En fait je crois que ce qui se passe là représente absolument tout ce que je déteste de notre époque dans la démonstration permanente de sentiments, dans l'émotion à chaud, dans l'ego trip, et le fait de se réinventer un soi. Cette façon de penser que, pour que les choses existent, il faut qu'elles se voient et que nos sentiments se résument en clics.
Mais si c’est beau de vieillir, enfin les rides, les cicatrices, les marques, c’est toujours mieux que d’être mort, non ?
J’ai croisé par hasard une femme qui promenait son teckel et qui sentait super fort Angel, de Thierry Mugler. Chaque fois que je sens à nouveau cette odeur, j’éprouve le même trouble, le même minivoyage qui me renvoie à mes émotions de l’époque, le cœur qui palpite un peu, parce que, finalement, si je devais résumer mon adolescence, c’est juste un cœur qui palpite en permanence, pour tout et n’importe quoi. Surtout pour n’importe quoi. Je ne pourrais plus porter ce parfum, mais qu’est-ce que j’aime le croiser de temps en temps. En fait, c’est ça, c’est une affaire de temps. On grandit, on avance, et plus on avance, plus on oublie des bouts du passé. Pourtant, ils sont toujours là, clairement, gravés au fond de nous, à un parfum ou à une alerte de smartphone près.
La réalité, c’est que la connerie de l’autre est comme annulée par l’amour qu’on voudrait qu’il nous donne.
Je réalise que j’ai toujours été incapable d’imaginer la jeunesse de ma mère en couleur, peut-être parce qu’elle avait une façon de raconter les choses un peu cinématographique.
S’il y a bien un truc que j’ai hérité d’elle, c’est cette aptitude à la mélancolie, et cette capacité aussi à ne pas vouloir en sortir.
《On rigolaiiiiiiiiiiiiiiiiiiii.》