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Critiques de Nicolas Verdan (28)
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La récolte des enfants

Bien qu’ayant plusieurs romans à son actif, je n’avais jamais entendu le nom de Nicolas Verdan.

C’est donc sans à priori que je me suis lancée dans ce voyage en littérature inconnue.

L’auteur m’a emmenée sur des routes enneigées dans un long périple partant de Zurich, le héros devant, pour rendre service à sa fille, véhiculer sa berline vers la Grèce, afin de lui faciliter son déménagement prochain vers sa terre natale.

Si le voyage se passe bien dans un premier temps, il va vite virer au cauchemar lorsqu’Evangelos apprend que Zoï sa petite fille âgée de 15 ans a disparu.

Outre le mystère qui s’épaissit au fil des pages, l’auteur nous interroge sur les dangers des réseaux sociaux sur les ados.

J’ai lu ce polar avec intérêt, même si j’ai eu parfois du mal à suivre l’intrigue sur les routes enneigées d’Albanie à la suite de personnages énigmatiques.

J’ai aimé cependant Evangelos, le grand-père prêt à tout pour retrouver Zoï.

Nicolas Verdan décrit un personnage courageux et déterminé prêt à tout pour sortir du bourbier dans lequel Zoi s’est embourbé.

L’auteur a su m’embarquer avec ses personnages, ses étendues glacées et ses descriptions d’une nature aussi magnifique qu’hostile. Suspense, intrigue, pas trop d’hémoglobine, une enquête présente et des personnages atypiques, avec en arrière-plan mais bien présent, l’amour d’un grand-père pour sa petite fille. Voilà le cocktail d’un thriller parfaitement réussi.

Je remercie vivement Babelio et les Editions L’Atalante qui m’ont permis cette découverte.



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Le mur grec

Athènes, 2010. La crise de la dette publique grecque de 2008 a mis le pays à genoux et les manifestations anti-austérité font vaciller le pouvoir. De plus l’Europe (Allemagne et France en tête) qualifie la frontière gréco-turque de passoire pour les migrants et somme les autorités de remédier à cette situation.

C’est dans ce contexte très explosif que survient l’affaire de la tête coupée découverte près d’un bordel dans une zone militaire cogérée par la Frontex, une agence européenne. C’est Evangelos, un vieux policier proche de la retraite, qui est chargé de cette enquête politiquement risquée.

Ses investigations l’emmènent vers une sordide exploitation des êtres humains orchestrée par des militaires peu scrupuleux.

Evangelos est un concentré d’humanisme et de probité intellectuelle forgée sur son expérience policière mais aussi sur son passé personnel et l’histoire de son peuple, particulièrement les périodes les plus terribles du 20° siècle (guerre gréco-turque de 1919, dictature des colonels 1967).

Ce roman est également très intéressant pour comprendre la crise grecque et ses conséquences sur le peuple.
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La récolte des enfants

De l'intérêt de visiter les librairies le plus fréquemment possible , celles-ci renfermant régulièrement des pépites moins mises en exposition que les romans des grandes maisons d’édition.

Ce livre en fait clairement partie. J’ai pour la première fois pu m’immiscer avec bonheur dans l’univers de l’auteur suisse Nicolas Verdan.



Le récit nous embarque dans plusieurs histoires croisées astucieusement scénarisées.

Notre personnage principal, Evangelos Moutzouris, ex-agent des services secrets grecs va être confronté à un périlleux road trip au sens propre du terme, sa fille Andromède lui ayant demandé de ramener à Athènes sa luxueuse berline Tesla depuis Zurich, toute la famille - Andromède, son mari Dimitris et leur fille Zoi - ayant décidé de réémigrer vers leur terre natale après ce dernier Noël passé en Suisse, douze ans après leur installation chez les helvètes germanophones.

Ce périple ne sera pas une partie de plaisir, Evangelos ayant l’intention de prendre son temps quitte à sortir des sentiers battus et à faire quelques détours par l’Albanie avant de rentrer en Grèce. Le froid, la neige et quelques (mauvaises rencontres) vont transformer sa balade à bord de son bolide électrique en véritable calvaire. Va s’y ajouter la très mauvaise nouvelle de la disparition de sa petite fille, Zoi, en plein Zurich, alors qu’elle avait ,d’après sa meilleure amie, l’opportunité de rencontrer une célèbre influence, aux centaines de milliers de followers. Mais l’ex-agent secret a bien l’intention de retrouver Zoi quoi qu’il lui en coûte , quitte à utiliser toute son expérience et quelques techniques peu orthodoxes pour arriver à ses fins. Mais lui non plus n’est pas au bout de ses surprises.



Quelle histoire passionnante qui, en sus d’une enquête aux multiples rebondissements, nous replonge dans l’Histoire mouvementée de la Grèce et des Balkans.

J’ai beaucoup aimé le personnage d’Evangelos, aux multiples facettes et aux nombreuses contradictions. Un homme qui a dû se salir les mains pour une mauvaise cause pendant la dictature militaire des colonels mais qui regorge d’une belle humanité et d’un amour sans concession pour sa fille et sa petite fille.

Côté polar et actions vous ne serez pas déçu car les investigations pour retrouver Zoi que mène Evangelos depuis sa Tesla puis sur site à Zurich démontrent qu’il n’a pas perdu la main. Entre une virée dans le monde très fermé des influenceurs, à celle des candidats pour le djihad : on ne s’ennuie pas un seul instant !

Un récit qui regorge de vie(s), de petites et de grandes histoires, sans jamais se départir du rythme adéquat : je recommande !

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Le patient du docteur Hirschfeld

L'auteur le dit lui-même, ce roman est une fiction qui s'appuie sur des faits réels.

Il m'a replongé dans un autre livre lu il y a quelques années: "Les hommes au triangle rose".



Trois pays, trois périodes et trois histoires qui se rejoignent par leurs personnages et leurs histoires.

Celle du Dr Hirschfeld, créateur et directeur de l'Institut des sciences sexuelles à Berlin qui devra fuir son pays suite aux attaques des nouveaux maîtres de l'Allemagne nazi; celle du patient du Dr Hirschfed, avocat, juif, persécuté pour les mêmes raisons et enfin le Mossad, à la recherche d'un autre patient du Dr, suspecté d'actes illicites.



On suit ces différents parcours avec intérêt mais aussi pour certains empathie et douleur.

Une ode à la tolérance.



Une grammaire parfois malmenée.
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Le mur grec

Troisième roman de l’auteur suisse que j’ai lu. Pas le meilleur selon moi.Manque de rythme , trop de circonvolutions politico-économiques qui s'écartent du sujet. Certes on ne peut passer sous silence la situation de la Grèce en 2008, entièrement dépendante de ses créanciers européens pour la sortir du marasme.

Le sujet est ici l’arrivée des migrants qui utilisent la Grèce comme zone d’entrée dans l’Espace Schengen depuis la Turquie. Le pays considéré comme une passoire par l’Allemagne et la France , la Grèce a décidé de construire un mur.

Mais en Grèce rien n’est simple : entre la corruption des autorités régionales et le lobbying assidu de certaines entreprises, les choses traînent en longueur. D’autant que sur le futur tracé du mur, à proximité d’un bordel , est découverte une tête.

L'enquête échoue sur le bureau de l’agent Evangelos, des services secrets grecs. Evangelos est un agent expérimenté qui en a vu d’autres et a bien l’intention de découvrir la vérité malgré les pressions qu’il subit de part et d’autres alors même que le rôle de Frontex est plutôt flou dans cette affaire..



S’il n’y avait pas ses tours et ses détours , j’aurai sans doute plus adhéré à cette histoire. J’ai eu effectivement beaucoup de mal à être totalement captivé par le récit qui manque cruellement de concision et de tempo.

Reste le personnage central , l’agent Evangelos, qui démontre une certaine habileté à dénouer les affaires les plus complexes, tentant de retrouver chaque témoin ayant gravité ce jour-là autour du bordel. Prostituée, homme d’affaires, militaire, agent de Frontex, chacun détient en effet une part de la vérité. L’auteur nous montre ainsi comment un triste fait divers peut rapidement glisser vers un scandale d’état quand des enjeux supérieurs sont en jeu.

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Le mur grec

Merci à Babelio et aux éditions Fusion pour ce roman Le mur Grec.



J'aimerais ne dire que des choses positives sur ce roman car c'est une chance de recevoir des livres. Malheureusement j'en suis incapable car je n'ai pas aimé ce roman. Je vais essayer de résumer pourquoi.



Je vais commencer par ce que j'ai aimé. Le style de l'auteur est recherché, clair. Il y a de belles descriptions d'une Grèce peu touristique. J'ai aimé le marque page.



Ce qui m'a le plus gêné dans ce livre est que l'auteur semble hésiter entre écrire un reportage humanitaire voire révéler un scandale à la façon Panama Papers et finalement n'ayant pas suffisamment d'éléments pour dénoncer des pratiques de grand banditisme, il choisit la forme polar. Ou alors il estime que cela sera plus vendeur.



Et de cette hésitation résulte ce roman... On n'y croit pas beaucoup. On sait tous qu'il y a de la corruption dans les pays méditerranéens (enfin plus que dans les pays nordiques). On sait que quand l'Europe finance, les prix sont beaucoup gonflés. Mais les chiffres annoncés dans le roman sont vraiment ridicules et peu crédibles. Il manque des zéros..



De la même façon que l'auteur semble hésiter sur ce qu'il souhaite / veut écrire (polar / reportage ou roman), il multiplie les personnages et leurs histoires. Si c'est un polar alors cela n'a pas beaucoup de sens car on finit par si perdre, si c'est un roman alors il eut fallu creuser d'avantage.



Peut être n'étais je pas dans le bon état d'esprit? Ce roman peut plaire à des lecteurs / lectrices qui aiment un mélange de belle écriture et d'enquête sociologique.









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Cruel

Le rapt d’un jeune enfant laisse toujours des traces dans la psyché de la jeune victime d’autant plus si ses ravisseurs ont des paroles cruelles envers lui qu’elles soient le reflet de la vérité ou non.



Quel est le rapport entre la disparition d’un enfant lors d’une leçon d’équitation et le meurtre brutal d’une vieille femme dans un quartier défavorisé à proximité d’une ligne de TGV?

C’est une des questions essentielles que vont avoir à résoudre l’inspecteur Flynn Gardiol et sa collègue l’inspectrice Da Silva. Élément troublant : Vesna Meyer, la mère de Stefan, ce garçon qui vient d’être probablement enlevé en pleine forêt, est la tête du plus gros établissement hospitalier de Suisse mais également candidate au Conseil Fédéral suisse sous l’étiquette vert-libéral. L’établissement est d'ailleurs en pleine tourmente, la journaliste Yên des Helvetic News d’origine vietnamienne, qui enquête sur l’affaire, a été informée par un indicateur interne que la dette contractée par l’hôpital est abyssal. Autre élément étrange : cette photo argentique en noir et blanc retrouvée sur les lieux du meutre dans la maisonnette de Gisèle Armand, posée sur le radiateur bien en évidence. Mais les enquêteurs ne sont pas au bout de leurs surprises même si Flynn devra stopper le cours de ses investigations malgré lui, la faute à des fous rires intempestifs qu’il ne peut contrôler et qui surviennent dans des moments plutôt délicats….





Nicolas Verdan nous offre un roman noir de premier choix dans lequel “cruel” est un mot fil-rouge. Il faut dire que le récit ne nous épargne en rien la cruauté des hommes envers leurs semblables. Une histoire protéiforme passionnante par sa densité dramatique comme par la qualité de ses personnages qui ne manquent pas de relief , notamment Yên, Flynn , Da Silva ou Vesna, qui chacun dans leur domaine vont tenter de découvrir la vérité qu’elle soit un objectif en soi ou synonyme de descente aux enfers.

On découvre par la même occasion les rouages politico- administratifs des cantons suisses, objet de curiosité à part entière pour tout lecteur français .

Construit habilement, le scénario ne laisse peu d’échappatoire une fois la lecture entamée d’autant que de nouveaux drames vont venir éclairer d’un jour nouveau les enquêtes en cours. Mais rassurez-vous le suspens est bien gardé !

Je recommande .

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La récolte des enfants

Partageant ses origines entre la Suisse où il est né, et la Grèce où il séjourne régulièrement, le journaliste Nicolas Verdan emprunte la plume du romancier pour poser, avec Le Mur Grec (Bernard Campiche 2015) les enjeux de la frontière et des drames qui en découlent en 2010, dans la région de l'Evros désormais bordée d'une clôture de fer et de barbelé, financée par l'Union européenne. Publié en 2015, bien avant que l'on ne s'alarme sur les conditions de réfugiés parqués dans des camps insalubres, et bien avant que l'on ne dénonce les dérives de l'agence Frontex, Le Mur Grec met en lumière, sous l'allure d'un roman policier, l'incurie d'un gouvernement dépassé par le flux migratoire qu'elle ne peut contrôler tandis que plane, en arrière-plan, les préludes d'un crise financière structurelle qui va ravager le pays. C'est dans ce contexte que l'on fait donc la connaissance d'Evangelos Moutzouris un enquêteur rattaché auprès du service des renseignements, proche de la retraite, mais bien plus opiniâtre qu'il n'y parait alors qu'il s'apprête à devenir grand-père. Salué unanimement par la critique romande, traduit en anglais et en italien, Le Mur Grec suscite un intérêt marqué en France en faisant l'objet d'une réédition au sein de la collection Fusion des éditions l'Atalante en 2022 puis d'un  retour, après huit ans de silence, d'Evangelos Moutzouris que l'on retrouve dans La Récolte Des Enfants, dernier roman de Nicolas Verdan. 



C'est donc bien décidé, au terme des Fête de fin d'année, Andromède, la fille d'Evangelos Moutzouris, quitte Zürich pour retourner définitivement en Grèce avec son mari et sa fille Zoi, âgée de 15 ans. Une joie pour ce vieux flic retraité à qui l'on confie la voiture familiale de luxe afin de la rapatrier au pays. Mais alors qu'il fait un détour en Albanie et qu'il essaie de se frayer un chemin sur les routes sinueuses des monts Gramos balayés par une tempête de neige, Evangelos apprend que sa petite-fille a disparu à la sortie de l'école. Des Balkans où il croise la route de ceux qui veulent rejoindre le califat de Daech, à Zürich où il tente de retracer le parcours de Zoi avant qu'elle ne disparaisse, Evangelos va retrouver ses réflexes de policier pour affronter toute une gamme de prédateurs déterminés qui entraînent les enfants dans leur folie.



On commençait à se languir de Nicolas Verdan qui n'avait plus donné de ses nouvelles depuis cinq ans, après la publication de La Coach qui obtenait le prix du polar romand en 2018. Et puis voilà qu'apparaît coup sur coup Cruel (BSN Press/Okama 2023), un roman noir féroce autour d'un rapt d'enfant et de bien d'autres crimes se déroulant en Suisse romande ainsi que La Récolte Des Enfants qui s'inscrit dans un registre similaire avec ce qui apparaît désormais comme une série mettant en scène l'attachant personnage d'Evangelos Moutzouris dont on découvre certains traits de sa personnalité au gré d'une intrigue policière prenant la forme d'un road-trip entre Zürich et Athènes en passant par l'Albanie et la région des monts Gramos, bastion communiste durant la Guerre civile grecque en 1949. Le lieu n'a rien d'anodin, puisque Nicolas Verdan va développer toute une thématique en lien avec l'enlèvement d'enfants dans le cadre des rafles d'autrefois en évoquant la dictature des colonels ainsi que cette fuite de plusieurs milliers d'enfants grecs qui ont émigré, plus ou moins contraints, dans les contrées du bloc de l’est avec ce système de Pédomazoma en grec ou Devshirme en turc pour désigner une pratique odieuse sévissant déjà au sein l'empire Ottoman. Autour de cette résurgence de l’histoire, Nicolas Verdan nous renvoie vers le présent où l’on croise, sur cette route des Balkans, une mère entrainant son jeune fils vers les territoires occupés par l’Etat islamique tout en abordant le thème de l’influence parfois néfaste des réseaux sociaux sur les jeunes pour finalement revenir vers le passé, mais cette fois-ci en Suisse, afin de parler des internements forcés de mineurs au sein d’institutions douteuses. On le voit, Nicolas Verdan dépeint ainsi un large panorama de la maltraitance des enfants, en évitant tous les aspects racoleurs propre à un tel sujet, au risque parfois de se perdre dans les méandres d'une intrigue foisonnante et riche en péripéties mais qu'il parvient pourtant à contenir en se concentrant sur les réflexions et le point de vue d'Evangelos ainsi que sur son rapport avec sa petite fille Zoi dont la disparition va devenir le fil conducteur d'un récit extrêmement dense révélant quelques aspects de la jeunesse de son personnage central comme son incorporation dans les rangs de la police militaire de la junte des colonels où il croise l'une des victimes de la fusillade de l'école de polytechnique à Athènes en 1973. On se laisse ainsi balloter sur cette route tumultueuse des Balkans au gré de ces rencontres impromptues ponctuant ce roman d'une atmosphère nostalgique indicible, émanation d'un périple méditerranéen au charme indéniable que l'auteur a sans nul doute parcouru à maintes reprises en croisant toute une population de migrants turcs, albanais et grecs en quête de retrouvailles dans leur pays d’origine. Ainsi, autour d'une intrigue policière savamment orchestrée, aux contours sociaux et historiques captivants, Nicolas Verdan signe son grand retour avec La Récolte Des Enfants en nous permettant de retrouver Evangelos Moutzouris, vieil enquêteur humaniste grec, dont les investigations s'inscrivent désormais dans le cadre d'une série prometteuse. 





Nicolas Verdan : La Récolte Des Enfants. Editions L'Atalante/Collection Fusion 2023.



A lire en écoutant : Kindertotenlieder interprétés par Lauren Newton. Album : Kindertotenlieder de Gustave Mahler - Henning Schmiedt - Wolfgang Schmiedt - feat. Jörg Luke - Ulrich Moritz. 2005 KangRäume.
Lien : http://www.monromannoiretbie..
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Le mur grec

Service de presse



"Cherchons la vérité, à défaut de faire régner la moindre justice."



Il y a tout d'abord eu le travail de journaliste sur le terrain, puis l'intervention du romancier pour prendre le relais et tracer les aventures d'Agent Evangelos, un policier évoluant dans la Grèce des années 2010, ravagée par la crise économique dont Nicolas Verdan restitue le climat déliquescent avec Le Mur Grec, un roman paru en 2015 aux éditions Bernard Campiche avant de connaître une seconde vie avec une réédition pour la collection Fusion chez l'Atalante en lui offrant ainsi davantage de visibilité par le biais d'une diffusion sur l'ensemble des pays francophones. Une belle initiative que l'on doit à l'intervention d'Emeric Cloche et de Caroline Benedetti décidant de partager leur découverte d'un roman policier hors du commun, puisque l'enquête n'est qu'un prétexte pour explorer les aléas d'un pays européen qui doit gérer les flux migratoires en tenant compte des injonctions des autres pays de la communauté et plus particulièrement de l'Allemagne qui compte dicter ses conditions notamment dans le registre de l'élaboration d'une muraille de barbelés au bord de la rivière Evros dessinant la frontière avec la Turquie.



Agent Evangelos passerait davantage de temps au Batman pour écluser quelques verres en attendant la naissance de sa petite fille. Mais le vieux policier proche de la retraite doit rempiler pour le compte du service des renseignements qui lui confie une affaire délicate. A la frontière avec la Turquie, du côté de l'Evros, la police locale a découvert une tête sans corps ce qui n'a rien de banal. Certes les corps de migrants ce n'est malheureusement pas ce qui manque sur cette zone militarisée. Mais il n'a jamais été question de mutilations. L'enquête est d'autant plus sensible qu'elle se situe à l'endroit même où la Grèce doit construire un mur de barbelés pour contenir le flux migratoire, ceci en comptant sur le financement de Bruxelles. Pour couronner le tout, la tête a été retrouvée à proximité de l'Eros, un bordel fréquenté par les garde-frontières de l'agence Frontex.



On avait évoqué le talent de Nicolas Verdan avec La Coach, son dernier roman noir récompensé en 2018 par le Prix du polar romand qui saluait un récit social dénonçant les dérives de grandes entreprises helvétiques. C'est dans le même registre qu'il faut aborder Le Mur Grec où Nicolas Verdan, ce vaudois aux origines grecs, s'emploie à mettre en lumière les affres d'une Grèce à l'économie exsangue qui doit composer avec ses partenaires européens. L'auteur évoque ainsi en toile de fond, les manifestations quotidiennes se déroulant dans les rues d'Athènes ainsi que le parcours tragique d'une prostituée russe officiant dans les hôtels de la capitale avant d'échouer dans un bordel glauque de la province grec que le personnel de l'agence Frontex fréquente de manière assidue. On assiste également à la fuite éperdue de Nikaulos Strom, cet entrepreneur audacieux qui comptait décrocher un contrat pour mettre en place ce mur de barbelés censé contenir l'afflux de migrants. Un ensemble de personnages très réalistes qui gravitent autour d'Agent Evangelos qui a pour mission d'enquêter sur cette tête sans corps en évitant le scandale ce qui équivaut à étouffer l'affaire en mettant en exergue la corruption de ces édiles politiques. Avec une écriture vertigineuse parfois poétique, parsemée d'envolées elliptiques saisissantes, Nicolas Verdan dresse ainsi un portrait sans concession mais extrêmement réaliste d'une Grèce en proie aux contradictions politiques entre ses propres aspirations et celles d'une communauté européenne qui compte dicter sa loi à coups de financements hasardeux, ceci à l'image d'une agence Frontex décriée et d'ailleurs remise en question lors des votations suisses de mai 2022. Mais au-delà de ces thèmes dramatiques, en suivant les pérégrinations d'Agent Evangelos, Nicolas Verdan décline avec beaucoup de douceur, le charme d'un pays où il fait bon vivre en dépit de tout.





Nicolas Verdan : Le Mur Grec. Editions L'Atalante, collection Fusion 2022.





A lire en écoutant : La Frontière de Bernard Lavilliers. Album : Voleur De Feu. Barclay 1986.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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Le mur grec

Le mur grec de Nicolas Verdan est beaucoup plus qu’un polar noir réussi se situant à la frontière de l’Union Européenne et de la Turquie. Cette région de Grèce est éloignée de la capitale de plus de mille kilomètres.



Entre trafics d’êtres humains, esclavages et courses aux subventions, le journaliste écrivain suisse décrit la réalité de l’émigration que nos société refusent de voir.



Agent Evangelos, employé à la direction du renseignement spécialisé dans la lutte antiterroriste et du crime organisé, est à trois ans de sa retraite. Habitué à appliquer les ordres sans se poser de questions, sans zèle mais avec conscience professionnelle, la découverte d’une tête va bouleverser ses certitudes.



En Thrace à mille kilomètres d’Athènes dans le village d’Orestiada, cette affaire se présente comme un règlement de compte entre migrants. Car, le village se situe à la frontière avec la Turquie.



Au même moment, un mur de barbelés sur 12, 5 kilomètres devrait se construire pour démontrer que les frontières de l’U. E ne sont plus une passoire. Seulement, la Grèce, endettée et ses habitants dans une situation économique inquiétante, souhaite que la communauté européenne prenne à sa charge cette dépense importante. Seulement, l’Allemagne se fait prier.



Évidemment, cette frontière est aussi le lieu de tous les trafics, et surtout celles des femmes. Aidé du Lieutenant Anastasis, flic du coin, Evangelos va enquêter pour trouver « la vérité à défaut de la justice » car toutes leurs hiérarchies les encouragent à trouver d’autres « réalités ».



Nicolas Verdan confronte son enquêteur aux souvenirs de ses anciennes affaires, signes d’une longue vie de travail, aux impératifs d’un service habitué à couvrir les secrets. De plus, Andromède, sa fille, avec son accouchement, vont lui permettre de comprendre ce qui est important dans sa vie.



La fiction sert à Nicolas Verdan à pointer les éléments de la réalité du traitement des migrants qui font partie de nos préoccupations politiques actuelles mais que nos sociétés modernes ont de plus en plus de mal à envisager avec humanité et respect. La documentation est sérieuse et argumentée.



Reste que Le mur grec a toutes les caractéristiques d’un polar classique : enquête, suspens et méandres psychologiques de son limier.



A partir d’un fait divers, Nicolas Verdan construit un bon polar autour de recherches sérieuses qui aident à comprendre les enjeux des frontières de l’Union Européenne, sur fond de Grèce acculée qui vit des subventions reçues. Moment de lecture agréable et édifiant !

Remerciements



à @Latalante et @Babelio et sa masse critique pour #Lemurgrec de @verdannicolas
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Le mur grec

Honte sur moi! Je n'ai pas réussi à franchir ce mur, et je suis restée totalement en dehors des événements que l'auteur essaie de narrer.



Je m'y suis reprise à plusieurs fois, mais rien à faire, ce mur est resté impénétrable. Mes yeux parcouraient le texte sans que cela déclenche la moindre émotion, réaction, compréhension. Si je m'interrompais, il fallait tout reprendre au début car il ne restait aucune trace dans ma mémoire.

Impossible de m'intéresser à l'histoire de cet Agent Evangelos, flic ou agent de Renseignement, on ne sait, chargé d'une enquête à la frontière turque. Le texte s'éparpille en multiples digressions, nous fournit des détails inutiles, et l'intrigue est inexistante.



Difficile d'en dire davantage, je n'ai pas dépassé la page 40.

Je craignais même de souffrir de troubles mnésiques ou de démence précoce.

J'ai donc fait un test pour vérifier que mes facultés mentales étaient, sinon intactes, du moins fonctionnelles.



Aucun doute, mon logiciel personnel n'était pas en cause,

J'en déduis qu'un phénomène surnaturel, un sortilège puissant et démoniaque, une sorcellerie digne de Nicolas Flamel, à dressé une barrière infranchissable entre mon esprit et cet ouvrage des éditions Atalante, reçu à l'occasion de Masse critique.

J'en suis navrée, car je suis restée hermétique à "cette écriture toute en poésie, précision et ellipse", comme dit la 4ème de couv'

Du William Faulkner. Bigre!
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La récolte des enfants

Evangelos Moutzouris, ancien agent du renseignement, mène une retraite paisible et solitaire en Grèce.



Lorsque sa fille Andromède décide de quitter sa vie helvète pour rejoindre sa Grèce natale, lui revient la mission de ramener la voiture familiale au pays. Au volant de la Tesla toutes options, Evangelos se sent pousser des ailes. Il décide de s'offrir une rallonge d'itinéraire pour parcourir les contrées qui ont fait partie de son ancienne vie.



La disparition soudaine de Zoi, sa petite fille, sera le point de départ d'une série de sorties de pistes.



Evangelos nous entraîne à travers les Balkans. Enquêtant à distance tout en étant au bon endroit au bon moment, il enchaîne les rencontres qui le plongeront dans les doutes comme dans les certitudes. Car la disparition de Zoi fait ressurgir les fantômes du passé et c'est donc pour une double cause qu'Evangelos se jette à corps perdu dans cette quête de la vérité.



C'est un sacré beau roman que livre Nicolas Verdan. Son approche qui mêle polar, road trip, actualité, sujets de société et miroir historique rend ce récit captivant. J'ai plongé à pieds joints dans cette histoire, avec souvent la sensation d'être sur le siège passager de la Tesla avec Evangelos. Pari réussi !



Je remercie Babelio et les éditions L'Atalante pour cette belle découverte. Une de plus grâce à Masse Critique !
Lien : https://mamanlyonnaise.wordp..
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Le mur grec

En Grèce, il n’y a pas qu’à Lesbos que les migrants tentent la traversée, certains passent par le fleuve Evros en Turquie et Grèce.



Agent Evangelos est chargé de mener l’enquête sur les rives du fleuve suite à la découverte d’une tête sans le corps à Orestiada.



J’ai découvert que Frontex s’était créé un lupanar avec pignon sur rue du côté grec avec traite d’êtres humains ; qu’un mur était en projet pour tenter de juguler les passages clandestins et que pour cela, l’état avait besoin de l’argent de Bruxelles alors que la chancelière ferme les cordons de la bourse.



Vous l’aurez deviné, l’auteur, journaliste Suisse, nous montre les dessous de l’immigration, avec affaires juteuses à la clé.



J’ai eu du mal au départ avec cet enquêteur qui ne pense qu’à aller boire un verre au Batman, son bar de prédilection. Mais au fil des pages, j’ai découvert un homme qui ne crains pas sa hiérarchie qui tente d’étouffer l’affaire et lui dicte même ses rapports.



Un livre sous couvert de roman policier qui ouvre les yeux non seulement sur le trafique d’être humains mais aussi sur les petits arrangements avec Bruxelles.



L’image que je retiendrai :



Celle de l’enseigne Eros dans un hangar lugubre et sale.
Lien : https://alexmotamots.fr/le-m..
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La coach

Chronique rédigée par Stéphanie Berg



La Coach est un roman noir comme on les aime. Un de ceux qui, nous prenant par les émotions, nous replacent au coeur de la réalité en nous questionnant sur nos responsabilités. Un de ceux qui racontent une histoire qui nous ressemble.



Coraline veut la peau d’Esposito. Il est son client, sa cible, sa proie. Il est surtout celui qu’elle tient pour responsable du suicide de son frère suite à une restructuration massive de SwissPost. Incarnation parfaite de sa profession de coach par sa détermination froide et inébranlable, elle traverse la Suisse de train en train mue par un seul objectif. Elle ne vit que pour sa vengeance. La Coach est donc l’histoire d’une femme qui souffre et qui trouve un exutoire dans son sens personnel de la justice. Il est aussi le roman d’un homme qui souffre et qui voit en cette femme un espoir de remède à son supplice.



Quand la parution d’un roman résonne autant avec l’actualité, nous sommes obligés de nous poser des questions. Hasard ou inspiration prémonitoire ? Nicolas Verdan n’est pas plus visionnaire que vous et moi. Mais son double regard de journaliste et romancier lui permet de sonder notre pays de l’intérieur et rendre en mots la rage sourde des acteurs du drame qui s’y joue. Il nous rappelle qu’au-delà des scandales politiques et des désastres économiques, ce sont des tragédies humaines qui forment le canevas d’une nation, que les faillites naissent d’abord dans les tripes d’individus dépassés par un système qui leur est hostile. Que nous sommes tous partie de ce système. Et in fine tous impactés.



Il n’est pas de drame sociétal sans souffrance individuelle. Les heures difficiles que vit La Poste suisse aujourd’hui ne sont pas les préoccupations des seuls dirigeants, employés et journalistes. La colère de Coraline répond à la violence que de trop nombreuses familles subissent au quotidien, transposable à d’autres entreprises, d’autres pays.



Nicolas Verdan nous captive avant tout avec un récit de vengeance personnelle, certes, mais il nous offre une réflexion avertie sur un quotidien qu’il sait placer dans des décors si familiers que nous accompagnons Coraline les yeux fermés dans son tourbillon funèbre.



Stéphanie Berg, libraire, responsable de la littérature noire à Payot Lausanne.







Nicolas Verdan : La Coach. Editions BSN Press 2018.



À lire en écoutant : Hélène et le sang de Bérurier Noir. Album : Concerto pour détraqués. Bondage records 1985.


Lien : http://monromannoiretbienser..
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La récolte des enfants

Après un mystérieux prologue qui voit Evangelos aux prises avec une mère et son fils, pourchassés et coincés sous la neige dans une maison isolée non loin de la frontière albanaise ; un cadavre dans la cour ; un héros blessé et fébrile ; commence le récit qui va démêler l’écheveau.

Lors de sa précédente aventure (Le Mur Grec) Agent Evangelos était devenu grand-père. Les années ont passé. Lui est à la retraite et sa fille Andromède, après avoir passé près de dix ans en Suisse, est en passe de revenir vivre à Athènes. Enfin, il pourra véritablement profiter de sa petite-fille Zoí qui va bientôt fêter son seizième anniversaire. Mais avant cela, il est convenu qu’il ramène la Tesla de sa fille à bon port en traversant l’Europe de Zurich jusqu’à la capitale grecque.

Dans un premier temps, sur la route nocturne vers l’Italie et seul dans l’habitable confortable de la berline bardée de technologies, Evangelos laisse libre cours à son esprit vagabond. De vieux souvenirs remontent, du temps de la junte.



À chaque fois que la grande Histoire déploie sa trame guerrière, elle fait usage des lettres minuscules pour dérouler le récit de ses atrocités (…)



Passé Milan, en direction de Rimini où il doit prendre un ferry pour la Grèce, ce ne sont plus sur l’autoroute que camions et grosses berlines allemandes immatriculées en Suisse : la diaspora turque s’offre des vacances en famille au pays pour les fêtes de fin d’année. Les femmes sont toutes voilées. Sur une aire de repos, Evangelos croise l’une d’elles, Christa, qu’il ne connaît pas encore.

Sur un coup de tête, il pique vers le sud, change l’itinéraire prévu, et décide d’embarquer plutôt de Brindisi (le talon de la botte italienne) vers l’Albanie, et de continuer par la route.

Sur le bateau, il fait la connaissance de Zacharias, un octogénaire grec exilé depuis 1949 qui, lui aussi, fait le voyage vers son pays natal qu’il n’a pas revu depuis soixante-dix ans. Il lui conte une histoire pas banale : celle des enfants des résistants communistes de la fin de la dernière guerre, des mères qui avaient pris les armes, le maquis, avant d’être écrasées par le pouvoir et la guerre civile avec le soutien des Américains. Comme un début de parfum de guerre froide. L’homme raconte la fuite vers l’Albanie, puis son arrivée en Ouzbékistan, seul, à douze ans.

Après une nuit de traversée, alors que son ferry accoste en Albanie sous une tempête de neige, Evangelos reçoit un message de sa fille : Zoí a disparu…

Même retraité, l’ancien agent des renseignements retrouve ses vieux réflexes, mais mener une enquête depuis le bout du monde, au milieu de nulle part et à distance n’est pas chose aisée…



Avec Nicolas Verdan, on ne sait jamais tout à fait où on va. Les intrigues s’emmêlent, les sujets se croisent, au point qu’on se demande parfois vers quel but il tend. Un enfant livré à son propre sort il y a cinquante ans ; une jeune fille prise au piège des réseaux sociaux ; une femme portant le voile disparaissant avec son fils sur la route du djihad… Et Evangelos qui navigue à vue au milieu de tous ces flots (flow ?) au volant d’une grosse berline. C’est parfois déconcertant, mais il se passe plus de choses en une centaine de pages qu’en quatre cents chez d’autres. La densité est là.

Pour autant, on ne se sent ni perdu ni abandonné, le GPS Verdan veille. Et comme destination, il a choisi le sort réservé aux enfants par notre monde sans boussole.



La « récolte », c’est le tribut payé par les communautés chrétiennes des Balkans à l’Empire ottoman jusqu’au début du XIXe siècle : les fils aînés et les plus belles filles étaient enlevés à leurs familles et envoyés vers Istanbul pour être rééduqués et convertis à l’islam.

Nicolas Verdan va décliner cette vieille tradition sous différentes formes en tirant sur plusieurs fils narratifs et en y mettant toute sa maestria et son intelligence.

Oubliant tout manichéisme, il met dans les mains de son antihéros qui s’est découvert une passion pour la lecture un Coran, qu’il lit et annote avec la plus grande attention durant son périple pendant qu’autour de lui se déchaînent les différentes interprétations du livre sacré.



L’islam occupait désormais le paysage dans une Europe qui croyait s’être affranchie du religieux à la fin du siècle passé.



Pour Evangelos, qui à l’occasion s’est découvert un patronyme (Evangelos Moutzouris), la confrontation sera brutale. La religion musulmane et ses extrémistes sont loin d’être les seuls à s’intéresser au sort des générations futures. S’étale sous nos yeux et sous la plume aiguisée de l’auteur un panoramique des maltraitances réservées aux enfants par ceux qui leur veulent du « bien ». Endoctrinement, rééducation, soumission, conditionnement, la liste est infinie et traverse les époques.



Tous les fils « tendus » font bien évidemment partie de la même pelote. Nicolas Verdan met en scène le contexte historique, la perspective géopolitique, c’est sa « came ». Lorsqu’il se met à raconter la « petite » histoire mêlée à la « grande », il excelle. La Récolte des Enfants est un roman foisonnant, d’une incroyable densité (une marque de fabrique ?), intelligent, questionnant, qui n’oublie pas pour autant les codes du genre : intrigues croisées, rebondissements, suspense, avec aux commandes un narrateur à l’humanisme débordant, non dénué d’humour, comme lorsqu’il s’imagine expliquer la dictature à sa petite-fille :



Je tentais de simplifier. Et plus j’y parvenais, plus je me rapprochais de la vérité : le pays était aux mains d’un roi fantoche tenu en respect par une bande de clowns terrifiants.



Si aujourd’hui certains enfants sont des « rois », abandonnés à leurs tristes sorts, parfois perdus, les « clowns » qui les surveillent et cherchent à les capter sont, comme hier, non seulement terrifiants, mais dangereux.



J’eus soudain la vision du puzzle achevé : une galerie de bienfaiteurs et bienfaitrices serrant très fort la main de petits enfants.

Très très fort.
Lien : https://polartnoir.fr/livre...
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La récolte des enfants

Les Éditions de L’Atalante ont permis aux lecteurs de romans noirs de faire la connaissance de l’agent Evangelos Moutzouris du Service national des Renseignements. « Le mur grec » parlait de la Grèce et de la crise migratoire aux frontières de l’Europe, c’était en 2010 et 2011 et Evangelos allait prendre sa retraite et sa petite fille naissait.



« La récolte des enfants », quel titre énigmatique ! Nicolas Verdan éclaire le lecteur dès les premières pages. Il parle de l’Histoire de la Grèce et des enfants proies faciles pour toutes sortes de prédateurs, son récit est enquête sociale et dénonce une face sombre de notre époque où finalement rien n’a changé.



Plus de dix années ont passé depuis le mur grec. C’est l’âge de Zoì la petite fille d’Evangelos. Elle a passé toute son enfance à Zurich et il est temps pour ses parents de rentrer en Grèce. Evangelos est fier de ce retour à ses racines, Zoì est effrayée de quitter le pays qu’elle a adopté. Ce qui est au démarrage une banale histoire de famille va se transformer en course haletante avec des surprises en cascade. L’auteur utilise des codes tout droit sortis des bons thrillers. Evangelos a accepté de convoyer la Tesla de sa fille et de son gendre jusqu’en Grèce. Ce qui aurait pu être un voyage touristique devient un véritable cauchemar. Tempête de neige, trafiquants de drogue, terroristes, les montagnes des Balkans réservent bien des surprises ! Et puis une course contre la montre implacable s’installe. Zoì a disparu, elle a sans doute été enlevée. L’instinct de flic d’Evangelos ressurgit, il s’enfuit de l’hôpital où il était se remettait de ses blessures et se jette à corps perdu dans une enquête officieuse pleine de rebondissements, en Suisse et en Hongrie.



Mais l’auteur n’a pas perdu de vue son propos initial. Sur fonds de récits historiques ( et les tragédies ne manquent pas en Grèce, la junte militaire au pouvoir mais moins connu la guerre civile ayant suivi l’occupation nazie, des frontières à la fois refuge et barrière ) il explique Pourquoi ? ( c’est le titre de plusieurs chapitres ) les enfants ont toujours été l’enjeu de manipulations et des victimes faciles à convertir par le mensonge à des causes indéfendables. Et cela continue de nos jours, avec des moyens modernes ( les réseaux sociaux bien sûr ) les enfants restent à la merci de prédateurs que ce soit pour assouvir des pulsions sordides ou pour rejoindre un califat.



Ce roman noir, mêlant Histoire et modernité, est très réussi. De la forme je garde à l’esprit un agréable moment de lecture. Sur le fond, Nicolas Verdan alerte, dénonce et surprend. Il maîtrise son sujet, minutieusement il développe ce qu’il appelle « La récolte des enfants ». La réussite d’un roman noir se compte après le point final lorsqu’il reste des émotions et matière à réflexions et là le résultat donne le vertige.



J’ai adoré ces phrases : « Ce matin, le soleil brille. Le fond de l’air est doux. S’il n’y avait pas la guerre, ce serait le printemps » .



Nicolas VERDAN - La récolte des enfants . Parution octobre 2023, Éditions de l’Atalante, collection Fusion . ISBN 9791036001635.
Lien : http://romans-policiers-des-..
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Le mur grec

La position géographique de la Grèce, pays membre de la CEE, puis de l'Union Européenne depuis 1981, est on ne peut plus stratégique pour les autres pays membres et leur politique migratoire. En effet, que cela soit par la voie maritime avec ses multiples îles situées à quelques kilomètres de la côte turque ou alors par la voie terrestre avec sa frontière albanaise par l'Ouest ou turque par l'Est, les terres helléniques sont sujettes à tentatives d'intrusion et terrains propices à trafics. la présence depuis 2004 des militaires de l'agence Frontex en est l'illustration. Nicolas Verdan nous plonge dans la Grèce d'il y a une dizaine d'années dans son livre intitulé "le mur grec" et paru dans la collection Fusion de chez l'Atalante.



Agent Evangelos pensait pouvoir siroter un peu de raki tranquillement dans son bar préféré, savourant son nouveau rôle de grand-père. Mais c'était sans compter la découverte d'une tête sans corps sur les bords du fleuve Evros, à la frontière avec la Turquie. Il n'aime pas être loin de ses terres, surtout qu'ici les lieux foisonnent de soldats étrangers, mandatés par Frontex pour garder la frontière , frontière qui doit normalement accueillir un mur de barbelés. Mais on y trouve à la place un bordel pour soldats, l'Eros bien nommé et une tête sans corps. Ce n'est pas le moment pour le pays qui connaît des difficultés financières insurmontables de se mettre l'Europe sur le dos.



L'auteur suisse connaît bien la Grèce et son histoire récente . De mère hellénique, le journaliste affectionne les thèmes autour de la politique internationale. Et il en est énormément question dans ce roman paru en Suisse en 2015 et édité en France cette année. Nicolas Verdan réussit à nous contextualiser ce pays en proie aux déficits abyssaux et en même temps devront faire face à des enjeux de politiques migratoires pour les autres membres de l'union européenne Agent Evangelos, son personnage principal, perçoit tous ces enjeux mais veut néanmoins parvenir à la vérité, celle issu des faits et non celle qui arrangerait sa hiérarchie. Mais c'est loin d'être aussi simple. L'auteur nous montre tout ce qui peut graviter de sordide autour de ces frontières : militaires, prostitution, corruption, trafics. Ne vous attendez pas avec le "mur grec" à une intrigue policière alambiquée, trépidante. L'intérêt du livre est vraiment ailleurs dans cette plongée hyper réaliste dans cette Grèce endettée et surexposée aux critiques. Je vous laisse découvrir comment une tête va peut-être en faire tomber d'autres.
Lien : http://www.rcv99fm.org
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Le mur grec

N'en déplaise aux 5 et 4 étoiles, je rejoins les deux lecteurs(triceps), pour qui ce livre n'a pas fait vibrer la corde sensible.

Je l'ai lu mécaniquement, sans aucune empathie pour les protagonistes, ni émotion pour l'histoire.

Et pourtant, le sujet, les sujets sont extrêmement graves et d'actualité : prostitution intensive, viols, meurtres, migration, réseaux mafieux, entreprises vereuses.

Peut être est ce du au style d'écriture : des phrases longues mais qui n'aboutissent à rien. Quasiment jamais terminées. Un policier dont on ne connaît pas vraiment l'identité. Qui parle, à la fois de l'enquête et de son tout nouveau statut de grand père.

Lui même ne montre pas d'émotion.

Alors, moi non plus, désolée.
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La récolte des enfants

Tout le monde est influençable. Avec ces torrents d'images, de vidéos qui déferlent sur tous les écrans à portée de mains et de clics et les relais qui sont assurés pour celles et ceux qui vous entourent. Il est difficile d'être imperméable à ces messages qui veulent orienter votre pensée, intérêt, croyance vers tel ou tel prophète, qu'il soit médiatique, religieux ou les deux. Bien sûr, il existe des pares-feux : l'éducation, la confrontation des sources, le débat, l'analyse à froid. Tout le monde voit bien comment procéder mais les grands manipulateurs sont bien malins pour activer et tirer sur le bon fil tel un marionnettiste virtuose. C'est ce que nous montre à sa façon Nicolas Verdan dans "la récolte des enfants", son dernier livre paru à l'Atalante dans la collection Fusion.



L'ex agent du renseignement grec Evangelos, après un repas de Noël avec sa fille, son beau-fils et Zoy, sa petite fille, est missionné pour rapatrier le véhicule de la famille en Grèce qui a choisi de partir de Suisse. Le périple n'est pas de tout repos, les éléments se déchaînent en Albanie mais c'est une autre nouvelle qui va déclencher une tempête dans son crâne : il apprend que Zoy a disparu. Il va alors retrouver ses anciens réflexes pour mener l'enquête qui l'entraînera dans le monde des influenceuses mode comme celui des recruteurs islamistes. Va-t-il retrouver sa descendance et dans quel état?



L'auteur suisse d'origine grecque revient chez l'éditeur nantais après "le mur grec". Il garde Evangelos mais change radicalement de sujet. ici c'est celui de l'influence qui est central et la manipulation, son corollaire. A travers le prisme de la religion et de ses chasseurs d'âme en quête de spiritualité à embrigader dans le côté obscur. Nicolas Verdan nous embarque facilement dans ce voyage à travers l'Europe, mais cette fois ce sont les grecs migrants qui reviennent au bercail. Par petites touches il nous plonge avec plaisir dans cette société hellénique comme helvétique en quête d'identité et dont la jeunesse n'est pas à l'abri des mauvaises influences. Le lecteur retrouvera aussi Evangelos, moins débonnaire que lors de la précédente enquête. Impliqué dans sa chair en qualité de "Papous", il endosse de nouveau le costume d'agent en investiguant dans le présent qui fait finement aussi référence au passé sombre de la Suisse comme de la Grèce. Un bon moment de lecture qui mérite bien une place sous le sapin.
Lien : http://www.rcv99fm.org
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La récolte des enfants

Evangelos, ancien flic grec, doit retrouver sa petite-fille disparue et découvrir comment sa Zoi, qu'il connaît si mal, a été prise dans les filets de prédateurs.

Au fil de l'avancée de l'enquête, nous découvrons l'histoire de la Grèce de la dictature des colonels à nos jours.



Ce polar déroutant est tissé à partir des multiples rencontres d'Evangelos lors de son trajet entre la Suisse et la Grèce.



j'ai découvert grâce à cette lecture, la Grèce et la culture grecque. Je remercie les éditions Atalante pour l'envoi de ce livre.





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