L’Everest n’est pas qu’une montagne, une poubelle, un cimetière et des embouteillages, c’est aussi une formidable et périlleuse aventure, une machine à donner du sens. Symbole universel, il fascine car il est la limite. Chacun vient y construire son mythe en fonction de sa condition physique et de ses capacités. L’aveugle, tiré par une longe. Le clochard céleste avec son vélo. Le Japonais de 80 ans. La Pakistanaise au nom de l’obscurantisme religieux, la Saoudienne qui , dans son pays, n’a pas le droit de conduire une voiture.
En contrebas, une mer de nuages bouche la vue, mais on peut distinguer la courbure de la terre. Le soleil tente de d’imposer, mais il est constamment balayé par un grand panache blanc, qui s’étire à l’infini dans le ciel, avant de s’enrouler comme une écharpe autour de nous Les masques relevés, nous avons le sommet pour nous tout seuls. Et tout devient merveilleux pendant quarante-cinq minutes. On pourrait mourir de bonheur. Ou se marier. La plateforme du sommet en guise de table de banquet. Une enveloppe de riz sacré pour la bénédiction. Personne ne se trouve plus haut que nous. Quelques grimpeurs brisent ce moment rare, mais indispensable, pour l’immortaliser en photo.