C’est l’avis de Méli qui m’avait donné envie de découvrir La Femme du Vampire, roman de l’auteure allemande Nina Blazon. Elle m’avait convaincue de tenter ma chance avec ce roman en soulignant que ce roman n’était pas de la bit-lit (ne vous fiez pas à la couverture !). Non pas que je n’aime pas la bit-lit (je prends beaucoup de plaisir à lire Maeve Regan pur l’instant !), mais renouer avec les « vrais » vampires, j’adore (voir mon article sur Le Mal en la Demeure, de Stéphane Soutoul). Sur cet aspect traditionnel, j’ai été comblée. D’autres choses cependant m’ont moins plu, et c’est pour cela que malgré que ce fût une très bonne lecture, ce n’est pas un coup de cœur.
Nous sommes au XVIIIème siècle. Jasna a quinze et vit avec son père et ses cinq sœurs en Serbie quand, lors d’une nuit de tempête, surgit Jovan. Rapidement son destin va être scellé : son père la vend à Jovan pour qu’elle épouse le fils de celui-ci, Danilo. Jasna doit quitter sa famille et partir vivre dans le domaine des Vuković, les trois tours. Pourquoi Jovan a-t-il choisi une jeune fille vivant si loin des trois tours comme épouse pour son fils ? Pourquoi la famille est-elle mise au ban du village ? Comment expliquer les choses étranges auxquelles Jasna assiste dans la tour où elle vit ? Des objets déplacés ou cassés, des ombres dans la nuit, un visage affreux derrière une vitre. Lorsqu’elle pose des questions, tout le monde s’échine à la mettre sur une mauvaise piste. Mais Jasna veut la vérité, surtout quand des bêtes et des gens du village meurent étrangement…
La première chose qui m’a plu, avant même de commencer ma lecture, c’est que juste après la page de garde, on trouve une page intitulée « Prononciation des sons et des noms slaves ». Ça met de suite dans l’ambiance ! Ainsi, Jasna se dit « Yassna ». Il y a plein d’accents bizarres sur les consonnes, et si au début je devais souvent retourner sur cette page pour savoir comment prononcer correctement un nouveau mot, je m’y suis faite assez vite et ça donne un charme certain à la lecture. Je n’avais jamais rien lu se passant en Serbie, et si je savais qu’on situe généralement les origines du vampire dans ces pays, je connaissais mal ces vieilles légendes. Se plonger ainsi dans les superstitions, dans les traditions à la limite de la Serbie, de la Hongrie mais aussi de l’Autriche et de la Turquie, était très intéressant, même si au final je ne pense pas avoir retenu beaucoup de choses (il y a trop de choses dans ma tête en ce moment).
L’histoire nous mène de surprise en surprise, de découverte en découverte à la suite de Jasna. Mais quand elle croit trouver une réponse, une autre vérité se cache encore derrière, jusqu’à ce que tout s’éclaire à la fin. Chacun a son secret et personne ne connaît toute l’histoire. Le lecteur doit attendre la fin, et lui aussi se poser des questions, soupçonner chaque personnage. De quoi doit-on se méfier ? De Jovan, le beau-père ? Danilo, l’époux ? Nema, la vieille servante sourde ? Siméon, l’ami de la famille ? Marja, la défunte épouse ? Ou Dušan, le bûcheron nomade ? Personnellement je n’avais rien deviné des tenants et des aboutissements de cette histoire, et le suspense a duré jusqu’au bout ! Et je reste très intriguée par le personnage de Bela, qui est pour moins de loin le plus intéressant de tous. Le roman est globalement bien dosé, équilibré.
Mes réserves se portent notamment sur la narration. C’est Jasna qui parle, ce qui permet de la sentir assez proche de soi et de douter avec elle. J’ai eu du mal à me l’imaginer, à vraiment l’aimer malgré son fort caractère. Impossible non plus de croire qu’elle a quinze ans, même si l’ont était adulte plus tôt qu’aujourd’hui à cette époque-là. Je n’ai pas non plus adhéré vraiment à la romance qui s’ajoute à l’histoire. L’écriture est la plupart du temps agréable, mais j’ai repéré d’assez nombreuses erreurs dans la traduction qui m’ont parfois gênée (oubli de mots notamment). Et par moments, la narration passait au présent, chose qui est très difficile à faire correctement en français et qui m’a bien embêtée. En outre, impossible de savoir si c’est là maladresse de la traductrice ou de l’auteure.
Dans l’ensemble, cette lecture était un vrai plaisir d’ailleurs mais qui ne m’a pas totalement convaincue. Je suis néanmoins très curieuse de lire d’autres romans de Nina Blazon.
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