Nanie Bai

𝘔𝘰𝘯 𝘱è𝘳𝘦 𝘢𝘷𝘢𝘯ç𝘢𝘪𝘵 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭’â𝘨𝘦 𝘦𝘵 𝘣𝘪𝘦𝘯𝘵ô𝘵, 𝘪𝘭 𝘯’𝘢𝘶𝘳𝘢𝘪𝘵 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘭’é𝘯𝘦𝘳𝘨𝘪𝘦 𝘥𝘦 𝘥é𝘧𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦 𝘴𝘢 𝘱𝘰𝘴𝘪𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦 𝘪𝘭 𝘭𝘦 𝘧𝘢𝘪𝘴𝘢𝘪𝘵 𝘢𝘶𝘫𝘰𝘶𝘳𝘥’𝘩𝘶𝘪. 𝘐𝘭 𝘯’é𝘵𝘢𝘪𝘵 𝘱𝘢𝘴 é𝘵𝘦𝘳𝘯𝘦𝘭 𝘦𝘵 𝘭𝘦 𝘮𝘰𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘷𝘦𝘯𝘶, 𝘪𝘭 𝘯𝘦 𝘷𝘰𝘶𝘭𝘢𝘪𝘵 𝘱𝘢𝘴 𝘲𝘶𝘦 𝘫𝘦 𝘳𝘦𝘴𝘵𝘦 𝘴𝘢𝘯𝘴 𝘭𝘦 𝘴𝘰𝘶.𝘐𝘭 𝘮’é𝘯𝘦𝘳𝘷𝘢𝘪𝘵 𝘢𝘶𝘵𝘢𝘯𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘫𝘦 𝘭’𝘢𝘪𝘮𝘢𝘪𝘴. 𝘘𝘶𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘦𝘹𝘢𝘴𝘱é𝘳𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯 !

Il a « poussé » avec des parents un peu laxistes, qui n’avaient pas jugé bon de lui expliquer qu’un pantalon rayé ne se coordonne jamais avec une chemise à fleurs. Il s’est construit sur une éducation qui a constamment souffert d’une retenue indicible, tabou, presque suffocante, du « je respecte ». Mais… parfois, la vie, à force de trop aller dans le sens des gens, à force de les conforter dans un chemin qui n’est pas toujours le meilleur pour eux, fabrique des hommes et des femmes paumés. Des perdus, des estropiés de ne rien faire, des incapables de vivre justement.
Comme lui.

Cela fait trois fois que je démaquille mes yeux parce que je suis incapable de faire un trait d'eye liner correct sur ce fichu œil droit. C'est quand même un comble pour une femme comme moi, aussi douée pour grimer les autres, de ne pas réussir à me maquiller moi-même !!!

Elle s'approcha d'un grand chêne dont les racines sortaient tout autour du tronc, formant des vaguelettes sur la surface du sol. Kaïlin, toujours l'arc dans la main, le rangea dans son petit sac qu'elle portait dans le dos et tendit la main devant elle.
Comme s’ils ne formaient plus qu'un, les racines se murent, les vaguelettes se plièrent et se déplièrent, s’étirèrent, et s'ouvrirent jusqu'à ce qu'une ouverture, juste de sa taille, se forme.
Cette porte ouverte juste par une invocation de la main n'avait rien d'effrayant. Un halo bleuté émanait du passage, comme si une bougie brûlait là, en attendant qu'elle revienne.

Depuis les rails du Réseau, cette maison paraissait si paisible, comme le jour où ,nous nous étions rendus à l’aérogare pour embarquer sur le Gloria. Désormais, j’avais vu trop d’horreurs là-bas pour y être insensible.

Je lève un peu le chaton à hauteur de mes yeux. Effectivement, sur le poitrail, le chaton arbore un magnifique cœur blanc au milieu de son pelage noir. Instinctivement, je le rapproche de mes lèvres et je lui claque un bisou sur le haut du crâne.

Je suis déjà folle amoureuse de lui. J’entends son ronronnement régulier et j’ai l’impression que ça me réconforte. Sur mes genoux, les vibrations qui émanent de ses ronrons me délassent. Je suis surprise… en fait je ne savais pas que j’aimais les chats.

Chez nous, au royaume de Shizuke, nous croyons au destin, mais pas de la même manière. Pour nous, il existe un fil invisible qui relie toutes les personnes vouées à se rencontrer. Que ce soit pour l’amour, pour l’amitié ou même pour un passage éphémère dans nos vies, chaque personne est reliée à l’autre par ce fil.

Pour la première fois je prenais conscience que rien de ce qu'il se passait sur Aquilon ne m'appartenait. J'étais dépendante du bon vouloir d'un homme que j'allais trahir encore une fois. Et peut-être que cet homme serait aussi impuissant que moi dans la situation qui se présentait à nous.

Le majordome des Farewell nous ouvrit la porte alors que Patty et moi étions complètement transies de peur. Cette bâtisse qui paraissait si lumineuse depuis les rails du Réseau nous avait donné la chair de poule dès lors que nous avions franchi les barrières de leur gare d'accostage.

En fait, je n’étais pas anormale. J’étais juste une petite fille brisée par les attentes des gens. Une enfant qui avait été incapable de dénicher assez de sécurité dans son quotidien et dans les autres pour s’épanouir.