AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Nam-joo Cho (150)


Cha Seungyeon était une jeune femme sympathique et qui prenait soin de ses cadettes. Ni elle ni Kim Jiyoung n’étaient des passionnées de montagne, ce qui les rapprocha. Quand Cha Seungyeon quitta l’université, elles restèrent en contact et se revirent régulièrement. C’est au banquet de mariage de Cha Seungyeon que Kim Jiyoung et Jeong Daehyeon se rencontrèrent. Mais Cha Seungyeon était morte l’année précédente, d’une embolie amniotique. Kim Jiyoung, qui souffrait à l’époque d’un baby-blues, avait très mal vécu cette perte, au point que son quotidien lui était devenu difficile.
Commenter  J’apprécie          10
Ce soir-là, quand il est rentré, Kim Jiyoung dormait près de sa fille. Toutes deux suçaient leur pouce. Jeong Daehyeon est resté longtemps perplexe devant ce spectacle aussi bizarre que charmant, avant de tirer le bras de sa femme pour libérer son pouce. Elle a sorti sa langue comme un bébé, a fait des bruits de succion et s’est rendormie.
Commenter  J’apprécie          10
Jeong Daehyeon a cru que sa femme plaisantait. On aurait vraiment dit sa mère, avec ce léger clignement de l’œil lorsqu’elle lui demandait ou lui rappelait quelque chose, et cette façon de prononcer geeeendre en traînant sur la première syllabe. Ces derniers temps, la garde de l’enfant semblait fatiguer son épouse, il lui arrivait de décrocher et alors son regard se perdait dans les airs ou de grosses larmes roulaient sur ses joues tandis qu’elle écoutait de la musique, mais Kim Jiyoung était d’une nature gaie, rieuse, et elle amusait souvent son mari en imitant les humoristes qui passaient à la télévision. De sorte que Jeong Daehyeon n’a guère prêté attention à son jeu, l’a embrassée et est parti au travail.
Commenter  J’apprécie          10
— Ces derniers jours firent planer un vent acide, et en effet nous voici aujourd’hui à Baengno. Sur les rizières jaunies sera descendue la rosée de perles.
Ce parler à l’ancienne a fait rire Jeong Daehyeon.
— Ah, tu parles comme ta mère !
— Tu devrais songer à te pourvoir d’un gilet, mon geeeendre, le fond de l’air est frais, au matin et au soir.
Commenter  J’apprécie          10
C’est le 8 septembre que pour la première fois un étrange symptôme a fait son apparition chez Kim Jiyoung. Son mari se souvient parfaitement de la date car c’était le jour de Baengno. Il prenait son petit-déjeuner – des toasts et du lait – quand Kim Jiyoung est sortie sur la loggia et a ouvert la fenêtre. Le soleil brillait dans le ciel mais un air frais s’est glissé dans la cuisine. Kim Jiyoung est revenue vers la table, les épaules contractées.
Commenter  J’apprécie          10
Kim Jiyoung a trente-cinq ans. Elle s’est mariée il y a trois ans et a eu une fille l’an dernier. Elle, son mari Jeong Daehyeon et leur fille Jeong Jiwon, sont locataires dans une résidence de la banlieue de Séoul. Jeong Daehyeon travaille dans une importante entreprise de high-tech, Kim Jiyoung a travaillé dans une société de communication jusqu’à la naissance de sa fille. Jeong Daehyeon rentre chez lui tous les jours de la semaine vers minuit et passe au moins un jour par week-end seul au bureau. Sa belle-famille vivant à Busan et ses propres parents tenant un restaurant, Kim Jiyoung s’occupe seule de sa fille. Quand Jeong Jiwon a eu un an, elle a commencé les matinées aménagées à la garderie située au rez-de-chaussée d’un immeuble de leur résidence.
Commenter  J’apprécie          10
Depuis qu'elle était devenue femme au foyer à plein temps, Kim Jiyoung réalisait que l'attitude des gens devant le ménage était d'une grande hypocrisie. Tantôt dévalorisé, quand on parle juste de rester à la maison, tantôt sublimé quand on parle de se consacrer à faire croître l'humanité, mais jamais en évaluant ce travail en chiffres réels, en coûts. Sans doute parce qu'à partir du moment où une chose a un prix, quelqu'un doit payer pour cela.
Commenter  J’apprécie          10
Des gens qui gobent sans réfléchir un cachet à la moindre migraine, qui n'oublient pas de mettre de la crème anesthésiante pour enlever un grain de beauté, disent aux femmes de mettre leur enfant au monde dans la douleur et d'oublier les menaces qui pèsent sur leur vie à cet instant. Ils parlent comme si cette souffrance était la quintessence de l'amour maternel.
Commenter  J’apprécie          10
Si nous ne sommes pas assez intelligentes, c'est un problème, si nous le sommes trop, c'est encore un problème, et avec tout ça si nous sommes moyennes nous allons entendre que c'est un problème d'être moyennes ?
Commenter  J’apprécie          10
Sa mère regrettait sa vie manquée, et regrettait d'être devenue la maman de Kim Jiyoung -- une pierre, ferme et lourde, quoique petite, qui pèse contre un pan de sa longue jupe. Kim Jiyoung avait d'un coup l'impression d'être cette pierre et ça la rendait triste. Sa mère, percevant sa peine, de ses doigts, tendrement, a remis de l'ordre dans les cheveux de sa fille.
Commenter  J’apprécie          10
Le sol était chaud, son corps a fondu de fatigue…
Commenter  J’apprécie          00
Quelque soit son talent, une femme qui a encore des enfants à charge cause des soucis. Je prendrai une célibataire pour la remplacer.
Commenter  J’apprécie          00
- tu ne peux pas arrêter 5 minutes avec cette histoire que tu m'aideras ? Que tu m'aideras pour le ménage, que tu m'aideras pour le bébé, et maintenant quoi ? Pour mon avenir professionnel ? Cette maison qu'il faut nettoyer, n'est-ce pas aussi la tienne ? Le bébé, n'est-ce pas aussi le tien ? Et puis quoi, l'argent que je gagne, je le dépense pour moi sans doute ? C'est quoi cette manie de parler tout le temps comme ça, comme si tu me rendais d'inestimables services tout le temps ?
Commenter  J’apprécie          00
J'ai remarqué ça il y a longtemps déjà, chaque fois que nous avons de nouveaux employés, les filles les plus jeunes prennent en charge toutes les tâches ingrates sans même qu'il soit besoin de les solliciter. Les garçons ne font pas cela. Un garçon même s'il est le benjamin de notre société, même s'il est le dernier à avoir intégré l'équipe, il ne lui viendra pas à l'esprit de prendre en main spontanément ces choses. Comment les filles sont-elles devenues ainsi, cette part de l'humanité qui se charge de tous ces trucs sans qu'on ait besoin de leur expliquer quoi que ce soit ?
Commenter  J’apprécie          00
L'opinion publique à cette époque laissait entendre de plus en plus souvent qu'être une fille ne devait pas être un obstacle pour atteindre ses buts. En 1999, alors que Kim Eunyeong atteignait ses 20 ans, fut instauré la loi interdisant la discrimination homme/ femme. Et en 2001, quant à son tour Kim Jyoung eut 20 ans, un ministère de l'égalité des sexes fut créé. Pourtant, à chaque étape décisive de sa vie, l'étiquette femme revenait pour brouiller la vision, retenir la main tendue, faire marche arrière. C'était tout à fait déroutant.
Commenter  J’apprécie          00
Elle avait grandi de la sorte. Avec ce refrain de tout le temps dekvoir faire attention, s'habiller correctement, se comporter sagement, éviter les quartiers dangereux, les heures dangereuses, les personnes potentiellement dangereuses. La faute était du côté de celle qui n'avait pas su percevoir le danger ni l'éviter.
Commenter  J’apprécie          00
Pour Kim Jiyoung, qui n'allait qu'au lycée et à I'institut, la situation était encore supportable. En revanche les choses étaient autrement plus rudes pour celles qui avaient un job à côté. Nombreux étaient ces patrons de petits commerces qui s'approchaient trop d'elles pour des remarques sur leur tenue ou leur attitude au travail, ou d'autres qui faisaient des avances en évoquant leurs gages. Et ces clients, nombreux eux aussi, qui croyaient avoir acquis le droit de draguer les filles parce qu'ils avaient acheté ceci ou cela. Les filles, presque inconsciemment, entassaient petit à petit au fond de leur coeur la désillusion et la peur des hommes.
Commenter  J’apprécie          00
Les quatre frères sont nés et ont grandi dans une époque difficile, où survivre relevait de l'exploit. Alors que des gens, après la guerre, mouraient de faim sans faire grand cas des jeunes ni des vieux, madame Ko Sunbun, la grand-mère de Kim Jiyoung, s'est battue pour élever ses quatre fils, labourant les champs des autres, travaillant dans les commerces des autres, faisant le ménage chez d'autres tout en tenant impeccablement sa propre maison. Mains délicates, visage blanc, son mari ne toucha jamais la terre. Cet homme n'avait ni la volonté ni les capacités d'entretenir sa famille. Mais la grand-mère ne lui en voulait pas. I n'était pas violent, ce n'était pas non plus un coureur de jupons. Pour un mari, croyait-elle sincèrement, ce n'était déjà pas si mal. Des quatre fils, seul son troisième méritait le nom de « fils », mais la grand-mère se consolait de sa triste situation avec un raisonnement bien à elle :
-Après tout, c'est parce que j'ai fait quatre fils que je peux maintenant manger un repas chaud servi par mon fils et dormir dans une chambre bien chauffée par mon fils. Il faut avoir au moins quatre fils.

Pourtant, la personne qui cuisait et servait le riz, qui disposait la literie sur le sol bien chaud, ce n'était pas son fils mais sa belle-fille.
Commenter  J’apprécie          00
Kim Jiyoung a fait le récit de ce qui s’était passé l’après-midi. Sur le
coup, elle était si confuse, elle se sentait tellement honteuse, elle n’avait
pensé qu’à s’enfuir. Mais à y repenser, au moment d’en faire le récit, elle
se mit à rougir violemment et ses mains tremblaient.
— Le café était à 1 500 wons. Ils avaient pris le même café que moi,
ils savaient combien ça coûtait. Toi, crois-tu que je n’aie pas le droit de
prendre un café à 1 500 wons ? Non mais, sans parler de 1 500 wons,
même si ça coûtait 15 millions de wons, j’achète ce que je veux avec
l’argent de mon mari, non ? Ça ne regarde que nous, pas vrai ? Je n’ai
pas volé ton argent. J’ai accouché dans des souffrances à en mourir,
j’élève mon enfant en renonçant à ma vie, à mon travail, à mes rêves,
enfin à tout ce que j’étais. Et je suis devenue quoi, une mère-parasite ?
Qu’est-ce que je dois faire maintenant ?
Sans un mot, Jeong Daehyeon a pris Kim Jiyoung par les épaules. Il
ne savait que dire. Il s’est contenté de lui tapoter le dos gentiment en
répétant Non, non, ce n’est pas vrai, ne pense plus à tout ça.
Commenter  J’apprécie          00
Kim Jiyoung venait de déposer Jiwon à la garderie, elle se rendit à la
supérette pour de petites courses. Sur la vitrine du glacier voisin elle vit
affichée une annonce pour un emploi : Vendeuse en semaine, de 10 h à
16 h, 5 600 wons / heure, idéal pour une mère. Ce fut comme un
électrochoc. Celle qui était à la caisse devait être une mère également. Elle
est entrée et a acheté une glace avant de poser des questions au sujet de
l’annonce. La femme a répondu très gentiment qu’elle-même était mère
de deux enfants qu’elle mettait à la garderie et à la maternelle, que cela
faisait quatre ans qu’elle travaillait ici. Elle regrettait de devoir quitter ce
travail mais avait pris sa décision car son premier enfant allait entrer en
primaire.
— Comme nous sommes à l’intérieur du bâtiment, c’est calme en
semaine. Et quand le froid arrive, c’est encore plus calme. Au début
j’avais un peu mal au bras à force de creuser dans les glaces, mais c’est un
coup à prendre, après ça va.
— Dites, normalement après deux ans on passe en CDI, non ?
— Oh, vous êtes bien naïve, madame. Ça n’existe pas dans ce genre
de petit job, un contrat avec les charges sociales et tout. Vous voulez
débuter à partir de demain ? Alors vous aurez un contrat verbal et puis le
salaire tombera tantôt sur votre compte, tantôt sur celui de votre mari,
c’est comme ça qu’on fait les choses. Cela dit, pour moi qui ai travaillé
longtemps, ils m’ont promis une petite prime de départ.
Peut-être parce qu’elles étaient mères toutes les deux, ou parce que
Kim Jiyoung avait paru si candide, la vendeuse eut l’air attendrie. Elle lui
a dit qu’il y avait très peu de travail dans leur situation, que ce job-ci était
pas si mal, qu’elle ôtait l’annonce en attendant qu’elle réfléchisse. Kim
Jiyoung a répondu qu’elle allait en parler le soir même à son mari et s’est
retournée pour sortir quand la vendeuse a lâché :
— Moi aussi j’ai étudié à l’université.
À cet ajout tombé de nulle part, un chagrin s’est ouvert dans le cœur
de Kim Jiyoung. Ces derniers mots de la vendeuse ne la quittaient plus,
bourdonnaient dans sa tête.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nam-joo Cho (981)Voir plus

Quiz Voir plus

Est-ce une femme ou une dame ?

La XXX dans l'auto avec des lunettes et un fusil Sébastien Japrisot

dame
femme

17 questions
22 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polars , femmes , humourCréer un quiz sur cet auteur

{* *}