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Citations de Nicolas d` Estienne d`Orves (140)


Mon rapport aux femmes, au sexe, au plaisir, est celui d’un consommateur éclairé mais frénétique, d’un esthète glouton, ivre du pouvoir de ses mots, comme l’enchanteur se grise de ses tours, oubliant qu’un grimoire peut conduire au désastre.
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Après Aurore, Judith reste mon unique aventure sentimentale. Toutes ses «successeuses» n’ont été que des amours d’un soir, de jolies sucettes glacées, dépiautées et avalées avec ma gloutonnerie de gastronome tripier.
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Chauvier n'a pas bougé, mais Linh l'entend respirer bruyamment, comme sa vieille R5 lorsqu'il la conduit sur une route escarpée.
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Mais la brouille a déjà dix ans. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts, l’inimitié s’enkystant, devenant notre seul mode de relation. Nous dialoguons par piques trempées dans l’eau douceâtre de la courtoisie élémentaire. Nos rares rencontres se font ainsi, au hasard, comme une mauvaise surprise.
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Sans vraiment se l’avouer, elle aurait voulu écrire. Mais elle connaissait trop bien les mots pour oser les domestiquer. Ils devaient rester, sauvages et carnassiers, dans cette grande savane sous cloche qu’on nomme l’édition. Certains savaient les dompter, d’autres se faisaient dévorer ; Judith préférait, depuis le confort d’un affût, contempler le carnage.
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– Je m’exprime mal. Contrairement à vous, ce n’est pas mon métier. D’ailleurs [écrivain] ce n’est pas un métier. Si vous écrivez pour en vivre, c’est déjà foutu. Ça doit être un luxe, un snobisme, une provocation, une liberté. Jamais une nécessité. Un besoin de mots, pas de fric. Les écrivains professionnels sont des traitres vendus au système, par avance damnés. Ils finissent en enfer, c’est-à-dire au pilon.
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La souffrance est mon jardin. La douleur porte mes mots. Je ne vois là ni fatalité, ni complaisance. Telle est juste ma nature: je suis chez moi dans le carnage.
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J’aime les rues vides. Comme j’aime la foule compacte. L’une et l’autre poussent à l’effacement. Vous devenez une ombre ou un quidam, ce qui revient au même.
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On dit qu’une simple image peut changer votre conception du monde. Ainsi se passent les conversions : il suffit d’une épiphanie.
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Philip se contentait de couver sa fille d'un œil qu'il aurait voulu câlin, mais qui ressemblait plus au regard d'un chien dont le maître hésite entre la caresse et le martinet. (Poche 33309 - page 95)
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Plus tard, en prison, je comprendrais que la gamberge et un vertige souvent destructeur et qu'il est généralement inutile de vouloir repenser sa vie au conditionnel. (Poche 33309 - page 633)
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En prison, le pire ennemi, c'est la bêtise.
La bêtise du lieu, la bêtise des autres, votre propre bêtise : celle qui vous guette, se niche derrière chacun de vos gestes, menaçant de vous transformer en automate, en animal.
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"Mais ma présence ici n'était-elle pas en soi un comble d'indécence ? Une question que je me gardais bien de me poser, car elle aurait suffi à remettre en cause toute ma vie depuis mon départ de Malderney. Je suivais une trajectoire de plus en plus dangereuse, de plus en plus aléatoire. Mes choix étaient souvent dictés par le hasard des rencontres, la conjonction de ma destinée et des faits historiques. Mais je cherchais rarement à lutter contre le courant et préférais me laisser porter, sans pour autant couler. Garder un oeil critique, voilà l'essentiel. Ne pas oublier que j'étais un artiste, d'une race qui peut figer ces heures uniques d'un simple coup de crayon."
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[...]
-C'est pour me parler d'histoire que tu m'a donné rendez-vous ici ?
Je le fixe de mon regard "tranchant". Le bleu électrique des yeux sous mes cheveux noirs. Ce que Clément appelle mes "yeux de squale"; un regard auquel il n'a jamais pu résister. Il se contorsionne et recale sa chaise pour laisser passer un couple d'Américains qui s'assied dans notre dos en jappant des "How nice!" d'être dans le saint des saints du Paris "oulala!"
Quelle idée de me donner rendez-vous ici... Clément sait pertinemment que je déteste Le Flore. D'une manière générale, Saint-Germain-des-Prés m'inspire une méfiance instinctive, presque paysanne. Mon côté "province", j'imagine.
-Bon, d'accord, concède Clément, j'ai quelque chose à te demander...
Il se reprend et corrige :
-En fait, j'ai quelque chose à te proposer... Je ne peux m'empêcher d'être narquoise :
-Tu vois, tu caches toujours ton jeu.
Devant son sourire peiné, je réalise que - comme d'habitude - je suis allée trop loin. Tu t'emballes, Anaïs, tu t'emballes ! Mais c'est plus fort que moi. Ce que Léa, ma meilleure amie, appelle mon "orgueil de femme seule". Et je n'ai que vingt-cinq ans !
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Monsieur R. n’en avait cure : il mangeait.
Je devrais plutôt dire qu’il bâfrait. Avec une rage de charognard, il alternait fruits de mer et abats, trempant parfois le bout d’une oreille dans un fond de coquille. Comme lors de notre première rencontre, le maitre du marché noir ouvrait les vannes de sa gloutonnerie et avalait cet étrange festin avec autant de bruit qu’une fanfare wagnérienne.
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– Prostituer à ce point son talent est une honte ! dit Bloch en prenant Guillaume par les épaules. Fais très attention, toi aussi. Les dons artistiques n’excusent rien. Au contraire, ils obligent !
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J’étais trop ambigu pour mon époque, trop inclassable. La France aime les cadres et les cases. Sortez du carcan bon-méchant, blanc-noir, affront-vengeance, et l’on vous regarde avec méfiance, comme si vous étiez plus dangereux qu’un assassin. C’est là une maladie très française, ce besoin cartésien de mettre des étiquettes, d’inventorier, de trouver une logique. Il n’y a pourtant aucune logique dans ma vie. Juste un destin. Le destin d’un homme à cheval entre deux cultures, deux mondes, deux pays, deux rives, deux aspirations, deux familles d’esprit, deux rêves de gloire, deux amours.
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Tant de cadavres ont flotté ici. Tant de corps éventrés, mutilés, décapités, ramenés sur la plage par le ressac. Ce n’était plus de l’eau, mais du sang. Une bouillie de tripes et d’écume, qui venait vomir sur la grève.
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Rien n’est impossible mais je me suis toujours interdit de penser au conditionnel : ça brouille l’esprit, ça gâte les perspectives, ça ne sert à rien. Ce qui est fait est fait, le reste n’est que sotte spéculation.
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A Malderney, les années passaient avec la douceur d’un rite ancestral. Les colères de Virginia, les silences de Philip, l’éternelle absence de Pauline et les rêves contrariés des deux frères, rien ne changeait.
L’automne venu, tandis que la lande prenait sa teinte rousse et que les chemins de bruyère tournaient à la boue, Victor et Guillaume Berkeley redevenaient les jeunes hobereaux de leur étrange enclave féodale.
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