apprécie          383
Pourvu que la nuit s'achève

L'honneur !

Un credo perfide qui permet de garder sa dignité et surtout l'estime des autres .

Combien de personnes doivent souffrir de ses codes et même en mourir .



Le thème de ce roman se nourrit exclusivement de ses lois qui cadenassent le peuple afghan et surtout les femmes dès leur jeune âge .



" Yusuf se mordit la lèvre . Zeba avait raison sur ce point .

Cette réalité l'avait frappé dès l'instant où il avait posé le pied dans son pays . Tout était une question d'honneur .

L'honneur était un rocher que les hommes plaçaient sur les épaules de leurs filles , de leurs soeurs , de leurs épouses ."

P. 302



Zeba est l'une d'elles .

Elle est l'exemple-type de l'épouse soumise , la mère exemplaire , la croyante parfaite .

Pourtant , malgré un grand-père " Murshid " ( chef spirituel ) et une maman " Jadugar " ( sorcière ) , elle va se retrouver en prison .

On la découvre , tassée contre le mur de sa cour , les mains couvertes de sang . Son mari gît à ses côtés , le crane défoncé par une hache .

Elle ne dit mot . Elle pleure .

Mais à tout être juste , le destin apporte une chance .

Son nom : Yusuf , un jeune avocat , qui a fui le pays , pendant la guerre , vers les Etats-Unis .

Il revient pour aider la justice à évoluer surtout à donner des droits au sexe bafoué : la femme !

Va-t-il parvenir à la sauver ?



Nadia Hashimi nous implique dans les malheurs de ces Afghanes , sacrifiées au pouvoir de l'homme , de sa religion .

Elle nous plonge dans les croyances , envoûtées de sortilèges et de mauvais oeil .

Elle nous bouleverse , elle révolte notre conscience .

Simple et magique à la fois , sa plume effleure avec délicatesse leurs âmes tourmentées , elle frôle avec réserve leurs corps mutilés , elle ouvre leurs esprits à un demain plus juste et honorable .
Commenter  J’apprécie          356
Là où brillent les étoiles

Si Sitara a eu la vie sauve en cette nuit terrible de révolution de Saur, en Afghanistan, qui a provoqué la chute du régime présidentiel pour une nouvelle ère communiste, en 1978, c’est, comme souvent, grâce à un petit rien, ici son amour des étoiles. En effet, la petite fille de 10 ans aimait particulièrement regarder les étoiles depuis le toit du palais présidentiel, où elle séjournait régulièrement car son père était le plus proche conseiller du président. Pour elle les constellations sont belles, et elles lui rappellent sa sœur Aryana, décédée avant sa naissance : « J’aurais aimé avoir mes deux filles côte à côte, disait parfois Boba [le père de Sitara]. Mais elle ne sera jamais loin de nos pensées. J’ai choisi une étoile dans le ciel, et j’imagine que c’est elle qui nous éclaire depuis le paradis. »



La protection d’Aryana (qui est aussi l’ancien nom de l’Afghanistan, en un joli double emploi métaphorique) se poursuit puisque, grâce à un concours de circonstances incroyable, Sitara sera confiée à Antonia, une fonctionnaire de l’ambassade des Etats-Unis à Kaboul, qui y vit avec sa mère, la fantasque Tilly. Lui faisant endosser l’identité d’Aryana, née lors du séjour estudiantin des parents de Sitara aux Etats-Unis, Tilly réussira dans des conditions rocambolesques à faire sortir Sitara d’Afghanistan, pour lui assurer la protection de l’ambassade américaine au Pakistan, et à la faire rapatrier là-bas… ce qui ne signera pas la fin d’une vie marquée par les épreuves pour Sitara, désormais Aryana, mais terminera de forger en elle une résistance à toute épreuve.



« "Allah ne t’offre pas un destin tout prêt. C’est à toi de le façonner. Mais le destin ne se plie pas si facilement. Imagine un forgeron qui essaie de tordre une pièce de métal. Il n’y arrive pas s’il ne prend pas la peine de la tenir au-dessus des flammes." Je commençais à comprendre ce que cela impliquait de tenir mon destin entre mes mains, et qu’il me faudrait affronter le feu pour l’infléchir de façon à assurer ma survie ».



Et assurer sa survie, Aryana saura le faire admirablement, en traversant le stress post-traumatique provoqué par la mort violente de sa famille et en le gérant par elle-même, en essayant des techniques apprises lors de ses études de médecine. Mais est-ce si facile de gérer son deuil par soi-même, sans réussir à se livrer sur son histoire passée ? D’être la seule survivante d’une famille et de devoir vivre avec ses souvenirs ? D’accepter justement à s’autoriser à vivre, malgré ce sentiment de trahison envers ses proches ?



« Là où brillent les étoiles » est un roman magnifique sur le parcours d’une petite fille, puis d’une femme admirable de force et d’intelligence, à l’instinct de survie particulièrement développé. J’ai aimé l’accompagner à ses dix ans, puis trente ans après, alors qu’elle est devenue le médecin dont son père rêvait pour elle, avec ses interrogations, ses failles, ses faiblesses, et cette force incroyable, cette envie de vie, malgré ce deuil indicible à porter, qui la poussera à retourner dans son pays chercher des réponses. Le sujet est difficile, périlleux, mais Nadia Hashimi réussit à construire son récit sans pathos. L’ellipse de trois décennies qu’elle introduit dans son histoire y aide, puisqu’il se concentre, non pas sur la construction d’une adolescente dans un pays étranger, mais sur les effets psychologiques durables d’un deuil impossible à porter, trop lourd pour une seule personne. Même s’il n’est pas le sujet principal du roman, j’ai aimé aussi en apprendre plus sur le destin tragique de l’Afghanistan, ce pays assez occidentalisé dans les années 70, qui a peu à peu sombré dans une guerre sans fin, dont les personnages principaux se sont peu à peu radicalisés. La jolie couverture avec ses arabesques et ses jolies fleurs est un trompe-l’œil auquel il ne faut pas se fier : derrière le parfum des roses se trouvent des épines, et c’est une jolie comparaison pour ce roman plein de nuances.

Commenter  J’apprécie          340
Là où brillent les étoiles

Très beau livre centré sur l'Histoire de l'Afghanistan, et surtout la révolution de 1978 (dite de Saur) qui va amener un gouvernement communiste au pouvoir puis à l'invasion de l'URSS.

Cette partie de l'Histoire nous est racontée par Sitara, petite fille de 10 ans, fille d'un proche conseiller du Président Daoud qui après avoir renversé son cousin le Roi va donc lui-même être renversé (et tué) en 1978.

Elle va assister à la mort de ses parents et de son frère. Un miracle va lui permettre d'échapper au même sort. Et le fait de prendre l'identité de sa soeur, Aryana, née aux Etats-Unis et décédée toute jeune. Cette naissance aux USA va permettre en effet à Sitara d'obtenir la nationalité américaine, de s'installer, étudier et vivre aux USA. A noter qu'Aryana est l'ancien nom de l'Afghanistan. On va donc suivre l'enfant et sa fuite d'Afghanistan et l'adulte devenue médecin qui essaie tant bien que mal de (sur)vivre avec ce passé.

.

J'avais vraiment beaucoup aimé "la perle et la coquille" et "ma vie de bacha posh" de la même auteure. J'ai beaucoup moins accroché à celui-ci, la faute à quelques longueurs et à trop de heureux hasards miraculeux et donc irréalistes.

.

Après c'est un beau livre qui nous raconte une page peu connue de l'Histoire de l'Afghanistan. Mais sans doute en attendais-je trop ayant tant aimé les précédents livres que j'ai lus de l'auteure.
Commenter  J’apprécie          342
La Perle et la coquille

Deux histoires de deux femmes de la même famille en Afghanistan : De nos jours, Rahima vit parmi ses 4 autres soeurs avec leurs parents. Il n'est pas bien vu d'avoir des filles dans ce pays où l'homme décide de tout... dans les années 1900, Shekiba a tout perdu, sa grand-mère la vend comme une simple marchandise à d'autres personnes.

Un très beau livre, je ne me rappelle plus si j'ai déjà lu sur le sujet même si j'ai déjà lu beaucoup de livres sur la condition de la femme dans plusieurs pays. L'alternance entre les deux époques montre le peu d'évolution de l'une à l'autre. La vie d'une femme est toujours considérée comme peu de choses. Il y avait juste un moyen d'échapper provisoirement à cette mise à l'écart que suscitait le grand nombre de naissances de filles dans une famille...

Quelle horreur de voir tant de souffrances que ce soit avec Shekiba ou Rahima. Les femmes ne doivent avoir aucune pensée, ce sont juste des machines à reproduire, une boîte magique pour avoir des enfants (enfin, des garçons). J'ai eu le coeur serré à plusieurs reprises, et les larmes à d'autres... Un roman touchant sur les femmes dans un Afghanistan qui semble d'une autre époque (et je ne parle pas que celle de Shekiba...). Une belle découverte que ne vous laissera pas insensible, coup de coeur !
Commenter  J’apprécie          331
La Perle et la coquille

L'adolescence de Rahima est en train de tourner au cauchemar : après avoir eu la chance de prendre le rôle d'un garçon pour venir en aide à sa famille, il lui faut reprendre sa place, et elle vit dans un Afghanistan enclavé dans une tradition d'oppression des femmes depuis le début du XXième. Il lui faut trouver une échappatoire et prendre en main sa vie autant que faire se peut. Sa tante, célibataire donc plus libre, lui vient en aide en lui contant par bribes les étapes de la vie de leur aïeule, Shekiba, terrible tragédie, néanmoins histoire aussi d'une femme qui se bat.



C'est un roman qui prend aux tripes car il réfère aux quotidiens de maternités et de vies maritales, bafouées malheureusement. L'auteure plonge dans les contradictions d'un pays peu respectueux de ses femmes, mais elle met aussi en lumière les résiliences et les raisons d'espérer.
Lien : https://partagerlecture.blog..
Commenter  J’apprécie          320




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nadia Hashimi Voir plus

Quiz Voir plus

🐱 Citation, expression ou proverbe sur le chat 😺

Une ... de chat ?

Journée
Vie

14 questions
265 lecteurs ont répondu
Thèmes : chats , proverbes , expressionsCréer un quiz sur cet auteur

{* *}