Citations de Olivier Guez (323)
Le dictateur est habile à ourdir des intrigues parmi ses acolytes et à manipuler leurs luttes de pouvoir. Souvent, il dédouble leurs fonctions, et les promeut, les rétrograde, et les promeut, avant un jour de les éliminer.
La population comprend, avant de l'éprouver, que les moindres transgressions seront punies sévèrement ; qu'elle se tienne tranquille ( et ne se mêle surtout pas de politique) et elle pourra jouir d'alvéoles de liberté, en famille, au stade, en bord de mer, parquée dans les nouvelles résidences que le régime s'apprête à édifier.
Le guide suprême surveille aussi ses surveillants : plus rien ne lui échappera.
Les dictateurs surgissent toujours du chaos - conflits, révolutions, crises économiques. La Grande Guerre fut la matrice de la barbarie européenne au XXe siècle. A son déclenchement, Lénine, Hitler et Mussolini bénirent le ciel.
[Les dictateurs]
A l'origine, ils n'étaient rien ou pas grand chose. Des illuminés, des marginaux, des passe-muraille ; des agitateurs ou des militaires frustrés qui rongeaient leur frein dans des cantonnements de province : ces ratés mythomanes et revanchards ne se seraient jamais approchés du pouvoir sans un coup de pouce (ou de pied) du destin.
Il avait eu le courage d'éliminer la maladie en éliminant les malades, le système l'y encourageait, ses lois l'autorisaient, le meurtre était une entreprise d'État.
L'histoire est le récit des contradictions humaines; capitalisme et communisme font de l'individu un insecte, le premier l'exploite, le second l'asservit.
Le président rallonge son patronyme : Mobutu Sese Seko Kuku Ngbenda Wa Za Banga, soit, en langue ngbandi, le "guerrier tout-puissant qui laisse le feu sur son passage et qui va de conquête en conquête sans que rien ni personne ne puisse l'arrêter".
C'est justement parce qu'ils ne sont pas foncièrement différents des autres hommes que les bourreaux interrogent l'humanité toute entière.
Les os de Mengele ont été légués à la médecine brésilienne en mars 2016.
Ses débris livrés aux manipulations des médecins apprentis de l'université de Sao Paulo ; ainsi se termine la cavale de Josef Mengele, plus de soixante-dix ans après la fin de la guerre qui anéantit un continent cosmopolite et cultivé : l'Europe.
Ce 27 janvier 1985, il neige sur Auschwitz. Parmi les survivants venus commémorer le quarantième anniversaire de la libération du camp, il y a ce jour là un groupe de quinquagénaires et de sexagénaires cabossés, des jumeaux, des nains et des estropiés. Des reliquats du zoo humain de Mengele réclament justice devant les caméras du monde entier et exhortent les gouvernements à mettre enfin la main sur leur tortionnaire. "Nous savons qu'il est vivant. Il doit payer".
Perón n'a jamais oublié les officiers du grand état-major qui l'ont instruit à l'art du commandement, du temps où l'armée argentine était coiffée de casques à pointe et équipée de fusils Mauser et de canons Krupp. Panache, autorité, discipline : le génie militaire allemand fascine tant le jeune Perón qu'il écrit une thèse sur la bataille des lacs mazuriens et s'endort rarement sans consulter ses stratèges prussiens favoris..."
A la fin des années 1940, Buenos Aires est devenue la capitale des rebuts de l'ordre noir déchu. S'y croisent des nazis, des oustachis croates, des ultra nationalistes serbes, des fascistes italiens, des Croix fléchées hongrois, des légionnaires roumains de la garde de fer, des vichystes français, des rexistes belges, des phalangistes espagnols, des catholiques intégristes ; des assassins, des tortionnaires et des aventuriers : un Quatrième Reich fantôme.
Toi qui a fait tant de mal à un homme simple en éclatant de rire à la vue de sa souffrance, ne te crois pas sauf, car le poète se souvient. CZESLAW MILOSZ.
Bill Clinton avait eu, à propos de Mobutu, cette réflexion agacée: "Quand j'étais étudiant, il était président; quand j'étais gouverneur, il était président; aujourd'hui je suis président, et il est toujours président !"
Un tribunal révolutionnaire règle les contentieux de manière expéditive, souvent impitoyable. "Ce sont des Robespierre qu'il faut à Cuba, beaucoup de Robespierre !", s'exclame Castro, qui ne cache pas le caractère radical de son entreprise.
Les chambres à gaz tournaient à plein régime; Irène et Josef se baignaient dans la Sola. Les SS brûlaient des hommes, des femmes et des enfants vivants dans les fosses ; Irène et Josef ramassaient des myrtilles dont elle faisait des confitures. Les flammes jaillissaient des crématoires ; Irène suçait Josef et Josef prenait Irène. Plus de trois cent vingt mille juifs hongrois furent exterminés en moins de huit semaines.
- toi qui as fait tant de mal à un homme simple, en éclatant de rire 😆 a la vue de ses souffrances.
ne te crois pas sauf.
car le poète se souvient.
Les grandes démocraties se sont bien souvent accommodées des tyrans, ce dont témoigne notamment la formule de Roosevelt au sujet du dictateur du Nicaragua, Somoza : "Un fils de pute sans doute, mais notre fils de pute".
L'île reprend son nom d'Haïti et devient, en 1804, la première république noire du monde. marginalisée par les puissances esclavagistes du moment (États-Unis, France, Angleterre) pour le précédent dangereux qu'elle représente, Haïti sombre dans la misère et la violence. En deux siècles, vingt-cinq Constitutions tenteront d'y mettre bon ordre; trente deux coups d’État en saperont toutes les tentatives, et les dictatures y fleuriront. L'une d'elles, par sa longévité, sa férocité, sa cupidité, marquera Haïti au fer rouge : la dynastie des Duvalier.