Nathalie A. Cabrol

En 2011, une météorite martienne de 320 grammes fut découverte à Rabt Sbayta, dans le Sahara occidental, au Maroc. Surnommée « beauté noire », son origine fut confirmée par l’analyse de poches de gaz contenues dans minéraux (…) Cette découverte est très significative du point de vue d'une origine possible de la vie, car elle suggère que l'eau liquide existait à la surface de Mars environ cent millions d'années avant qu'elle n'apparaisse sur la Terre. Compte tenu de l'age des premières traces indirectes de la présence de la vie sur notre planète et la similitude des environnements martien et terrestre d'alors, cette découverte permet de penser que la vie aurait pu apparaître d'abord sur Mars. Même si la vie reste une hypothèse, les données montrent que l'environnement primitif martien offrit des conditions favorables à la vie avant la Terre.

Une étude récente, combinant les données de Kepler et de celles de Gaia de L’ESA sur la quantité d’énergie reçue par une planète, a ouvert un tout nouvel horizon d'habitabilité. Ses résultats suggèrent que 50 % à 75 % des étoiles semblables au Soleil possèdent des planètes telluriques capables de maintenir de l'eau liquide à leur surface, ce qui représenterait environ 2 à 3 milliards de planètes! Même si l'eau n'est qu'un des éléments essentiels à la vie, plus le nombre de mondes habitables est important, plus il y a de chances que la vie soit apparue sur l'un d'entre eux. Et nous avons aujourd'hui devant nous une galerie de nouveaux mondes extraterrestres à explorer.

La panspermie fournit un mécanisme facile pour distribuer la vie et ses composantes élémentaires. Un tel scénario va dans le sens d'une vie abondante dans l'univers car la formation de planètes par accrétion est un processus universel. Suffirait-il donc qu'un monde se forme dans la zone habitable de son étoile pour que la vie ait une chance de s'y développer?

La prochaine génération d’humains sera la première à ne pas pouvoir se promener librement où et quand elle le souhaitera. Elle devra vivre partiellement enfermée pendant de longues périodes de l’année pour échapper à des conditions météorologiques extrêmes, des températures mortelles et un air irrespirable.

Par une bien triste ironie, l’espèce la plus avancée de notre planète est en train de couper la branche sur laquelle elle est assise, détruisant chaque jour, sciemment, l’environnement propice à son essor et à son développement.

Trois citations, toutes de Carl Sagan (1934-1996) :
" Nous jugeons de nos progrès par le courage de nos questions et la profondeur de nos réponses, et notre volonté d'embrasser ce qui est vrai plutôt que ce qui plait."
" La nature de la vie sur Terre et la recherche de la vie ailleurs sont les deux faces d'une même question : la recherche de qui nous sommes."
" Nos enfants aspirent à des cartes réalistes de l'avenir dont ils pourront être fiers. Où sont les cartographes de la destinée humaine ? "

« Parfois, je pense que le signe le plus sûr de l’existence d’une vie intelligente ailleurs dans l’Univers est qu’aucune n’a essayé de nous contacter. »

Bill Watterson.

Titan est un monde extraordinairement fascinant en soi. Mais il nous offre aussi un avant-goût de ce à quoi pourrait ressembler une vie extraterrestre, quelque chose de peut-être totalement étranger. C’est un laboratoire naturel dans les confins de notre Système solaire, une sorte de jardin où faire nos premiers pas vers la détection et la compréhension de la vie sur des exoplanètes lointaines.

La Terre est vaste mais elle n’est pas extensible. Ses ressources sont limitées et il ne nous reste plus beaucoup de temps pour préserver notre avenir. La réponse réside autant en ce que nous sommes qu’en ce que nous voulons devenir.

Une fois le champ magnétique disparu, l'atmosphère martienne fut rapidement érodée par les vents solaires. Dès lors il ne fallut que 300 à 500 millions d'années pour que Mars passe d'une planète semblable à la Terre en un désert aride tel que nous le connaissons aujourd'hui.

Notre faculté à caractériser la nature repose sur notre capacité à la questionner, qui dépend en partie de la technologie disponible… et de notre façon de penser.

« La nature de la vie sur Terre et la recherche de la vie ailleurs sont les deux faces d’une même question : la recherche de qui nous sommes », a dit Carl Sagan.

Notre estimation de la fraction de planètes où la vie émerge et devient intelligente se heurte au fait que nous n’avons pas encore réussi à nous mettre d’accord sur la définition que nous donnons à l’intelligence. Sa désignation la plus souple pourrait être la capacité d’acquérir et d’appliquer des connaissances et des compétences. Dans la nature, l’adaptation pourrait correspondre à cette description. Dans ce cas, peut-on considérer des espèces microbiennes ayant survécu et s’étant adaptées à de nombreux changements d’environnements pendant des milliards d’années comme intelligentes ? Peut-être.

Considérant les découvertes actuelles, je vais répéter ce que je dis si souvent : avec un minimum de 300 millions d’exoplanètes potentiellement situées dans la zone habitable de leurs étoiles parentes, seulement dans notre galaxie, penser que nous sommes seuls dans cet océan cosmique est tout simplement une absurdité statistique.

Aujourd'hui, en incluant la Terre, nous connaissons au moins 17 mondes océans et océans furtifs dans notre Système solaire.

Cette diversité de mondes est le reflet d’un Univers dynamique et merveilleux, où tous les scénarios possibles et toutes les étapes de l’évolution planétaire semblent se dérouler en même temps sous nos yeux. Mais notre quête la plus secrète se situe au-delà de l’émerveillement, au delà de la découverte de mondes dont nous aurions jamais pu imaginer l’existence, et elle se résume en une question : existe-t-il un autre point bleu pâle caché au milieu de cet éblouissant ballet d’orbes ?

Même si cela paraît étrange, faire la différence entre le vivant et le non-vivant n’est pas toujours facile et des découvertes continuent de remettre en cause cette limite.

Dans quelques milliards d'années, quand le soleil entrera dans sa phase de géante rouge et qu'une grande partie du Système solaire ne sera plus qu'un souvenir, la température de surface de Pluton se réchauffera pour atteindre 27° C. Bien que cette période clémente ne durera probablement pas plus d'un ou deux millions d'années, la planète naine qui nous a tous surpris, ce petit monde océan qui n'était qu'un groupe de pixels flous dans nos télescopes il n'y a pas si longtemps pourrait bien être le dernier monde habitable de notre Système solaire.

En définitive, dans cette quête comme dans beaucoup d'autres, le voyage est la destination, et avec chaque pas que nous faisons, il s'agit autant de découvrir si nous sommes seuls dans l'Univers que de découvrir qui nous sommes.

Puisse le voyage incertain d'aujourd'hui nous aider à redéfinir ce qu'humanité" veut dire, afin que l'on se souvienne de notre époque comme de celle où les humains relevèrent le défi et devinrent enfin des citoyens planétaires.