La mouvance dite néoréactionnaire s’est incrustée dans la société du commentaire. Son orientation idéologique s’est parfaitement adaptée à cette fabrique d’imposition de problématiques.
Le national-populisme a ses partisans, son credo, ses héros, ses réseaux, ses revues, ses auteurs et ses aficionados. Mais, intellectuellement, ce courant est sorti de l’opprobre.
Le problème clef pour moi, c’est l’écrasement des hiérarchies induit par la société du commentaire permanent : le sentiment que tout se vaut, que toutes les paroles sont égales.
Le nouvel extrémisme droitier cherche par cette guérilla culturelle et médiatique incessante à favoriser l’arrivée au pouvoir en France de Marine Le Pen ou de Marion Maréchal.
Ce populisme intellectuel et médiatique n’a pas d’organe officiel et n’est pas directement associé à un projet politique, mais se diffuse largement dans tout l’espace public.
La société du commentaire risque non seulement de détourner le journalisme de sa fonction critique, mais également de se transformer en un art de la diversion politique.
Nous sommes devenus une nation de soixante-six millions de procureurs, agacé par la défiance d’un pays de commentateurs qui ne lui laisseraient pas le droit à l’erreur.
C’est un bruit de fond persistant. Un brouhaha permanent. Une entêtante musique d’ambiance qui semble placer l’information et l’opinion sous le signe de l’équivalence.
Le commentariat serait une manifestation de l’importance ou de l’emprise toujours croissante des médias qui occuperaient l’espace déserté par les places publiques.
La société du commentaire étend son influence dans l’espace public à coups de polémiques, d’imposition de problématiques et d’analyses ‘à chaud’.