Rencontre avec Natacha SADOUN autour de son premier roman "L'Evanouissement de Marie" - Rentrée Littéraire 2021 Buchet Chastel
Un accident. L'arrachement à Paul, l'absence et le manque.
Mais dans cette soudaine solitude, Marie commence à poser un regard nouveau sur le monde qui l'entoure et sur sa vie. Et bientôt sur Paul qu'elle découvre sous un autre jour ; il lui faut comprendre, partir sur les traces d'un passé.
Des rues de Paris aux paysages d'Italie.
Un cheminement intérieur qui crée les conditions d'une autre énigme.
L'Evanouissement de Marie est le premier roman de Natacha Sadoun.
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En décidant d’enquêter sur l’histoire familiale de Paul et d’en percer l’abcès, elle s’était donné un but, elle avait pris les choses en main, elle se rendait utile, elle faisait quelque chose pour Paul, pour elle-même, pour apprivoiser le temps, pour occuper le vide, pour donner du sens au moment où tout lui échappait. Et elle ne cherchait pas à voir plus loin que cela.
La sérénité de la mer eut le même effet apaisant que l'art à Florence. Cela fut seulement plus évident, plus instantané. Et alors que la disponibilité des sens était identique, le chemin qu'ils empruntaient fut différent : à l'intériorisation s'ajoutait maintenant un phénomène inverse mais non contradictoire d'ouverture. Les sculptures et les peintures avaient favorisé un face-à-face intime et exclusif. La nature créait la possibilité de l'expansion.
Sortir de l’hôpital était un réconfort, à l’instar des gestes routiniers qui l’y avaient amenés. Elle quittait avec soulagement ces couloirs froids et impersonnels baignés de néon, l’odeur d’éther, l’univers médical, aseptisé, et ce bâtiment moderne informe et sans âme.
Elle savourait la quiétude des oliviers en bordure de chemin, les lignes formées au loin par les cyprès et les formes si doucement dessinées par les monts, les étendues de vignobles et les collines ; un paysage qui semblait avoir été fixé là à jamais.
Reste l'idée que l'on se fait de quelqu'un, l'image qui compose le souvenir. Reste le respect du souvenir. Mais après tout, quelle était donc cette morale qui intimait de conserver une adéquation parfaite avec cette image ?
On a tous les deux tenté, par différentes voies, d’apprivoiser l’autre. Belle illusion ! Mais si douce et jouissive illusion. La réalité est tout autre. Étrangement, paradoxalement, Marie et moi nous sommes reconstruits, peut-être même retrouvés, dans l’absence de l’autre. Marie a voulu s’inventer une autre vie, un ailleurs ; je l’ai fait à mon tour en écrivant. Dans cette absence, chacun de nous a fait un pas vers l’autre puis a repris sa liberté.
La sérénité de la mer eut le même effet apaisant que l'art à Florence. Cela fut seulement plus évident, plus instantané. Et alors que la disponibilité des sens était identique, le chemin qu'ils empruntaient fut différent : à l'intériorisation s'ajoutait maintenant un phénomène inverse mais non contradictoire d'ouverture. Les sculptures et les peintures avaient favorisé un face-à-face intime exclusif. La nature créait la possibilité de l'expansion.
La sérénité de la mer eut le même effet apaisant que l'art à Florence. Cela fut seulement plus évident, plus instantané. Et alors que la disponibilité des sens était identique, le chemin qu'ils empruntaient fut différent : à l'intériorisation s'ajoutait maintenant un phénomène inverse mais non contradictoire d'ouverture. Les sculptures et les peintures avaient favorisé un face-à-face intime exclusif. La nature créait la possibilité de l'expansion.
" Reste l’idée que l’on se fait de quelqu’un, l’image qui compose le souvenir. Reste le respect du souvenir. Mais après tout, qu’elle était donc cette morale qui intimait de conserver une adéquation parfaite avec cette image ? Etaient-ce là les pensées de Marie d’ordinaire peu sujette à ce genre de gymnastique mentale ou bien des échos fragmentés de la conversation ? "
Le visage doux, lisse et régulier était en si peu de temps devenu si dur. La silhouette déjà fine était maintenant anguleuse, prête à disparaître. Les deux semaines d'insomnies et l'alcool l'avaient consumée. Cette image dans le miroir la frappa et c'est elle qui lui fit reprendre contact avec la réalité.