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Elle l’aime et elle en rêve…
De n’être plus que le feu
qui embrase ses lèvres,
n’être plus que son souffle,
cadence sereine,
n’être plus que ce qui palpite en lui,
ce qui se dresse,
n’être plus que le vent
qui caresse son Verbe.
N’être plus que l’éclat
des nuits dans son regard
n’être plus que ses mots,
son sang, son Art
et la sève brûlante qui jaillit de lui,
N’être plus que l’eau vive
et l’accueillir enfin
au mystère infini
des cascades de l’être.
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Remonter chaque jour des abysses
avec la rage d'un loup,
le regard neuf d'un enfant,
plonger dans la rivière de jouvence,
dans ses flots gorgés de soleil après l'orage,
sentir l'air pur qui inonde
les bronches d'un océan d'aurore,
être cette rose blessée
qui au plus profond de la nuit
ouvre encore
sa corolle étoilée...
A celui qui revient de l'apocalypse
chaque grain de soleil est émerveillement,
chaque pas est victoire sur l'éphémère,
chaque regard est foyer ardent,
chaque goutte, marée celeste,
chaque joie célèbre
l'éternité de l'instant.
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Serge Gainsbourg et Jane Birkin auraient apprécié ce superbe poème hommage de Parme Ceriset qui les réunit dans un monde qui est le leur.
Et elle le rejoint...
Il cueillait le jour dans ses yeux, son sourire
de femme oiseau-lumière,
espiègle et insouciante...
Elle le sauvait de l'ombre, du gouffre et du pire.
Herbe folle et rebelle,
elle aurait pu répondre
à la Terre entière
et au doux nom de Liberté.
Ils s'aimaient,
elle gémissait de le sentir,
ce « va-et-vient
entre ses reins »,
entre ses rimes,
et malgré le temps écoulé,
venaient avec les années
des vagues de lui, des vagues à l'âme...
L'heure a sonné
Elle l'aime,
lui non plus...
Il se retient...
de pleurer :
elle le rejoint
dans l'Éternité.
Parme Ceriset, texte écrit en écho à Jane Birkin et Serge Gainsbourg et à leur œuvre.
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Nous retrouverons le temps de l’insouciance,
de la joie mûre cueillie sur l’arbre
au soleil couchant…
Nous retrouverons la liberté
dans un brin de ciboulette
croqué dans un champ,
dans l’air frais brassé par le mistral
et gorgé des parfums brûlants
du grand Jadis de l’enfance
et de la vie retrouvée.
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S'éveiller à la pureté
aux chants cristallins
qui égrènent dans l'azur frais
les notes du renouveau,
devenir l'oiseau
sur la branche du cerisier.
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Ce matin j’étais la première réveillée.
Je contemplais sur les corolles pourpres des althéas
les gouttes de rosée éphémères
dans lesquelles se reflétaient les premières lueurs de l’aube.
Mon amour dormait encore.
Je fus soudain envahie
par l’insupportable prise de conscience de sa nature mortelle
mais sur les boucles dorées de ses cheveux en bataille
l’Éternité posa son halo de lumière.
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Dans l’enfer de la guerre, elle danse,
sous les pluies de lave, elle chante,
personne ne saura jamais rien de son pacte avec l’espérance.
(...)
Elle danse encore
dans les rues où fourmillaient jadis
le sens de la fête,
la joie scintillante, en pépites,
la liberté des êtres...
Elle danse encore
dans les villes tombées aux mains des bourreaux
de la guerre perpétuelle
qui renaît à chaque ère nouvelle
sous de nouveaux drapeaux...
Elle entend au loin
les poèmes et chansons,
complaintes des prisons
sous la dynamite...
Et elle tremble dans la ville sombre
contre l’amant qui éclaire les décombres,
et s’accroche à l’envie de croire
qu’elle le reverra ce soir.
Parme Ceriset, dans « Danse ardente » (collection Les Chants de Jane, éditions Grenier Jane tony, mai 2022)
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Danse,
souverain de la nuit
contre mon corps brûlant,
ton ombre de mystère
effleure ma peau d’ambre...
Danse,
sous les feux du couchant,
tes lèvres bleues de pluie
et tes yeux de comètes
embrasent mes papilles
et enflamment ma langue...
Danse,
te frôler électrise
mes flammes d’étamines
et j’ancre ton pistil
dans l’antre de mes songes...
Danse,
comme un chêne bercé
par le vent des passions
qui pénètre l’aurore,
et chevauche les anges...
Danse, danse, danse,
je te veux :
Je cueille une étoile,
je la mange.
Parme Ceriset
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BAL PASSION
M’accorderas-tu cette danse ?
Viens, je te ferai oublier
Le temps, la mort,
Saisis ta chance !
Prends ma main et partons danser.
Allons tournoyer à la vie,
Et danser au pied des cascades,
Vite ! les secondes s’enfuient
Et mon cœur bat la chamade.
Viens, grimpons sur les hauts sommets,
Valsons dans les neiges diaphanes,
Dansons le plus beau des ballets :
Celui des cœurs qui se fanent
Mais qui brillent avant de mourir,
Qui font la vie, l’or et l’amour,
Dansons, vite, bientôt le jour
S’éteindra, il faudra partir…
Déjà les volcans se déchaînent,
Bientôt il ne restera rien,
Jetons dans la lave les chaînes
De tout ce qui nous retient.
Embrasse-moi au cœur du bal,
Dans des volutes de passion,
M’enivrer de ta force mâle
Sera mon ultime horizon.
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